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'Ah ! combien peu les hommes légers qui vivent dans les plaisirs environnés du pouvoir & de l’abondance , pensent à ceux qui lan- guissent dans le befoin , dans l’obscurité des prisons , privés de l’air Icommun à tous ! iTOME SECOND. 'APPRIS. pliez L'agran GE, Libraire , rue S. Honoré , vis-à-vis le Palais Royal, 1788, v’ A- ’i ^ . l c V • •ï ÉTAT DES PRISONS, DES HOPITAUX ET DES MAISONS DE FORCE. SECTION XVIII. Des Prisons et Hôpitaux de P Espagne» JLj ’ E s P a g N e abonde en institutions cha^ ritables, et on y trouve à présent peu ou point de mendians. La plupart des prisons ont des cours pouiTes hommes; elles ont au centre , des fontaines ou un ruisseau , et un corridor où Ton trouve l’ombre et le frais. Les deux sexes y sont séparés; et les geôliers exigent ici , comme en Portugal , des entrées et des sorties de ceux qui sont reconnus innocens. Un criminel condarnné obtient raremejit Tome U, A 2 Etat des Prison* sa grâce du roi. Quand il est jugé , les autres prisonniers le conduisent dans la chapelle , où sa sentence lui est lue par un secrétaire, en présence de tons ; il est accompagné par un moine qui ne l’abandonne plus jusqu’à la mort. En général, c’est un samedi qu’on lit la sentence , et l’exécution se fait le lundi suivant. Lorsque l’aveu du prisonnier a été extor- que par la torture , on la lui lit encore vingt- quatre heures après , afin qu’il puisse la ré- tracter ou la confirmer. Pratique odieuse ; comme s’il pouvoir avoir perdu le souvenir des douleurs cruelles qu’on lui fit éprouver , et qu’il ne fût pas certain de s’y exposer encore , en rétractant ses aveux arrachés. Aussi ne la suit-on pas dans toutes les pro- vinces. . C’est la coutume à Madrid que deux mem- bres du conseil privé visitent les prisons; souvent ils revoient et changent la sentence O • des juges inférieurs. En 1783 , un prisonnier du Pardo , condamné à une détention de huit ans , vit ce terme changé par eux en une détention de quatre mois. Un autre , con- finé pour six mois , fut rendu à sa nombreuse famille. Quelques églises d’Espagne ont des asyks ET DES Hôpitaux. 3 pour les débiteurs et les criminels. H n’y en a cjue deux à Madrid , Saine - Sebastien pour les hommes J Saint-Luy s -çom les femmes, La première en renfermoit cinq, dont un y étoit depuis deux ans ; la seconde en renfer- moit une. Un espace pavé tout autour de l’é- glise J large de trois pieds , rn^arque l’en- ceinte et la liberté de leur privilège (i). On veille avec plus d’attention sur les pri- sonniers à Madrid que dans les provinces. B A D A J O Z. La plupart des prisonniers détenus dans une des prisons de cette ville , paroissoient souffrans; c’étoientdes déserteurs et des con- trebandiers. On leur donnoit une livre et demie de pain chaque jour. Un hôpital mi- litaire appartient à cette maison. On y porte les malades, et j’y en ai vu onze en 1783. (i) Ces asyles , offerts aux criminels par les églises et les couvens , s’opposent, dit le docteur Moores, au bonheur de la société, parce qu’ils multiplient les crimes , par l’espérance d’échapper ‘ au châtiment ; et qu’en offrant un meurtrier logé dans un lieu saint , nouni par les hommes révérés par la sainteté de lent état et celle de leur vie , on diminue , on fait dispaioître l’horreur que doit inspirer le meurtre. A ij if Etat des Prison^ On entre dans cet hôpital par une cour; et la plupart des salies s’ouvrent dans la cour intérieure J comme dans les maisons à la mo- resque. il y a une autre prison à Badajoz ; ceux ■qu’elle renfermoit mendioient à sa porte , parce .qu’ils ne subsistent en partie que d’aumônes , et en partie du prix de la vente des bourses .qu’ils font dans cetfe demeure solitaire. Talavera. Il y a ici trois hôpitaux. Dans le plus étendu, celui de Camion y les deux salles sont aérées et spacieuses. Celle des hommes a huit lits de fer j l’autre en a six. Tout auprès de la première, est une chambre très -pro- pre , et un lit pour les ecclésiasiiquefS mt^ades .ou cassés de vieillesse. T O L E D s. Il y a deux prisons dans cette ville. En "'1783, au mois de mars, il y avoit huit prisonniers dans l’une d’elles. L’autre , qui est la principale prison , en renfermoit deux , cents vingt , la plupart couchés sous des corridors , dans une cour peu étendue ; plu- sieurs étoient chargés de fers , et la plupart paroissoiem languissans. Dans les deux cham'> 9ET DÎS H6?ÏTAUX. ^ bres de malades qui sont au premier étage , plusieurs de ces malades cioient mourans dans leurs lits. Sur ce que je fis observer au, geôlier que les prisonniers y ctoient trop pressés , il répondit qu’ils avoient été bien davantage quinze jours auparavant , puis- qii’alors on en avoit envoyé une centaine à l’arsenal de Carthagène* Dans l’hôpital de San Juan de Dio€ ^ il n’y a qu’une salle et six lits ; chacun d’eux placé dans une espèce d’alcove longue de huit pieds et large de six pieds trois pouces. Celui de San Juan - Baptista^ fondé par un des archevêques , est à peu de distance de la ville , dans une belle situation. Il y a des salles d’été et d’hiver pour chaque sexe , exactement semblables , excepté que celles d’été sont plus aérées et les fenêtres plus ouvertes. Celle des hommes est large de vingt-quatre pieds ; il y a deux rangées de lits dans des alcôves élevées , qui chacune « ont une fenêtre pour y renouveler l’air. Celle des femmes est propre; la garniture de leur? lits est de toile; ils ne sont point placés dans des alcôves comme ceux des hommes. Tout auprès de ces salles, il y a un spacieux corridor pour s’y promener sans être incom- modé du soleil. A iij 6, État des Prisons Madrid. La principale prison de cette capitale, appelée la Carcel de Corte , est décorée d’une façade élégante, avec cette inscription ; Reynando la Magejîad de Felipe anno de 1534 , con acuerdo del Consejo, se fabrico este Carcel de Corte para comodidad ^ y seguridad de los presos. Sous le règne de Philippe IV , dans l’année 16^^, et parla direction du conseil, cette prison de la cour fut élevée pour la com- modité et la sécurité des prisonniers. Le nombre de ces prisonniers , en mars 1783 , étoit de cent quatre-vingts ; et parmi eux il y avoit quarante femmes. Il y avoit plusieurs chambres dans l’étage au-dessus du rez-de-chaussée, longues de quinze pieds , larges de dix , et quelques-unes avoient des lits de pierre, avec des crochets de fer pour enchaîner les prisonniers. Dans quelques- unes, on en trouvoit trois ou quatre réunies; quelques autres n’en renfermoient qu’un. Cette prison a deux cours ; l’une d’elles , où se trouvoientla plupart des prisonniers , étoit pavée ; elle 'avoit des arcades des deux côtés , au milieu une fontaine et un baquet, où les hommes lavent leur linge. Quelques- ^ uns d’eux avoient des fers à l’une et l’autre ET DES Hôpitaux. 7 jambe, avec un lien au milieu. Ceux-ci sont couchés sur des planches, dans des cachots où l’on descend par un escalier de vingt- deux pas. Dans l’un d’eux , le gedlier a des lits qu’il loue à ceux qui veulent en donner un réal de vallon et demi pour chaque nuit. Les femmes sont dans une vaste chambre , et aucune n’a de fers. Dans l’infirmerie , on voit une chambre grande et propre , où les hommes sont couchés ; chacun a son lit , et n’est point aux fers. Leurs alimens sont bons , le* pain beau ; ils en reçoivent une livre chaque jour. Le geôlier peut prendre des prisonniers dans sa maison , s’ils peuvent lui payer vingt-cinq doublons pour le terme de leur emprisonnement. lia aussi des cham- bres pour lesquelles on lui paye six doublons, outre le prix dont nous avons parlé , pon,« chaque nuit qu’oii couche dans un lit. Pour la somme de deux dollars , il peut ôter les fers d’un prisonnier. Les tribunaux s’assem- blent dans la maison. Elle est propre dans chacune de ses parties ; et le geôlier est hu- main et attentif pour tous : aussi paroissent- ils sains et contens , comme on peut l’être dans une prison. La prison de la ville , ou Carcel de Tailla ^ est semblable à la précédente; mais elle n’a A iv 8 Etat des Prisons (Jii’iine cour intérieure. Elle renfermoit ’ceni cinquante prisonniers, parmi lesquels étoient trente femmes ; mais les chambres et les ca- chots étoient sales et infects ; et les murs de l’une d’elles , qui servoit à l’odieuse opé- ration de la torture , étoient souillés de sang. On est affligé de trouver de telles traces de cruauté chez une nation qu’à d’autres égards on peut appeler humaine et’ généreuse. La Ccircel de la Corona est destinée aux ecclésiastiques. Il y avoit cinq prêtres , et l’un d’eux avoit sa femme avec lui (i). A la porte du bureau de la poste , il y af quatre à cinq cachots, où les mendians, les vagabonds , ou autres gens de cette espece , sont confinés pendant quelques jours , jusqu’à ce qu’on les envoie à San Fernando. J’y ai vu cinq hommes et deux femmes ; on leur donne environ huit sous de France par jour, et l’aumône qu’ils demandent à la porte de leur demeure, ajoute quelque secours à oe foible don. La prison du Pardo est voisine de la pro- menade publique de ce nom; c’est une longue (i) Etoit-elie seulement sa maîtresse, ou étoit -il emprisonné pour avoir pris une femme ? C’est ce que . Ho/ward ne dit point. ET DES Hôpitaux* ^ chambre , dans laquejile il y a des châlits » sur lesquels cioienc une centaine de prison- niers , quelques-uns enchaînés au plancher , d’autres à leur lit; quelques autres travail- loient aux grands chemins, aux ponts; ceux qui ont été matelots sont envoyés dans les ports de mer. Ils sont divisés en trois classes^ les premiers reçoivent environ dix sous par jour; les mariniers en ont neuf, et ceux qui ne travaillent point, huit. J’en vis cinquante occupés au travail. Je demandai à quelques- uns ce qu’ils préféroient de cette peine ou de la prison. Ils répondirent sans balancer, Is travail , et ajoutèrent qu’ils n’y étoient pas forcés. J’observai que la garde, au dedans & au dehors , étoit fort paisible. San Fernando est à près de trois lieues de Aladrid ; c’est une maison de correction pour les libertins , les vagabonds , les mendians. En 1783 , on y comptoit trois cents neuf hommes et cinq cents quarante-sept femmes. Quelques - uns charioient des pierres à des fours à chaux ; quelques autres faisoient et lavoient le linge de la maison ; d’autres fîloient le lin. Les chambres sont spacieuses; les infirmeries , placées au haut de la maison , occupent un grand espace. Les prisonniers sont revêtus d’un uniforme ; on leur donu® ïo Etat ces Prisons à chacun deux paires de souliers et deux paires de bas. Les salles des hommes sont propres ; mais celles des femmes le sont bien davantage ; et cette différence se fait sentir dans toutes les prisons , dans tous les hôpitaux d’Espagne. Chacune a son lit , un matelas et deux couvertures. Les hommes ont une cour, les femmes en ont une aussi, et le balcon du geôlier doipine également sur l’une et sur l’autre. Les vivres qu’on leur fournit sont bons ; ils ont chaque jour vingt onces de pain et trois quarts de pinte de soupe* Deux prisonniers veillent , pour que chacun des autres reçoive sa portion entière. Ils ont trois fêtes dans l’année , ce sont Noël , Pâques et le jour de S. Fernando. Il y a une taverne où l’on vend du vin , dont la qualité et le prix sont fixés par les magistrats ; mais on n’y permet la vente d’aucune liqueur spi- ritueuse. On n’y paye rien lorsqu’on y entre, ni lorsqu’on en sort. On y pensionne un médecin , un chirur- gien et un chapelain. On y entretient une garde, composée de trente soldats à pied, et ' de huit cavaliers, et on la change tous les mois. Un gouverneurhumain , sensible et attentif, y veille sur les hommes , et réside toujours dans la maison. Une femme préside sur II ET DES Hôpitaux. celles de son sexe , et y réside toujours aussi. Les règles d’administration qu’on y suit ont pour but principal la conservation de l’ordre et l’habitude de la subordination. C’est en prévenant toute fraude , toute dissipation dans la distribution des alimens et des ha- bits ; c’est en les obligeant tous également à être exacts dans l’observation constante des devoirs religieux ; c’est par une entière sépa- ration des deux sexes; c’est par l’emploi régulier et soutenu de chaque individu, qu’on a espéré d’y parvenir, et qu’on y parvient en effet. La diète y est exactement déterminée pour les hommes sains , pour les malades dans chaque jour de la semaine. Chaque jour ils reçoivent vingt onces de pain; pendant trois jours, on y joint huit onces de chair de mou- ton ; trois autres jours , quatre onces de bœuf avec du bouillon , dans lequel on met trem- per quatre onces de pain , ou bouillir trois onces de lentilles , et tous les jours des ha- ricots jaunes, apprêtés différemment. Les jours maigres on donne du poisson sec et du riz. On leur donne encore huit livres de beurre sale tous les mois, pour faire leur allas ^ espèce de pouding à l’espagnole. UHospice est une espèce de prison ou de I 12 Etat des Prisons 4 manufacture, dans laquelle les deux sexes sont séparés* Un grand nombre de vioillards y trient et nettoient la laine. Dans une cham- bre, on voit une soixantaine de jeunes gar- çons qui cardent la laine ; dans une autre, on en voit cent cipqnante qui la filent. Qua- rante ou cinquante métiers sont employés à faire du linge grossier ÿ d’autres à fabri- quer un drap large. Ici , dans deux cham-' bres, on fait des bas et des camisoles; là, on prépare le poil de lapin pour faire des gants ; ailleurs on fabrique des épingles. On y occupe un grand nombre de charpentiers , de tailleurs. Une cinquantaine des plus jeunes garçons sont envoyés à l’école. Tous se lèvent» à six heures , se rendent aux prières , puis vont déjeûner; ils dînent à midi, et soupent au coucher du soleil. Chacun a vingt - deux onces de pain par jour, deux onces de pois, demi-livre de viande , excepté dans les jours maigres. Il y a deux chambres où l’on con- fine ceux qui troublent l’ordre. Les règles qu’on y doit observer sont les mêmes que celles de San Fernando. L’hôpital royal général est un bâtiment nouveau , qui enveloppe une cour longue de trois cents dix pieds , large de deux cents , où l’on trouve deux réservoirs d’eau ; de lar- / ! \ . ET DES Hôpitaux. 15 ges corridors régnent siirtroisdeses côtés ; ses grandes saljes, larges de cinq Liante- cinq pieds, sont séparées par un mur qui forme diverses arcades, et l’on y a place deux rangées de Jits de fer, longs de six pieds trois pouces , larges de plus de trois pieds. Il n’y a qu’un malade dans chaque lit ; entre deux est un Jave*main de marbre. Les chambres sont en voûtes , et ont plusieurs ouvertures dans leurs lambris ; mais les fenêtres en sont fermées : à une des exu'émiiés de chaque salle est unautel ; à l’autre est une cheminée. On y compte près de six cents hommes. La multitude de gens qui la visitent rend les salles mal-propres et bruyantes. Les escaliers en sont bien éclairés , bien aérés; les marches en sont de pierre , hautes seulement de quatre pouces, pour en cendre la montée facile. On y compte plus de trois cents femmes ; leurs salles n’étant point encore finies , elles habitent toujours le vieux bâtiment, qui est plus propre que celui des hommes. Cet hô- pital pourroit se réformer en un point; ce seroit en ne renfermant plus les convalescens dans des chambres closes et infectées. Il y a une ealle détachée pour les prisonniers , four- nie de vingt-huit lits , et bien surveillée. II. Y a aussi des chambres séparées pour les 14 Etat des. Prisons fous, pour les hydropiques, pour ceux que consume une fièvre lente. On y croit la con- somption contagieuse , et qu’elle infecte , non scellement les habits, les lits, les garni- tures des chambres , mais encore les murs et les lambris ; on craint même d’acheter les chevaux dont ces malades se sont servis; et pour cette raison , on a cru qu’il étoit ne- cessaire de les tuer. Un médecin en chef veille sur cet hôpital; il en a dix-huit autres sous ses ordres , qui veillent chacun sur une salle. Six chirurgiens, suivis de deux cents . élèves, y pansent les maladies de leur ressort. Vingt-trois prêtres y remplissent les offices attachés à leur état. Un grand nombre de domestiques sont logés et payés par cette maison. San Juan de Dios est principa- lement destiné aux maladies honteuses. En 1783 , on y trouvoit cent soixante-treize hommes et vingt- huit femmes; celles-ci sont au rez-de-chaussée ; ceux-là sont logés au- dessus. Le rez-de-chaussée a des ouvertures si bien imaginées , qu’on y peut converser avec ses amis sans les voir. Les salles des deux sexes y sont plus propres et plus tran- quilles que celles de l’hôpital général. Il y a une chambre d’été ^ une chambre ETDEsHÔPITAUîS d’hiver pour les hommes malades, dans le couvent de la Latinai les lits y sont dans des espèces d’alcoves. Le couvent , ou hôpital de Scm Francisco , a deux salles , dans l’une desquelles il y a sept lits pour les hommes , et dans l’autre huit pour les femmes. Il justifie l’observa- tion qu’on peut faire dans tous les pays ca- tholiques , c’est que les hôpitaux qui sont dans les couvens , sont plus propres , et qu’on y jouit de plus de calme que dans les autres. Il y à ici une fondation charitable pour huit veuves d’officiers_tués dans la dernière guerre. Lhôpital de la Corte , pour les officiers et domestiques du roi , est un bâtiment qui a la forme d’une croix ; au centre est une cou- pole qui recouvre un autel. Les salles sont élevées et formées en voûtes j les murs en sont couverts , à la hauteur de huit pieds , de miles vernissées. Les lits sont dans des alcôves fermées de rideaux blancs; ces lits sont larges. On y donne aux malades des bis- cuits et du chocolat à déjeûner; ils en ont encore après dîner. L’hôpital de San Antonio fut principale- ment élevé pour secourir et recevoir pendant UX)is jours les pauvres voyageurs autrichiens. i6 ÏTAT DËs Prisons Une de ses salles a quatre lits pour des hommes; une autre trois pour les femmes. On donne à chaque voyageur deux livres de pain , une livre de mouton, et un quart de livre de porc chaque jour. Dans deux chambres pour les malades , on a suspendu les ordonnances relatives à eux, au méde- cin et au chirurgien. Une société charitable, appelée /a Herman- Aad del Ré fugia , se rend chaque matin dans une chambre de cet hôpital , et en part pour parcourir les rues de Madrid; elle y annonce son passage en frappant le pavé d’un bâton garni de fer. Tous les pauvres , tous les malheureux qu’elle rencontre, elle les conduit à cet hôpital , leur y fait donner de la soup'e et des œufs , un lit pour y passer la nuit dans une chambre consacrée à cet objet , et un déjeûner le lendemain avec du pain et des raisins secs. Elle envoie les malades à l’hôpital général , où Tun des dix- huit médecins est chargé de les examiner et de les placer. Dans la partie de cet hôpital qui touche la rue, est iina place où les malades viennent réclamer les secours de cette société, qui ne ^Jes refuse jamais. Valladolip. ET DES Hôpitaux. 17 Vallad.olid. Cette ville renferme quatre tribunaux, la chancellerie, celui de la ville, celui de l’évê- que et l’inquisition. Chacun a sa prison , niais celle de l’évêque est quelquefois vuide. La plupart des prisonniers , dans la chan- cellerie ou prison de la province , couchent sur un banc dans une longue chambre ; elle n’a point de cachots. Dans la chapelle , il y a \in lit de pierre, où couchent ceux qu’on a condamnés à mort. En avril 1783 , on y comp- toir cent vingt-huit hommes et treize femmes. Dans la prison de la ville , le plus grand nombre des prisonniers sont accumulés en- semble dans une longue chambre. On y voit des cachots; il en est un suf’tout bien noir , bien humide , bien affreux , où le malheu- reux qui l’habite est mis aux fers , et enchaîné à une grande pierre. Les prisonniers languissent long - temps dans cette prison avant qu’on les examine et qu’on les juge. On leur donne un réal par jour , et on ne leur permet pas de demander eux-mêmes l’aumône à la grille de la prison. Il n’y a pas long-temps qu’un criminel y fut mis à la torture ; il nia toujours le crli^ie dont on l’accusoit; il en avoua un dont on Tome LT, B, I l8 Etat des Prisons De le sonpçonnoit pas , et il fut condamné à mort pour ce dernier. Le tribunal de l’inquisition , à Madrid , est tendu en rouge ; au-dessus du siège de l’inquisiteur est un crucifix ; devant la table sont deux chaises pour deux secrétaires, et un escabel pour l’accusé. On ne peut péné- trer dans aucune autre partie de la prison i tout ce qu’on peut savoir , est que l’inquisi- teur, suivi d’un secrétaire , visite les prison- niers une fois par mois , et leur demande les plaintes qu’ils ont à faire. Dans les prisons de l’inquisition à Valla- dolid, on voit , sur un côté d’une chambre, la peinture d’un auto-da-fé qui se fît en idtSy, et où l’on brûla quatre-vingt-dix-sept personnes. C’est là son triomphe j l’humanité , la raison devroient l’avoir déjà effacé. Le P. Pegna l’ap- pelle un spectacle horrible, épouvantable^ et il étoit lui-même inquisiteur. A Valladolid , le tribunal est tendu en rouge ; il a le crucifix , les chaises , une sellette 3 il a de plus un autel et une porte garnie de trois serrures , qui ouvre la chambre du secrétaire , au - dessus de la- quelle on lit , que les plus grandes excom- munications sont prononcées contre tout étranger à l’ordre qui tentera d’y pénétrer. ET DES Hôpitaux. î(x Dans deux autres chambres , on voit la ban- nière , ou les armoiries de l’ordre ; c’est une croix entre une palme et une épée. Dans une troisième chambre fort grande , on voit en- core sur le plancher et dans des tablettes beau- coup de livres prohibés j ailleurs est entassée une multitude de crosses, de chapelets, de mauvaises peintures. Là , on montre le bonnet et les vêtemens peints des malheureuses vic- times de ce tribunal. Il y a des chambres où personne n’entre que les. prisonniers qu’elles renferment ; nul n’en sort qu’il n’y ait resté trois ans , et sans prêter le serment de taire tout ce qu’il a vu. Les chambres y ont de doubles portes, et sont séparées par deux murs , pour empêcher que les prisonniers ne puissent converser ensemble. Entre les murs est une espèce de cheminée ou de tuyau bouché au sommet , mais aj'^ant des ouvertures sur les côtés , pour faire entrer un peu d’air et quel- ques rayons de lumière ^ un sert à deux chambres. Les inquisiteurs assurent qu’ils ne mettent point de fers à leurs prisonniers. On par- vient à leurs chambres par des allées où percent quelques traits de lumière. Derrière la prison est une sombre cour , où ne se promène et ne se fait entendre qu’un gros Bii 20 Etat des Prisons dogue. De là on ne peut communique^ qu’avec ses juges ou ses ennemis. On ne peut voir le secret profond qui vous environne , et la sévérité que tout y annonce, sans s’at- trister , sans tressaillir d’horreur. Tout le monde sait que ce tribunal efl; sans appel ; je ne puis exprimer combien sont horribles le secret et la sévérité dont on y efl environné. J’observai avec terreur celle dont paroît frappé le peuple qui passe et repasse conû- nuellement autour des murs : et cependant , par tin monstreux abus des mots , on lui donne le nom de saint et apostolique. Le meilleur hôpital de cette ville est le Esgueva ; les salles en sont longues de cent huit pieds, larges de trente, et ont des fe- nêtres aux deux extrémités ; elles ont toutes vingt-huit lits dans des especes d’alcoves ; toutos ont deux portes opposées l’une à l’autre^ et s’ouvrent sur les corridors. B U R G O s. La prison de cette ville fut bâtie en 1778, comme l’annonce l’inscription gravée sur sa façade ; elle environne une cour de quarante pieds en carré, décorée d’üne fontaine et d’un baquet de pierre. Les chambres en sont d’une grandeur médiocre; et ont deux portes ^ ïT DES Hôpitaux. sr (îont l’intérieure a un treillis cle bois. En avril 1783, on y comptoir cent quarante- six hommes et sept femmes. Les femmes $ comme dans toutes les prisons d’Espagne 9 sont toujours enfermées dans leurs chambres. On voit dix - neuf lits dans son infirmerie 5 mais rarement ils sont tous occupés. L’ar- chitecte s’est montré attentif et soigneux pour la construction des égouts ; car cette pri- son, d’ailleurs fort sale, n’est point infectée d’exhalaisons nuisibles. On y a des fers pour châtier les prisonniers mutins , ou qui insultent leurs gardiens ou leurs juges. On ne trouve aucunes règles d’administration sus- pendues dans cette maison ; il n’y a point non plus de chiambre de torture. UHospicio est bâti au bord de la rivière 5 il renferme une maison de correction , un- hôpital pour les enfans - trouvés, et une char* pellci On y voit deux cours , l’une pour les hommes , l’autre pour les femmes; et dans cette dernière est un moulin à eau pour moudre le grain. Il y a deux chambres pour recevoir les malades. Il y a toujours quatre nourrices prêtes , pour prendre soin des en- fans qu’on y porte , jusqu’à ce qu’ils puissent être envoyés à d’autres nourrices , dans lÆ campagne. Le pain y est bon , et se fabrique B iij 2.:l Etat des Presons dans la maison ; on en donne une livre et demie à chaque personne. On y punit les désordres , en confinant ceux qui s’en rendent coupables dans une chambre obscure. L’hôpital del Key , dans le riche- couvent de V olgas , à moins d’une Jieue de la ville , _a de spacieuses salles pour les deux sexes ; et ceux qui sont attaqués de maladies chi- rurgicales , y sont séparés des autres. Ces salles sont propres , les lits sont placés dans des alcôves , et ceux des femmes ont des rideaux qui les dérobent à la vue. Il y a encore trois hôpitaux dans Burgos ; ils res- semblent à celui - ci , et ont chacun un petit jardin de botanique. P A M P E L U N E. La prison est dans le milieu de la ville; c’est un ancien bâtiment qui a trois cours peu spacieuses; les prisonniers y sont couchés dans de petites loges , sans matelas, sans couvertures. Il y a des fers et des chambres noires et voûtées pour punir les rebelles ou les insolens dans la prison. Les chambres en sont sales , in- fectées d’exhalaisons mal - saines , et les pri- sonniers y sont sujets à des maladies conta- gieuses. En I77y , dix-huit ou vingt prison- niers en moururent dans un court espace de ET DES Hôpitaux. 23? temps. En avril 1783, ony comptoit soixante- un hommes et trois femmes. Ils reçoivent cha- que jour quatre sous de France; et c’est à ce prix qu’ils se nourrissent. L’ctage supérieur de cette prison sert de maison de correction pour les femmes. Il y en avoir vingt - huit dans quatre chambres , toutes occupées à filer ; mais elles ne se servent pas de rouets* Chacune a son lit; les chambres sont pro- pres; le pain qu’on leur donne est bon, et elles en reçoivent une livre et demie par jour. Le terme de leur esclavage est de quatre à huit années ; mais si quelque homme se présente pour se marier avec l’une d’elles ^ celle-là est délivrée par les magistrats. Un de ces magistrats visite la prison chaque se- maine , et écoute les plaintes des prisonniers ; mais le geôlier est présent. La torture n’est pas en usage dans la Na- varre. On y obserye une singulière coutume. Deux fois l’année , à Noël et huit jours avant Pâques, le vice-roi se rend , avec les magistrats , dans la chambre du conseil dfe la prison , et relâche le nombre de prison- niers qu’il lui plaît. En 1783 , il en relâcha treize dans la seconde époque indiquée ; et quelques années auparavant , les magistrats furent surpris de lui entendre ordonner de les relâcher tous. B iv 24 Etat des Prisons’ Il y a quatre églises dans Pampehine, et deux sont des asyles pour les débiteurs et les criminels. Dans la citadelle , il y avoit cent vingt hommes condamnés pour leurs fautes à l’esclavage; ils étoient entassés dans cinq ou six chambres. Ceux qui étoient dans les chambres supérieures avoient seulement un anneau à une jambe ; ceux des chambres basses, au nombre de trente,' étoient en- chaînés deux à deux avec de pesantes chaînes; ils paroissoient malades , et cependant la plupart n’étoient enfermés là que pour de légers délits. Les chambres ont des especes de baraques , où ils couchent sans avoir de couvertures. Ils reçoivent chaque jour une livre et demie de pain bis , et une petite pièce de monnoie. Ceux qui peuvent donner une caution , eu cas qu’ils s’échappent, n’ont qu’un anneau à la jambe , et quelquefois on les occupe dans les maisons , et on les paye. S’ils s’en- *fuient, leurs cautions sont mises à la chaîne et prennent leur place. S’ils sont repris , leur terme est doublé. Ceux qui sont coupables de crimes très- graves sont envoyés à Carthagène, ou dans les établissemens espagnols en Afrique. ET DES Hôpitaux. 2^ Il y a ici un grand bâtiment appelé la ISÆisericordia; il est semblable à VHospicio de Madrid , et l’on y contîne les mendians , les vagabonds et les enfans libertins. On y emploie des ouvriers qui prennent des ap- prentis , et rendent active une manufacture de drap grossier. Près de la Miséricorde , il y a un hôpital pour les orphelins , ou enfans des pauvres ( los Ninos de la Doctrina ). On les y ins- truit à lire et à travailler ; les garçons servent aussi dans les églises. Il y avoir quarante- cinq de ces derniers et treize filles. Cet hô- pital tire une partie de ses revenus d’une espèce d’impôt mis sur les parties qui se jouent à la paume dans un bâtiment élevé pour cet objet; ce jeu est très à la mode dans la Navarre. Les' salles des hommes , dans le grand hôpital ) sont mal-propres ,* mais celles des femmes sont agréables et nettoyées avec soin. Il- y en a une séparée pour les maladies chirurgicales ; une autre pour les prisonniers malades; et on prend le même soin de ceux- ci que des autres ; deux fois le jour le médecin les visite tous. Les planchers de la plupart des hôpitaux espagnols sont recouverts d’une brique fra- 26 Etat des Prisons gile et molle ; on les arrose quelquefois » mais on ne les lave jamais. Aucune femrne n’entre dans les salles des hommes. Ce qui ' les rend en général aussi closes et infectes qu’elles le sont ici , c’est l’habitude générale que l’on a dans le pays , de prendre du tabac et de cracher, jointe à un préjugé bien mal fondé sur la libre circulation de l’air, et sur le dan- ger de laver les salles, la chaleur du climat * devant le détruire. La coutume de laver les pieds et les mains des malades avant de les mettre au lit, est inconnue en Espagne ; et cependant une telle coutume , unie à un air pur , à la propreté , à une dicte salutaire , seroit d’une plus grande importance dans les hôpitaux, que les recettes des médecins. Tous les malades du grand hôpital de Pam- pelune ont leurs lits séparés ; et cette sage pratique est générale dans les hôpitaux espa- gnols. La gouvernante loge dans im appar- tement spacieux; auprès est une chambre où l’on tient des enfans au maillot; mais lors- qu’elle craint qu’ils ne troublent son repos, quelquefois elle les envoie dans une cuisine pleine de fumée , où ils pleurent et souffrent , sans que ses oreilles en soient désagréablement frappées. 5T DES- Hôpitaux. 27 SECTION XIX. / Des Prisons et Hôpitaux du PortugaL U N E ordonnance publiée en 1774 y dé- fend les emprisonnemens pour dettes. Dans les prisons , dans les infirmeries , i# y a une séparation absolue entre les deux sexes. On n’y exige pas la bien^venue , mais j’y remar- quai l’injuste coutume de retenir les prison- niers déchargés jusqu’à ce qu’ils aient payé les frais qu’exige le geôlier. Il est vrai que ce droit nuisible est affoibli par l’institu- tion d’une société charitable , qui souvent le' paye pour eux. Cette société a le nom de Miséricorde • des gens de la première condition s’y font recevoir. Deux fois la semaine elle envoie des provisions dans diverses prisons , et , comme la confrérie délia Misericordia de Rome , elle console , soutient , accompagne les criminels condamnés à la mort. Ici les coupables ou les accusés sont sou- vent détenus plusieurs années dans les pri- sons avant qu’on les examine et qu’on les juge J et quelquefois après qu’ils ont été ’iS Etat des Prisons iigés et condamnés à mort, ils demeurent encore quelques années en prison avant qu’on les exécute. Avant l’administration du marquis de Pombai, les geôliers laissoient souvent sortir leS' prisonniers sur leur parole. L’un d’eux , qui avoit obtenu cette faveur , en jouit pendant sept ans , quoiqu’il eût été condamné à mort. L’ordre d’exécuter la sen- tence arrijra ; sur la sommation du geôlier , le coupable, qui travailloit dans la province , revint, sans balancer un instant, se rendre dans la prison. Ce respect pour sa prouiesse lui fît accorder sa grâce. Plusieurs de ces coupables sont tirés des prisons pour être envoyés dans les établisse- mens portugais au Brésil; d’autres, .enrôlés en qualité de soldats , sont embarqués pour les Indes. Ceux-ci , avant qu’on les embar- que , sont envoyés dans une espèce d’hôpital sur le bord du Tage , opposé à la ville , où , pendant quelques semaines , on les baigne ^ on leur donne des habits, et une meilleure nourriture , afin qu’ils aient la force de sup- porter un long voyage, et soient plus propres à remplir le but auquel on les destine.j ET DES Hôpitaux. 25) Lisbonne. La grande prison de cette capitale , ap- pelée Limoiero ( le bocage de citrons ) , fut autrefois un palais. On y envoie les prison- niers des provinces, comme ceux de la ville. En février 1783 , il y en avoit «ept cents soixante-quatorze. On en comptoit soixante- dix dans les chambres au rez-de-chaussée, et aucun n’avoit de fers. Parmi Ceux du pre- mier étage , plusieurs payoient la chambre plus commode qu’ils occupoient , et ne rece- voient aucun don de la Miséricorde. On examine ici les prisonniers civils ou criminels dans une vaste salle qu’on appelle. CdT^a da supplïcaçam , dont les prisonniers- se servent comme d’une chambre de jour et de lit. Les cours de justice s’ouvrent le ma- lin entre huit et neuf heures. Il y a deux infirmeries , une pour chaque sexe. Dans celle pour les hommes, ils ont chacun leur lit avec des couvertures propres ; leur cham- bre a vue sur la rivière ; elle est spacieuse , propre et bien aérée. Il y a une chambre destinée à ceux qui sont condamnés à mort. On y voit des lits renfermés dans des espèces de baraques. Au - dessus de ceux-ci , il y a encore des lits pour les malades , des cham-^ 30 Et A.T DES Prisons bres secrètes, et privées dans une large ga- lerie défendue par un neillis. Il est rare ici de voir du verre aux fenêtres des particuliers ^ et il n’y en a jamais dans les prisons. Dans la prison du château , les cham- bres du bas sont, comme celles de la grande prison, destinées à ceux qui n’en peuvent payer de meilleures , et le premier étage à ceux qui peuvent donner une somme fixée. Il y a diverses chambres qui s’ouvrent sur un corridor , où les prisonniers sont cdnfinés sévèrement , et ne sortent point. Il n’y a point de basse-cour ni dans cette prison , ni dans celle dont nous avons parlé. ^ La prison des ecclésiastiques, nommée Aljuhe , est voisine de la grande église ; elle est soumise à la juridiction du patriarche « et consiste en quatre chambres et une petite chapelle. A l’époque dont j’ai parlé ci- dessus , il y avoit six prêtres et trois femmes. Dans toutes ces prisons, on peut parler aux prisonniers au travers d’une grille de fer; mais on ne peut y entrer. Il est une autre prison près du Tage , où plusieurs nobles , plusieurs prêtres furent confinés sous l’administration du marquis de Pombal. Dix-neuf chambres s’y ouvrent sur un corridor ji la plupart ont vingt pieds de ïtdesHopîtaüx. 5r !i long et neuf de large. Le mur étoit épais de plus de six pieds. Pour entrer dans cha- que chambre, il falloir passer trois portes 5 celle dû milieu avoir une grille de fer, for- I mée de barres arrondies. Au - dessus de la porte est une petite ouverture, permettant à quelques rayons de lumière d’y pénétrer , excepté encore dans deux d’entre elles , où régnoit une obscurité profonde. La prison de BelLem , à moins d’une lieue de Lisbonne , a quatre salles basses , et plusieurs autres au premier étage , pour ceux qui peuvent les payer. On confine ici les prisonniers les moins coupables du Limoiero ; ils subsistent du produit de donations chari- tables. Dans l’arsenal , il y a quatre chambres pour les esclaves ou criminels condamnés; la plupart d’entre eux sont maures. Quel- ques-uns travaillent peu , et sont dans des chambres closes ; trois ou quatre sont en- chaînés sur la place; mais les autres l’étoient deux à deux , et ceux qui sortoient l’étoient entre eux à une longue chaîne qu’ils dépo- sent lorsqu’ils rentrent dans l’arsenal. Ils reçoivent du gouvernement une livre de biscuit par jour, un peu de riz et demi-livre de viande trois fois la semaine. Ils sont 52 Etat de^ Frisons gardés par des soldats , et occupés à porter de l’eau dans l’arsenal et dans les autres pri- sons. L’infirmerie pour les matelots et les es- claves consiste en deux salles d’une grandeur remarquable, élevées, propres, et où règne une grande tranquillité. Les esclaves y ont chacun leur lit , des draps , et on veille avec soin pour ies rétablir. On avoit commencé , il y a deux ans , à établir une manufacture dans le château, pour occuper les vagabonds et les enfans aban- donnés , à carder , filer , tricoter , à faire des lacets , à broder , et à d’autres travaux de ce genre. On y en occupoit environ mille. Une telle institution peut être très-utile en Portugal , où la jeunesse est indolente et paresseuse ; mais on la rendroit plus utile encore , si on ne l’y occupoit qu’à des objets nécessaires, ou de plus grand usage. .L’hôpital général de San Jo^e , qui fut au- trefois un collège pour les jésuites , a quinze salles consacrées aux hommes , et six pour les femmes. En 1783 , on y comptoit cinq' cents quatre - vingt - trois hommes et deux cents quatre - vingts femmes. Quelques- unes de ces salles sont spacieuses , et n’ont q^ue deux rangs ' de lits j placés dans des enfoncemens «’ï DES koPITAUX. 3^ Vîfifoncemens ou recoins qui s’ouvrent sut un passage étroit. Les plus basses , et sur- t(îut celles où ronrenfennc les insensés , sont trop renfermées et trop closes. L’hôpital militaire de S. Joao de Deos renfermoit, dans douze salles séparées, cent soixante et onze malades. C’étoit autrefois un couvent ; mais depuis le tremblement de terre , en lyyp , on en a fait un hôpital. L’air n’y circule point assez librement. L’hôpital anglois , pour les matelots des vaisseaux marchands , s’élève à coté de leur cimetière, et consiste en deux ou trois salles^ elles 'sont propres ; les alimens qu’on y donne aux malades sont bons et sains. Il a six visiteurs , et chacun d’eux officie pendant deux mois 3 leurs noms , les mois où ils doivent être en office sont désignés d’avancé chaque année. Je vis cette liste suspendue dans le cabinet de notre digne Consul sir John Hon , à qui l’on doit ce secourable établissement. L’hôpital de la marine angloise , élevé sur la rive méridionale du Tage, a environ deux milles de largeur. Il a deux grandes salles au rez-de-chaussée ; tout y est humide et mal-propre , parce qu’i 1 manque d’ins-’ Tome Ji, C $4 Etat des Prisons pectenrs attentifs et vigilans. Si nos matelots y recevoient plus de secours , et des secours plus convenables , ils seroient moins souvent entraînés à servir les étrangers. Dans l’hôpital de la Miséricorde ^ pour les énfans-trouvés, il y a environ quatre-vingt-dix enfans ; mais la plupart sont des maures. Ils paroissent propres et sains. Chaque nourrice en a quatre confiés à ses soins. Au dehors est un berceau qui tourne sur un axe , pour faire entrer dans la maison l’enfant qu’on y dépose, lorsqu’on en a donné avis par une cloche. La bâtardise n’a rien ici de honteux ; les en- fans nés de personnes non mariées peu- vent hériter ; et c’est la raison peut-être qui en rend le nombre si peu considérable dans cet hôpital. ' E V O R A. Les prisonniers y subsistent de la charité du public. Il en est qui s’y trouvent depuis quatre à six ans sans avoir été jugés. L’hôpital a un enfoncement pour le lit de chaque malade , et ces enfoncemens ou ar- cades sont recouverts de tuiles vernies. On semble y craindre la salutaire ctrculation de l’air. Quelques-unes des prisons de ce pays ont £t des Hôpitaux, 35’ line allée qui conduit à la rue et aux chambres des prisonniers j mais cette allée est fermée des deux cotés par des grilles de fer, où ces malheureux viennem mendier leur subsistances E L V A s. Les prisons y ont les mêmes défauts que celles d’Evoras Les prisonniers n’y vivent que de la charité des passans. Je visitai les casernes 3 les soldats y sont pâles , et ont le regard languissant. On voit dans la prison des malheureux , qui , de- puis trois ou quatre ans , attendent avec une patience stupide, ou dans l’insensibilité du désespoir , que les magistrats daignent enfin les entendre et les juger. De toutes les observations faites dans ces différentes parties de l’Europe , on peut tirei^ les conséquences suivantes, pour la construc- tion et l’administration des hôpitaux. La situation d’une infirmerie oü d’un hô- pital doit être sur tin sol élevé, voisin d’unë rivière , à quelque distance de la ville. L’en- trée doit être une rampe ou un escalier dont les degrés soient aisés j comme à Rome, Flo-^ rence et Madrid ; les salles en seront hautes de vingt - cinq à trente pieds , cintrées et sans autres bâiimens , sans autres falles ,C ij 5^ Etat des Prisons ail - dessus d’elles , comme à Boulogne ou. Florence. Les rangées des fenêtres seront opposées l’une à l’autre, de niveau avec les lambris , arrêtées avec des crochets dans la # partie supérieure du châssis , pour qu’ils puissent s’ouvrir à volonté et avec facilité, comme à Newport , dans l’île de W^ight. Qu’une galerie extérieure de pierre facilite encore cette ouverture , comme à Bologne ; que les maladies chirurgicales , et celles qui doivent être soümises à l’inspection d’im médecin , soient traitées dans des salles absolument distinctes , comme à Burgos et à Bordeaux ; que les ouvertures du lam- bris et le lambris même soient faits de lares et de stuc , comme les grands hôpitaux de Madrid et de Lyon ; que les cheminées soient au milieu de la longueur de la salle , et les lits placés dans des cintres spacieux, comme à Tolède ^et à Burgos; que les lits soient de fer , que ce fer soit peint ; qu’ils soient montés avec des vis', alin qu’ils puissent être démontés , remontés, élevés, abaissés avec facilité; qu’ils reposent sur des planches vernies, et ayent des matelas de crin ; qu’il y ait dans chaque salle un bassin rempli d’eau , et une serviette à i’usage des malades comme à Pétersbourg et ï T DES H Ô P I T A IT X. ^ 7 it Moscow ; que l’extérieur des salles soit voûté comnae à Milan ou à Utrecht ; qu’il y ait des chambres aérées et des réfectoires particuliers pour les convalcscens, comme à Lyon , Pétersbourg , Vienne et Paris ; qu’il y ait un bain convenable, et une descente aisée pour s’y rendre , comme à Worcester, Glo- cester et Manchester ; qu’il y ait une place $ une promenade spacieuse, pour exciter les malades à prendre l’air , à faire de l’exercice , comme à Haslar et à Plimouth y qu’il y ait deux portes à chaque salle, et que l’une d’elles soit un treillis de fer , comme à Bou- logne ; que ces salles Sc ces chambres soient lavées une fois la semaine, ratissées et blanchies avec la chaux au moins une fois par an , comme à Edimbourg , à Haslar ; enfin que les malades soient lavés, lorsqu’ils entrent dans la maison, dans un bain froid ou un baiji chaud , selon les circonstances , et qu’ils sg conforment strictement aux règles de la pro-i prêté et de la convenance. Ciii s 38 Etat des Pris ons SECTION XX. Des Prisonniers de guerre en France» E T T E espèce de prisonniers n’existe pas toujours; mais ils n’en offrent pas moins un objet intéressant à l’homme humain , des abus qui le frappent , et des moyens d’honorec les gouvernemens qui les corrigent. On a trop vanté sur ce point l’humanité des François. J’ai été moi-même leur prison- nier de guerre en I75'6. J’allois alors faire un voyage en Portugal ; j’étois dans un pa- quebot qui fut pris par un armateur Fran- çois. Avant que nous arrivassions à Brest , je souffris toutes les extrémités de la soif et de la faim , et demeurai quarante heures sans pouvoir obtenir une goutte d’eau, et à peine un morceau de pain. Je fus enfermé dans le château de Brest, et y restai six nuits sur la paille. Je pus observer l’inhumanité avec laquelle mes compatriotes étoient traités à Brest et à Morlaix pendant les deux mois que je demeurai à Carhaix, sur ma parole. Je correspondis avec eux dans ces deux villes I dans, celle de Pinan ^ jq sus qu’il^ ET DES hôpitaux. 5aroIe ds^ns 1^ ville ; neuf sc trou?» ET DES Hôpitaux. '411 volent à Boiirbourg, et deux à Ardres ,* mais ils avoient donne des cautions. On conrptoit cent vingt- sept prisonniers de guerre à Calais , et la prison est bien moins grande qu’à Dunkerque. Dix-sept ma- telots étoient couchés sur la paille dans une chambre , et sans couverture. Quelques-uns n’avoient pas même de paille ; d’autres avoient des hamacs qui leur appartenoient. Je m’en plaignis, et on me fit espérer qu’on yremé- dieroit. Les passagers y sont à la même table que les capitaines. La plupart des prison- niers n’y pouvoient changer de linge ; quel- ques-uns n’avoient point d’habits : c’étoient ceux qui formoient l’équipage d’un vaisseau naufragé par l’ouragan du 31 décembre 1778- Il y avoit vingt-six angloîs dans une salle spacieuse de l’hôpital militaire , et on ert prenoit beaucoup de soin. Chacun avoit son lit , ses draps ; leur nourriture étoit saine* Mais comme leur maladie n’étoit pas de ’ celles qui affbiblissent , ils auroient préféré d’être nourris comme on l’étoit dans Jï prison. Il y a dans toutes ces prisons des réglemens publiés au nom du roi de France, comme dans celles d’Angleterre. Les réglemens dfi État DES Prisons celle-ci sont les mêmes que dans celle-là. Ils ordonnent aux commissaires qui président sur ces prisons de punir de diverses peines ceux des prisonniers qui insultent , menacent , frappent les hommes employés autour d’eux ; comme de perdre leur tour , d’être échangés , d’être renfermés dans des chambres obscures , ou privés de la moitié des alimens qui leur sont destinés. Ils ordonnent à ces commissaires d’en faire une liste .exacte, en leur demandant leurs noms , et de punir ceux qui refusent de répondre. Ces réglemens veulent que s’il arrive quelque dommage à la prison qui les renferme , qu’il soit fait, de propos délibéré, ou dans l’intention de s’échapper , le dégât sera payé par celui qui l’a commis ; et si on ne peut le découvrir , ils ordonnent que chaque pri- sonnier payera une part égale des frais de ré- paration. Ils veulent que celui qui s’échappe , si l’on parvient à le surprendre , soit ren- fermé et nourri avec la moitié de la por- tion dont il jouissoit auparavant , 'jusqu’à ce que la moitié qu’on lui retranche puisse, en s’accumulant , payer les frais qu’on a faits pour le poursuivre , le saisir et le ramener ; et que de plus, il perde son tour d’être échangé ; qu’un officier de vaisseau, qui se rend cou- pable de ce délit, soit traité dès -lors comme un limple matelot. ET DES H ô P t T A U ^(,5 Ils défendent les querelles , les combats dans les posons, et dans tous les lieux où ceux qui les habitent peuvent prendre l’air, sous des peines proportionnées au délit. Ils veulent que les matelots soient chargés tour à tour du soin de nettoyer la prison , et que celui qui le refuse ne reçoive sa nourriture que lorsqu’il s’y sera soumis ; que les prisonniers qui au- roient besoin d’habits , et pourroient en ache- ter, en avertissent le commissaire, qui veillera pour qu’ils en soient pourvus au prix courant. Par ces réglemens , les prisonniers peu- vent choisir trois ou cinq d’entre eux , et les changer à leur gré , pour examiner si les vivres qu’on leur donne sont aussi bons qu’ils doivent l’être , s’ils ont le poids ou la mesure qu’ils doivent avoir, et pour porter leurs plaintes au commissaire, qui, s’il les trouve fondées , doit leur rendre immédiatement jus- tice ; de plus , ils veulent qu’ils puissent ache- ter , aux grilles de la prison, les marchandises qui leur plaisent ou leur sont nécessaires ; mais ils ne doivent point abuser de cette facilité pour faire tenir des lettres secrètes , ou intro- duire au dedans des liqueurs fortes , ou autres objets interdits aux prisonniers. Chaque jour de la semaine ils doivent rece- voir un pot de bière ou de cidre , ou dans les 1^ Etat nts Prisons lieux qui n’ont pas de ces liqueurs , trois quarts de pot de vin , une livre et demie de pain , trois quarts de livre de boeuf , excepté le vendredi , où ils ne reçoivent que quatre onces de beurre, ou six onces de fromage, et dans quatre jours de la semaine , demi-livre de poi? ou de fèves. Ces réglemens sont sages et humains ; mais ils ne préviennent pas tous les abus 3, et ils ne sont pas toujours exécutés.. ET DES H6pitau;5C* tonHona a SECTION XXI. Des Prisonniers de guerre en Angleterre^ T J E s anglois peuvent se plaindre de leurs prisons en France 3 les françois se plaignent aussi de celles d’Angleterre : sont - ils fondés dans leurs plaintes ? Les détails suivans le prouveront. Lorsque je visitai les prisonniers de guerre en France, j’entendis de grandes plaintes sur la manière dont les prisonniers François étoient traités en Angleterre ; je résolus de m’en assurer. Les personnes chargées de veiller sur les hommes de mer, malades ou blessés, fa- vorisèrent mon projet , en me donnant des let- tres pour leurs agens en diverses prisons. J’avois aussi le dessein d’examiner les amé^ liorations faites dans les prisons angloises depuis le dernier acte du parlement , et les ordres donnés aux grands jurés. Je joignis les deux ensemble dans leur exécution , et commençai ma visite par les lieux où les pri- sonniers François avoient été confinés. Voici quelles furent mes observations. Le 3 février 177^ , il y avoir dans le Mi/l^ f "4 (5 ‘ Ë T A T D E s P R I s O N s prison , près dé Plimouth , environ trois centâ quatre-vingt-douze prisonniers François. Les chambres dans lesquelles ils étoient confinés étoiem moins commodes que celles qu’occu- poient les prisonniers américains ; ils n’avoient ni autant ni de si bonnes provisions. Cinquante d’entre eux étoient à l’hôpital , et cet hôpital etoit sale et mal-sain. D ans le navire le Cambridge , il y avoit trois cents quatre-vingt-seize prisonniers; ■et le jour qui suivit , deux cents cinquante vin- rent s’y joindre. Le pain qu’on leur donnoit étoit pesant, la viande mauvaise; onneveil- loit pas avec assez de soins sur les malades. Le navire le Tigre avoit été approprié pour leur servir d’infirmerie , jusqu’à ce qu’on eut mis la dernièremain à un hôpital qu’on élevoit près de Mill-prison, Le 30 juillet 1782, la vieille prison étoit hors d’usage , et la neuve renfermoit cent quatre- vingt- sept François, deux espagnols et sept hollandois. Celle-ci est sjtuée sur une éminence ; les chambres en sont spacieuses ; elle a une vaste cour; les lits de l’infirmerie reposent sur des planches frottées avec l’huile de'goudron, qui répand une odeur agréable , et corrige les exhalaisons nuisibles. Les fenêtres de cette prison ne sont point ET DES Hôpitaux, 47 vitrées ; il en est de même de celles de 5hrewsbiiry ; elles sont fermées comme le sont les laboratoires de chimie : ce soin eî leur situation aérée contribuent beaucoup à la santé des prisonniers. Aussi , sur douze cents quatre-vingt-six prisonniers américains reçus dans cette maison dans un espace de cinq ans et deux mois , il n’en est mort qu® quarante-cinq ; sur sept mille six cents soixante- treize François qu’on y conduisit dans ^n^ espace de trois ans et demi , il n’en es5 mort que cent neuf ; sur sept cents quarante espagnols qui y vécurent trois ans et demi , douze seulement ont péri , il y est mort treize hollandois , sur six cents trente quatre qui séjournèrent dans ses murs pendant l’espace de deux ans et demi. On doit remarquer que , parmi les pri- sonniers américains , deux cents vingt - huit ont eu la petite-vérole ; que cent ^quatre- vingt-deux désirèrent fe faire inoculer , et le furent. Il faut dire aussi que , dans le nom- bre des François qui moururent dans çet hô- pital, vingt-cinq perdirent la vie de leurs blessures, A Bristol , il y avoii cent cinquante et un prisonniers, François le 9 février 1779. La prison , qui fut autrefois une poterie , avoir 4» ÉTAT DES Prisons dés salles plus spacieuses que celle qilî est voisine de Plimouth ; les prisonniers y étoient aussi moins accumulés. Dans les deux cham- bres de jour , on avoir rassemblé des cor- donniers , des tailleurs et autres gens de mé- tiers : ■ ils y trâvailloient ; avantage que les prisonniers de Plimouth avoient désiré , et ne pouvoient obtenir. Leur pain étoit boh« Il n’y avoit pas d’infirmerie ; les malades croient soigftés et nourris dans une petite iiiaisoji voisine, où l’on payoit sept schellings par semaine pour chacun d’eux. Il yen avoit cinq; mais leur chambre étoit sale et remplie d’exhalaisons nuisibles. En mars 1782 , les prisonniers étoient dans une prison nouvelle , bâtie sur un sol élevé , à une lieùe de la ville ; elle a deux étages et des salles assez grandes. Il n’y a point de cheminées; les chambres sont mal -propres , on ne les lave jamais. A côté est une infirmerie spacieuse, où chaque salle a un âtre , où Ton voit une cuisine détachée : Je tout est environné d’un mur bas et d’une palissade. Il y avoit, dans ce temps sept cents soixante-quatorze espa- gnols et treize hollandois prisonniers ; ils étoient gardés par cinquante hommes de milice- Le pain étoit moins bon, les soins moins yigilans ET DES Hôpitaux. 49 vîgilans que lorsque la prison croit dans la ville. ^ , Le 2 mars 1779 , il y avoir mille soi- xante-deux François prisonniers de^ guerre dans Winchester. Les salles de la prison où ils étoient rassemblés étoient hautes et spa- cieuses ; la cour en étoit vaste ; la bière et les alimens étoient bons; le' pain , article très -intéressant pour les prisonniers, fait de y levain et mêlé de seigle , étoit moins bon qu’on ne le fait en France, et même infé- rieur à celui de la prison de Bristol. On au- roit dû consacrer deux ou trois chambres au travail; les prisonniers auroient pu s’y pro- curer plus d’agrémens ; leur santé auroit été plus ferme ; ils n’auroient point passé tous les jours' indolemment étendus dans leurs hamacs , comme ils l’étoient ici , et dans la prison voisine de Bristol.* Divers prisonniers étoient confinés dans une espèce d’antre obscur ; ce sont ceux qui ont tenté de s’échapper; ils sont condamnés à y demeurer quarante jours , et à ne vivre que de la moitié des alimens qu’ils recevoient avant leur tentative. Punition qui me rappelle cette réflexion des dignes magistrats de Berne, « Que le désir de reprendre sa liberté est na- )) turel à tousi). Tome IL D '5'0 Etat des Prisons Les salles de l’hôpital sont fort élevées , et ont plus de vingt pieds de large. Chaque malade y a son lit , ses couvertures , ses draps , et le chirurgien veille sur eux avec soin , ainsi que M. Smith , notre agents il me dit qu’en 177P , il avoit pensé que le sort de ses prisonniers seroit fort adouci , si l’on per- mettoit à leurs prêtres de les visiter et de les consoler. On le leur permit; et en 178a, les prisonniers catholiques-romains avoient élevé une petite chapelle. A cette dernière époque, la prison étoit plus propre ; on avoit fait di- verses améliorations dans les salles et dans les cours. Le puits avoit été réparé. Le nombre des prisonniers étoit de trois cents vingt-huit fran- çois, trois cents quarante - neuf hollandois , sept cents trente espagnols. Il y avoit encore dans l’infirmerie neuf françois , trente - neuf hollandois et trente-sept espagnols. Ils avoient perdu leur chirurgien, homme attentif, que la fièvre des prisons avoit saisi. Cette maladie a été fatale à plusieurs de ceux qui habitent ce lieu. En mars 1779, il y avoit cent soixante- dix- sept françois dans la prison commode de jpor- 'ton, près de Gosport. La viande que je leur vis servir étoit mauvaise , et l’on me dit que l’animal avoit été tué le matin de ce même ET DES Hôpitaux. 51 jour. On y fît atteniion dans les jours qui suivirent, et ils furent mieux. La plupart des pains qu’on leur servoit n’avoient pas le poids qu’on avoit prescrit. Sur tous ceux qu’on portoit à cent quarante - deux prison- niers , il y avoit un déficient de trois livres. La paille de leurs lits étoit en poussière, par le long usage ; on avoit été obligé de faire sortir plusieurs prisonniers pour ôter la ver- mine. Le plancher des chambres de lits ne pouvoir qu’être sale et infecté, parce que les planches y avoient été placées comme elles sortent de la scie. Je remarquai avec soin de semblables négligences dans une prison nou- vellement bâtie. L’ordre prescrit dans cette prison étoit le même que dans la guerre précédente , et y étoit affiché en langue françoise. Nous en avons parlé ci - dessus ; nous en parlerons ailleurs. On l’avoit suspendu de même à Winchester ; mais il y avoit été déchiré : on l’y avoit mis en langue espagnole. Il seroit plus prudent de les écrire ou les graver sur une planche qu’on suspendroit dans un lieu d’où on poLirroit les lire avec facilité. Les prisonniers se plaignoient qu’on ne leur donnoit pas tout le pain qu’on leur de- voir, et que leur viande étoit mauvaise. Je Dij 5*2 Etat des -Prisons leur montrai l’article où ils sont autorisés à s’en plaindre’ à Pag ent ; et s’il n’y fait pas attention , aux commissaires. c< Il faudroit , me dirent- ils , «que, pour nous adresser à >■> ceux-ci, nos lettres ne passassent pas sous » les yeux de Pagent lui-mcme». En novembre 1782 , les prisonniers amé- ricains n’étoient plus séparés de ceux des au- tres nations; ils recevoient la même ration de pain. Il y avoit cent quarante-quatre Fran- çois, trente- quatre hollandois, cent trente- trois américains , en y comprenant ceux qui étoient à Phôpital. Les salles y étoient mal- propres; il n’y avoit point d’ordonnances sus- pendues ; il y avoit du déficient au poids de leur pain. Un gentilhomme anglois veilloit, par huma- nité , à l’adoucissement du sort des améri- cains ; il auroit dû avoir les mêmes soins pour les François. Les prisonniers américains recevoient un secours des Etats-Unis , qui leur étoit payé par i’ordr.e du docteur Franklin. Un gentilhomme de Portsmouth étoit chargé de leur distri- bution. Du jour de Notre-Dame à la Saint- Michel , il distribuoit un schelling par se- maine à chaque officier , et la moitié aux matelots. De la Saint-Michel à Notre-Dame ^ ÎT desHôpitaux. 5*5 les officiers recevoient'deiix schellings ; on en donnoit nii aux matelots. Aucun de ces offi- ciers américains n’étoit libre sur sa parole f comme ceux des autres nations. Dans un espace de cinq années quatre moîsj, on y avoit reçu douze cents américains ; il en étoit mort soixante-neuf. On y avoit reçu onze cents soixante-douze François ^ et dans im espace de quatre années quatre mois , ii en étoit mort cent soixante-six. On y avoit 'reçu trois mille vingt-huit espagnols; et dans l’espace de trois années un mois, il en étoit mon cent soixante-sept. Enfin , sur neuf cents trente-quatre hollandois qu’on y avoit conduits dans l’espace de vingt-un mois, ii n’en étoit mort que dix-sept. On avoit établi une prison passagère à Déal. On y voyoit une salle basse, aérée et spacieuse, et une seconde au-dessus , avec une cuisine commode. Les ordonnances y étoient suspendues ; les pains y avoient le poids fixé ; les provisions de toute espèce y étoient bonnes; les lits y étoient garnis comme ils devroient l’être ; lés prisonniers étoient contens ; aucune plainte ne s’y faisoit entendre. L’hôpital de la marine est attenant à cette prison. Les salles en sont propres ; aucune Etat des Prisons odeur infecte n y niik aux malades. II y a une chambre pour les prisonniers blessés ou malades, semblable à celle que les prisonniers anglois ont à Dunkerque et à Calais; et ils y sont soignés par un chirurgien attentif et ha- bile. Il y en avoit soixante-treize dans la pri- son , et quinze dans la chambre de l’hôpital en avril 177P, et vingt -huit françois, trois hollandois , sur la fin de 1782. On avoit reçu deux mille quatre cents vingt françois dans cette prison dans un espace de quarante-neuf mois , et il en étoit mort vingt. On y avoit compté six cents quatre- vingt • dix * huit hollandois ; il en étoit mort quinze en deux ans. Trente-deux espagnols y étoient entrés , aucun n’y étoit mort ; et sur treize américains, il en mourut un. En mai 1775? , Y ^volt onze prisonniers françois à Carlisle'dans la prison du Comté; ils occupoient une grande chambre destinée aux débiteurs. Ils n’avoient point de hamacs, comme à Plimouth , à Winchester ; ils cou- çhoientsurla terre sans couverture; ils rece- voient douze sous par jour. En juillet 177P, il y avoit cinquante -six françois prisonniers de guerre à Pembroke ; ils occupoient une vieille maison qui tou- choit à celle qu’habitoient les prisonniers ET DES Hôpitaux. américains. La plupart d’entre eux étoient sans souliers; sans bas, et quelques-ùns sans chemises. Ils n’avoient point d’ordonnance qui fixât leurs alimens , et l’on ne pouvoir savoir ce qu’on leur donnoir. Quelques-uns recevoient trois schellings par semaine. Il y avoir quatre hamacs suspendus ; les autres couchoient sur des planches. Cette maison avoir une cour ; mais il n’y avoir ni eau ni égout. l -- La prison de la ville renfermoit vingt françois ; ils y occupoient deux chambres ; ils avoientde la paille ; mab depuis plusieurs semaines elle n’avoit point été changée. Il n’y avoit point d’eau dans cette prison , et il ne leur étoit pas permis , comme ailleurs , d’en aller chercher eux-mêmes. Quelquefois on négligeoit de leur en porter ; on les en laissa manquer une fois du dimanche à midi jusqu’au vendredi au soir. On leur permet- toit de se promener au dehors pendant une heure chaque jour , accompagnés d’une garde» Leur pain étoit assez bon ; leur bière étoit foible ; et ce qu’on leur donnoit de bœuf étoit si peu de chose, qu’ils préféroient de se borner au beurre et au fromage. .Il y avoit encore neuf prisonniers fran- çois dans une maison arrangée pour servir Div $6 Etat des Prisons d’hôpital; et de plus cinq matelots du vais- seau de guerre le Culloden^ et -trois améri- cains. Ils y çouchoient trois ou quatre dans une chambre sur la paille , avec des couver- tures , mais sans draps et sans lits. Au mois d’octobre 1782 , on y avoit bâti une prison. Elle avoir deux chambres au rez-de-chaussée, autant au-dessus , longues de trente-six pieds , larges de seize; elles étoient sales et mal- saines , quoiqu’il n’y eût que six prisonniers françois. Ils avoient voulu s’échapper ; et pour les en punir , ils étoient confinés dans leur chambre depuis un mois , et mis à la petite ratioiR Leurs lits étoient sur le plan- cher; on n’en avoit pas changé la paille de- puis dix-huit semaines. Ils étoient exténués par la faim ; leur pain étoit presque noir, et on ne leur en donnoit que dix-huit onces par jour. Il n’y avoit point d’ordonnances sus- pendues ; nul agent ne veilloit sur eux. Ces observations prouvent que la bonne police et l’humanité demandent qu’on nomme des inspecteurs sur ces prisonniers de guerre , et que ces inspecteurs donnent tous les trois mois un état de la santé des prisonniers qu’on leur distribue , et de tout ce qui les in- téresse. On ne peut douter que des hommes honnêtes , établis dans le voisinage, ne se ET DES HÔT'TTAUX. Si chargeassent de ce soin bienfaisant , sans en exiger de salaire. Il y a line autre raison pour désirer ces inspecteurs. Ces prisons sont ordinairement gardées par des soldats de milice ; et on a divers exemples de la facilité avec laquelle ces sentinelles font feu sur les prisonniers; divers d’entre eux ont été tués sur la place , quoique peut-être ils n’eussent pas formé le dessein de s’échapper. Les officiers défendent le meurtrier , et il demeure impuni. Un agent craint ces militaires ; il n’ose faire les recherches et les représentations que le fait exige. Un particulier indépendant ne redou- ’ teroit pas de parler ni d’agir , et l’abus ne subsisteroit plus, ou il seroit plus rare. En août 1779, il y avoit vingt-trois pri- sonniers francois dans le château de Chester. > V Ils y étoient tenus sainement ; ils étoient bien , et ne se plaignoient pas. En novembre 1779 , il y avoit à Liver^ pool cinq'cents neuf prisonniers de guerre , quatre cents cinquante-trois étoient francois, cinquante-six étoient espagnols ; on avoit été obligé de les séparer, à cause de l’antipa- thie , des animosités qui s’élevoient entre ces deux nations. Ces derniers étoient confinés dans cinq ou six chambres embarrassées de y8 Etat des Prisons hamacs peu élevés ; mais ils éioient dans un lieu bien aéré , placé sur une belle émi^ nence. On avoir placé trente - six malades dans les petites chambres d’une maison située à quelque distance. Ils n’avoient pas de draps; mais le chirurgien en prenoit le plus grand soin , et ils ne se plaignoient pas. On n’y voyoit point d’ordonnances suspendues , et il n’y en avoit jamais eiu Leurs alimens éioient sains, leur bière bonne, leur pain un peu pesant. En septembre 1782, il n’y avoit plus que vingt François , sept espagnols et sept hol- landois. On donnoit à ceux qui étoiem en santé du potage au lait pour déjeûner , et au dîner \ine livre de viande , une pinte de bouillon , une livre de pain et deux pe- tites mesures de boisson foible. Le souper étoit de même que le dîner , à l’exception du bouillon, qu’on ne leur donnoit pas. Le chirurgien prescrivoit les alimens nécessaires aux malades ou aux convalescens. Dans l’espace de quatre ans, il y éîoît entré douze cents quatre-vingt-trois François , et il en mourut quatorze. Dans l’espace d’un an et demi, on y avoit reçu soixante- neuF espagnols , et trois y étoient morts. Dans un espace de temps à peu près égal , sur quatre- ET DEsHoPITAUX. 5*9 vingt - quatre hollandois , il n’en mourut qu’un. Ici J comme dans tous les autres lieux du royaume , où l’on confine des prisonniers François , la cour de France fait distribuer deux sous par jour aux matelots et mousses, quatre sous aux contre - maîtres , aux char- pentiers, Scc. , et six aux officiers d’un rang supérieur-. On leur payoit régulièrement ce secours tous les mois. On donnoit encore nn supplément d’habits, de linge et de sou- liers à ceux qui en manquoient. Ce noble exemple a été reçu ou donné par la cour d’Angleterre, qui payoit en France six sous aux officiers , et trois aux matelots et aux mousses. ' La prison de la forteresse de ffull consiste en diverses chambres , dont les deux tiers sont occupées par les lits , ou la paille qui en tient lieu. En janvier lySz, il n’y avoit que cinquante- un hollandois prisonniers; un plus grand nombre avoient été envoyés à Shwresbury, Tous se louoient de M. Kirman, leur chirur- gien et agent. En février 1782 , il y avoit huit prison- niers dans le château de Lincoln; c’étoient des hollandcâs qui étoient tombés malades "6o Etat des Prisons dans leur marche de Hull à Shwresbury. L’un d’eux mourut , il étoit âgé ; les autres se rétablirent. Ils recevoient douze sous par jour; et une collecte faîte avec zèle par le docteur Srinton , chancelier de Lincoln , sup- pléoitaux besoins que cette paye ne pouvoit satisfaire. On voit à Shwresbury, sur les bords de la Severii , un vaste bâtiment construit avec élégance ; on l’appelle la maison des orphe-^ Uns , parce qu’elle fut établie pour rece- voir les enfans de l’hôpital des Enfans-Trouvés de Londres. En juillet 1782, il y avoit trois cents trente-huit prisonniers hoHandois , dont vingt-sept étoient à l’hôpital. Les; salles de cette maison sont spacieuses ; derrière , est une belle cour qui a quatre acres carrés d’éten- due, et qui est bien fournie d’eau. L’hôpital a aussi' une cour assez grande. Les ordon- nances y sont suspeüidues , traduites en hollan- dois et en françois. Les lits n’y étoient pas trop voisins les uns des autres ; tous àvoient des draps , et le chirurgien en prenoit de grands soins. Plusieurs des prisonniers étoient sans sou- liers et sans bas ; quelques-uns n’avoientpas de chemises ; ils ne recevoient aucun secours de leur souverain , comme ceux des autres ET DES Hôpitaux. ' 6i nations. Mais le chirurgien ouvrit en leur faveur une souscription généreuse , qui leur procura environ 1400 liv. tournois, et servit à leur procurer les habits nécessaires. Le gou- vernement leur assigna ensuite un secours journalier. En juillet 1782, il y avoit dix fran- çois et quatre-vingt-douze hollandois prison- niers à Yarmouth. Les chambres de leur pri- son , celles de l’infirmerie, la cour même, sont trop renfermées. Les ordonnances y étoient suspendues en François et en hollan- dois. Les provisions qu’on leur donnoit étoient bonnes ; ils paroissoient en santé , et bien ; mais la plupart y étoient depuis peu de jours. En février 1783 , il y avoit à Falmouth soixante - cinq prisonniers François , vingt- quatre espagnols et dix-neuf hollandois. Près du tiers de ce nombre étoit à rhôpital. La prison étoit située sur une belle éminence , à deux milles de la ville, et avoit de l’eau en abondance. Les provisions étoient bonnes ; on n’y cntendoit aucune plainte. L’hôpital étoit à un mille de la prison ; chaque malade y avoit un bon lit , des draps , des couver- tures. Les salles étoient lambrissées; l’air en étoit mieux renouvelé que si elles ne l’eussent point été. Toutes les prisons et les hôpitaux doivent 62 ' Etat des Prisons être dans le voisinage des villes , pour la faci- lité des provisions et des secours de tout genre. On avoir reçu dans cette prison deux mille six cents soixante - neuf françois dans l’espace de quatre ans et demi , et trente-sept y étoient morts ; cent quatre-vingt-cinq espa- gnols , dans celui de trois ans et demi , et cinq y étoient morts ; trois ceilts deux hollandois durant; l’espace de vingt-cinq mois , et il n’en étoit mort que six. On voit , par ces listes des prisonniers reçus, et de ceux qui sont morts dans les diverses prisons, qu’on a exagéré notre inattention, notre dureté envers cette espèce de prison- niers. Cette énumération que j’ai reçue des agens , a été confirmée par les livres des com- missaires des matelots malades et blessés, qui m’ont accordé la faveur de les vérifier moi- même. ET DES Hôpitaux. 6j SECTION XXII. Des Prisonniers de guerre en Ecosse» E N juillet 177P , je trouvai , dans le châ- teau dTdiinbourg, quatre-vingt - quatre pri- sonniers François , rassemblés en deux cham- bres , qui servirent autrefois comme de bara- ques aux soldats. Dans l’une d’elles , ils étoient couchés sur la paille, deux à deux , dans des réduits élevés contre le mur ; cha- que réduit avoit deux couvertures ; dans d’autres , ils couchoient dans des hamacs. Les règles prescrites à leurs gardiens et à eux- mêmes y étoient suspendues. Le pain qu’on leur donnôit et toutes les autres provisions étoient bonnes ; ils n’avoient point de raisons de plaintes , et ne se plaignoient pas. Ils recevoient tous les mois le secours que leur faisoit distribuer la cour de France. Il y en avoit quatorze à l’hôpital , maison située à quelque distance de la ville, et où ils étoient bien couchés, tenus proprement, sous l’ins- pection d’un chirurgien et d’un agent remplis d’humanité. En mars 1782 , il y avoit encore quinze prisonniers américains , quatorze fraoçois et 54- Etat des Prisons dix qu’on disoit être irlandois. On les tenoit enfermés , excepté qu’une heure du jour on leur permertoit de respirer l’air libre. Dans le cas d’un emprisonnement aussi exact , il fandroit que les portes fussent faites en treillis de fer. Leur pain étoit bon ; leur eau , tirée d’un puits, étoit saumâtre mais il leur étoit permis d’envoyer chaque jour changer leur eau à la ville. Au mois d’août de la même année, il n’yavoit plus que cinq prisonniers françois. Dans l’espace de quatre ans trois mois , il étoit entré à Edimbourg huit cents quarante-deux prisonniers françois, cent huit espagnols , dix hüllandois, trente américains; trente et un des premiers, trois des derniers y moururent. On ne comprend point dans cette liste deux cents dix-sept françois débarqués de la flotte de la Jamaïque en juin 1782, parce qu’ayant demeuré quatorze semaines dans leur traver- sée , ils étoient tous malades , et presque tous attaqués d’un scorbut invétéré ; vingt-quatre d’entre e,ux moururent. Sectio n XXIL t T DES Hôpitaux. ' ^6^ SECTION XXIII. "Des Prisonniers de guerre en Irlande, “Fl N juillet I77>), il y avoit à Belfast soixante- dix-sept prisonniers fi*ançois, qn’on y avoit déposés depuis deux mois et demi. On sem- bloit les négliger ; il y en avoit soixante à l’hôpital, beaucoup d’autres étoient malades; •mais on ne pouvoir les y recevoir tous , on manquoit de chambres propres à cet objet. En juillet 177P , il y avoit à Dublin , dans une bonne chambre, vingt-deux prisonniers de guerre de nations différentes. Leur pain et toutes leurs provisions étoient bonnes; on les traitoit avec beaucoup d’attention et d’hu- manité. En mai 1782 , il y avoit dans le vieux Pi ew gâte trente-deux prisonniers de différentes nations , qui avoient fait partie de l’équipage d’un armateur de Dunkerque. Ils étoient ren- fermés dans une vaste chambre , et ils rece- voient douze sous par jour. Ils furent, peu de temps aprçs , transportés à Kilkenny, En juin de la même année , Kilkenny renfermoit cent cinquante - sept prison-, fome H, E ^6 Etat des Prisons riers François , trois espagnols et trois liolIanA dois; il y en avoit onze dans l’infirmerie n et dix - sept François libres sur leur parole4 Ils avoient tous été pris sur des armateurs^' Ils paroissoient en bonne santé , et n’avoient aucun lieu de se plaindre. Ceux qui éloient sur leur parole se ‘.louoient de leur traitement &. des attentions de M. Watters, agent de la cour d’Angleterre.Trois mois après, il n’y avoit plus que sept prisonniers de guerre, trois Fran^ çois et quatre hollandois. Dans un espace de trois ans et un mois , on avoit reçu à Kilkenny mille quatre cents dix- huit François, cent soixante-deux espagnols, neuF hollandois ; trente-quatre des premiers ^ lieuF des seconds y moururent. J des Hni^fTAUX.' ■ m\ ■■—■■■■ ■ .. ■ I I ■P..I . ■■ I ■ inimw SECTION XXIV. Des Prisonniers américains. / D ans Mill~prlson, auprès de Plimouth jf il y avoir, en février 177P, deux cents quatre- vingt-dix-huit prisonniers américains. Les chambres et la cour étoient spacieuses et commodes ; leur pain , leur bière , tous leurs alimens étoient bons. En juillet 1782 , il n’y avoir plus que sept prisonniers américains. Ils étoient également bien traités à Forton , près de Gosport, où l’on en comptoir deux cents cinquante^un dans le mois de mars 177p. Les réglemens pour ces prisonniers étoient presque les mêmes que pour les François. La principale différence est celle qui fixe leur ration journalière de pain à une livre. Il y a un jour fixé par semaine où ils ne mangent pas de viande ; c’est le samedi ; et il est dit que l’on y a le choix de leur donner une ou deux pintes d’un potage aux pois comme aux François , ou d’un potage aux légumes verts. Nous croyons devoir en copier ici l’article jcinquième. .« Pn fournira de l’eau et uns Sü ^8 Etat DEsPRisoîîfg cuve pour laver le linge et les habits aujc prisonniers 5 et ils seront exhortés à tenir leurs personnes aussi propres qu’il est pos- sible , comme étant un des moyens les plus sûrs pour conserver ou recouvrer la santé », 11 y avoit à Pembroke , au mois de juin 277P, dans une vieille maison , trente- sept américains. Quelques-uns d’entre eux étoient sans bas et sans souliers. Il n’y avoit point de réglemens pour leur nourriture ; iis igno- roient ce que le gouvernement leur avoit assigné. De la paille , répandue sur le plan- cher, leur servoit de lit; et, depuis six. à sept semaines , elle n’avoit point été changée. Des souscriptions libérales et d’amples pro- visions avoient fourni à tous les besoins des autres américains ,* ceux - ci avoient été oubliés. Dans une maison qu’on avoit préparée pour servir d’hôpital ^ il y avoit quelques matelots anglois , quelques François prison- niers de guerre , et trois américains , très- pauvrement entretenus. Par-tout ailleurs qu’à Pembroke, les prisonniers américains étoient bien habillés , bien nourris , et tenus propre- ment ; ils le dévoient en partie aux secours généreux des anglois ; leur patrie y avoit . aussi contribué. .Nous en avons parlé précé- T) E 5 Hôpitaux. Lors de ma visite de 1782 , les américains étoient avec les autres prisonniers de guerre, etrecevoient des secours des Etats- Unis , comme je l’ai dit en parlant de Forton. ■ Avant de quitter ce sujet, on doit rendre justice aux soins assidus , à l’activité des commissaires qui ^dsitoient eux -mêmes les diverses prisons de l’Angleterre, congédiement Jes agens qui avoient abusé de leur con- fiance, en choisissoient de nouveaux , avec l’attention qu’on doit à ces intéressans objets , et recevoient toutes les informations qui ai- doient à soulager les infortunés remis à leurs, soins. £ îij / i .7^ T ï T T> ^ S P R I S d ïâF"'* SECTION XXV. Des Frisons d'Ecosse^ I L est convenable de rassembler ici queI-1 quel observations générales avant d’entrer dans un détail plus particulier sur ces pri-i sons. Celles d'Edimbourg , de Glascow , de 'Perth , de Stirling , de Jedburg , de Had-^ dington ^ dlAj'r^de Kelno , de Nairse^ de 'BaTuff" , dilnverness f et quelques autres, sont de vieux bâtimens, sales , remplis d’exha-< laisons nuisibles , sans cours , et presque tous privés des secours et des commodités qu’on peut retirer d’un courant d’eau , d’une fontaine , ou même d’un puits. En Ecosse , si un prisonnier pour dettes déclare, par serment, qu’il n’a aucun moyen de s’alimenter lui - même , son créancier doit se charger de ce soin , dix jours après qu’on le lui a fait savoir. Un acte du pre- mier parlement de Guillaume III , or- donne qu’on leur fournisse au moins six sous par jour; mais généralement les magisuatç ÎT DES UoVtT'KVJt^ Jêur en assignent le double. Par un acte (i) de cession de biens , un débiteur peut ob-*> lenir sa liberté après un séjour d’un mois dans les prisons ; il peut être mis à l’abrî d’exécution pour toutes dettes antérieures , en faisant une résignation entière de tout ce qu’il possède , pour être partagé, entre ses créanciers. Cependant, s’il parvient à vaincre sa mauvaise fortune et se trouve ensuite dans des circonstances plus heureuses , ses effets peuvent être saisis pour le payement des anciennes dettes. Cette loi , dictée par: la sagesse et la compassion , empêche sou- vent le créancier de jeter son débiteur dans les prisons ; il ne le fait que lorsqu’il a de fortes raisons de croire qu’il n’agit pas de bonne foi. Le parjure est rare en Ecosse ; le serment^ la manière de l’administrer , y sont des actes très-solennels j le témoin élève sa main droite, et répète les mots suivans , que prononce le Juge : «Par Dieu lui-même , et comme voys » lui répondrez W grand jour du jugement , » vous déclarerez la vérité , et rien que la vérité , conruTe yxjus pouvez la connoître V / : (i) Voyez les Principales of the law of Scoilanig 5* édit. Edimb. p. 461% E iy EtatdesPrisons j> et comme on vous la demandera ». Lôi dépositions sont lues par le secrétaire devant les témoins 5 elles sont signées par eux et par le juge (i). Une loi de la vingtième année du règne - de Georges II 5 ordonne [que les tribunaux ambulans de chaque province se tiennent régulièrement deux fois l’année dans cem partie de la Grande-Bretagne qiüon appelle VEcosse ; que les juges qui les composent continuent leurs séances au moins pendant six jours dans chaque ville ou chaque place dans lesquelles ces tribunaux doivent se tenir, afin d’expédier promptement les affaires. Cette loi sage est semblable à une loi por-' tée pour le comté de Galles , dans les trente- quatre et trente-cinquième années. du règne de Henri VIII. Elle renferme les mêmes disposi- tions , elle efl; faite dans le même but. Il y a peu de prisonniers en Ecosse ; c’est en partie l’effet de la honte et' de la flétris- sure attachée à l’emprisonnement, en partie l’effet de la manière solennelle avec laquelle on administre le serment , dont on prononce les jugemens , et dont on exécute la sentence , (1) Louthian s form of Process ^ before the court oj] pisticiarjr in Scotlandf Edim, iTpi P* loj?» ET DES HôptTAUît. 7 J’ et en partie auni l’effet des mœurs et des soins que prennent les parens et les pasteurs d’instruire la génération naissante. Une loi du premier parlement de Guil- laume III J ordonne qu’il y ait une école établie , un maître pensionné dans chaque paroisse. Les pasteurs ont veillé soigneuse- inent sur l’exécution de cette loi. Plusieurs écoles ont été établies par des dons , par des legs pieux , et par les soins d’une société formée pour étendre la con- noissance de la religion ; de manière qu’il n’y a plus de paroisse sans école , et que , dans quelques-unes , on y en trouve quatre à cinq ( i ). Dans la partie méridionale de l’Ecosse , il est rare d’y trouver un paysan qui ne sache lire et écrire ; il y seroit scan- daleux qu’on ne trouvât pas une bible dans sa chaumière. Je dois au chevalier Andrew Croshie un détail des exécutions faites de janvier 1768 au mois de mars 1782 ; on en trouvera un précis à la fin de ce volume. Elles prouvent que, dans l’espace de treize ans et demi , il n’y a (i) M. Philipon de la Magdelalne ne croiroit pas que ce soit là un bien public pour les écossois. ifoycT. son livre sur L’ Education du Peuple. 74 Etat dès PsisoKj eu en Ecosse que cinquante - quatre hommes punis de mort J et vingt- deux auxquels on a fait grâce. Autrefois l’exécution suivoit la conviction et la sentence; les délais en ce genre sont une injustice, et envers le criminel, et en- vers' la société. Car la punition immédiate du coupable paroit l’effet immédiat du crime. Par un flatut de Guillaume III (165^5*, c. q, ) , les crimes capitaux doivent être examinés , jugés , et la sentence pronon- cée dans l’espace de trois jours ; et l’exécu- tion, laissée à la discrétion du juge , ne peut être différée au delà de neuf jours. Mais cet ordre utile a été changé. Une loi de Georges I*^* ( c. 2(5 ) déclare qu’aucune sentence de mort , aucune punition corpo- relle , ne pourra être mise à exécution dans un intervalle moindre que trente jours , dans les lieux situés au midi du Forth, ni plus courts que quarante jours, dans les lieux qui sont au nord de cette rivière (sans doute pour donner au coupable le temps d’implorer la grâce ou la justice du roi ). Pour toutes les sentences qui n’emportent ni la mort ni la mutilation du coupable , l’exécution doit suivre huit jours après qu’elles sont prononcées , au midi du Forth, et douze au nord. Dans 1^ ET Ses Hôpi'f'AüX. 7>j Vingt - troisième année de Georges II, tine ioi ordonne qu’en Angleterre les meurtriers soient exécutés dans l’espace de trois jours Tout criminel, en Ecosse, voit briser ses fers lorsqu’on le juge ; et s’il est reconnu innocent , il est déchargé publiquement. Au- cun geôlier n’y reçoit de l’argent d’un cri- «linel. Les femmes n’y sont jamais mises aux fers. ' Un acte du conseil règle les frais que peu^ vent réclamer le geôlier et le clerc de la prison. Il ordonne que le créancier qui fait emprisonner un débiteur , payera un demi- son sterling pour chaque livre de la somme pour laquelle il le fait arrêter , et que le dé*^ biteur en payera autant à sa libération. Que chaque personne emprisonnée pont 'dettes civiles , ou autres , payera au geôlier six sous huit deniers sterlings par nuit , s’il n’est pas bourgeois , et la moitié , s’il est bour- geois. Que celui qui fait emprisonner quelqu’un par ordre d’un lord , doit payer trois livres à l’entrée ; et si c’est par l’ordre d’un magistrat 'OU d’un juge de paix, seulement la moitié. Que celui qui demandera une chambre particulière dans le Tolbooth , ou prison *j6 Etat des P r ï s o n s d’Edimbourg , payera par semaine , en placer de frais de prison , une somme telle que le geôlier l’exigera , pourvu qu’elle n’excède pas dix schellings. - " Que toute personne emprisonnée payera ce qu’il est d’usage de payer aux sous-geo- Jiers , et aux femmes qui nettoyent la prison , et que les contestations qui pourront s’élever à ce sujet seront décidées par le niagistrat. Que pour le clerc, chaque prisonnier, à 5a libération , lui donnera douze sous ster- lings , s’il a été faifi par l’ordre de quelques lords , par celui des schérifs , ou des juges de paix ; la moitié , s’il l’a été par celui des magistrats ordinaires. Que tout criminel d’état lui payera deux livres à sa libération. ' Que pour chaque requête de grâce 3 le prisonnier lui payera six sous. Que toute personne arrêtée pour une 50mme au - dessous de cent vingt livres- , payera au clerc quatre pennys pour chaque livre à sa libération et quand il s’agira d’une somme au-dessus de cent vingt livres , elle lui payera deux livres , et jamais davantage* Il ne doit rien recevoir des créanciers et des débiteurs pour dettes civiles et autres, à l’inl^ tant de l’emprisonnement. ET DES Hôpitaux. Que si le geôlier ou le clerc demande au del^i de ce qui est fixé par cette ordonnance, il perdra son emploi. En juillet I77pj ü y îivoit dans le Tolbootk^ à Edimbourg , treize débiteurs et neuf cri- minels, et dans le Canon gate-Tolbooth cinq débiteurs et un criminel. Dans la maison de correction, on comptoit cinquante-trois fem- mes , divisées et presque accumulées en trois chambres sales et exhalant une odeur fétide; elles y travailloient et elles y dormoient. En mars 1782, il y avoit dans le Tolbooth quatre débiteurs et vingt-trois criminels; dans le Canongate , deux débiteurs ; dans la mai- son de correction , trente-sept femmes. Les misérables prisonniers de Tolbooth ne jouissent pas d’un sort égal ; ceux qui ont de l’argent y sont trop litres ; on leur permet d’y voir de mauvais sujets , des compagnies dé- bauchées 5 et d’y renouveler leurs orgies bruyantes. Le geôlier est excité à cette indul- gence parle gain qu’il retire des liqueurs qu’il leur vend. Les criminels qui sont pauvres y sont sévèrement renfermés ; il y a une cage effrayante dans la chambre , et on y enchaîne à une barre de fer les coupables dont le juge- ment eft prononcé. Le dernier prévôt, M. Ste- vart; s’est efforcé d’obtenir qu’on élevât une j7H iïTAT Dïs Prisons jnaison nouvelle , soumise à des réglemerlS plus sages, plus humains, et qui fût b^tie 4ans une situation plus aérée. On ne peut qu’admirer l’infirmerie royale ü’Edimbourg ; il est peu d’hôpitaux en An- gleterre qui l’emportent sur elle , soit par sa propreté intérieure, soit par sa situation ex- térieure. On y veille attentivement sur les malades ; on écoute leurs plaintes , pour y satisfaire, autant qu’il est possible. Le mé- decin qui les visite y est toujours accom-, pagné des élèves. Le succès de cette insth tution est frappant, lorsque l’on compare le nombre de ceux qu’on y reçoit , avec le nom- bre des morts ; ces nombres sont à peu près dans la proportion de vingt-cinq à un , lorsqu’on les calcule de l’année 1770 à 1775 inclusivement. De 1776 à 1777, elle fut d’un à vingt-neuf. Le nombre des malades , reçus en 1780, étoit de deux mille deux cents vingt-huit, le nombre des morts de soixante-seize; celui des malades reçus en 11781 étoit de deux mille deux cents six ^ celui des morts de soixante - quatorze. Le docteur John Jîope , premier médecin de cet hôpital , qui ne s’en éloigne pas , et y donne une attention qui ne se. relâche ja- Ipaisj me dit deux ou trois ans aupara^ ÎET DES HôPlTAU5f. 7<3[ rant » il y régna une fièvre putride dan- gereuse; mais qu’en blanchissant les murs, -il enleva les causes de cette maladie, et qu’oii n’y a point cessé, depuis ce temps , d’employef cette pratique salutaire. L’hôpital des orphelins, à Edimbourg , mé- rite encore une attention particulière. En 1782^^ il renfermoit soixante et dix garçons et soixante filles ; ils étoient habillés avec décence , en- tretenus avec propreté , et tous paroissoient jouir d’une bonne santé. Les filles y appren- nent à lire, à écrire, à filer, à tricoter, à coudre , enfin les diffcrens objets du ménage- Les garçons écrivent et lisent; cardent la laine , le lin, et les filent; font des bas , raccom- modent leurs habits, Scc. Tous sont instruits dans les principes de la vertu et de la religion, et sont formés à ces habitudes qui peuvent les rendre d’honnêtes apprentis , de bons do- mestiques. Chaque partie de la maison est jpropre. L’entretien de chaque enfant y coûte annuellement cinq livres. Le trésorier de la maison, M. Tod , mérite le respect des gens de bien , par l’attention et le zèle avec les-^ quels il s’efforce d’étendre l’utilité de cet éta-v blissement. Je dois rendre grâces aux magis- trats d’Edimbourg qui me firent l’honneur de m’offrir le droit de bourgeoifie dans leur villes 2ù ETA-rDESPRlSoïTS Dans le Tolbooth , à Glascow , il y avoif> en juillet 177P , treize débiteurs et sept cri- minels. Dans la maison de correction , on comptoir dix-sept femmes occupées à filer, et habillées avec décence. En septembre 1782, il y avoir dix-huit débiteurs et cinq crimi- nels dans le Tolbooth , et vingt-six personnes dans la maison de correction. Le conseil de Glascow a réglé ce qu’on doit payer dans sa prison. Il n’est pas sans utilité d’en donner un précis. Un bourgeois doit pour chaque nuit de sa détention payer deux deniers sterlings ; celui qui ne l’est pas en paye quatre. Celui qui est emprisonné en vertu d’un acte de varning, doit lui payer de plus un sou cinq deniers sterlings ; celui qui l’est en vertu d’un acte de warrant , écrit du magistrat , d’un juge de paix , ou du schériff, payera un sou huit deniers. Le geôlier , ni aucun de ses gens , ne doit demander et ne doit recevoir, directement ni indirectement, d’aucun prisonnier, ni de personne en son nom , à son entrée , ou du- rant son emprisonnement , aucune somme d’argent, sous quelque prétexte que ce puisse être, excepté ce qui vient d’être stipulé ci- dçssus. De plus , le geôlier ne doit point souffrir TT TES HôElTAUt. St iKDuffi ir qu’aucun prisonnier demande ni argent ni liqueurs à un nouveau prisonnier. Il doit, du premier avril au premier octo- bre , ouvrir chaque jour la prison à huit heures du matin , et la refermer une heure et demie après ; la rouvrir à onzç, J^a refermer à deux de l’après-midi ; la rouvrir à quatre ^ pour ne la refermer qu’à dix heures du soir. Du premier octobre au premier avril , il houvre chaque jour à neuf heures du matin-, et la referme à déux heures et deinie de i’après - midi ; la rouvre à quatre heures , pour la refermer à deux heures du soir : elle ne doit jamais être ouverte pendant le service divin. Le geôlier doit toujours avoir les clefs avec lui, quand il est dans la maison , et leà y laisser-, s’il en sort5 mais on ne les confie jamais à aucun de ses domestiques. Tous les jours , le matin et le soir , avant d’ouvrir et de fermer les portes, il doit fairè une visite exacte des fenêtres , des chemi- nées , des murs , pour veiller aux entre- prises des prisonniers qui voudroient s’échap- per , en coupant les barreaux et perchant les murs ou les planchers. Il doit veiller pout qu’il n’y entre aucun instrument propre à cet effet; s’attacher quelque prisonnier qui l’aver- tisse; et si quelque maladie le retient , il faut Torm XL F, §2 Etat dsts Prisons qu’il confie ce soin à une personne attentive et fidelle. Il est défendu au geôlier , comme à tous ceux qui sont dans la prison > de vendre des liqueurs fortes ou spiritueuses ; il doit ins- pirer la sobriété par ses discours et son exemple. < Il tiendra les prisonniers pour dettes dans la meilleure chambre, ne les mêlera jamais avec les criminels , ni avec les personiiips cou- pables de désordres honteux ; il empêchera , autant qu’il lui fera possible , qu’ils ne con- versent et ne forment des liaisons ensemble, ou avec leurs amis et leurs domestiques , qui n’auront qu’un temps suffisant pour leur porter des secours. Afin de tenir la prison saine et propre trois fois la semaine , il fera nettoyer les chambres , les escaliers , et en éloignera tout immondice. Il sera cfémis de son office , s’il néglige les règles qui lui sont prescrites , s’il se fait payer plus que la loi ne lui accorde; il sera même. Selon la gravité du cas et le jugement du con- feil, puni par les magistrats. "" Les magistrats eux-mêmes doivent veiller avec soin sur la fidélité des geôliers et de leurs domestiques, les examiner | et s’en informer. Et DES H Ô P I T A Xï Xi S j Les réglemens sont imprimés et pubiiés , ■hiin que personne n’en prétende cause d’igno- Tance. Ils sont suspendus dans le lieu le plus apparent de la prison , et il est défendu dé les ôter sous peine dé dix livres stérl, d’a- ’ 'mende. On petit placér ici la liste des prisonniers ■qui se trouvoient dans les principales villes d’Ecosse au mois de septembre y avoit clans ce mois ' Tolbooth débiteurs. > criminels* 21 à Edimbourg . , . / à Canongate 3 4.’ à Dumfries . . . 3 » â Penh .... 4 5 à Aberdeen . . . • • • ♦ 8 6 à Inverness. . . 3 f Je devrois terminer ici mes observations sur les prisons d’Ecosse que j’ai visitées ; mais ii me semble utile cependant d’y joindre les’par- ticularités suivantes. ( A Dumfrites, il y a dans la cour de la prison une chambre qu^on appelle la prison ouverte» Elle a environ seize pieds de long sur sept de large, de petits cabinets et une cheminée* Celui qui peut donner caution en a une clef j et peut converser à la porte avec ses connois- sances. Il y eut autrefois un prisonnier qui mit le feu à la prison, et de là dans la ville; F ij Etat des Prisons depuis, toutes les chambres ont été voûtées* Il en fut de même à la prison commode d’Aberdeen , où l’on a pris de pareilles pré- cantionss Le Tolbooth , àinverness , n’a point d’airej c’est la prison la plus sale et la plus em- pestée qu’il y ait en Ecosse. La chambre des débiteurs est plus grande que celle des cri- minels ; les fenêtres n’y ont pas deux pieds de haut; elles n’ont que six pouces de large. J’espere que les magistrats songeront à en élever une autre ; leur propre intérêt l’exige, et les biens confisqués aux criminels peu- vent subvenir aux frais. Dans un des pi- liers carrés du pont de pierre d’Inverness , on a pratiqué une chambre voûtée , qui sert de prison ; elle fut construite, avec le p)ont même , en 1684. En 1782, il y avoit trois ans qu’elle n’a voit point été ouverte. Près du mur qui borde le pont, il y a une porte faite en manière de trappe, de vingt- deux pouces en carré , qui sert pour y des- cendre ; quelques pas au - dessous , est une porte de fer, large de deux pieds trois pouces, haute de deux pieds et demi ; d’où , après avoir descendu quelques degrés , on arrive à cette chambre , large d’environ sept pieds , longue de dixj haute de six, Sur les côtés j ^ T DES Hôpitaux. 85; îl y a nne chaise de pierre , une petite fenêtre et deux ouyertures pour puiser de Teau. On peut généralement reprocher aux pri- sons d’Ecosse de n’avoir pas de cour dans leur enceinte j ce .qui semble l’effet de cette maxime sévère des loix de ce pays , qu’après qu’un débiteur est emprisonné , il ne doit plus jouir du grand air , pas même sous une garde; car les créanciers ont intérêt que leurs débiteurs soient renfermés exactement; l’en- nui, l’obscurité, la mal-propreté et la tristesse sont autant de causes qui peuvent engager les débiteurs à payer leurs dettes (i). Ces prisons manquent généralement d’eau et de canaux ou de privés; elles sont mal- propres , et négligées par les magistrats , qui ne les visitent point; on y fait peu d’at- tention à séparer les deux sexes ; les geôliers peuvent y vendre des liqueurs spiritueuses , et ils y sont po.rtés par le motif du gain. L’oa a vu 'que Glascow devoit être excepté de ce reproche. Il en résulte encore un bien plus mauvais effet ; c’est que , dans les prisons des comtés, les prisonniers recevant en argent leur entretien, ils le consomment en liqueurs, et manquent de pain! ( I ) Principlcs of thelaw of Scoiland. édit. P3g- 461. r Etat d b s Prisons Il n’ell pas possible q^i’iine nation puisset parvenir à acquérir de nouvelles lumières, im- degré de perfection dans les sciences , avoir un goût plus délicat et des inceurs plus^ douces, sans acquérir en même temps des • idées de justice plus étendues , et sentir ra- nimer dans son sein les précieux sentimens 4’humanité, * T D E s H Ô P I T Â' U Sfv §7 SECTION XXVI. Des P rîsons Irlande. En 1779 j je fus affez heureux pour trouveK les nouvelles prisons de Dublin prêles à rece* voir les prisonniers : ils y sont dans une situa- tion plus aérée ; ils ont des chambres plus commodes ; les deux sexes n’y sont point con- fondus , comme ils l’étoient dans les prisons anciennes. Celles-ci ont cent soixante -dix pieds de long, sur soixante-dix de large : on y a prati- qué des cours séparées pour les hommes et pour les femmes. Les chambres du premier et du second étage ont douze pieds de long et huit de large 3 au troisième, elles en ont neuf de longueur, comme les autres; mais elles u’en ont que quatre de large. Toutes sont voûtées en briques, pour prévenir les in- cendies , précaution sage qu’on n’a point imitée, et qui devroit l’ctre à Newgate, Je fus fâché d’y trouver des cachots , et je dé- - sirerois qu’ils ne fussent en usage que pour une nuit , et pour les coupables condamnés. Peut - être on eût mieux fait de changer la F iv 68 E-T AT DES P R I S O N. § chapelle, placée au Haut de la maison, ei^ une infirmerie ; car les chambres des malades y sont, trop petites , et par cette raison , plus susceptibles d’infection. J’ai cité dans la première partie de cet ouvrage , des actes du parlement d’Irlande sur les prisons , des dispositions sages et dignes, d’être imitées ^ mais j,’ajouterai qu’il ne faut pas jugeq de la police d’une na-» lion par ses loix. Un œil attentif découvre bientôt que la police des prisons est aussi défectueuse dans son exécutiQn , qu’elle est recommandable dans la théorie. J1 y a une pompe daps chacune des, deux cours. On y lait une grande attention à renouveler l’air j à entretenir la propreté dans les escaliers , les chambres , les voûtes y dans. les. passages étroits qui vont d’une chambre à l’autre ^ pour y prévenir les exhalaisons infectes et nuisibles. Je me rappelai alors l’effrayant Spectacle que m’avoit offert,’ en 1775", l’an-t çienne prison , où l’on voyoit plusieurs in- fortunés attaqués de la fièvre des prisons * négligés et abandonnés par d’insensibles gar-^ diens. Il y a un grand nombre de prisonniers eri Irlande. Peut-être une des principales causes éfe ce noinbrç naît de ce qu’il n’y a poiii!; dQ ET DES Hôpitaux. Fÿ; jmaîson de correction, à moins qii’on n’ap- pelle ainsi les cages dans lesquelles les ivro- gnes et les querelleurs sont enfermés pour un jour ou deux. Une autre cause encore vient de ce que les personnes , déchargées de l’accusation qui les fît entrer dans les prisons , y demeurent jusqu’à ce qu’elles aient acquitté les frais ou droits qu’il est d’usage, en Irlande, de donner au clerc de la cou- ronne , aux juges de paix, au geôlier, au guichetier , et qui montent à environ 42 liv. tournois. Des enfans mêmes , presque nus, âgés à peine de douze ans , y demeurent quelquefois un an ou deux, pour cette rai- ’ son. Qui ne seroit surpris et affligé d’une telle injustice , et de ce qu’on la souffre sans chercher à y mettre un terme f Une aggravation plus cruelle , c’est que ces pri- sonniers , au moment qu’ils étoient décla- rés innocens , au moment où leur pauvreté seule les einpêchoit d’être libres , perdoient le droit à la ration du pain , distribuée aux accusés. Aujourd’hui un acte de la vingt- deuxième année de Georges III , ordonne que ceux qui demeurent dans les prisons , parce qu’ils n’ont point acquitté les frais , soient nourris comme ils l’étoient avant d’être déchargés. Cette ordonnance étoit humaine^ ÿo Etat des Prisons îl faiïoît être juste , en ouvrant à l’impuls-* sance les portes de la prison. J’appris que le juge Aston , qui fut iord chef de justice des plaidoyers communs , (^comrnon pleas ) ordonna souvent que les prisonniers déchargés fussent acquittés et libres. En 177»; , j’obtins à Kilmainham la liberté de quelques jeunes gens y en payant îa moitié de ces droits , et les schérifTs de Dublin consentirent à sacrifier leurs droits sur quelques prisonniers de NeAV^gate. Mais comme ils avoient été , pendant quelques mois 5 confondus avec des criminels , avec les plus vils et les plus corrompus des hommes , je ne fus pas étonné si quelques-uns d’eux iie tardèrent pas à y être renfermés de nou- veau. En 1783 , je vis dans la nouveÜe- piison seize personnes renfermées pour la même cause. A Kilmainfiam , il y en avoit eprinze, et elles étoient renfermées dans les cachots. Quelques-uns étoient environnés de leurs enfans, expirans de la petite vérole y quelques autres n’avoient pas un lambeau pour les couvrir. Leur misère et leurs plaintes n’émouvoient point les âmes des schérifFs des clercs > des geôliers , accoutumés à voir souffrir d’un œil sec ; elles ne purent les engager à leur céder la moitié des droits qu’ils ET DES HÔPlTAU:jr. ÿll peuvent exiger. Je les rendis à leurs familles. En 1782 , un acte proposé par M. Provost Hutchinson , ordonna que ( conformément à l’acte 21 de Georges III. c. 41.) tous ceux qui étoient alors détenus dans les prisons , seroient libres. L’humanité attentive de cet honnête patriote me fait espérer que dans la session prochaine il fera étendre cet acte de justice à tous les temps. On a dit ci-dessus qu’il n’y avoit pas de ritaisons de correction en Irlande ,* il y a ce- pendant une exception. On trouve à Dublin une maison qui tient à l’ancien Newgate, et, qui peut être regardée comme telle, et une autre qui touche à la maison de travail. En 1775? , il y avoit dans celle-ci onze jeunes filles ; quelques - unes d’elles étoient renfer- mées pour de légères fautes avec des fous fu- rieux. Les magistrats semblent avoir prescrit une conduite plus humaine , en faisant ordon- ner, dans la troisième année du règne de Geor- ges III , que les insensés et les furieux ne seroient pas mêlés avec les autres prisonniers. Lorsqu’on passe fréquemment devant les prisons de Dublin , on peut y remarquer des officiers qui attendent aux portes ou aux fe- nêtres les libertins et les fripons qu’on yren- fçrme , pour en recruter leur régiment. Lors- '^2 Etat des Prisons qnePony considère l’infamie et la méchanceté de la plupart d’entre eux, on ne peut que SC livrer à de tristes pensées et à des craintes fondées , sur les effets que peut produire le mélange de ces hommes abandonnés, avec les gens honnetes qui entrent volontairement ait service de leur patrie, et sur le danger que court la société , lorsqu’à la paix on y répand CCS hommes vils et ceux qu’ils ont corrompus. J’en ai vu de funestes exemples dans im nou- veau régiment levé ainsi en Ecosse en 1782. Les prisons angloises ont aussi contribué à recruter les armées; plusieurs prisonniers n’ont obtenu leur élargissement que sous la condition qu'ils s’enrôleroient ; il en est que le service militaire sauve de punitions infa- mantes. Je ne m’étendrai pas ici sur les effets funestes 'qui peuvent résulter de cette prati- que ; mais il faut remarquer que si elle est nécessaire , elle devient moins dangereuse , par l’acte du parlement qui a pour objet la conservation de la santé des prisonniers. Si cet usage eût été établi avant l’acte et sous- le régime des anciennes prisons , il eût été un moyen de répandre parmi les soldats et les matelots les maladies pestilentielles. ^ Il y a, à Dublin , une nouvelle prison, e’est le Mar^liaLsca. La première pierre en fut ^TDEs Hôpitaux^ ÿf ]f>oséç en juillet l’JJS ^ comme une inscription rannoncc. En 1779 , il y avoit environ soixante prisonniers. Dans la ville même, l’ancienne Marskalsea renfennoit cinquante - cinq dé- biteurs. Plusieurs de cette prison , comme dans toutes les autres , ne recevant aucune aumône du public , offroient de touchans objets à la compassion ,* mais quelques-uns sont secourus par les soins d’une société bien^ faisante , semblable à celle qu’on appelle à Londres la société de la maison couverte de cliaume, Thatched-house. De telles sociétés méritent les plus grands honneurs. Mais re- commandons aussi à la bienfaisance et à Ja charité publique les autres prisonniers dont les misères furent long - temps cachées aux yeux des citoyens ; ils semblent avoir moins besoin d’assistance; mais il est réel que le mauvais état des prisons les expose à de lon- gues maladies, à une mort anticipée, et que tout bon patriote doit chercher à les en sauver^ J’ai observé avec plaisir, à Dublin, que la NLaison indus trie a reçu des améliora- tions progressives. La maison , les chambres des fous sont aujourd’hui très-propres ; leurs nombreux habitans sont tranquilles ; une grande subordination y règne. Cet ordre pai- sible est dû à l’inspection journalière de ses 54 Etat des Prisons gouverneurs , qui alternent. En mars 1785*^ qui fut l’année où cette maison fut finie, deux mille huit cents dix-neuf personnes vin- rent s’y rendre volontairement j quatre cents soixante furent forcées d’y venir. Au mois d’Aoùt 1783 , on y comptoir quatorze cents quarante personnes. Le parlement d’Irlande passa un acte , dans la dix-huiticme année du règne de Georges III, pour la conservation de la santé des prison- niers , semblable à la loi d’Angleterre et pour le même but. Il y a une petite différence entre elles ; c’est que celle-ci ordonne que , toutes les années au moins , on ratisse et blanchisse tous les murs et les lambris des chambres où les criminels sont ordinaire- ment confinés. L’acte du parlement d’Irlande a supprimé cette dernière expression , et avec sagesse ; car, en Angleterre, on s’en est servi pour éluder ce qu’il prescrit dans les chambres occupées par les débiteurs et par ceux qui n’ont commis que des délits de police. Mais que servent les loix sages , si leur exécution est négligée? Celle-ci n’est ob-* servée dans aucune des prisons de l’Irlande. J’ai entendu alléguer pour excuse de ne pas nettoyer et blanchir ces chambres , qidil avait point £acte du parlement. ET DES Hôpitaux, 97 Un autre acte , de la même année , ordon- noit encore , comme loi angloise , que les coupables qu’on piinissoit par des travaux pénibles, seraient sujets à La trans portattovu Mais les navires où l’on rassembloit ces cou- pables sur la Tamise , ayant ruiné cruelle- ment la santé des jeunes gens les plus rca- bustes , leurs cris retentirent jusqu’aux ri- vages de l’Irlande, et empêchèrent rexécu- tion de cet acte. En 1782 , les communes d’Irlande exa*- minèrent cette partie de la police qui inté- resse les prisons , et formèrent un comité pour en faire l’examen. Je mis sous les yeux des juges l’état des différentes prisons de Du- blin. Je les examinai plus soigneusement en- core Tannée suivante , et voici les défauts que j’observai même dans la nouvelle prison ; ils méritent particulièrement l’attention : elle n’est point propre ; les pompes ne sont pas assez en ordre pour fournir régulièrement Teaiï nécessaire. Il n’y a pas de séparation décidée entre les deux sexes, ni entre des scélérats con- sommés, et ceux qui n’ont commis que desfau- tesîégères. Un grand nombre d’accusés, recon- nus innocens, sont encore détenus pour les 4roits de prisons. Tels qui sont condamnés à des travaux pénibles , y vivent reifferrnés dans p5 ÉTAT DES Prisons i’oisivetc et la paresse ; il n’y a point de bois dfo lits , quoique les planchers soient bien faits et couverts avec la pierre. On permet d’y vendre des liqueurs la plus pernicieuse * et la plus destructive ; le whiskey s’y vend sept à huit sous la demi-pinte 5 c’est la liqueur commune des prisonniers de la [plus basse classe du peuple. Les nouveaux venus y sont vo- lés , dépouillés ou trompés pour la bien* venue. Les prisonniers n’ont pas une cham-* brc particulière pendant le jour; les criminels condamnés la partagent avec eux ; celle pour les femmes a toujours été fermée. On s’y sert des cachots , comme de chambres pour les prisonniers qui n’ont pas été condamnés* Les malades n’y ont pas de chambres parti- culières , et point de lits ; on fait peu d’at» temion aux maux qu’ils souffrent ; il n’y a point de diète fixée pour eux; ils n’ont point de gardes. Il n’y a pas de bains ; on n’y fiiit point le service divin ; le geôlier ne résida point dans la maison , et des criminels sont choisis pour être guichetiers : il est vrai que des soldats veillent à la porte. L’acte pour la conservation de la santé des prisonniers . n’y est point affiché ; il n’y a aucune ordon- nance qui limite les droits qu’on exige 'de ceux qu’on y retient; point de règles déter-' I minées; ^ T DES ÏÎ-O P i T A Ü '$7, Wnées et connues. Sa ration est un pain de • deux pences par jour ; mais comme on les donne à la fois pour une semaine entière, et qu’il n’est point pesé J plusieurs prisonniers sont exténués par la faim. Cependant cette prison a d’amples revenus ; ce qui n’est pas d’une conséquence légère , iorsque ces revenus sont partagés entre des SchérifFs , des magistrats qui négligent leur devoir , qui rarement , ou jamais , ne vien* nent inspecter les prisons, punir ceux qui en troublent l’ordre. De tels magistrats sont 'coupables; ils sont inexcusables ÿ ils devien- nent les complices des crimes que la misère des prisonniers -leur fait commettre , de ceux que leur négligence ne prévient pas , et de ceux qu’elle occasionne. La plupart des remarques faites ici sur les prisons de Dublin sont applicables à un grand nombre d’autres prisons du coititéi. Si on développe ces abus , ce n’est point pour aggraver l’idée qu’on peut se faire de l’inat- tention des magistrats irlandois , ni pour faire une comparaison entre l’administration de 1 cellG#-là avec celles d’Angleterre, dont quel- ; qiies-unes sont plus défectueuses encore ; • mais dans le but d’exciter l’esprit public j le I Tome //. G pS Etat des Prisons patriotisme des irlandois, pour les occuper de cet objet, pour les porter à donner un exemple d’une réforme effective, nécessaire et digne d’être imitée. Par un acte de la vingt-unième année dir règne de Georges III, tout juge devra donner aux grands jurés en charge les deux loix , dont l’une a pour objet de mieux prévenir les duretés et les exactions injustes pratiquées par les geôliers envers les prisonniers , et l’autre statue sur les moyens de préserver la santé. Ces juges sont requis d’examiner par eux-mêmes l’état, la situation des différentes prisons et la conduite des geôliers ; on leur donne le pouvoir d’imposer une amende sur la comté , qui n’excède pas 500 livres ster- lings , s’il a négligé les réparations , les amé- liorations nécessaires aux prisons. Le lord j Temple, vice-roi (d’Irlande en 1782 , dont les grandes vues et l’esprit patriotique ren- dront long-temps la mémoire chère au pays , fit envoyer à chaque schériff les six actes relatifs aux prisons , et ordonner à tous de voir et de rapporter leur état actuel. Il fit mettre plus de promptitude etpar conséc^ent plus d’humanité dans les exécutions des cou- pables. î: T DES tî ô P I f A U X. 95^ En juin 1782 , on irouvoit à Dublin , Dans la nouvelle prifon .... Débiteurs, homm. l'emm. . 3 0 Criminels, homm. femm, 82. 42. Dans l’ancien Newgate . . . . 0 15 IJ Dans le nouveau Marshalsea . . . 149 8 3 0 D.ins le Marshalsea de la ville • 47 6 0 0 Da ns Thomas-cour: & Donore . I I 0 0 Dans le Btid^vell 0 i 21 Dans Kiimainham ... . Z 15 Z Au mois d’Août 1783 , il y avoir , Débiteurs, Criminels^ 7 120 Dans le Black-dog .... 9 Dans le nouveau Manhalsea . • • • • IJO 0 Dans le Marshalsea de la ville 61 Q Dans Thomas-court & Donore • • • 3 0 Dans le Bridwell .... 0 14 Dans Kiimainham .... 4 23 On comptoir encore dans le Bridwell torze insensés. Donnons ici quelques notions particulières sur les écoles protestantes , appelées Charter^ schoor. Leur nombre est de quarante - un , auxquels on peut ajouter quatre séminaires qui concourent au même but. Il y en a deux près de Dublin , l’une , celle de Clontarf- itfand^ est pour les garçons, l’autre, celle ^t^Sanhry y est pour les filles. On a droit de s’étonner, après l’état pompeux qu’oii en a publié, de les trouver si désertes. En' 1782 , il n’y avoir , dans la première , qu© loa Etat des Prisons! quarante-six enfans j dans la seconde, quetrentC'l quatre. On avoit annoncé, l’année précé- dente , que le nombre de ceux-là étoit de cent, de- celle-ci, de quarante. A Kilkenny, à Castledermol , il y a vingt - six garçons et dix-sept filles moins qu’on ne l’annonçoit. Il y a sans doute un déficient proportionnel dans les autres écoles. Elles sont administrées par un comité qui se rassemble chaque semaine à Dublin , et par un comité local , qui veille sur l’école du lieu qu’il habite. .Cette année dernière , le compte qu’en a rendu le comité général est plus vrai 3 toutes ensemble rassemblent sept cents trois enfans de moins qu’on ne l’avoit annoncé précédem- ment. Les maîtres d’école jouissent de] terres qui appartiennent à la société , et pour lesquelles ils lui payent une petite rente. Leur salaire est de douze livres irlandoises 3 ils font des conventions particulières pour la nour- riture, l’habillement, Scc. des enfans 3 mais les prix sont si bas, qu’il n’est point éton- nant si ces écoles sont dans un état déplo- rable , et d’tine utilité si peu sensible. Pour les habillemens, on donne annuellement i liv. y sous du pays 3 pour la nourriture , 3 livres 2 SOUS 6 den. DES HÔPÏT'XUY* Si les fonds de la société ne suffisent pas |)OUL* donner de plus forts appointemeus , qu’elle pense qu’un nombre moindre d’eii- fans instruits et surveillés avec les soins né-* cessaires, lui mériteroit mieux la reconnois- sance de son pays , qu’un plus grand nombre, infirmes , nus et demi - morts de faim ; ces écoles demandent que le gouvernement fixe les yeux sur elles. Il doit être permis de demander pour elles qu’il y ait un uniforme décent et sans gêne pour les enfans; qu’il y ait par-tout des écoles distinctes pour les deux sexes; qu’on les fasse changer de linge deux fois la semaine ; qu’il y ait un bain pour chacune ; qu’on assigne une paye plus forte , pour que les maîtres puissent leur donner et les provisions et les soins nécessaires ; que chaque enfant ait sa couchette ; qu’il y ait une apothicairerie et des chambres pour les malades, des chambres séparées pour l’école , pour le travail , pour les repas , une cour enclose pour qu’ils s’exer- cent , une paneterie , une laiterie ; que la chambre du lit du maître et de la maîtresse soit disposée de manière qu’ils puissent veiller sur celles où les enfans dorment ; que les sé- minaires de la campagne soient abolis , et qu’il en soit élevé un à Dublin , sur un plan P iij .ï62 État des. Prison? t ^ plus étendu , où sans doute , si l’on donnoît aux enfans les soins que leur situation de- mande , on regarderoit comme une faveur l’admission des siens. Ces séminaires sont presque funestes au pays , parce que les en- fans en sortent malades, languissans , à peine couverts ; tandis que les pères s’empressent à demander qu’mon reçoive leurs enfans dans î’école voisine de "Waterford, et qu’elle en est toujours remplie. Ajoutons qu’il faudroit qu\m membre du comité fît des visites inattendues dans ces écoles^ que les ordonnances qui concernent ces établissemens y fussent exposées à tous les regards ; qu’on donnât des prix , des cncouragemens aux enfans les plus propres et les plus diligens ,* que le bâtiment fût re- blanchi une fois chaque année. Il seroit à désirer encore qu’elles fussent établies dans le voisinage des grandes villes , parce que les provisions y sont plus abon- dantes , les secours plus faciles , et qu’elles seroient visitées plus souvent par leurs ins- pecteurs , dont l’attention infatigable peut seule rendre fructueux les efforts de ceux qui s’intéressent à ces établissemens. Toutes les écoles voisines des villes sont mieux ordon- nées ^ les maîtres y sont plus soigneux 3 et fel DES HÔEÏT'AÜXj iO| féducation y est meilleure que dans celles qui sont à quelques milles de distance. Dans un Essai sur les écoles phen^ de Simpson, de S. Patrik, l’infirmerie j l’hôpital des Enfans-Trouvés, paroissertt être les plus propres. Les gouverneurs de celui des Merciers ont adopté une invention nouvelle et salutaire; ils ont fait couper la partie su- périeure de la toile qui fermoir les fenêtres , pour y placer un beau treillis de fil de fer peint en vert, ce qui le rend plus frais, plus agréable qu’aucun autre hôpital de la ville j quoique situé dans le quartier le moins aéré* L’hôpital militaire est un bâtiment vieux et incommode , où les soldats sont étouffes dans des espèces de niches bien fermées , où la vermine se multiplie ; et pour le rendre plus' mal-sain encore, on semble avoir pris soin d’empêcher que les fenêtres n’y puissent reiiou-» veler l’air. Ftàt Dts Prïsoîks s E C T^I O N X X V I E s Des Prisons de Londres, T i E s remarques faites sur ces prisons et sua celles des diverses provinces d’Angleterre» îi’ont point été faites sur des rapports incer-^ tains ; on a voulu tout voir ptir ses propres yeux , tout noter sur le lieu et dans l’instant même. Elles paroîtront minutieuses » mais ce sont elles qui guident le législateur, mieux x{ue des maximes générales touiours trop vagues; elles rendent les plans d’amélioration plus faciles, plus exacts , par conséquent plus utiles. Les prisons angloises ont des défauts en- tore ; mais chaque jour elles en ont moins ; et l’on voit avec satisfaction que l’humanité et l’attention des magistrats , dans divers comtés , ont corrigé des abus qui frappoient auparavant , et que les soins pour la propreté » les alimens , les lits, sont devenus plus com- muns et plus étendus. La Tour. « La Tour est une foneresse antique , et la ïT DES Hôpitaux. îOjTj seule prison qu’il y ait en Angleterre poiu* les criminels d’état. L’administration en est confiée à un officier qu’on nomme le conétabU delà Tour; il a sous lui un lieutenant, un député-lieutenant , qu’on appelle gouverneur^ et plusieurs autres officiers , parmi lesquels sont quarante gardes , dont l’uniforme est le même que ceux des gardes à pied du roi d’Angleterre. Dix-neuf de ces gardes ont des maisons séparées, bien meublées, dans les- quelles le gouverneur place , à son gré , les prisonniers d’état. L’usage est de leur assigner deux chambres choisies entre les meilleures , et dont les fenêtres sont garnies de barreaux de fer. Quelquefois il est ordonné de les renfermer sans qu’ils puissent sortir; mais ordinairement on leur permet de se promener dans la cour , accompagnés d’un garde. Il y a rarement des prisonniers. Il y en eut en 1779 : mais comme ils sont promptement jugés, leur détention n’est jamais longue. Le gouvernement leur assigne six schellings et huit pences pour leur subsistance ; rarement ces prisonniers les acceptent. En septembre 1783, il n’y avoit aucun pri- sonnier; le dernier qui y eût été enfermé étoit M. Laurens, qui avoit présidé le congrès. Il en étoit sorti le dernier jour de l’année 1781. 'jc6 Etat des Prisons Il y a dans cette forteresse , outre les maï-» sons dont nous venons de parler , diverses, autres chambres publiques et des magasins* Tels sont celles des joyaux de la couronne , de la monnoie, les bâtimens où l’on tient i’ar- üllerie et les armes , &c. N E w G A T E. Les appointemens du geôlier sont de 200 livres sterlings; on permet d’y vendre du vin et de la bière ; on y donne chacjue jour aux débiteurs un pain d’un sou, qui pesoit, en 1782 , huit onces et demie , et aux criminels un pain deneuf onces et demie. En sept visites faites à diverses époques, la plupart en des années differentes , le plus qu’on y ait trouvé de débiteurs , c’est cent treize , et c’étoit en 1783 ; le moins est trois ÿ etc’étoiten dé- cembre 1782. A la même époque , on y trouva deux cents quatre-vingt-onze criminels • c’est le plus grand nombre qu’on y ait vu dans ces sept visites. Il n’y en avoit que cent vingt - neuf au mois de mars I77<5 ; et c’est le moindre nombre. On y fait le service divin deux fois le dimanche 3 une fois le mois on y communie ; chaque jour on y fait des prières aux condamnés. Le chapelain re- çoit un appointement de 180 livres sterlings j le chirurgien un de 100 livres sterlings. Tlaru'he'^o . I^EWGATE A lo^ ded GtoUerj B Lo^ià deJ Forte, CZ^ C Ctvbaret a 3 terre, D Arcade-rouJ la. Chapelle, E Cahinetr dairance E Esealierr G CelhJer der Crimirt/ds- r^aclalre ïT P^(^e aux- CeUuIer dea Criminels condamnes I P^ape a la. Chambre de la S^iatv "K Quartier des Criminels 1/ Chambre) de) porte Cle/à JT Escalier du. Cachot, ]Sr Etapes S,FlateJi>rmededepus IcCachot mn Quaaraiyile, ded Mommed œicpableà de, Felome, . Quadrar^le m de J Jlommeâ ^mrr pour Dette) . ^ Quadrart^le, deoFeitmied coupabîed de Felome . ■{Jdiedjh^la Jd". ThomojDirex f ET DES Hôpitaux. Î07 Il semble qu’on ne s’est proposé, en cons- truisant le vieux Newgatc , que d’y mettre les prisonniers dans l’impuissance de s’échapper. Les chambres , les cellules sont si closes , qu’elles deviennent le siège constant des ma' ladies , des sources d’infection , de destruction pour le grand nombre de ceux que Newgaie renferme , et qui s’étendent encore au dehors. C’est donc avec raison que la ville a déter- miné d’élever une nouvelle prison. Le plan en peut donner une idée mieux que le dis- cours , et doit être regardé comme pouvant satisfaire la curiosité des lecteurs , mais non comme le meilleur modèle à suivre dans la construction de ces sortes d’édifices. On a évité , dans cette nouvelle prison , plusieurs des inconvéniens de l’ancienne ; mais on y a commis des erreurs manifestes, qu’il est trop tard de relever. Tout ce qu’on peut en dire , c’est que si les soins ordinaires se relâ- chent , les prisonniers seront en grand danger d’être saisis de la fièvre des prisons. On avoit construit , il y a peu d’années , de nouvelles cellules dans le vieux Newgate pour les criminels déjà condamnés; on s’en sert encore pour le meme objet. Il faut en dire un mot ici. Il y en a cinq sur chacun des trois étages ; tous sont^ voûtés, et d’environ l3oS Etat des Prisons neuf pieds de haut à la clef. Celles qui solît au rez-de - chaussée ont neuf pieds de long” sur six de large ; les cinq du premier étage sont un peu plus longues , parce qu’elles s’avancent dans le mur : il en est de même des chambres supérieures. Dans la partie haute de chaque cellule, il y a une fenêtre longue de trois pieds sur la moitié de large f fermée d’une double grille. Les portes sont épaisses de quatre pouces.Tout autour de ces cellules, le mur épais qui les forme est doublé de planches garnies de clous à grosse tête chacune à la charpente d’un lit. On dit que les prisonniers qui avoient affecté de la fer- meté et de la hardiesse pendant le jugement , qui paroissoient indifférens lorsqu’on leuc pronoïK^oit la sentence, étoient frappés d’hor- reur et versoient des larmes lorsqu’ils en- troient dans ces obscures et solitaires de- meures. La chapelle en est simple et propre; il y a trois ou quatre bancs pour les coupables ; celui du centre est pour ceux qui ont été condamnés ; de chaque côté est une galerie ; celle des femmes est du côté de la prison qu’elles habitent. On y voit un banc pour le geôlier , dont la présence est nécessaire » et du moins elle a toujours l’utilité d’un bon ST DES Hôpitaux. 109 ç^xemple. L’autre galerie est pour les débi- teurs , et les chambres qu’ils occupent sont derrière. Les escaliers qui conduisent aux galeries sont dans la partie extérieure de la chapelle. On ne peut déterminer l’effçt dit culte divin sur des âmes dont la plupart sont endurcies dans le crime ; tout ce qu’on en peut dire , c’est qu’ils paroissent attentifs , quoi- que souvent troublés par le bruit qu’on en- tend dans la cour. Il seroit décent , il seroit utile de renfermer dans leurs chambres ceux qui ne viennent point à ‘l’église pen- dant qu’on y prêche ou qu’on y prie; ils sont le plus grand nombre peut-être, parce qu’on néglige cet ordre ; on ne doit pas leur per- mettre de s’opposer à l’édilication de ceux qui ont des dispositions plus pieuses que les leurs. Les débiteurs reçoivent tous les samedis , de la chambre de Londres, quatre livres de viande ; depuis quelques années , les crimi- nels en reçoivent autant ; et ceux qu’on nomme fines , parce qu’ils sont confinés pour un temps déterminé , en reçoivent la moitié. Divers légats ont adouci le sort des débiteurs. On en voit uns liste dans la table du Mait- lands - sarvej. Ils leur rapportent une rente annuelle de 32 livres y schellings. Il est fait tiô Etat des Prisoî^s ïneniion , dans le même ouvrage , d^aütrèî donations ; elles consistent toutes ensemble en 3 22 livres de viande , et en cinq douzaines de pains. A 'celles -là, on ajoute celle de Robert Daw, qui laissa une rente annuelle d’une livre six sous huit deniers sterlings pour le sacristain ou le sonneur du Saint-Sépulcre , pour prononcer solennellèment deux exhor* tâtions aux criminels condamnés , la nuit avant leur exécution. Il en a donné un mo- dèle ; elle commence par deux mauvais vers anglois, qu’on peut rendre par ceux-ci : Vous qui filtes ici cachés Pour scélératesse et péchés. • . Il ajoute « Après vous avoir montré delà i> compassion , vous êtes maintenant appe- lés pour mourir demain matin ; prêtez » l’oreille et l’entendement que demain la 35 plus grande cloche du Saint -Sépulcre dira >5 pour vous , dans la forme et la manière 35 qu’elle a accoutumé de le faire pour les » morts , à tout le peuple de prier pour )> vous 53 , &c. Ici on ne peut s’empêcher de parler d’’u ne pratique qui doit probablenveru son origine à celle de la torture , et qui semble n’être ET DES ÏÎÔPITAUX. III aujourd’hui qu’une pure foriualité. Lorsque les criminels qui doivent être punis de peines capitales sont conduits à Old-Baigey , pour recevoir leur sentence , le juge leur de- mande : « Avez-vous quelque chose à dire » pour prouver que la sentence de mort ne » doit pas vous être prononcée « ? Et l’exé- cuteur leur passe un nœud coulant autour des pouces. Cette coutume ne devroit - elle pas être abolie f En 1779 , cette prison étoit propre 5 nulle exhalaison nuisible ne s’y faisoil sentir. Dans iapartie destinée aux criminels, il n’y avoit que trois malades qu’on avoit placés dans les chambres les plus hautes. L’infirmerie étoit un ^bâtiment séparé , voisin des cel- lules des criminels condamnés. De cent qua- rante - un criminels, il yen avoit quatre- vingt-onze qui étoient convaincus ei finzs y qui ne recevoient que la ration de la prison , c’est-à-dire , un pain d’un penny par jour : le geôlier, homme charitable , leur tendoit quel- ques secours. La taxe des droits exigibles par l’usage étoit peinte sur une planche dans la cour des criminels. Cette prison fut brûlée dans la sédition de 37805 mais elle a été rebâtie sur la même place. La cour quadrangulaire , destinée aux îii Etat DES Prisoj^* hommes , a été divisée en trois. La premiers est pour ceux qpi payent trois schcllings et six pences par semaine pour un lit. Celle, qui est voisine de celle-là est pour les crimi- nels les plus pauvres. La troisième est des- tinée pour les femmes. Au-dessous de la cha- pelle sont des cellules pour ceux qui refusent d’obéir. On a bâti deux chambres attenantes aux cellules des condamnés , qui servent d’infirmerie. Des deux cents quatre - vingt- onze prisonniers qui s’y troiivoient en 1782, deux cents vingt-cinq étoient des hommes ; il y avoit soixante - six femmes. Cent (\es premiers étoient condamnés à la transporta- tion ; quatre-vingt-neuf étoient ce qu’on ap- pelle des fines , mot que nous avons expli- qué ; vingt-un étoient condamnés à mort; les autres attendoient leur jugement. Quel- ques - uns de ceux qui étoient condamnés avoient été long - temps malades, etlanguis- soient encore dans leurs cellules. A la fin de cet ouvrage , nous donnerons le précis d’une table qui renferme les exécu- tions qui se sont faites à Londres et dans Mid- dlesex durant douze ans. Les jours d’exécution sont 'trop pour le peuple un jour de débauche et d’oisiveiéi ; et l’expérience prouve que l’ame des specta- teurs IT t)ES HÔPÏTAÜX. lïÿ leurs qui accourent voir ce spectacle , esc plus endurci qu’ému profondément des suites? funestes du crime. Ce mauvais effet pourroit être au «loins affbibli , en annonçant l’exé- cution une semaine après la sentence , et i’exéciuant immédiatement dans la cour de' Newgate , ou devant la maison de la ses<â sion (î>- • ■ ' - • La F l e ê t.„ C’est une prison royale; lés àppôintemeirsdri" gardien ou concléfge ne Sont pas connus; 'le public ne nourrit point ceux ' qu’on y ren-' ferme. Sur six visites que j’y ai faites, le plus- grand nombre de prisonniers ; que j’y aie trouvés à la fois, est de trois cents dix-neuf,*' c’étoit en 1776.. Le moindre de soixante-, huit; c’étoit en 1782. Il n’y a point de chi- rurgien appointé. Le chapelain y fait un ser- mon le dimanche, et des prières le mercredii. (i) On a changé en eifet le lieu de l’exécution, et on la fait actuellement comme on le conseiiloit ici* .e' Nous fupprimons les tables des droits exigibles suc les prisonniers , ainsi que d’autres détails sans utilité , ce qui ne pourroient exciter la curiosité que des feuk anglois. '' Tome IT„ H Etat des Prisons On renfermoit autrefois dans celte prîsolî ceux qui avoient encouru la disgrâce de la chambre étoilée. Ce formidable tribunal fut aboli dans la seizième année du règne de Charles V ; et la FLeet devint une prison pour les débiteurs; et pour les contumaces, dans les cours de la chancellerie, de l’échiquier et des Comonpleas» En 1728 , plusieurs abus , commis par le concierge , soumirent celte prison à des recherches parlementaires. Elle fut rebâtie peu de temps après. Devant la façade de l’édifice est une cour étroite; à chaque extrémité du bâtiment s’é- lève une petite aile. Il y a quatre étages, qu’on nomme galeries ^ et une cave qui a un plancher , et qu’on appelle banholomew- fair. Chaque galerie ou étage a une espèce de corridor qui prend toute la longueur de la maison dans une étendue de cent quatre- vingt-dix-huit pieds. Sur chacun de ses côtés sont des chambres longues de quatorze pieds et demi, sur douze pieds et demi, et hautes de neuf et demi. Il y a une cheminée et une fenêtre à chaque chambre. Les corridors n’ont pas sept pieds de large, sont obscurs, . n’ayant qu’une fenêtre à chaque extré- mité. Sur le premier étage , appelé hall~ gallery , et OÙ l’on monte par huit degrés ^ ET DES Hôpitaux:. . 1 en trouve une chapelle , une espèce de ca^- baret , un café , une chambre pour le gui- chetier, une autre pour le garde, et dix-huit chambres de prisonniers. Outre le café et la chambre qui sert de cabaret , deux des dix - huit chambres et toute la cave étoient affermés par un traiteur ou cabaretier. Ou ■descend de cette galerie à la cave par . up escalier de seize degrés. On y trouve deupc chambres , -la cuisine du traiteur , quatre .grandes caves remplies de vin et de bière , ■et quinze chambres pour les prisonniers. Le concierge loge les prisonniers dans les chant- bres qui lui appartiennent , pour q. ou 8 schel •iings par semaine. Le second étage est ce qu’on appelle la first-gallerj ; on y compte trente-cinq cham- bres pour les prisonniers. Le troisième étage , ou second- galle ry , en renferme vingt -sept; et l’une d’elles, en face de l’bscalier , est ■celle où le comité s’assemble. Une des cham- bres , située à l’une des extrémités , sert d’infirmerie ; et à l’autre est une table de bil- lard fort sale, tenue par le prisonnier, qui y demeure et y couche. Le plus haut étage est divisé en vîngt-f sept chambres. Quelques-unes, comme, pac exemple 3 celles qui sont sur les ailes, soi'^î H ij ti6 Etat des Prisons plus grandes que les autres. Toutes celles jqui ne sont pas affermées par le cabaretier , rapportent , lorsqu’elles sont occupées, une rente d’un schelling trois deniers par semaine; mais alors elles sont absolument nues. Les 'meilleures arrivent par succession aux dif- férens prisonniers ; ainsi , lorsque l’une d’elles devient vacante , le premier prisonnier d’entre ceux qui ont payé les droits d’errtrée , en prend possession. Si toutes les chambres sont occupées , un nouveau venu paye un loyer à celui qui en possède une et veut bien la partager avec lui ; il en change quand il le peut. Ils sont exclus de tout droit de suc- cession sur les chambres retenues par le con- cierge ; et c’est par- là qu’il en tire de plus forts loyers. Les chambres pour les débiteurs du com- mun peuple sont dans l’aîle droite de la prison , et l’on peut penser qu’elles ne sont pas les plus commodes. Outre une cave dont on peut faire une cuisine, qui est occupée par de gros meubles , cette aile a quatre étages , qui chacun ont une chambre de vingt-cinq pieds en carré , avec une grille pour y faire du feu , et sept cabinets ou ca- bins , où ces infortunés vont dormir. Ceux "d’entre eux qui affirment avec serment qu’ils *T DES Hôpitaux. 117 Dtf possèdent pas y 1. sterl. , et qu’ils ne peu- vent subsister que d’aumônes, ont leur part des dons qui sont envoyés à la maison , de la boîte des aumônes , et de l’usage de la grille , d’où ils peuvent implorer la générosité des passans. Il y en avoit seize de ce nom^ bre à ma première visite. J’ai vu dans le rapport du comité à la chambre des communes , en 1728 , une bsie des charités reçues ; mais elles n’étoient pas annoncées et affichées dans l’intérieur de la prison; cependant il avoit été ordonné qu’on feroit une liste des dons et desrlegs faits aux prisonniers de la Fleet , qu’on y de- vroit spécifier le but particulier du donateur ^ et qu’elle seroit suspendue dans la salie de cette prison, La rivière et des pompes fournissent une grande abondance d’eau à la Fleet', elle a derrière elle une cour spacieuse. On a parlé d’une table de billard ; les prisonniers peu- vent jouer encore , dans la basse cour , à diP- férens jeux , comme à la paume ; et non seulement ils peuvent y jouer, mais j’y ai vu admettre des bouchers , des paysans qui re- viennent du marché , et qui sont reçus comme dans un lieu public. Il en est de même de plusieurs autres prisons, où le geôlier tient H iij Etai* T>'ts Prisons- ou. permet qu’on tienne cabarets Cela se voîC dans toutes les prisons dont le geôlier tient une auberge. Cet inconvénienry très-grand pour les priso-nniers y en est un .plus grand encore pour le publie ; la fréquentation de» prisons aflFoiblit la crainte qu’elles inspirent, La nuit du lundi, il s’y forme des eerclesf où l’on boit du vin "5 le jeudi , un cercle où ‘l’on boit de la bière 5, et on y passe son temps jusqu’à une ou deux heures du matin. Il s’y élève des querelles ,'on s’y livre à la débauche ÿ et combien les prisonniers, sobre» ou malac^s, sont-ils excédés du bruit qu’on y fait ! La prison est encore embarrassée cf un grand nombre de femmes et d’enfans. En 1776 , an mois d’avril , elle renfermoit deux cents quarante-trois hommes et leurs femmes; d’au- tres qui méritent un nom moins honnête , et leurs enfans, montoient ensemble au nombre de quane cents soixante-quinze. Je fus surpris de voir suspendue dans fa prison une table des droits exigibles ; mais elle ne fixoit que • ceux qu’on paye à deux clercs. Elle étoit de 1727, avant les recher- ches que le parlement avoit ordonnées. ^ On, y voit aussi alHchées diverses ordon-' hances faites en temps différens, depuis la reine Elisabeth.' Quelques-unes d’elles statuent sur le même objet. On donne ici quelques articles, pour en donner une idée. Le gardien ou député doit donner aux gui- chetiers le nombre de personnes qu’il doit tenir armées pour lui prêter secours en cas d’un projet d’évasion; comment il distribuera les charités ; ce qu’il doit faire du prisonnier qui ■ néglige , pendant trois mois , de lui payer le loyer de sa chambre. Si, après sa décharge, il ne paye point les droits exigibles , alors -le prisonnier est plus libre dans la prison; mais il n’en sort pas; on lui permet de mettre en chambre close ou au cachot ceux qui ont .tenté de s’enfuir. On lui prescrit de réparer la maison, les chapelles, les conduits, &:c. ; de prendre soin d’y faire célébrer le service divin; d’y faire administrer les sacremens; d’empêcher les mariages clandestins. On veut que ceux qui blasphèment , qui font des imprécations, qui jurent ou. commettent des désordres , y soient mis aux fers. On dé- fend d’y recevoir des bien-venues; d’empêcher qu’on ne conduise ceux qû’on a saisis dans les cabarets à bière , qui appartiennent à des sergens , et qu’on nomme , avec raison ^ des éponges t ^ «20 Etat..d«s Prisons I Le gJ^rdien doit tenir une table exacte dès -dons et des aumônes, l'a faire écrire par une main lisible 5 et la faire suspendre dans la grande salle de la prison. Aucun prisonnier ne doit être privé de sa portion , et aueuii des serviteurs ne doit être admis à la distribution ni au partage. Il doit y avoir une infirmerie pour les prisonniers malades , et aucun de ceux qui sont en bonne santé ne doit être contraint à coucher avec les malades. On doit appeler le coroner pour les morts, et le corps doit être délivré aux parens sans, aucun frais. Le gardien ne doit transférer aucun prison- nier par habeas. corpus à la edur du banc du roi. Il doit tenir des livres et des registres des emprisoamemens, des cours d’où ils émanent, des déclarations , des décharges , et des (Thabeas corpus ; le sergent et le clerc du juge doivent avoir chacun un livre séparé des prisonniers , afin de le délivrer à la cour du • juge ; et tous ces livres , excepté celifi du sess- gent , doivent .être déposés dans l’étude du clerc , et il doit être permis à tout le monde d’en prendre copie. Il est défendu à tout clerc , officier , ou domestique d’aucun juge de recevoir la moindre rétribution , à l’occa- ^fion d’aucune plainte , fondée sur le mépris des ordres précédens 3 ou sur une mauvaise ET DES Hôpitaux. lai ^conduite; que le garcjien et ses officiers trai- tent les differens prisonniers qu’ils ont sous leur garde avec tendresse et humanité , et qu’à leur tour les prisonniers aient pour kîi et ses cdi^nmetthns tout le respect que la loi exige. Il y avoit de plus un petit code de loix , imprimé en 1774. Il établissoitun président, un secrétaire et un comité qui étoit choisi'' chaque mois, et formé de trois membres de chaque galerie. Ils se rassembloient dans une chambre tous les jeudis ; et " lorsqu’ils en étoieni sommes par le président , ou lors- qu’ils se le prescrivoient à la pluralité des sufFrages, ils ordonnoient des contributions par cotisation , décidoient sur les disputes , imposoient des amendes , et faisoient saisir les effets pour le payement ; ce qu’ils dé- cidoient étoit censé décidé par la maison en corps. Le président ou le secrétaire tenoit la caisse ; le comité disposoit des sommes - qu’on y renfermoit ; il en payoit ceux qui prenoient soin de laver les galeries une fois la semaine ; de les arroser et balayer chaque matin avant huit heures ; de balaye * chaque étage deux fois la semaine ; d’allumer les lampes dans toute la maison. Il étoit défendu de jeter aucune eau, aucun immondice aih 'Î22 ÉTAT DES P R I S 0 N S leurs qu’au lavoir. On permettolt au cneui^ de prendre un penny d’un étranger, pour lui faire parler au prisonnier qu’il demandoit , et deux pences de celui qui vt^loit faire assembler le comité pour lui porter des plaintes. Le comité imposoit des amendes à discré- tion pour les blasphèmes, les juremens, les querelles , l’ivresse , dcc. Pour avoir gâta une lampe , l’amende étoit d’un schelling. Ou exigeoit d’un nouveau venu une bien-venue de deux schellings, pour boire du vin , et un schelling six pences , pour être employés aux usages de la maison. Les prisonniers qui ne payoient rien étoient confinés dans leurs chambres, et n’avoient 'aucune part aux commodités de cette associa- tion. Telle étoit l’administration de cette prison avant qu’elle eût été réduite en cendres dans la sédition de 1780. Elle a été rebâtie sur le même plan ; le plancher de la cave , le hall-gallery , first-galLery , sont maintenant construits en pierres , et voûtés avec des briqitcj. Le cabaretier afferme encore toute la partie de la maison , qu’on appeloit la, cave. Lui et plusieurs prisonniers entretien- nent des chiens ; incommodité qui ne devroit jamais être permise dans une prison. La table ïT DES Hôpitaux. 123^ «du billard et celle du jeu de MississipI ont été supprimées , et le code des loix aboli. Ou remarque comme une singularité, que, du 7 juillet au ay août 1775" , auain pri- sonnier n’y fut amené. On y a publié la défense de vendre des liqueurs fortes • elle y est affichée , ainsi qu’une nouvelle taxa- tion de droits exigibles; par elle, on n’en peut exiger de ceux’-qui sont admis au par- tage des aumônes. Ceux qui ont désiré avoir un lit dans leur chambre, payent pour elle , pour l’usage du lit, des draps, des couver- tures , 2 sous 6 deniers par semaine. On peut juger, par cet article , que les droits ne sont pas considérables. N ew-Ludgate. Cette prison est destinée pour les débiteurs qui sont privilégiés de la ville, pour les gens d’église, pour les avocats, pourJes procureurs ; >elle étoit autrefois un BridwelLy joint à la mai- son de travail de la cité de Londres. Au rez-de-chaussée, on trouve une longue chambre, une chambre ou taverne où l’on boit, et une cuisine; dans chacune d’elles est un escalier qui conduit d’abord à onze cham- bres pour les débiteurs , qui dépendent de celui qui afferme la maison. Au-dessus de la longue chambte , il en est une d’Une graitr- IÎ4 Etat des PkisonS deur médiocre, et une dans chacun des étages supérieurs. Au-dessus de la taverne , quatre petites chambres hérissées de barreaux de fer aux fenêtres, et une chambre dans l’étage supé- rieur. Au-dessus de la cuisine, une chambre assez grande , et deux au-defflis. Les débiteurs pauvres sont logés dans deux grands galetas 3 l’un nommé la forU , l’autre le bassin , ou la darsine. On n’y peut faire du feu. Cette prison est négligée 3 on n’y fait pas de réparations 3 les murs , les plafonds sont noirs , parce qu’on ne les blanchit ja- mais. Dans la petite cour , est une citerne que remplit la rivière , qui n’en est pas éloi- gnée. On n’y trouve ni infirmerie ni bains. La chapelle lui est commune avec la maison de travail. La ville fournit à cette prison quatre-vingts livres de bœuf par semaine 3 et depuis le mois de février 1778 , on y ajoute tous les deux jours un pain de trois pences pour cha- que prisonnier. En 1783 , ce pain de deux pences pesoit vingt et une onces. Le lord maire et les schérilfs y envoient annuellement le char- bon nécessaire. Les particuliers y font des dons 3 des brasseurs de bière y en envoient généreusement deux petits tonneaux chaque semaine. Le concierge ou guichetier n’y vit ’E'f DIS Hôpitaux. i2y f)as. Son salaire est de 70 livres sterlings. Celui qui tient sa place dans la prison n’y laisse pas remarquer son absence. Pour tout ce qui ne dépend point du gouvernement , cette maison m’a paru en-' iretenue avec propreté ; l’ordre et la décence y sont observés. A dix heures du. soir , les portes en sont fermées. Le dimanche , on suspend à la porte une planche, où l’on lit ces mots : « On ne reçoit ici personne de dix I *» heures à midi , ni de deux'à quatre de l’après- » midi ». J’ai visité sept fois cette maison. De l’an 1774 ^ ^7^3* le plus grand nombre de prisonniers que j’y aie trouvé est trente et un, c’étoit en ijj6 ; le moindre ’ nombre, 1 neuf mois après , n’étoit que de quinze. Il y a une taxation des droits , qui ne i s’élèvent pas plus hauts que celle de la Fleec, * Cette taxation se fit en 1725), et fut mise en usage dans la vieille prison. Une ordonnance impose une amende de ! quatre pences à ceux qui ne se trouvent pas . au service divin , ou qui s’y présentent trop lardj ceux qui ont des raisons valables sont ' I excusés. S’ils refusent de payer, ils per- ■ dent leur part des dons faits en leur faveur pendant la semaine suivante. Ces dons ont inS EtaT-îjes Prïsons formé , dans année , une somme de 142 liv. sterl. Ils sont payés , pour la plupart , par des compagniesou communautés de tailleurs , de merciers, de drapiers , de sauniers, «Sec. Pou LTRY-CoMPTER. Le geôlier est une espèce de concierge ; il n’a pas de salaire; le chapelain en a un de 30 livres sterlings , et doit faire le service tous les dimanches ; le chirurgien n’a pointde salaire fixe. Le geôlier a environ quinze chambres , si- luées entre la porte extérieure et l’intérieure. Les débiteurs qui ne peuvent payer sont logés dans des salles au dedans de la porte inté- rieure, et deux sont au rez-de-chaussée , nom- mées la salle du roi et celle du prince. En 1786^ il y avoit au premier vingt-quatre débiteurs , et neuf au second. Au-dessus sont la salle du milieu et celle des femmes, qui sont au- dessous de la salle supérieure et de celle des juifs. C’est une indulgence généreuse, et même équitable , que- de loger séparément ceux qui sont de cette religion ; elle devroit être en usage dans les autres prisons , comme elle l’est dans celle-ci. Près de la salle du milieu , il y a une chambre obscure et close pour un malade, ET DES Hôpitaux. 127: On peut faire du feu dans toutes J es chambres. Dans une de celles du second étage, appelée. la chambre de la pompe , les débiteurs ont la commodité d’avoir de l’eau quand ils en veulent. Les chambres ne sont jamais répa- rées , et en auroient besoin. Les prisonniers tiennent leurs planchers fort propres. La cour est petite; mais elle est pavée de pierres pla- tes; et comme l’eau y coule sans cesse, elle est fraîche et toujours nette. C’est dans la cour qu’est une espèce de taverne ; à côté est la chambre de jour , et une particulière , qui servent aux cri- minels des deux sexes. Dans deux petites cours , il y a deux chambres enceintes d’im mur très-fort, plancheyées et hérissées de clous, pour les hommes qui ont à craindre une peine capitale; et au-dessus deux chambres de nuit , l’une pour les hommes , l’autre pour les femmes ; celle-ci étoit auparavant l’atelier d’un tonnelier qui travailloit, quoi- que prisonnier. Les femmes dormoient dans la cloche. On n’y voit ni paille- ni couver- ture. - Sur un des côtés de la cour s’élève la- chapelle avec une galerie ou étage pour les débiteurs ; elle a été enfin réparée^et blanchie. C’est au schérifF Taylor y homme humain et 128 Etat des Frisons patriote que les prisonniers doivent cette aaiélioraiion. Sous le toit de la prison il y a de spacieux greniers, où le geôlier permet quelquefois aux débiteurs de se promener ; mais alors il est avec eux 5 car ces greniers communi- quent avec les maisons voisines ; et l’une d’elles offre un passage tout prêt pour s’échap- per, en cas d’incendie. Les débiteurs y reçoivent chaque jour un pain d’un penny , qui pèse environ neuf à dix onces ; mais à ce pain qu’ils reçoivent de la chambre de Londres , il faut ajouter leur* part des dons qui leur sont payés par les communautés de la ville , et qui montent à' environ 60 livres sterlings par an. Ils reçoi- vent encore des schériffs trente-deux livres de bœuf tous lessamedis ; et une maison de bras- seur de bière leur en envoyé deux petits ton- neaux chaque semaine. Les criminels y reçoivent une ration d’un pain d’un penny et demi, pesant environ treize onces et demie. .En 1776 il y avoit huit hommes qui y vivoient avec leurs femmes, et dix-neuf en- fans. Les autres prisonniers avoient e^emblc quarante - quatre femmes et cent quarante- quatre ■V ET DES Hôpitaux.' 125^ quatre enfans 3 mais ils ne viyoient pas dans la maison. J’ai visité sept fois cette prison , de 177^ en 1783; le plus gi'and nombre que j’y aie trouvé étoit en mai ijj6 ; il y avoir alors quatre-vingt-dix débiteurs et onze criminels. Le moindre nombre est en décembre 1782 j il n’y avoir que vingt-six débiteurs et sept cri- minels. On y lit l’acte du parlement sur la con- servation de la santé des prisonniers. On a écrit sur une planche suspendue à la porte , qu’on n’y recevroit personne de dix heures à midi 5 et de six à quatre heures du soir. Le geôlier ou concierge doit payer à la' chambre de Londres une rente annuelle de 30 livres sterllngs; elle lui est remise comme un équivalent de ses inquiétudes et des soins qu’il se donne durant la nuit. Il paye aussi la taxe des fenêtres et les autres impôts. Le comité de charité de Westminster ayan/ décidé que le docteur William Smith visiterat les malades des prisons de Londres , de Soü- thwark et de Westminster , afin de consacrée, à leur soulagement le surplus d’une collecte qui sefit dans l’hiver rigoureux de , if y remarqua plusieurs abus qui a voient éciappc Tome IL t 130 Etat des Prisons à l’attention du parlement , ou qu’elle n’avoît pu prévenir ; et il en est résulté des améliora- tions. La fixation des droits exigibles n’est pas plus considérable que dans les prisons précédentes. Wood-Street-Compter. Une inscription annonce que cette prison fut bâtie en 1670; elle n’a qu’une petite cour, ou plutôt une espèce d’allée pour tous les prisonniers. Elle a plusieurs chambres , dont deux seulement pour les débiteurs pauvres ; celle pour les hommes leur sert de chambre de jour , de chambre de nuit et de cuisine. Ils y ont une chaudière et quelques usten- siles. Cette chambre encore est obscure et sale 3 sa longueur est de trente - trois pieds , sa largeur de dix - huit , sa hauteur de seize; cependant elle est beaucoup trop petite pour le nombre d’hommes qu’on y ren- ferme ; ils sont distribués dans vingt - trois jits , rangés en trois étages ou larges tablettes. Dans une visite fortuite , on y a trouvé trente- neuf débiteurs , et sept d’entre eux y vivoienc avec leurs femmes et leurs enfans. Des essaims de punaises s’y nourrissent et s’yperpétuent. La cliambre des femmes débitrices leur ser ïT Dts Hôpitaux-. âussi pour le jour et .pour la nuit; mais elle est mieux éclairée , et elles y sont en petit nombre. Dans la visite dont nous avons parlé, il n’y avoit que deux femmes ; au delà est une chambre en ruine et sans usage. Il y a quatre chambres pour les criminels, -deux pour les hommes , deux pour les fem- mes , et deux cachots , dont l’un est au- dessous du sol , de onze marches ; l’autre touche à la taverne. Il n’y a ni couverture ni paille; ceux qui veulent un lit payent un sou sterl. par nuit. Près de ces quatre cham- bres , le geôlier ou concierge en a vingt-trois ■autres pour ceux qui payent, La chapelle est dans la cour; au-dessous d’elle est une taverne, où l’on descend par seize marches. Toutes les chambres dont nous avons parlé sont au dedans de la porte inté- rieure, entre laquelle et l’extérieure est la maison du geôlier , où sont plusieurs cham- bres pour les débiteurs. On n’y trouve pâs d’infirmerie; l’acte' pour la conservation de la santé des prisonniers n’y est point affiché. Tout le bâtiment est dans un mauvais état , ec le mur principal est si délabré, qu’il a fallu lui donner des appuis sur un de ses côtés. Le geôlier doit à la chambre de Londres lij î^i Etat des Prisons line rente annuelle de 30 livres sterlings ^ qu’elle lui remet en compensation des frais qu’il fait pendant la nuit,* il paye aussi la taxe des fenêtres. Dans le commencement de l’année 1773 , tous les prisonniers étoient malades , et onze moururent. Les directeurs du General Dispensary montrèrent alors une attention généreuse pour ces pauvres gens , et ordonnèrent à leur médecin , le docteur Lettsom , de leur donner des soins ; il leur en donna , et se fit estimer des prisonniers. C’est la chambre qui fournit leur ration de pain ; elle est d’un pain de huit à neuf onces; celle des criminels est d’un tiers plus considé- rable mais les débiteurs reçoivent des schérifFs trente-deux livres de bœuf tous les samedis. Une fabrique de bière leur en fournit deux petits tonneaux par semaine. Il y a differens legs pour les débiteurs pauvres , dont ils reçoivent la rente tous les trois mois ; la somme monte annuellemenià yp livres 2 sous 1 1 deniers sterling. Le président de la cor- poration des drapiers les visite tous les ans, paye pour ceux qui ne sont détenus que pour de petites sommes., et laisse 40 schel- Jings pour ceux qu’il ne peut délivrer ; il Je fait pour exécuter les dernières volontés de M. John Kendrick. Le chevalier John Fuller ET DES Hôpitaux; 155 avoit aussi laissé 30 liv. st. par an, dans les mains du recorder, pour payer les droits et le loyer de la chambre occupée par les pauvres débiteurs dans les deux Compters , pour ceux du moins qu’on y avoit renfermés pour une somme qui n’excédoit pas vingt-cinq fchel- lings chacun , et qui l’étoient depuis plus dé seize semaines ; mais cette bénéficence d’im homme qui n’est plus n’a été payée que jusqu’en lydy. Depuis quelques années , on venoit tous les quinze jours distribuer aux pauvres débiteurs de cette prison soixante-douze livres de bœuf et quatorze pains. On a su qu’on avoit fait la même distribution dans toutes les prisons de Londres. La main bienfaisante qui ten- doit ces secours se cachoit , et on l’ignora ; mais comme ce don cessa de se faire à' la- mort de l’aimable princesse Caroline, on eut tout lieu de croire que c’ëtoit à elle que les prisonniers dévoient ce secours. On peignit à la dame qui avoit été la distributrice des- charités de la princesse , l’état misérable des prisonniers, et elle obtint du roi que cette bénéficence continueroit pendant la vie de sa majesté. Quelques-uns de ces débiteurs sont de la Cour de cmscience» Il faut expliquer ce mo^ liij .15^ Etat des Prisons Nous avons souvent parlé de cette classe de prisonniers pour dettes, qui ordinairement sont des hommes de travail , qui ont des familles nombreuses , ce sont ceux sur lesr- quels cette cour statue. En ipiS, le conseil ordinaire de la ville de Londres fit une or- donnance (pour le recouvrement des dettes, dues aux citoyens au-dessous de 40 schellings,, et en donna le soin à une cour de cons- cience , qui devoit s’assembler à Guildhall j et les débiteurs qui refusoient d’obéir à sa. sentence, dévoient être emprisonnés dans un des compters , jusqu’à ce qu’ils s^ fussent, soumis , même durant toute leur vie.' En idoy , les pouvoirs de cette cour furent con- sacrés par un acte du parlement. En l’aldermaii Dickenson fit passer un bili qui étendoit son pouvoir dans tout le comté de Midlesex; avec cette différence que tonte personne qui refuseroit de se soumettre à la décision de cette cour , pourroii être empri- sonnée à Newgate pour l’espacç de trois mois , et que cet emprisonnement annulle- roit la dette. Ces divers actes ont servi de modèle à un grand nombre d’autres en diffé- rentes parties du royaume ; et dans quel- ques-unes, le terme de l’emprisonnement a été limite à quarante jours» En comparant / tT üEs Hôpitaux. **5^ ces ordonnances , on voit qu’elles difïerent par les frais, par les droits exigibles dans la prison, et de diverses autres maniérés. Quel-^ quefois ces frais et ces droits s’élèvent à trois * à quatre fois la dette qui a causé l’emprison- nement. Il paroît donc qu’il y a plusieurs vices dans les réglemens qui statuent sur cette ma- tière. Pourquoi une dette égale soumet-elle im homme à être emprisonné ici pour la vie , là pour trois mois, et dans un autre lieu pour quarante jours ? Pourquoi ces droits exigibles sont-ils les mêmes pour la dé- charge d’une dette de quinze pences f ( car on a vu un homme emprisonné pour cette dette et pour trente neuf schellings). Il seroit bien à désirer qu’un statut bien précis, fixât ces objets dans une proportion sage entre les sommes dues , les droits et les temps de l’emprisonnement. De plus , on doit prendre un soin particulier pour qu’il ne soit point permis aux débiteurs de cette classe de se mêler avec les criminels, qui, par leurs dis- cours et leurs exemples dangereux, les ren- droient bientôt aussi méchans qu’eux-mêmes. Bridewell. Ce bâtiment fut autrefois un palais , voislr^ I iv 15*5 Etat des Fri sons 'du puits de Sainte Brigite (ou S. Bride’r)^ et c’est de là qu’il a pris son nom, qui a été appliqué à toutes les autres prisons de cette espèce , lorsqu’il l’est devenu lui-même* J1 fut donné à la ville par Erioïiard VI en ijp. Cette partie du Brîdewell , qui a du rapport au sujet qu’on traite ici , a des appartemens entièrement séparés pour les hommes et pour îes femmes. Celui des homiues, au rez - dé- chaussée , œnsiste en une chambre de jour , dans laquelle ils battent le chanvre ; et deux degrés plus bas, une chambre de nuit fer- mée. On a fait un escalier à la chambre au- dessus pour la commodité des prisonniers» Dans l’une et l’autre de ces deux chambres , on a bouché une fenêtre il y a peu de temps. D’appartement des femmes consiste aussi eiT une chambre de iour , au rez-de-chaussée » dans laquelle elles font le même ouvrage que îes hommes , et au premier étage, en deux chambres de nuit. Il y a une chambre au- dessus de celle-là , destinée à servir d’infir- merie. Les malades étoient précédemment envoyés à l’hôpital de S. Barthelemi. Toiw les prisonniers étant tenus continuellement dans l’intérieur, imposent l’obligation de blan- chir les chambres deux fois par an. Le^ ET DES Hôpitaux. 137 chambres des femmes sont grandes ; elles ont des fenêtres opposées l’iine à l’autre , pour y renouveler Pair. Leur appartement , ainsi que celui des hommes , a la commodité d’avoir de l’eau ; il y a un ventilateur au coté exté- rieur du mur, avec un tuyau qui communi- que à chaque chambre de l’appartement des femmes ; et cependant Pon y respire un air corrompu. Le ventilateur seroit plus utile , si on le metioit plus souvent en action, sur- tout lorsque les , prisonniers sont en grand nombre et rassemblés dans leurs chambres. Il ne faut pas espérer cependant que jamais une prison où il n’est point permis quelque- fois aux prisonniers de respirer un air frais dans une cour, puisse être une prison saine. L’ouvrage est dirigé par un homme expert dans la manipulation du chanvre ; il re- tire le prix du travail , a un appartement dans la maison , et reçoit un salaire de 20 livres sterling. Les prisonniers sont rarement oisifs ; quand le chanvre ne les occupe pas, ils le sont d’une autre manière. Les heures de travail sont, en hiver, de huit à quatre heures ; en été , de six à six , en retranchant de ce temps les heures des repas. Le direc- teur reçoit huit pence par jour pour l’entre- tîçn de, chaque prisonnier, et s’engage à leur IJS Etat des Prisons fournir, le dimanche , le lundi , le mardi et le jeudi , un pain de dix onces , du boeuf ■i' apprêté sans os , du bouillon , quatre onces de fromage ou de beurre, une pinte de po- tage au lait , et une pinte de bière. Leur ration leur esc donnée à midi chaque jourj elle est trop foible en pain , puisqu’elle n’est que de huit à neuf onces. Le directeur ou geôlier a 8o livres ster- ling d’appointement ; on ne paye aucuns droits. Une matrone préside sur les travaux des femmes ; ses appointemens sont dé 6o livres sterling ; elle prend soin des malades dés deux sexes , et- on lui alloue un schelling par jour pour chacun de ceux qui sont mis à la diète des malades. Il n’y a point de bains dans la maison. Dans Thivcr , les femmes font du feu dans leurs chambres ; toutes les chambres de nurt sont fournies une fois le mois de nouvelle paille de seigle. Il 'n’y a que cette prison dans Londres où il y ait de la paille et des couvertures. Il y a une chapelle publique ; les prison- niers doivent sY rendre le dimanche ; les hommes et les femmes y sont séparés les uns des autres et du reste de l’assemblée. Sur les murs de la salle , à l’entrée de la ET DEsH^PïTAUT. 15^ ' chambre du jour, on a suspendu la liste des dons et des legs faits à cet hôpital , en com- mun avec les autres ; ils sont suffisans pour rendre la prison plus coimnode , pour lui donner des cours , diverses chambres de tra- vail ou de logement, pour tenir les prisonniers plus réparés, comme on le fait aétuellemenî avec beaucoup de prudence à l’égard de jeunes libertins du Bridewell, qu’on renfermoit autre- fois dans une seule chambre. Dans l’espace de douze ans, on a reçu dans cette maison neuf mille deux cents quinze personnes ; l’année où on en a reçu lepltis, c’est 1772 ; celle où on en a reçu le moins , c’est 1780 : dans la première , on y fit entrer mille sept cents neuf perfonnes ; dans la seconde , ou n’y en fit entrer que quatre cents cinquante- neuf, mais tous n’y furent pas à la fois ; le plus grand nombre qu’on y ait vu au travail est quarante - un. New-Pr ison-Clerkenwell. t Son geôlier a 70 livres sterling d’appoin’- temens ; le chapelain en a yo, & il doit foire 'deux sernaons le dimanche , «Se des prières le mardi &: le samedi : le chirurgien reçoit aoo livres] sterling pour veiller sur les ma- 140 Etat' DES Prtsoîts lades de cette maison & sur ceux duBridewelI^ On y permet le trafic du vin & de la bière. Cette prison fut bâtie en i 776 ; elle est beau- coup plus commode que celle qui portoit auparavant le même nom. Au-dessus de la porte on trouve deux chambres appelées dé~ pots de nuit. On y fait entrer les prisonniers qu’on arrête durant la nuit , et que les ma- gistrats doivent interroger le jour suivant. Dans une de ces chambres sont les lits du gardien. De cette porte extérieure on passe dans celle de la cour des hommes , qui est à main droite; à main gauche est celle des femmes: pour arriver à l’une et-à l’autre, on descend sept degrés. Dans la cour des hom- mes , il y a un vaste angar qui est leur chambre de jour. Le toit en est trop bas pour son étendue ; on y a pratiqué une cheminée. Le dortoir dans lequel il n’est pas permis de rester pendant le jour , pour que l’air s’y con- serve frais et pur, est situé de l’autre côté de la cour, et divisé en deux parties, dont cha- cune a deux chambres au rez-de-chaussée et \ une au-dessus. D’un côté, elles ont trente-im pieds de long sur trente de large; de l’autre , trente pieds de long sur vingt de large , en- viron dix pieds de haut : elles sont bien boi- sées et sans cheminées. Chaque chambre eiî £T DES Hôpitaux. 14.1 face de la cour , a deux fenêtres pour y faire circuler l’air librement , et derrière , elles en ont trois avec des barreaux de fer et des vo- lets ; mais il n’y a point de vitres. Il y a des bois de lits dans chaque chambre , et d’autres lits que l’on paye ; le prix est de 3 sous 6 d. sterl. par semaine : lorsque ces lits sont occu- pés, personne ne couche sur les autres châlits; il y a dans la cour un espace renfermé , où l’on confine ceux qui sont intraitables. Tous les degrés de la maison sont de pierre. Du côté destiné aux femmes , étoit leur chambre de jour , qu’on a changée depuis en lin logement particulier ; leur chambre de jour actuelle est de l’autre côté dans une espèce d’angar , où elles peuvent faire du feu ; leurs chambres de nuit sont , l’une au rez-de-chaus- sée , sur la même ligne que l’hangar , et on l’appelle chambre baffe', elle a vingt-un pieds de long, dix-sept de large , dix de haut ; l’au- tre est au-dessus , ayant la même étendue. Elles ont encore une galerie au-dessus de ces chanir bres ; sur le derrière , elles ont cinq cabinets jCt une armoire avec un châlit pour deux pri- sonniers. Ces cabinets sont clos et mal-sains; ils ne reçoivent d’air que par une grille placée au haut des portes de la galerie. Les deux chambres de nuit n’ont de fenêtres que suc ï4^ Etat DES Prïsons la face de l’édifice ; elles ont des barreaux parmi les criminels, on trouve des débiteurs jugés par la cour de conscience , et qui doivent être libérés après quarante jours. En janvier 1777 j d J avoit dajis cette pri- son trente personnes -, les unes étoient des cou- pables convaincus , les autres des amendés confinés pour un terme fixé ; quelque!- uns étoient malades ils se plaignoient de lent pain, qui en effet étoit fort noir ; les mala- des étoient, la plupart -, des femmes , et de la classe la plus nécelîiteuse ; elles ne pouvoient payer de lits , et n’avoient ni paille , ni couver- tures. En général, les femmes y sont en auiïî grand nombre que les hommes. Cette prison est trop petite pour le nom- bre des hommes qu’on y renferme : elle pour- roit être suffisante fi l’on y joignoit la maison' K ij 148 Etat des Prisons voifine , dont on pourroit faire une maison de travail. Lors de ma dernière vifite , elle ctoit propre; de cent soixante- oiüe prison- niers qui s^y trouvoient en 177^ , il y avoir vingt -deux hommes et garçons, et cinquante- huit femmes , tous convaincus et juges ; ils étoient occupés à préparer du fil de caret, les femmes en deux chambres^ au rez-de- .chaussée, les hommes sur les degrés. C’est une jplace bien choifie , parce que l’odeur forte de la poix et du goudron peut répandre dans les chambres d’ouvrage des exhalaisons mal- saines et contagieuses. Il y a un magalin e; un appentis derrière la prison. Les coupables jugés y avoient autrefois trois pence par jour ; aujourd’hui on leur donne deux pence ,et une livre de pain. L’acte pour la conser- vation de la santé des prisonniers est affiché dans cette prison , comme dans celle dont nous venons de parler. Lors de ma vifite de décembre 1782 , il y avoit cent trois amendés , aucun n’étoic occupé. Quand j’y retournai , je vis vingt hom- mes et cinquante femmes , tous convaincus , et tous occupés au fil de caret : il y avoir alors dans l’infirmerie pour les hommes cinq malades et un mourant , presque tous sans f ouveruuçs., D^ins une autre cbau^bre étpit un ÏT DÏS HÔPtTAUt^ mort. Il y avoit douze femmes malades ; elles n’étoient point deshabillées on les voyoit couchées sur des planches ou sur le plan- cher , sans aucune couverture. Sur onze vi- fites que j’y ai faites , le plus grand nombr® des prisonniers a été de cent quatre - vingt^ onze , c’étoit en 1785 ; le moindre de quatre- vingt-treize J c’étoit en 1776. White-C hape l. I C’est une prison pour les débiteurs compris dans l’enceinte des franchises et manoirs de Stepney etHackney : le premier de ces districts comprend quarante-six villes , paroisses , vil- lages, ou rues, et fut accordé à perpétuité au lord ent\vorth et à ses héritiers par Edouard VI. On confine à White-Chapel les débiteurs qui doivent plus de 2 livres st. et au-dessous de 5" sous. Le concierge ou geôlier a quatre cham- bres convenables, dans deux étages dilFérens, et faisant face au grand chemin : chacun y paye 2 sous 6 deniers st. par semaine ; on en place deux dans le même lit, et deux lits dans la même chambre. Les débiteurs qui ne peuvent payer le droit, sont rassemblés en deux longues; chambres sur la cour , près de la taverne ; les hommes sont dans Tune , les femmes dans Kiij I i^q Etat des Prison» y cour est corumune aux deu:iç sexes. Il y a une boîte d’aumône placée au dehors d’un petit cabinet , en face de la mai- S(^n, et les prisonniers s’y tiennent tour à tour. Cette boîte leur rapporte quelques pence par jour, et encore ils ne sont partagés qu’entre ceux qui ont payé au geôlier, à leur entrée, 2 sous 6 deniers st. , et régalé les prisonniers avec un demi-gallon de bière. En 1777 , on n’en trouva que trois qui eussent acquis ce privilège. Cette prison est négligée elle a besoin de réparations ; on ne les fait pas , parce qu’elie est une propriété particulière de la dame du fief. Celui qui l’afferme , est un officier qui paye 24 livres sterling de rente, toutes^ les taxes il peut tenir ta-verne , et exiger 8 sous i denier &t, de chaque prison- nier. En 177<5, je vis un papier suspendu, sur lequel je lus que toute personne déchargée par acte civil, procès.ou exécution , payera 8 sous 1. denier sterling; que chaque personne ame- née dans la prison payera pour la- première nuit, pour un lit , 2 sous sterling, et que toute personne qui voudra coucher toujours dans un lit après la première nuit, payera, 2 souî; C deniers sterling par semaine. ST Dts Hôpitaux. lyi Je vis un aiure papier intitulé : Réglemens ^ ordonnances à observer dans cette prison, li ctoit daté dit 6 aont 1776. La première règle étoit conçue en ces termes : « Chaque » personne qui arrive dans la prison , i^oit » payer 2 sous 10 deniers sterling de hien- >> venue». Les clauses de l’acte contre les li- queurs spirituenses y ctoient jointes. A ma première vilite , je vis dans des ha- maks deux prisonniers malades et très -pau- vres. Il a point de chapelain , un homme bienfaisant et senfible la pitié , y prêche quelquefois le dimanche sans être prêtre ; il y porte quelques secours , et au moins des consolations , deux fois par an lady Townsend y envoyé une guinée , que l’un de ses do- mestiques distribue également entre tous les prisonniers qui s’y trouvent. Comme les débiteurs y sont généralement pauvres , je vis avec surprise des hommes bruyans qui y jouoient; mais le porte- clef me dit que c’étoient des hommes qui vien- nent vifiter les prisonniers , et je les vis ad- mis dans ce lieu comme dans une maison publique ; mais aucun des prisonniers n’y jouoit avec eux. La chambre de la cour des sessions est proche de la prison. Je viens de rendre compte de ce qui sc Kiv ,p Etat des Pei sons passoit dans cette prison dans le tempî de ines premières vifites ; mais en 1779, je fus informé qu’il n’y avoir pas la dixième partie des choses que j’ai rapportées , depuis l’acte qui ordonne que les dlfpofitïons dlun acte ten-^ dent à prévenir des arrêts frivoles et vexa-» foires. ( 19. Georges III , C. Lxx. ) En 1782, elle tomboit en ruine , et il y avoir cependant encore un ou deux prison- niers. Un acte de 1781 ( 21. Georges III ) ordonne que les droits du geôlier seront di- minués , et rectifie la manière de procéder des cours de grelTe dans les -manoirs dç Stepney et de Hackney; l’emprisonnement est fixé à un temps qui ne peut excéder la valeur d’une livre sterliitg par semaine de la sommç totale de la dette et des frais ; par cet acte bienfaisant , un débiteur ne peut être détenu plus de cinq ou fix semaines. Les débiteurs de la cour de conscience , arrêtés pour une somme au-dessous de 40 sous sterling son^ envoyés au Bridewell de Clerkenwell, Tower-^Hamlets-Gao l. Cette prison est une rnaison publique tenuQ par un honnête suédois c^ui en est geôlier^ DE§ HÔPÏ'Î'AU^. lyj Elle est fitiiée dans le carré de Well- doser il y a line cour fermée et une basse-cour : celle-ci est longue de cent seize pieds , large de seize , et entourée d’un treillis de bois haut de fix à sept pieds : à Tune de ses exy trémitcs il y a deux grandes chambres , dans lesquelles on a renfermé des prisonniers fran- çois pendant quelques années. Les chambres de la prison sont à une extrémité de la basse- cour. Au rez - de - chaussée il y a une fort petite chambre de jour avec une cheminée ; au premier étage il y a trois chambres de nuit ; les débiteurs de la cour de conscience sont envoyés au Bridev'’ell de Clerkenwell : les droits exigibles sont de p sous i denier st. On y donne aux prisonniers un à deux pence par jour ; il n’y avoit ni table, ni paille ; elle n’a jamais renfermé beaucoup d’hommes , et dans les dernières années on n’y a envoyé personne. Elle tombe en ruine. Saint -Catharine’s-Gaol. Cette prison , reconstruite en 1768 , est une petite maison de deux étages , qui ont deux chambres chacun. En avril 1774 il y avoit un geôlier , et aucun prisonnier : depuis ï/4 Etat d»s Prisons ce temps , je l’ai visitée de nouveau deut ou trois fois , et Pai toujours trouvée vuide. En décembre 1782 , elle l’étoit encore , et je sus qu*tl n’y avoit pas eu de prisonniers depuis 1775) ; il n’y en avoit point en 1783. • IT DES Hôpitaux. lyy SECTION XXVIII. Des Prisons de JP^estminster, La Savoy. E T T E prison pour les militaires a deux chambres, qu’on appelle chambrer des gar^ des , parce qu’on y enferme les mauvais sujets qui sont gardes du roi : le reste _du bâtiment au-dessus de la porte est la maison du.geolieïè Sur le côté opposé de la cour est une grande s, aile dans laquelle l’on descend par cinq mar- ches : à main gauche- est une autre salle moins étendue, à chaque extrémité de laquelle il y a une chambre où- sont des lits de planches et d’autres lits commodes : l’une et l’autre ^nt fermées et mal saines. A-U'-dessus sont d’autres chambres à lits de planches , un peu mieux aérées. Les chambres N°. et4, la, chambre au-dessus du N*, i , et la cham- bre des provifîons , qui touche à celle des gardes , sont bien limées ; on a adopté ,, depuis ma première vifite , la précaution salutaire d’en blanchir les murs. On trouve ensuite la çhümbre noire , la chambre des condamnés , Etat des Prisons celle du combat des coqs , et diverses pârtîeS» de ce bâtiment irrégulier , que je passe sous silence. Le IJ mars i'jj6 , il y avoit cent dix-neuf prisonniers , dont quarante-neuf étoient con- damnés à la transportation : j’en vis beaucoup de malades ou mourans. La prison en étoit fî infectée, que long-temps après elle con-^ servoit encore des miasmes dangereux. Le 2 J mai, il y avoit trente -sept prison- niers , dont plufieurs étoient atteints de la fièvre des prisons qu’ils avoient prise dans les mêmes chambres où j’avois vu des malades en mars. La maison étoit négligée, le geôlier avoit JO livres sterling , et l’on dbnnoit aux prisonniers la valeur de quatre pence par jour en provisions. Le 13 août 177P , il y avoit quatre-vingt- dix-huit prisonniers , soixante -quatre déser- teurs , treize soldats aux gardes, et vingt- un soldats. Ils y étoient en santé ; les chambres étoient un peu mieux aérées , et trois d’entre elles avoient été préparées pour servir d’in- fîmerie. Le 20 décembre 1782 , il y avoit quatre- vingt-douze prisonniers; la prison n’étoit pas fort saie; les chambres n’avoient point d’exha- laisons nuifibles, excepté dans l’infirmerie: trois ET DES Hôpitaux* 157 ' gardes du roi étoient renfermés étroitement au pain et à l’eau depuis quarante -trois heu- res ; il y en avoit un malade , et douze dans deux des chambres closes de rinfirmerie; dans l’autre , un de ceux qui dévoient être trans- portés étoit mort. Le ap août 1783 , il y avoit cinquante- fix prisonniers , quatorze d’entre eux étoient des gardes du roi , et dix étoient renfermés dans la chambre noire , au pain et à l’eau , pour deux jours; quelques-uns ayant reçu leur pardon du roi , sous la condition de s’engager , et ensuite ayant déserté , ils ^étoient en prison, pour sept à huit mois. Les chambres étoient très- propres ; on les avoit blanchies deux fois dans une année , et on les lavoit tous les jours , après qu’on avoit fait sortir dès le matin ceux qui les habitoient. Il n’y avoit aucun malade dans Thopital de- puis deux mois. Bride^v'ell de Tothill-Fields, Les appointements du geôlier sont de trente livres sterling. 11 n’y a point de chapelain, et le chirurgien n’y reçoit aucun salaire. Sur la porte on lit cette inscription : « Ici dL tyS Etat des Peisoî^s » verses sortes de travaux sont offerts âUX n pauvres de la paroisse de sainte Marguerite a» de Westminster , comme auITi à ceux du »> comté , et à tel autre qui mendie et vil » dans l’oifiveté dans cetté cité et franchise » de Westminster. Cette prison renferme deux chambres de jour) et trois de nuit pour les hommes, cinq chambres pour les apprentifs vicieux : elles ont dix pieds de long sur un peu plus de sept de large ; le panneau supérieur et infé- rieur des portes est défendu par un treillis de fer. Les femmes ont une chambre de jour, et quatre pour la nuit ; toutes les chambres de nuit ont des lits de planches. On les lave tous les jours ; elles sont fraîches et propres. Les prisonniers lavent leurs mains et leur visage tous les matins , avant qu’ils reçoivent la ration. Ils n’ont point de paille , point d’infirmerie ; il y a une petite chambre pour les opérations chirurgicales , et une chapelle dans laquelle on lit tous les matins un chapitre de l’écriture , et du livre descommort prayers. Une des chambres de jour des hommes devroit être plus spacieuse , et il en faudroit une seconde pour les femmes. Les cours sont aussi trop resserrées. Les chanv» ET DES Hôpitaux. bres pour les femmes , et leur cour , sont plus aérées qu’elle ne l’étoient autrefois , parce que le jardin en est voifîn. Le geôlier paye la taxe des fenêtres et celle de l’eau : près de la porte est un papier avec cette inscription : « Le dimanche, personne » n’est admis dans cette maison après neuf » heures du matin jusqu’à cinq heures du soir». Lors de ma visite en 1777 , il y avoit parmi les félons deux débiteurs de la cour de con- science ; en 177P , trois ; en 1783 , six. J’ai toujours trouvé la maison propre , et les pri- sonniers soumis et tranquilles. Il y a mainte- nant une chambre de travail où l’on prépare le chanvre. Deux des chambres de nuit des femmes sont destinées aux criminelles con- vaincues , qui ont aulTi une cour séparée avec de l’eau , &c. Comme j’y ai vu plufieurs fois des malades parmi les prisonniers , ceux qui s’empressent à soulager les maux de leurs sem- blables , devrôient s’occuper de faire cons- truire une infirmerie au-dessus des salles des femmes. Westminster-Gate-House. Cette prison , propriété du doyen et du «hapitre de Westminster , étoit fituée sur deux / i6o Etat des Prisons rues 5 mais elle tomboit en ruines; on l’a aÇ^at- tue pour en élever une nouvelle en Tothill- Fields , touchant au Bridewell; mais celle-ci étoit encore vuide le y août 177p. A ma visite, le 22 août 1783 , il n’y étoit point encore entré de prisonniers. Il doit y avoir ici une sépa^ ration entre les débiteurs et les félons. Dans la cour des derniers il y a quatre petites cham- bres pour ceux qui ne se soumettent point â l’ordre. Les débiteurs et les félons sont éga- lement sous l’œil du geôlier , quoiqu’ils ne se voyent pas les uns les autres ; les cours sont abondamment pourvues d’eau par des ca- naux qui communiquent à la New-Rlver. Le mur extérieur en est trop bas , et des instru- mens peuvent être jetés facilement par-dessus* Pour faire une prison sûre , il faudroit cons- truire un nouveau mur tout autour d’elle 5 comme à ïlertford'Gaolt S O U T H V A R K. The King’s Bench Prison* Cette prison étoit composée en partie dô vieux bâtimens, en partie de nouveaux. L’an- cien bâtiment étoit autrefois un café tout contre la porte , et attenant une rue appelée la ET DES Hôpitaux. ï^i la rue du roi. A main droite ctoit une espèce de cabaret, et quatre maisons pour les pri- sonniers , chacune consistant en un rez-de- chaussée et deux étages , dans chacun desquels étoient quatre chambres : elles étoient grandes d’environ dix pieds en carré , et hautes de sept. De l’autre côté de la rue étoient une cha- pelle et lix maisons pour les prisonniers , d’une profondeur égale à celle des précé- dentes ; mais dans celles - ci les chambres du derrière ne communiquoient pas à celles du devant. A l’extrémité de ces chambres du devant, au rez -de -chaussée étoit une cuisine commune, et beaucoup trop petite : le cui- finier étoit un des prisonniers. Chacune de ces inaifonsavoit un rez-de-chaussée et deux étages, toutes les chambres qui avoient jour sur la rue , et toutes celles des maisons opposées étoient destinées aux débiteurs, qui payoient pour cha- que chambre non garnie un schelling par se- jnaine. Le derrière des maisons qui occu- poient le côté gauche de la rue étoit destiné aux débiteurs qui ne pouvoient payer ; les portes étoient du côté .opposé à la rue: la première chambre au rez-de chaussée étoit appelée leur cour. Les deux maisons qui étoient à l’extré- .mité de ce rang de maisons, étoient de fix chambres chacune , et destinées aux débiteurs Tome 11, ' L j62 État des Prisons de la couronne et aux amendés ; elles étoienf appelées cours de la couronne ; le reste de ce rang étoitpoiir les débiteurs pauvres ; ils occu- poientles trois étages. A l’extrémité de la rue du roi, dans une petite cour enfermée dans cette enceinte , étoit un bâtiment appelé la maison d’jétat. Son rez-de-chaussée , ses deux étages étoient divisés chacun en quatre cham- bres assez grandes. Le débiteur qui cholfissoic d’y être logé , payoit huit à dix guinées pour tout le temps qu’il l’habitoit , et de plus un schelling par semaine , comme les autres dé- biteurs. Tous ces anciens bâtimens avoient grand besoin de réparation. Les nouveaux bâtimens étoient d’abord une maison qui touchoit à la porte, pour les guiche- tiers: les chambres en étoient ircs-commodes; il y avoit même un prisonnier qui payoit uii loyer confidérable. Le principal des nouveaux bâtimens étoit à l’extrémité de la -cour : les deux corps de logis formoiem un angle droit. Il y avoit en tout soixante-quatre chambres au rez-de-chaussée; elles a voient environ treize pieds de long sur onze de large , et à peu près huit pieds de haut. L’autre aile avoit été bâtie comme la prison de la FLeet i mais elle éco it plus aérée et plus commode ; ET DES Hôpitaux. elle avoit auffi trois étages , dans chacun étoit un corridor ou passage large de sept pieds et demi , et long de soixante-treize et demi : les chambres étoient distribuées sur les côtés j il y en avoit onze à chaque étage, et cha- cune avoit treize pieds et demi de long sur neuf et demi de large , et environ huit -jde haut. La prison est bien fournie d’eau ; en y > faisant l’amélioration de cent huit nouvelles chambres , et d’une cour spacieuse , on auroit dû songer à y bâtir une infirmeih’e. A plus d’une de mes visites , et je les ai répétées It** souvent dans cette prison , comme dans les autres, que j’en ai oublié le nombre, quel- . ques prisonniers avoient ia petite vérole. Ils y étoient en fi grand nombre dans l’été de 1776, qu’un prisonnier payoit y schellings par semaine pour la moitié d’un lit, et que plu- sieurs couchoient dans la chapelle. En mai 1775 , le nombre des prisonniers étoit de trois cent quatre-vingt-quinze, et par une liste faite avec soin , que je sus me procurer , je vis que leurs femmes , en y comprenant celles qui n’en avoient que le nom , étoit de deux .cent soixante-dix-neuf , et celui des enfans .de sept ceiu yingt-cinq ; ce, qui faisoit un Lij ,^4 Etat des Pkisons total de mille quatre personnes, dont environ les deux tiers vivoient dans la maison. Tel étoit rétat de cette prison en 1776 ; mais -dans les années qui ont suivi, quelques-uns -des anciens bâtimens ayant été abattus , on a ajouté aux nouveaux bâtimens une chapelle -et plufieurs chambres, et de plus une nou- * velle aile , semblable à celle dont j’ai parlé ; ^ mais on a encore oublié d’y bâtir une infir- ^ merie. Cette prison spacieuse est ceinte d’un | mur épais , d’environ trente pieds de haut, garni de chevaux de 'frise. * Les limites de cette prison s’étendent fort loin; elles renferment S. Georges- Fie Ids , un côté de Blackman - Street et une partie de Borough-High - Street. On l’a vifitée à la S. Michel, comme un acte de la trente-deuxième • .année de Georges II le prescrit : cependant -à ma première >vifite j’y trouvai un lieu où ^ j .l’on .vend du vin , .un autre -où l’on vend la . ..bière ; on peut à peine 'y passer quelques minutes sans y voir jouer aux quilles , à la ..paume, au missisipi, au >porto-bello , et à cUii grand nombre d’autres jeux. Cette prison fut brûlée -dans la sédition de 1780; le touta été rébâti sur le plan des nou- * veaux bâtimens. dont nous venons de parler, • ïT CES Hôpitaux, II- n’y a point encore d’infirmerie , mais on y a- introduiti grand nombre de bonnes règles , et une administration plus vigilante; on a mis' de plus fortes barrières à la paffion du jeu , à l’usage illicite d’y vendre des liqueurs spi- ritueuses , et d’y introduire en fraude d’autres objets. Les ordonnances d’administration y sont exposées aux yeux de tous les prisonniers ; on y ordonne de mettre aux ceps les jureurs , les rebelles, les blasphémateurs , les querel- leurs , &c. On y permet à tous les prison- niers d’appeler à un juge ou au tribunal , des injustices qu’ils reçoivent ou qu’ils croyent avoir reçues ; on y défend la bien-venue , la distribution partiale des aumônes ; on prescrit de faire des recherches sur ceux qui meurent ; d’avoir pour les vivans de la bonté , de l’hu- manité ; que la salle , chauffée et bien tenue , puisse servir aux exercices de piété ,ou à la con- versation; on prescrit enfin tout ce qui peut en- tretenir le bon ordre, tout ce que l’humanité con- seille, sans nuire au but qu’on s’est proposé, en élevant la prison. On ordonne qu’il y ait deux chambres pour les malades ; qu’aucun homme , prisonnier par habeas corpus , ne soit envoyé à /a Fleet\ que les serviteurs ne partagent point les aumônes ; que la chapelle L iij i66 Etat des Prisons- soit entretenue et desservie exactement; qu’en- fin Je gardien , les serviteurs , et les prison- niers coupables , les uns d’avoir abusé de l’au- torité , et ies atiires de s etré rebellés , soient tous traités à la rigueur ( i ). Les droits ne sont pas considérables ; les prisonniers ont fait aulTi des ordonnances , comme à la prison de la. Fleet , et elles sont imprimées ; elles doivent être observées , 'di- sent - ils , par chaque membre dv collège , car c’est ainsi qu’il leur a plû de se défigner : il en est plusieurs qui sont peu convenables; aiilTi la plupart sont- elles oubliées. Lés pro- duits de charités ou dons montent annuelle- ment à plus de 8o livres sterling. Le geô- lier y a Je nom de marshal ; il a un lieute- nant : il n’a de falaire que ce qu’il retire des prisonniers pour le loyer des chambres. Il n’y a point de chirurgien , le chapelain y fait le service Je dimanche ; il y donne les sa- cremens une fois par mois. Chaque prison- nier lui doit 2 sous sterling , et c’est son sa- laire. En août 1779 , j’y trouvài cinq cent (i) C’est là le résumé d’un grand nombre de règles d’ordcAinances de police fort curieuses en Angleterre, où on peut les améliorer encore , ou du moins où il reste fouvent à les faire observer , mais qui seroient en France moins bien-venues des leéteurs. tT DIS Hôpitaux. x6y ^onze personnes ; en août 1783 , cinq cent trente - deux ; c’est là le plus grand nombre * » cédures sont rapportées jusqu’à ce que les » frais montent à une somme au-dessus de » 46 schellings. Le débiteur est jeté en pri<- son , et en ajoutant les frais à la dette , le » dernier acte du parlement est éludé par de » frivoles arrêts et des vexations inouies ». M. Henri Allnott, qui fut détenu dans cette prison plusieurs aimées , hérita d’un bien coii- lidérable pendant sa détention. Il éprouva , par les maux qu’il y avoit soufferts , un mou- vement de sympathie envers ceux qu’il y laissa , et légua 100 livres sterling par an pour délivrer de pauvres débiteurs, dont les dettes n’excédoient pas 4 livres. Il destina les revenus de son manoir de Goring en ET des'Hôpitaux. * 1711 Oxfordshire pour ce charitable usage , qu’on a depuis appelé la charité d* Oxford , et dont plusieurs prisonniers éprouvent chaque année l’utilité bienfaisante. Cette prison a un chapelain qui fait' le service tous les quinze jours , et reçoit pour salaire un sou sterling de chaque prisonnier déchargé; le chirurgien reçoit de même ses appoimemens. Borough-Com pter. Cette prison , fituée dans Tooley - Street , à l’usage du bourg de Southwark , qui ren- ferme quatre paroisses et partie d’une cin- quième , avoit en 1775) sept chambres pour les débiteurs qui pouvoient payer , et une chambre au rez-de-chaussée pour les pauvres débiteurs , dans laquelle ils étoiem confondus durant le jour et durant la nuit avec les cri- minels. Il y avoit de plus une longue chambre au-dessus destinée aux filoux , et plus haut une chambre dont on ne se servoit pas , parce qu’il étoit facile de s’en échapper. Les femmes étoient dans une cuifine toute construite en pierres , et divisée en deux chambres. Trois des chambres destinées aux débiteurs avoient des lits de planches ; la plupart des débiteurs Etat des Pris-ons sont de pauvres gens de la cour de conscience ^ qui demeurent en prison jusqu’à ce que leurs dettes soient payées. Un certain noni' bre d’entre eux sont annuellement délivrés par une société formée pour le foulagement des perfonnes arrêtées pour de petites dettes. La cour éioit très-petite ÿ il y avoitune chapelle, et point de chapelain. Tout le bâtiment étoit en mauvais état , il tomboit en ruine ; on n’y voyoit point d’infirmerie, point de paille, et point de couvertures. Le geôlier en est nommé par le grand bailli , dont l’office est à ta dis- pofition de la cour des aldermans , une ins- cription datée de 1716, l’appelle le Borough-^ Court , mais le tribunal se tient à S. Mar- garet^s Bill. Elle auroit pu être plus commode si l’on avoit bâti sur un terrein de quarante- «n- pieds' sur vingt , ffiué derrière la mai- son , et 'dont le geôlier avoit fait un jardin» Ce geôlier n’y reçoit point d’appointemens ; il -n’y 7x point de chirurgien ,* on y permet la vente du vin et de la bière ; chaque débiteur y r eçoit un pain de 12 onces , la ration est ia mdme pour le prisonnier. Dans huit .vifites que j’y ai faites de 1774 à 1783 , le plus grand nombre des prisonr- niers s’est trouvé de trente-sept débiteurs et cle quatre 'félons en 1774 : le moindre a été "et des hôpitaux. 175 de dix débiteurs et trois criminels, et c’étoit en 1776, Cette prison fut détruite dans la sédition de 1780; la prison actuelle existe dans une maison voifine , louée par le geôlier , qui a une cour longue de quatorze pieds et demi , et large de onze ; une chambre de jour de dix-sept pieds de long sur douze de large,' avec un plancher de brique ; le logement des hommes , de seize pieds de long sur qua- torze, est placé au second étage.,Lors demi dernière visite il y avoit dix -sept personnes; quelquefois il y en a deux ou trois , quel- quefois vingt. Les femmes logent dans la chambre du jour , commune à tous ; les pri- sonniers n’ont point de couvertures. Il y a encore trois ou quatre chambres pour ceux qui peuvent les payer. Par un legs d’Elconor Gwinn , les débiteurs reçoivent et partagent entre eux 6^ livres de pain dans l’espace de huit semaines. On n’y trouve affichées ni la liste des dons et des legs, ni celle des droits, ni les défenses contre la vente des liqueurs spiritueuses ; les débiteurs de cette prison , comme de celle du King's-Bench, de la Flett, Marshalsea , reçoivent à Noël un don de 20 schellings de l’archevêque de Cantorbeiy.^ 174 Etat des Prisons Les autres prisons de Southwark , telles que la nouvelle prison de Borough , le Bride- well dans S. Georges - Fieldsy appartiennent au comte de Surrey. ET DES Hôpitaux. iTi*, SECTION XXIX, Prisons du comté Hertford, -Tjes appointemens du. geôlier de fe prison de ce comté sont de loo livres ; ceux du chapelain de 40 livres ; il n’y fait le service que le dimanche ; ceux du chirurgien de 20 livres, ■ Les débiteurs ne reçoivent rien du public ; les criminels doivent recevoir du geôlier une livre de pain par jour. Le plus grand nombre des prisonniers que j’aye trouvé , étoit de seize débiteurs et de seize criminels , c’étoit en 1776 ; le moindre nom- bre est de deux débiteurs et de quatorze criminels , c’étoii en lyyd. L'ancienne prison bâtie en 1702, étoit au centre de la ville ; elle avoit deux petites chambres de jour sur le devant , destinées nux criminels , et ils y étoient toujours ren- '/ermés. On n’y pouvoit faire de feu , leurs cachots ou chambres de nuit. étoient profonds, ■ l’un de dix-huit marches , l’autre de dix-neuf. Au - dessus des chambres de jour , il y en ‘ avoit une grande remplie de gros meubles, 1^6 Etat des Prîsons et à côté de celle-ci il y en avoit une autre pour loger les femmes criminelles. Sur le derrière étoit une petite cour pour les débi- teurs J et l’on ne craignoit pas de mettre avec eux les femmes accusées de crimes. De chaque côté de cette cour il y avoit deux chambres au rez-de-chaussée, et deux- autres pour les débiteurs. Il n’y avoit ni chapelle , ni infir- merie. On n’y avoit point affiché l’acte pour la conservation des prisonniers , ni les dé- fenses relatives aux liqueurs spiritueuses. Dans l’intervalle d’une de mes vifites à l’au- tre , la fièvre des prisons y régna , c’étoit en 1775”; il mourut sept ou huit prisonniers et deux guichetiers ; lés criminels furent -alors envoyés au Bridewell. Ou avoit desceuviu même un prisonnier qu’on croyoit mort dans un des cachots , et qui ayant été lavé avec l’eau de la pompe , donna des figues de vie , -et se rétablit ensuite. On a divers exemples de faits semblables. A ma seconde visite en 1776 , il y en avoit quatre de malades. Cette ancienne prison n’avoit pu être ren- due ni plus saine ni plus commode; mais on en a transporté les prisonniers dans une nou- velle maison fituée au -dehors et près de la ville; celle-ci a des chambres séparées et >.iix prisonniers 3 pence par jour, pour 2 liv. sterl. de paille tous les ans , et du charboix pour la meme somme. Leur nombre est peu considérable , et varie d’un à trois. Les ap- pointemens du concierge sont de 30 liy. sterL et il ne peut rien demander. Nexc'port a un Bridewell qui fut bâti en lyyy. La façade est élégante, quoique simple, 'On y a ménagé un logement pouf le con- cierge, et une salle où s’assemblent les juges. Derrière est une cour pour les hommes; an milieu se voit une pompe : au fond règne au rez-de-chaussée une vaste salle de travail , garnie d’une cheminée , la seule qiril y ait dans la maison ; au - dessus est une salle de travail plus petite , avec une chambre. A gauche de la cour sont deux chambres au rez-de-chaussée, et deux encore au-dessus. Toutes ces chambres sont pourvues de bois de lits garnis de planches ; mais on y est in- commodé de l’odeur des latrines. Le con- cierge a vue sur cette cour. Les femmes ont une petite chambre par bas et une au- dessus, de dix pieds en carré. Ces chambres', quoiqu’attenantes à celles des hommes , n’onî aucune communication avec elles. On s’y rend par l’appartement du concierge, La cour £11 est absolument séparée. Mais comme elles ipo Etat des Prisons sont trop petites pour contenir un certaîit riombre de femmes , à ma dernière visite , je trouvai une partie de celles- ci dans le quartier des hommes. On viendroit à bout d’opérer une séparation complète, en ajoutant deux des chambres des hommes à celles des femmes. Ce Bridewell n’a point d’infirmerie. La pitance actuelle est de deux livres de pain. La paille coûte 2 liv. sterl. par an , le feu , jpendant l’hiver, 2 guinées. Les appointemens du concierge , ci-devant de 25“ liv. sterl. sont aujourd’hui de 32 liv. sterl. ; il ne peut exiger de droits. L’acte contre les liqueurs fortes n’est point affiché dans la maison. L’on obvieroit à l’évafion des prisonniers, en élevant dans la cour , à fix pieds environ de la porte du con- cierge , une palissade et une porte. De 1776 à 1782, le nombre des prison- niers a varié entre trois et quinze. Les revenus duBndewelid^Halstead avoient été pris sur une fondation particulière. Les hommes et les femmes travailloient et cou- choieni séparément. Il y avoit une chambre pour les malades ; mais le bâtiment tomboit en ruine. Il s’y trouvoit une cour où les hommes se rendoient durant une partie de la journée , et les femmes durant une autre. X^’eau manquoit. Le concierge recevoit 32 1. ET DES H 6 P I T A ,U X. Ipl Sterl. d’appointemens, et rien des prisonnier?. La pitance journalière de ceux-ci consistoic en une livre et demie de pain , avec une pinte de petite bière. Ils fîloient , mais sans participer au bénéfice. Cette maison brûla en mars 1781, et quatre prisonniers périrent dans les flammes. Lors de ma dernière visite, on en bâtissoit une autre sur un terrein acheté par le comté. Barking a dans son Bridewell une chambre pour les hommes , longue de quinze pieds sur dix et demi de largeur, haute de sept, -et éclairée de deux fenêtres qui donnent' sur la rue , avec une autre chambre pour les femmes , longue de treize pieds quatre pouces , large de onze , haute de huit , et éclairée d’une fenêtre , ayant deux pieds en carré. Ces deux chambres sont plancheyées , dépourvues de cheminées , fangeuses et infectées par les latrines qui en font partie. Il n’y a point de cour. Le concierge a un grand jardin ; point d’eau à laquelle les prisonniers puissent avoir accès. On leur donne trois pence par jour , sans les occuper. Le concierge a 28 liv. sterl. d’appointemens. Il ne peut exiger de droits. L’acte qui défend les liqueurs fortes n’est point affiché dans cette maison. Outre ces cinq ‘ Bridewells , Colchester a (ipï Etat, tes Prison^ une prison et iinBridewell pour sa banlieiieJ La première est composée d’une chambiepour les debiteurs , d’une chambre de force pour les criminels , et d’une autre pour les femmes accusées. Tout proche sont deux autres cham- bres, qui, depuis peu, font partie du Bri- dewell. La cour est très-infecte et peu sûre ; elle est sans eau. On ne donne point de paille aux prisonniers , qui reçoivent trois pence par jour et trente - six boisseaux de charbon pour l’hiver. Les appointemens du geôlier sont de 12 liv. sterl. Il a permission de vendre de la bière, et de percevoir 2 sous; 6 d. sterl. de bien-venue. L’acte qui défend les liqueurs fortes n’est point affiché. Harwich a aussi une prison de ville, quii renferme deux chambres donnant du côté de: la rue, et sans cheminées; sur le derrière,, deux autres chambres , dont une appelée: prison noire , et l’autre ayant une cheminée- Du reste, ni cour, ni eau, ni privés. Less prisonniers ont trois pence par jour ; le: geôlier, 2 liv. sterl. d’appointemens , et læ permission d’exiger des droits. Point de tarif, imprimé, S ECTION XXXI SECTION XXXI. Comté de Kent. T i A prison du. comté est placée à KLaids- tone'y son geôlier a soixante livres st.d’appoin- temens; il peut vendre du vin , exiger des droits, et 4a bien-venue. Il n’}^ a rien d’al- loué aux débiteurs. Les criminels reçoivent tous les deuxf jours un pain de deux livres et demie , et chaque jour deux pintes de petite bière. Il y a un chapelain et un chirurgien. Les appointemens du premier et du second sont de cinquante livres sterling; mais celui-ci est de plus chargé des malades du Bride^ell. Le chapelain ne fait le service que le di- manche. Cette prison, construite en 174(5, offre» au premier étage , huit chambres pour les 'débiteurs , le^uelles s’ouvrent sur un cor- ddor large d’un peu plus de six pieds. Au- dessous sont les criminels, enfermés dans lin espace de treize pieds en carré , ceint d’un mur épais de trois pieds pqui leur intef- t Tome IL N ^ Etat des Prisons cepte la lumière et l’air. Les fenêtres des débiteurs et des criminels sont presque bou- chées par de doubles barreaux de bois. II y a trois cours , l’une pour les débiteurs , les deux autres pour les criminels des deux sexes. Ces deux dernières sont trop petites , et il seroitaisé de les rendre plus spacieuses, en y joignant le lerrein qui est derrière la prison. Elle a, depuis peu, une chapelle. Les cliambres de nuit des criminels ont de doubles portes ; et si l’une des deux étoit formée d’une grille de fer comme à Horsham , et qu’on laissât l’autre ouverte pendant le jour', les chambres seroient plus fraîches et plus aérées. Il y a pour les malfaiteurs con- damnés deux cachots de douze pieds en carré , où l’on descend par un escalier de onze marches. Les criminels reçoivent annuel- lement dix mesures de charbon de terre de .trente-six boisseaux chacune. Ils ont des bois •de lits, delà paille , mais point de couver- tures. * Depuis quelque temps , le comté se dis- tingue par Un acte.de bienfaisance, qui con- siste à payer les droits des prisonniers dé- chargés , et à continuer aux malfaiteurs con- damnés à être transportés , la ration journa- lière qu’il leur faisoit auparavant , quoique j ET DES Hôpitaux. i^ii moment où la sentence est prononcée , ils reçoivent du roi 2 sous 6 den. sterl. par semaine. Il paye aussi au geôlier les droits que ces malheureux lui doivent. Les crimi- nels ayant désiré qu’on leur donnât moins de bière et plus de pain , il leur a accordé leur demande^ Le boulanger envoie treize pains pour douze , et le treizième est partagé entre les débiteurs, qui ont en sus trois me* sures de charbon , formant cent huit bois- seaux. Il y a une cloche pour sonner l’alarme > et un ventilateur à voiles. L’infirmerie est mal située , il n’y a pas de bains ; on ôte les fers aux malades , lorsqu’ils le demandenti. On a eu soin d’afficher les défenses contre l’introduction des liqueurs spiritueuses ; mais non l’acte pour la conservation de la santé des prisonniers. Si l’on n’apportoit pas ' une attention soutenue à séparer les malades , la fièvre des prisons feroir des ravages dans celle-ci, à raison des vapeurs mal- faisantes qui s’élèvent de la cour et des chambres des criminels. Un des Bridewells du comté est aussi à Maidstone j il fut bâti en 1776. Il y a pour N ij Etat des Prisons chaque sexe deux chambres, une petite salle, une inhrmerie et une cour. Les cayes sont pavées et lavées , ainsi que les chambres ; ce qui rafraîchit les unes et les autres j et puritie l’air. En 1779 , je trouvai les chambres vuides, mal - propres et infectes. Les prisonniers étoient à l’ouvrage 5 ils n’ont aucune part dans le profit. Le comté leur donne trois -pence par jour , excepté le dimanche , et cinq mesures de charbon par an. Les ap- pointemens du concierge sont de 30 liv. st. , outre 3 sous 6 den. st. de droits que chaque prisonnier lui paye en entrant. Les ordon- nances de Jacques , de Georges II , de Georges III , sur l’administration des pri* sons , sont affichées dans les chambres. J’y ai vu, en 1779, deux prisonniers malades de la petite vérole, couchés sur la paille, sans autres couvertures qu’une natte , commune à tous. Le plus grand nombre de prisonniers que j’y aye trouvé étoit de quinze. Dans le Bridewell situé à Cantorbery, les hommes sont séparés des femmes. Ces dernières ont leur chambre et leur cour sur le derrière. Les premiers ont une salle ou cuisine sur la rue , et trois chambres de nuit , qui s’ouvrent sur un corridor large de quatre pieds. Ils n’ont ET DIS HÔPIT au X, ’ lp7 point d’eau à leur portée , ni de cour; on pourroit leur en former une, en prenant une partie de la basse-cour du concierge. Les, chambres sont propres et régulièrement blan- chies. Le comté alloue à chaque prisonnier dix-huit onces de pain par jour. Iis sont sans occupation. Le concierge ne peut exiger de droits ; et pour qu’il n’ait pas. lieu de se plaindre de cette défense , on a porté à 46. liv. sterl. ses appointeraens , qui n’étoient que de 25*. Il a permission de vendre de la bière. L’infection des privés et l’habitude^ où sont les prisonniers de coucher avec leurs habits, faute de couvertures , rendent cette prison mal-saine. Le nombre >des prisonniers: varie de quatre à treize. Le dernier Bridewell du comté est àDart- ford. Bâti en 1720 , il consiste en deux chambres assez grandes , l’une pour les hom- mes, l’autre pour les femmes. Ces chambres j.. dépourvues de cheminées, sont d’ailleurs mal-propres et infectes. La maison n’a point d’eau. On n’y donne point de paille aux prisonniers , qui sont’ réduits à des nattes usées. • Le concierge a un jardin , 20‘liv. st. d’ap-» pointemens , et le produit des droits qu’oa Niij 'ipS Etat des Prison# lui permet d’exiger. Les malfaiteurs ont deux- pence et demi par jour. De 1776 à 1782 , le nombre des prisonniers a varié entre six et huit. J’appris du concierge que , deux ans aupa- ravant , il régnoit dans celte maison une fièvre pestilentielle , dont lui - même ne fut pas exempt : trois prisonniers en étoient morts.. Lors de ma visite ,• il n’y avoit point de ma- lades, et tous les bras étoient occupés, soit à préparer du chanvre, soit à ourdir de grosse toile. Tel étoit , en 1776 , l’état de ce Bridewell. En 1779 , je trouvai qu’on l’avoit augmenté de deux cours j^ne pour chaque sexe, prises sur le jardin diî concierge , et pourvues "de pompes et de privés. Celle des hommes a de plus que l’autre une chambre destinée aux malades ; mais les femmes n’ont aucune espèce de lits ni de couvertures. Cette maison a trois cachots humides et peu sûrs , qui devroient être planeheyés. En 1782, j’y vis un prisonnier qui languissoit depuis trois mois, pour n’avoir pas acquitté les droits des juges et ceux du geôlier , le tout formant une somme de i2 sous 10 dem sterling. ÏT nti tloflTlUX. La prison de ville de Cantorbery est située 'au-dessus de la porte occidentale ( Tf^est’- gâte ) ■ elle étoit ci-devant composée d’une grande chambre , où l’on renfermoit , sans distinction , les hommes et les femmes. Cette confusion ne subsiste plus, Dans chacune des deux tours est une chambre de nuit de onze pieds et demi de diamètre;, ni cour ni latrines. Il n’est pas permis aux prisonniers de prendre l’air sur les plombs. Ils reçoivent chaque jour en pain la valeur de deux pence. Le geôlier n’â que 5 lïv. st. d ’appointemens mais il retire des droits assez forts. Il tient un cabaret dans le voisinage; et là, il loue une ou deux chambres aux débiteurs en état de payer. On n’a , dans cette prison I aucun, égard au réglement qui enjoint que les murailles soient blanchies au moins une fois par an. Depuis 1774 jusqu’en 1782, lé nom- bre des prisonniers a varié de trois à neuf. Cette ville a aussi un Bridewell particu- lier ; mais il est souvent désert. Un atelier et «une chambre sont tout ce qui le compose. L’atelier est bien situé ; une petite rivière passe auprès entre deux cours ; mais c’est un vieux bâtiment trop renfermé, et dont le pla- fond est trop bas. A Rochesier , la prison de villé est située N. iv 2.00 Etat des Prisons sous la salle d’audience ; elle a une chambre de jour, qui donne sur la rue, et deux de nuit, sur le derrière; toutes trois sont ren- fermées et infectes. Dans le logement du geôlier , se trouve une chambre pour les débiteurs qui ont de quoi payer un lit , et une autre où l’on mettoit les femmes accu- sées , lorsque les assises se tenoient dans cette ville. Point de cour , point d’eau à la portée des prisonniers. Ils reçoivent deux pence par jour. Le geôlier est un sergent qui n’a point de gages fixes ; mais il perçoit des droits. Cette prison fut bâtie en 1687 3, et l’on n’y a rien changé depuis cette épo- que. Elle est quelquefois vuide, et n’est jamais trop habitée. Le Bridewell de Rochester a deux cham- bres, où l’on descend par huit degrés, four* nies de paille et de bois de lits. On y lit sur la porte^ l’inscription suiyante : Richarj> WATTS ipiir son testament , en date du 22 août 1 57P , fonda cette maison de chanté en faveur do six pauvres yoyageurs y lesquels ^ en prouvant ^ qidils ne font ni des vagabonds ni des voleurs , y seront hébergés et nourris gratuitement un jour et une nuit , et recevront en sortant quatre pence chacun. Le concierge a 8 liv. st^j. d’appointemens , qui sont pris £T DES Hôpitaux. 201 sur la fondation. Ses droits se bornent à i sou sterl. \ Il y a dans le château de Douvres une prison pour les débiteurs des cinq ports , savoir J Hastings , Douvres 5 Hyth, Romney, et Sandwich. On y voit deux chambres assez grandes. Les privés les rendent mal-saines. Il n’y a point de cour; mais on y en pourroit faire une aux dépens du jardin du geôlier. La maison manque d’eau. Le geôlier est bailli pu sergent des cinq ports. Il a 30 liv. d’ap- pointemens, et perçoit des droits. Cette pri- son est assez mal tenue. Je n’y ai pas vu au delà de quatre prisonniers à la fois. La prison de ville a deux chambres au xez de-chaussée , et deux au-dessus pour les débiteurs : une autre y sert de Bride well; on y peut faire du feu ; toutes sont renfer- mées et infectes. Cependant, en 1782, 011 les avoit rendues plus propres; et comme le geôlier n’avoit plus la permission de vendre de la bière ou du vin, il y régnoit plus de tran- quillité. La cour n’est point sûre. On donne aux prisonniers quatre pence par jour. Le geôlier a d’appointemens ïo livres stqrl. et trente-six boisseaux de charbon de terre ; il perçoit 8 sous y den. sterl. de droits. Je n’aî 202 Etat des Prisons jamais trouvé plus de cinq prisonniers dans cette maison , dans cinq visites que j’y ai- faites, La prison de Romney fut bâtie en 1720 ,* elle a deux chambres , Tu ne au rez-de-chaus- sée , et l’autre au niveau de la cave du: geôlier. Derrière est le Bridewell # grande chambre où l’on peut faire du feu. On donne six pence par jour aux malfaiteurs. Le geô- lier n’a point d’appointemens 5 mais il perçoit des droits. La prison et le Bridewell de Sandwicir sont réunis ; on y trouve une chambre suc le devant, et une sur le derrière, qu’on ap- pelle cachot. L’étage au-dessus a deux cham- bres dans la cour. Il y a deux chambres neuves, où l’on peut faire du feu. Une inseriptioiir annonce que cette maison fut bâtie en 1776,, aux frais des paroisses de Sandwich , de la paroisse de Walraer et des villages de Ramsgate .et de Sarr. Il n’y a ni cour , ni eau , nr latrines. Le geôlier est sans appointemens j il perçoit des droits. La prison de Deal a une petite chambre' avec»un bois de lit. Le geôlier n’y demeure pas , et est sergent de la ville. Les criminelsi peuvent s’en échapper avec facilité* ÏT DES HÔPITAUS*. 203 SECTION XXXII. Comté de Sussex» T y A prison du comté est à Horshtim ; celle dont on se servoit anciennement étoit com- posée de chambres trop petites , excepté l’appartement des débiteurs. La paiJle y man- quoit ; elle n’avoit point de cour, bien qu’il eût été facile d’en pratiquer une sur le der- rière J dans un terrein vacant. L’on y accor- doit aux malfaiteurs condamnés à la trans- portauon , par les sessions de trimestre , les 2 sous 6 den. st. par semaine que le roi donne à ceux qui sont jugés par les assises. Aux assises du carême , qui se tiennent à East- Orenstead , les prisonniers sont renfermés dans le grenier d’un brasseur ; auparavant , ils l’étoient dans la cave d’un boucheri Les assises d’été se tiennent alternativement à Lewes et à Horsham. La prison actuelle fut commencée en 1776, et , finie en 177p. Le duc de Richmond , secondé par divers par- ticuliers , a pris un vif intérêt à sa construc- tion. La situation est bien choisie , et le plan est ce qu’il doit être. La solidité du 504 ^TAT nES Prison* bâtiment montre que les entrepreneurs nY ont rien épargné. Chaque criminel y a une chambre à part , longue de dix pieds sur neuf de large , et haute de neuf. Toutes sont voûtées en briques , pour obvier au danger et à la confusion, en cas d’incendie, et cha- cune a deux portes , dont l’une est un treillis de fer. Cette prison a deux étages sur arcades ; l’escalier est de pierre , garni d’une balus- trade de fer. Chaque étage , partagé entre les débiteurs et 'les criminels, a dix chambres séparées par un corridor large de cinq pieds > outre une salle de jour , longue de vingt- huit pieds sur douze, et une chambre pour le guichetier. Chaque étage à une porte eiî treillis de fer ; chaque chambre une fenê- tre avec un volet, un bois de lit, un ca- nevas pour mettre de la paille , et deux cou- vertures. Le comté a encore l’humanité d’as- signer un boisseau de charbon aux débi- teurs, et un aux criminels pour chaque jour des. six mois d’hiver. Celte maison' a deux cours spacieuses , et de l’eau dans chacune : un mur l’environne- toute entière. Près de la porte est un tronc an- profit des prisonniers. Les criminels, à leur entrée > sont lavés ïT DES Hôpitaux. 20^ avec de l’eau chaude, et revêtus 'd’un habit complet et uniforme , rayé de vert. On' y joint deux chemises , deux paires de bas , une de souliers , un chapeau et un bonnet de laine. Le comté a prudemment fixé le nombre des guichetiers. Ils sont trois , et chacun a une demi-guinée par semaine. Hun d’eux va deux fois par jour acheter les pro- visions que désirent les débiteurs , cjui ne peuvent se faire apporter plus d’une pinte de vin par jour , ou plus de deux pintes de bière forte. Les criminels ne boivent que de i’eau. Les juges ont envoyé dans la prison une balance et des poids , afin d’obvier à la fraude du boulanger. La maison est tenue fort propre ; cfn n’y voit point l’acte pour la conservation de la santé des prisonniers ; mais bien celui qui cféfen’d les liqueurs fortes. Le geôlier devroit avoir dans sa cuisine une fenêtre donnant sur la cÔur des débiteurs , et une dans sa salle , donnant sur celle des criminels. Le comté a aboli les droits qu’il étoit dans l’ha- bitude d’exiger ; il lui a de même interdit la vente du vin et de la bière; ce qui rend cette prison tranquille comme ilne maison de particulier. Le geôlier a 100 liv. st. d’ap- pointemens ; le chapelain yo. Il fait la prière ■■ £>0^ Etat des Prisons tous les jours , et prêche une fois par se- juaine. Le chirurgien ne voit que les crimi- nels, et reçoit 5^ liv. y sous sterl. par an. De 1775 à 1782, j’ai trouvé, dans cinq visites, que le nombre des prisonniers avoit varié de dix-huit à vingt-trois* Le comté avoit un Eridewell à Horsham ; mais il n’existe plus. A Lewes, les hommes et les femmes ont des appartemens pareils , mais séparés. La maison/renferme une cuisine, cinq chambres de nuit , un atelier , une cour , &c. Les ap- pointemcns du concierge sont de 50 liv. st., €t il perçoit des droits. Le produit du travail des prisonniers, de 1776 à 177P , ne s’élevoit pas à vingt schellings pai\année , quoiqu’il 3^ eût eu en 1776 quarante- cinq prisonniers, en 1777 quâtre-vingt-cinq, en 177P soixant€- cinq. A mes dernières visites, je n’en trouvai point à l’ouvrage. Il y avoit des cribles , des maillets, de la craie dans l’atelier des hom- mes 5 ce qui feroit penser qu’on les occu- poit quelquefois à blanchir les murs. Le con- cierge a tout le profit de leur travail. Le comté leur donne, treize onces de pain par jour. Le concierge n’a de vue ni sur les chambres ni sur les cours. Le chirurgien peut ordonner aux ET DES Hôpitaux. 207 ■malades une nourriture meilleure que celle des autres prisonniers. Petworth a aussi un Bridewell , formé de deux chambres généralement trop petites pour le nombre des prisonniers ; elles sont ^sans cheminées et sans vitres ni volets aux fenêtres. La maison n’a point de cour , point d’eau. Les prisonniers demeurent oisifs. Cha- que jour on leur donne un pain de deux livres, pesé par le concierge, qui doit, pour cet objet seul , avoir des poids et des ba- lances. H reçoit 30 livres st. d’appointemens; mais il ne peut plus exiger de droits. Il me dit, au mois de septembre 1774, ses prisonniers étoient fort afFoiblis , par l’in- suffisance de la nourriture , et pour être tenus trop à l’étroit. Plusieurs moururent en 1776 , qui n’avoienc pas la fièvre des prisons ; je n’ose pas avancer qu’ils soient morts de besoin. Le froid ex- trême de l’hiver y contribua sans doute. De- puis cette époque , le duc de Richmond a fait doubler la ration , qui n’étoit alors que d’une livre de pain. Cette maison a coûté la vie à bien de malheureux ; mais j’apprends avec plaisir qu’on se propose de la remplacer par une neuve. A Baitel, le Bride\7ell a deux chambres , ûoS Etat des Prisons dont une à cheminée ; l’autre contient leS ceps : toutes deux sont d’une grandeur mé- diocre. La cour n’est pas sûre. Il n’y a de l’eau que dans le jardin du geôlier. On ne donne que 7 farthings par jour aux prisonniers. Cette ration n’a pas changé depuis près d’un eiècle. Le concierge a 10 Üv. st. d’appointe- tuens , et perçoit des droits. Il y a à Chichester une prison et un Bride- Well .pour la ville. Ces deux établissemens consistent en cinq chambres , avec une cour où l’on vient de placer une pompe. Les pri- sonniers ont deux pence par jour. Lesappoin- temens du geôlier sont de y liv. sterl. Il lève des droits sur les débiteurs. Une vieille tour, nommée Ypres - fort , .sert de prison à la ville de Rye. Le rez - de-- ’.chaussée et le premier étage sont composés chacun de trois chambres , dont une a dix-sept pieds de diamètre, et une cheminée. Les deux autres n’ont de diamètre qu’environ six pieds. On donne aux prisonniers un penny et demi par jour. Le geôlier n’a que ses droits, La prison d’East Grinstead est au- dessous de la cour. Le constable en est le geôlier. Elle ne consiste qu’en une chambre de six pieds huit pouces en carré , et haute de cinq pieds huit pouces, ’ Section XXXIII £T DES Hôpitaux. 20p WmmÈÉmm SECTION XXXIII. Comté de. Surrey, T i A prison dü comté est dans Southwarki Son geôlier est sans appointemens ; mais les "droits qu’il exige sont assez considérables. Les appointemens du chapelain sont de JO livres sierl. ; ceux du chirurgien de 20 liv. sterl. , auxquelles on en ajoute j , pour la peiné qu’il prend de rapporter aux assise* l’état des prisonniers. On donne à ceux-ci en pain ia valeur de trois demi - pence par jour. On permet d’y vendre du vin et de la bière. La prison renferme la maison du geôlier ^ la taverne, une salle basse pour les débiteurs d’un état distingué , et quatre chambres assez grandes , qui peuvent servir au même usage. Il y en a trois autres, en bon état, pour les débiteurs du peuple. Le geôlier a soin qu’elles ne soient point remplies et embarrassées pat leurs femmes et leurs enfaiis. Il y a une coût pour ces sortes de prisonniers; les malfai- teurs ne peuvent s’y rendre j excepté un petit Tome IL - ^ 210 Etat des Prisons nombre , pour lesquels on a des raisons d’în- diligence. L’appartement des criminels est composé de six chambres distribuées en trois étages. Il y a une cour qui dépend de cette partie de la maison. Le quartier des femmes tachées de crimes est composé de deux chambres basses , de deux chambres hautes , et d’une cour. Les cours des malfaiteurs devroient être pavées de pierres plates , non seulement parce qu’elles en seroient plus faciles à laver, mais aussi pour le bon ordre et la sûreté. A plus d’un égard, il est dangereux de laisser des cailloux dans la cour des hommes. Il de- vroit y avoir une pompe et un bain mieux entretenu ; car , à plusieurs de mes visites , l’eau de la Tamise n’arrivoit point jus- qu es-là. Dans les deux chambres supérieures de l’appartement des femmes , on enferm.e les malfaiteurs de l’un et de l’autre sexe qui sont condamnés à mort. J’ai parlé de dix-huit chambres , et cepen- dant elles ne suffisent pas au grand nombre des prisonniers. Le geôlier est quelquefois obligé d’en placer dans l’appartement des femmes. Dans une prison si peu aérée , située dans un canton si populeux j il n’est pas éion- ET DES Hôpitaux. 21 r nant de trouver fréquemment des criminels malades et étendus sur le plancher. Il n’y a ni châlits ni paille. L’acte relatif à la santé des prisonniers , et celui qui défend la vente des liqueurs spiritueuses , y sont exposés à la Vue de tous. On a construit dernièrement une chapelle et deux chambres closes pour les malades » sur un terrein où étoit autrefois la maison de correction. En 1780, on s’cn est servi pour tenir lieu de Bridewell j jusqu’à ce que celui de Saint-Georges Fields fût rebâti. Les deux petites chambres qui servent d’infirmerie, sont au rez-de-chaussée , et n’ont qu’une fenêtre chacune ; plusieurs malades -, à une de mes dernières visites, étoient gissans sur le plan- cher ; un des guichetiers venoit de mourir de la fièvre. De cinquante-cinq malfaiteurs que j’y vis ên octobre 1783 , seize seule- ment ont été déchargés moyennant une amende; et j’ai les noms et les sentences de vingt- cinq autres qui languissent dans cet endroit mal-sain. Ce qui me porta alors à visiter cette pri- son et deux ou trois autres , c’est que , peu de jours auparavant, j’avois vu à bord des hourques plusieurs malades , de qui j’avois su qu’ils sortoient de ces maisons , et qui O ij 212 Etat des Prisons paroissoient en fort mauvais état. Je soup-»- çonnois déjà , et j’eus ainsi la douleur de reconnoLtre que nos prisons redevenoient ce qu’elles furent jadis. A moins d’un surcroît de vigilance et d’une attention infatigable , les réformes qui ont eu lieu dans ces derniers temps , n’auront produit qu’un bien pas- sager. Les malfaiteurs condamnés à la transporta- tion ne reçoivent pas les 2 sous 6 den. sterl. du roi. Un commerçant transigea dernière- ment avec le comté pour les prendre dans la prison. Auparavant , le geôlier les faisoit conduire au vaisseau par ses domestiques , et recevoit du marchand i O sous 6 d. sterl. pour chacun d’eux. Au printemps , les assises se tiennent à Kingston ; en été, elles se tiennent alternative- ment à Guilford et à Croydon. Lorsqu’elles sont à Croydon , les prisonniers sont renfermés dans deux étables. On voit, dans la prison qui nous occupe» une liste imprimée de seize legs ou dona- tions. Le plus remarquable des legs est dû à la charité d’Eléonore Gwynn , et consiste en soixante-cinq pains de la valeur de 2 sous de France, qu’on envoie tous les deux mois: à la prison. Les dates des si^ç premières; ï t DES H ô P I T A U '215; fondations remontent aux années 9 lyyr, , ^S91 •> Trois sont du siècle dernier ; les sept autres ne sont point datées , et l’une de celles qui sont mar- quées sur la liste , n’a pas été acquittée de^ puis 172(5. Il y a d’autres articles encore qui ont besoin d’être surveillés. Deux de ces legs sont pour les débiteurs , les autres ne leur sont pas assignés aussi expressément ; cependant ils les reçoivent tous. On voit , par la liste dont il s’agit , que cette prison s’appeloit autrefois la prison du Lion blanc ^ elle a pour sceau un lion couché» C’est ici le lieu de dire que tous les hail- lons laissés par les criminels après chaque assise, doivent être immédiatement brûlés, ou mieux encore , ensevelis ; ils ne peuvent être qu’un repaire de vermine, de saleté et d’infection. Le geôlier et le guichetier perçoivent des droits , réglés par un statut de 1772. Le comté de Surrey a trois BrideWells , l’un à S, Georges-Fields , un autre à Kings- ton , sur la Tamise , et le troisième à Guild- ford. Le premier, bâti en 1772, et brûlé dans le tumulte de 1780, avoit des apparte- îneus et des cours séparés pour les deux O iij 2T4 Etat des Prisons sexes. Le quariier des hommes éioit com- posé de deux chambres et d’un atelier de vingt pieds en carré an premier étage , et de trois chambres au-dessus. Dans l’une de celles- ci étoient des lits , pour chacune desquels on payoit 2 sous 6 den, sterl. par semaine. Il en étoit de même de l’appartement des fem- mes , seulement elles avoient une chambre de moins. Il y avoit une chambre séparée pour les apprentifs inculpés^ Toutes les chambres étoient plancheyéesi les fenêtres avoient des barreaux de fer et des volets , mais point de vitres. Il n’y avoit point d’infirmerie. En mars. 1776 , je vis plusieurs malades étendus sur le plancher , le comté ne donnant nf châlits ni paille. Les chambres étoient mal-prOpres.^ Il y avoit des oiseaux dans quelques - unes,^ Les prisonniers avoient dix -sept onces de pain par jour ; on ne leur fournissoit point de charbon. Les malfaiteurs étoient confondus, avec les autres , et rece voient la même quan- tité de pain. Tous étoient sans occupation. L’acte pour la conservation des prison- niers , et celui qui défend les liqueurs fortes , étoient affichés dans cette maison. Il y avoit dans la cour des hommes un tableau , qui , en fixant les droits de location- et de sortie au profit du concierge lui défendoit de souffrir- ET DES Hôpitaux., 215* que les prisonniers exigeassent entre eux des bien-venues ; mais on n’avoit point égard à cette défense. La maison fut rebâtie en 1781 , à peu près sur le plan de Pancienne. On y a ajouté qua- tre chambres sur la cour des hommes , toutes plancheyées , ayant neuf pieds huit pouces de long , cinq pieds six pouces de large , sept pieds quatre pouces de haut, et propres à séparer les ivrognes et les querelleurs, des prisonniers plus tranquilles. Chacune des chambres , qu’on veut bien appeler de tra- vail^ a une cheminée. Il y a deux chambres pour les apprentifs vicieux. On donne à cha- que prisonnier environ quatorze onces de pain par jour. En 1783 , les chambres étoient mal-propres , et les prisonniers sans occupa- tion. Le concierge s’excuse, en disant qu’il n’en a point à leur fournir. H seroit aisé de lui ôter ce prétexte , de même qu’à plusieurs de ses confrères , en leur distribuant les mor- ceaux de vieux cables et d’anciens cordages accumulés à la tour de Londres , pour qu’ils les fissent préparer , afin de servir à calfater les vaisseaux. C’est ainsi qu’en usent les Hol- landois, ( Voy. tom. 7, pag. 122. ) Il fau- droit encore les imiter dans le soin qu’ils ont de ne jamais différer le payement. Oiv '2i 5 K T a T DES Prisons Pendant la nuit, les prisonniers du Bride-^ weli de S. Georges-Fields sont entassés dans une ou deux chambres , parce qu’on réserve les chambres supérieures à ceux qui ont de quoi payer leurs lits. J’y délivrai un jeune homme détenu pour son droit de sortie» On n’y voit aujourd’hui ni l’acte contre les liqueurs spiritueuses , ni celui qui prescrit des soins pour la santé des prisonniers , ni le tarif des droits dus au concierge^ Les appoln-i- temens de cet officier sont de 25''liv. sterl. Il lui est permis de vendre du vin et de U bière. Ce Bridewell renfermoit dix - sept prison-, niers au mois de décembre 1782,' trente-. deux au mois d’août 1783 , et trente - sept au mois d’octobre de la même année. Le Bridewell de Kingston, sur la Tamise, fut bâti en 1770; il y a une maison pour le- conclerge, et des logemens, des cours, des, ateliers , des pompes , S:c. , séparés, pour les. hommes et pour les femmes. Chaque quar- tier a deux chambres basses , enfoncées de trois pas au-dessous du sol, et deux autres chambres plus; haut. Celles des hommes sont longues de dix-sept pieds , larges de quatorze^ hautes de neuf. Celles des femmes ont quinze |)ieds en carré ^ toutes ont un plancher, un© ST- DES Hôpitau:?. 217 cheminée , deux fenêtres avec des barreaux de fer et des volets , mais sans vitres. La cour des hommes a cinquante-neuf pieds de long , JO de large. Celle des femmes quarante- six de long, trente -six de large. Une cham- bre , entièrement séparée , ayant une che- minée , est destinée aux apprentifs débau- chés. Il est fâcheux que cette prison , commode à tant d’égards , manque d’inlirmerie et de bain. Si l’on désignoit quelques chambres pour l’usage des malades , on éviteroit la contagion de la petite vérole et d’autres maladies. Le salaire du chirurgien est de loliv. 10 sous st. dont la moitié paye les frais du voyage qu’il est obligé c^e faire pour rendre compte aux sessions de l’état des prisonniers. Chacun de ceux-ci a environ 3 sous de France par jour ; ce qui lui procure autour de quatorze onces de pain. Ils n’ont point de couverture. En 1775 , ils battoient du chanvre au profit du concierge, dont le salaire est de 2$ liv. sterl. En 1775? , l’acte relatif à la santé des prison- niers étoit affiché dans ce Bridewell ; mais on n’y faisoit pas attention. Un tableau annon- içoit que les droits à payer au concierge pour chaque personne étoient de 3 sous 4 den. Stçrl, On n’y voyoit point la dçfeiise de 2i8 ' Etat de s Pris© ns vendre des liqueurs spiritueuses. La prisoiï étoit mal-propre ; les prisonniers n’avoient point d’ouvrage, attendu, me dit le concierge, qu’ils n’avoient pas été renfermés pour va- quer à des travaux pénibles. Cependant il y en avoit qui étoient là pour un an. Un des prisonniers avoit été amené de Ryegate ; tant qu’avoient duré les sessions qui se tiennent dans cette ville , il avoit été confiné , avec quinze autres , dans une petite chambre , où ils étoient presque suffoqués* Il est triste de voir qu’on n’ait point encore songé à quelques adoucissemens en faveur des accusés que l’on traîne devant les juges, assemblés en de pareils lieux.. En 1782 , cette maison étoit encore mal- propre , et ses habitans désœuvrés. Comme le comté ne leur alloue ni chauffage , ni cou- vertures , ni bois de lit , la plupart sont malades , et couchés sur le plancher. Une femme étoit sur un lit dans l’appartement des hommes , et deux autres dans la cham- bre des apprentifs , payoient pour y loger* Je sortois de la prison d’Horsham, où j’avois vu les criminels mêmes traités avec beaucoup plus, d’humanité , et j’en fus plus frappé de la triste situation des personnes qu’on renferme ici* Il y a une porte qui conduit de la cour dçs ïT DES Hôpitaux. 219 hommes à la cour des femmes. Un des prisonniers a la clef, et peut, à son gré, faire communiquer les uns avec les autres. Le bon ordre n’ctoit pas plus respecté lors de ma dernière visite. Les sessions se tiennent vers la Notre- Dame à Ryegate , après la S. Jean à Guil- ford , vers la S. Michel à Kingston , et passé Noël à S. Margaret’s - Hiil. En avril 1776 , il y avoit quatre prisonniers ; en mars 1779 ', il y en avoit six j en novembre 1782 , dix-sept, avec un déserteur ; en octobre 1783 , douze. Le Bridewell de Guildford avoit, en 177(5, quatre chambres , une intlrmerie , qui étoit jadis une étable , et une chambre pour les condamnés. Comme au temps des assises on y amenoit les prisonniers de^Southwark , ils y éioient trop resserrés : aujourd’hui il y a trois chambres de plus, et un privé. On y voit une cour ; mais pour en avoir l’usage , il faut payer un shelling en entrant. Il n’y a qu’une seule chambre de jour : hommes et femmes y sont rassemblés ; elle est la seule du bâtiment où il y ait une cheminée. Deux chambres ont dans le toit un treillis en fer , long de cinq pieds et large de quatre ; et fiu-dessus une petite tourelle découverte , 210 Etat des Prisons bien imaginée pour rafraîchir et renouveleï* l’air. On donne tous les jours à chaque pri- sonnier un pain de deux livres. Il n’y a point de couverture, point de paille, aucune es- pece d’occupation. Le salaire du concierge est de 20 liv. sterl. ; ses droits de 5 sous ^ d. sterl. L’acte contre les liqueurs spiritueuses x celui pour la santé des prisonniers , y sont affichés. De i75'3 en 1782, le nombre des. prisonniers a varié entre trois et six.». La ville de Kingston a une prison parti- culière , composée de deux chambres basses; et d’une chambre haute , dont le plafond n’est point assez élevé , et d’une cour peu sûre. Au temps des assises , les prisonniers sont entassés dans ce local étroit. Le geôlier est aubergiste ; il n’a point de salaire : ses droits sont de 2 sous sterl. L’acte contre les liqueurs spiritueuses n’est point affiché ici* Le nombre des prisonniers varie de trois à quatre; quelquefois il n’y en a point, Ort voit dans les salles‘ de l’hôtel- de-ville un ta- bleau des droits dus aux baillis , à leurs clercs; ou autres officiers de Kingston , daté du iod décembre 17Q3 , approuvé par Charles lord Howard , grand maître ; par Edouard Cote* procureur générai , les deux baillis et le. ET DES Hôpitaux» 221 greffier; muni du consentement des posses- seurs de terre. Pour en citer quelque chose >, 'on y lit, que toute personne arrêtée faute de pouvoir donner caution, doit 2 shellings ; toute personne emprisonnée pour une cause légère , ou à raison d’une extrême pauvreté , S den. St, &c* ËTÀT DES Prisons SECTION XXXIV* Comté de Buckingham, T I F. geôlier de la prison du comté, située! • dans la ville d’Aylesbury, reçoit 70 liv. sterL de salaire annuel. Les droits qu’on lui paye pour les débiteurs s’évaluent à 10 sous 10 d* sterl. , et pour les criminels, à 18 sous 4 d. sterl. On lui donne un sh» par mille du chemin qu’il fait pour conduire à leur desti- nation tous les malfaiteurs Condamnés à être transportési II lui est permis de vendre du vin et de la bière. Débiteurs ou criminels reçoivent également une livre de pain par jour ; la bien - venue des premiers est de 8 sous sterl. ; celle des seconds n’est que de 2 sous 6 den. sterl. Le chapelain fait l’office le dimanche , et touche 40 liv. sterl. d’appointemens. Le chirurgien , obligé de veiller sur les malades de la prison et sur ceux du Bridewell , a 20 liv. sterl. par an. Le nombre des prisonniers, de 1773 à 1782, a varié entre deux et vingt - neuf débiteurs , entre six et dix- sept criminels. Cette prison a une cour de vingt - neuf ET DES Hôpitaux. 223 pieds sur vingt - six et demi. On vient d’y placer une pompe. Les débiteurs ont une saile , et les persounes d’un certain état peu- vent choisir de plusieurs chambres qui leur sont attribuées. Les criminels des deux sexes n’ont qu’une seule chambre de jour , dans la- quelle est un four où l’on purifie leurs vêtemens. Deux chambres de nuit , destinées aux fem- mes , sont petites , et sous l’escalier ; elles n’ont point de fenêtres. Il y a deux chambres condamnées. Dans l’intervalle écoulé entre ma première et ma seconde visite, six ou sept prisonniers périrent de la fièvre des prisons. En lyyd , ils me parurent en santé 5 en 177P, il y avoit deux hommes confinés pour trois ans , et qui n’avoient plus que six mois à passer pour atteindre ce terme ; l’un d’eux étoit des- séché à force d’ennui et d’oisiveté. J’en vis d’autres emprisonnés pour sept ans. Qu’on juge de leur situation par ce seul trait. La plupart avoient les doigts des pieds gan- grenés. Cette prison n’a point d’infirmerie. On y fait le service divin dans une salle attenante au bâtiment, et qu’on nomme la salle du comté» ün tarif des droits exigibles , qui n’a point de sanction juridique , est collé sur une plan- che suspendue dans la salle des débiteurs. Qn n’a pas eu la même attention pour l’acte â24 Etat ftEs Prisons relatif à la conservation de la santé des pri- sonniers. Le geôlier s’est engagé , pour 70 1. sterl. par an , à fournir aux pauvres débiteurs et aux criminels deux dînés chauds par se- maine , et à conduire à Londres ceux qui sont condamnés à la transportation aux assises d’été. Les prisonniers sont conduits d’ici à Buckingham. Une dame de Wesion a laissé une renté annuelle de 13 sous 4 den. sterl. que payent les marguilliers d’Aylesbury , et qu’on dis- tribue entre les débiteurs et les criminels. Les Bride\vells du comté sont au nombre de trois ; celui d’Aylesbury a deux chambres de travail, elles sont petites j de même que celles où logent les prisonniers. L’une de ces dernières a six pieds et demi de long ^ quatre de large, six de haut: la cour huit et demi d’étendue. Cette dernière vient d’être prise sur une cour très-vaste , située derrière la prison, et appartenante au concierge. Cô- lui-ci a 30I. sterling d’appointemens* Il donne à ses prisonniers une livre de pain par jour. Ses droits , à leur décharge , sont de 4 sous 6 den. On ne voit point ici l’acte contre les liqueurs spiritiieusesé Dans cinq visites que £ T DES Hôpitaux. 22^ j’ai faites à ce BridevvelL de 1774 ^7^^ » je n’y ai jamais trouve plus de trois prison- niers J et le plus souvent il y en avoit moins. A Ne\uport Pagnel , le BrideM^ell du comté n’a que deux cellules d’environ sept pieds en carré , et hautes de six, placées dans l’arrière - cour d’une hôtellerie ; elles ne sont éclairées que par des ouvertures de dix pouces sur neuf, pratiquées aux portes. Il n’y a point d’eau ; on n’y donne point d’ali- inens , point d’occupation. Le concierge n’y demeure pas; son salaire est de 20 liv* sterl.^ mais il paye deux guinées de loyer pour les deux cellules. Les prisonniers y étouffent pendant les chaleurs , attendu que les portes sont encore prévenues par un appentis. En ,1781 , on y renferma vingt-neuf prisonniers 0 et trente-trois de janvier en juillet 1782, y com- pris les déserteurs ; mais le plus souvent ces deux 'petites chambres sont vuides. Le troisième BrideNvell du comté, origi- nairement'à High - Wycomb , fut transféré à iWest-Wycomb en 1778 , lors du renvoi d’un concierge , pour cause de négligence. Il consiste, dans cette dernière ville, en deux greniers qui font partie de la maison du con- cierge actuel. Les fenêtres sont presque bou^ Tome IL P Z26 Etatdes Prisons chées par de fortes planches qu’on y a clouées > de peur que les prisonniers ne s’échappent. Le salaire du concierge est de 20 liv. sterl.) En 1782 , je trouvai le BrideAveli de nou- veau transféré à High -"W^ycomb , où il esj formé de deux réduits étroits , situés dans l’arrière - cour de l’hôtellerie , tenue par le concierge. Les jours viennent des portes 3 la cour a dix pieds sur six , et manque d’eau. C’est pour vaquer à des travaux pénibles que les prisonniers sont enfermés dans ce Bride- well. Mais, dans trois visites, je n’y en ai point trouvé. La prison particulière de la ville de- Buc- kingham est composée de deux chambres basses , dont l’une sert de Bridewell , et l’autre renferme les criminels. Au-dessus sont deux chambres pour les débiteurs. Il n’y a point d’eau. Le geôlier est sans appointe- mens ; le concierge, a un salaire de 2 liv. sterl. Une inscription porte , que l’honorable Richard Grenville Temple a fait bâtir cette maison de ses deniers , pour l’usage de la ville et du comté. C’est ici que-se tiennent les assises. Dans deux visites, je n’y ai vu qu’un fou ren- ' fermé. »T DES Hôpitaux* 227 mwpBHniMi ■■iwnpMiiMiiiwtwaiiM^atÉÉÉâiti»'^ SECTION XXXV. Comté de Bedford, Ti A prison du comté est à Bedford. Le geôlier n’a point de salaire; il peut vendre de la bière, et exiger 17 s. 4 d. sterl. de[cha- que débiteur ou criminel. Il reçoit pour es- corter les malfaiteurs condamnés à la trans- portation, 6 livres sterl., s’il n’y en a qu’un; 5 1. sterl. par tête , s’il y en a deux ; et 4 I. sterl. par tête, lorsqu’ils sont en plus grand nombre. Le chapelain fait le service le jeudi et le dimanche, et touche 20 liv. sterl. d’ap- pointemens. Le chirurgien n’en a que 12, et doit encore ses soins au Bridewell. On donne aux débiteurs deux pains de quatre livres par semaine, et la moitié moins aux criminels. La bien-venue est de p sous sterl. En dix ans, le nombre des débiteurs a varié de sept à dix , et celui des criminels de deux à neuf. Au premier étage de cette prison , il y a quatre chambres de nuit pour les débiteurs,-, et une chambre de jour , qui sert aussi- de . pij 228 ÉTAT BÏ5 Prisons cliapelle ; les coupables ont deux chambreâ de jour au rez-de-chaussée , l’une pour les hommes , l’autre pour les femmes / mais on n’y peut faire de feu. Les malfaiteurs jugés habitent deux cellules. Les chambres ont huit pieds et demi de hauteur. Il y a aussi deux cachots , où l’on descend par onze marches ; l’un tout à fait obscur, l’autre recevant du jour par une fenêtre de dix-huit pouces sur douze. On donne y livres par an au geôlier , pour qu’il fournisse la paille qui s’étend sur des châlits. Quelquefois les magistrats font distribuer du charbon de terre aux criminels et aux débiteurs. La cour leur est commune. La maison est dépourvue d’appartement pour le geôlier , d’infirmerie et de bains. L’acte' contre les liqueurs , et celui qui regarde la santé des prisonniers , n’y sont point affi- chés. Il y a environ vingt ans que la fièvre des prisons y emporta plusieurs personnes , et entre autres le chirurgien; elle répandit même ses ravages dans la ville. M. Gadsby, successeur du chirurgien défunt , a sagement substitué les cordiaux et le quinquina aux sudorifiques , dont on usoit avant lui. Grâce aux bons effets de sa méthode , secondés par ceujç d’un ventilateur à vQÜea et d’une pror ET DES Hôpitaux'. ''229 prêté constante J la fièvre n’a presque pas reparu depuis cette époque. ' ’ Anciennement le geôlier avoù fait une ordonnance ^ par laquelle tout prisonnier devoit, avant de sortir, lui payer seize schel- lings quatre pence , et deux schellings an guichetier. En 1782 , je trouvai à la même place un tableau des droits qu’il pouvoir exiger , réglés par les sessions ; il l’autorisoic à demander aux débiteurs , devenus libres, 17 sous 4 den. sterl ; s’ils rentroient , dix schellings. Le guichetier perçoit 2 s. st. dans le premier cas ; dans le second ,, chaque dé- biteur paye pour son lit 2 sous 6 den. sterl, par semaine , ou deux schellings , s’ils cou- chent deux dans le même lit. Les criminels payent à peu près autant. Le comté n’a qu’un Bridewell, situé de même à Bedford. Il consiste en trois cham- bres sans cheminée , de treize pieds et demi sur onze et demi au rez-de-chaussée, et une cour de trente-six pieds sur vingt-quatre. Il n’y a point d’eau accessible aux prisonniers. Tous les deux jours on leur donne un pain de quatre livres. La maison est bien tenue. Le salaire du concierge est de 20 livres. Le nombre des prisonniers , de 1776 à 1782 , a varié entre deux et quatre. P üj 2^0 Etat des Prisons La prison de ville à Bedfort consiste en deux chambres sans cheminée. On n’y voit point d’appartement pour le geôlier, point de cour, point d’eau. • I IT DES Hôpitaux. 231 SECTION XXXVI. Comté d Huntin^don, T i E bâtiment qui sert de prison du comté , est en même temps Bridewell du comté et prison de ville. Le geôlier est sans appoin- temens. Il exige pour droit de sortie 12 sou s 6 den. sterl. des débiteurs, et 15* sous 10 d. sterl, des criminels. Il a ii liv. sterl. pour un homme condamné à la transportation qu’il conduit à Londres , et p liv. sterl. par tête , quand les malfaiteurs passent ce nombre. Il lui est permis de vendre du vin et de la bière. Il n’y a point de chapelain , et le chirurgien ne touche que y liv. y sous sterl, de salaire. Les débiteurs ne reçoivent rien du public. Les criminels ont quatre pains de deux livrCg par semaine; tous payent une bien -venue de 2 sous 6 den. sterl. Dé 1773 à 1783, le nombre des premiers a varié de trois à onze , et celui des secohds de trois à qua- torze. Les débiteurs ont une chambre de jour, ou cuisine J et au-dessus une grande chambre de nuit. Auprès est une chambre de Piv 232 Etat. DES Prisons jour pour les criminels , et un cachot ou l’on descend par neuf degrés. Plus loin est un autre cachot moins profond , pour les femmes. Le plancher de la prison est de niveau avec la cour , où se trouve le Bri- devell. Celui-ci a deux chambres au rez- dé- chaussée pour les hommes , et deux au- dessus pour les femmes. Il n’y a point de cheminée, point d’infirmerie, point de bains. La prison et la cour sont trop petites; mais propres. On y lit la défense contre les li- queurs spiritueuses ; mais non l’acte pour la conservation de la santé des prisonniers. Le comté donne au geôlier pour le Bride^vell 24 liy. 1(5 s. sierl, , et 4 liv. sterl. pour la prison de ville , auxquelles on ajoute 4 liv. 16 sous sterl. tous les ans, pour qu’il fournisse la paille necessaire.. En 177^, j’eus le chagrin d’apprendre qu’on avoit congédié M. Brook, l e chapelain ; ce digne homme officioit régulièrement deux lois par semaine , pour des honoraires qui ne se montoient qu’à 20 liv. sterl. Il avoit offert de continuer gratuitement ses fonc- tions ; mais on le lui avoit expressément dé- fendu. Derrière la prison demeure un batteur de chanvre 3 appointé à ii 1, sterl. , pour fournie ET DES Hôpitaux. 23^ aux prisonniers du BrideM^’eli de l’ouvrage qu’il leur paye à raison de trois pence par. stone ( poids de huit livres ). On voit dans cette maison un ancien tableau des droits exigibles. Le débiteur déchargé paye au geô- lier 10 schelh; le criminel 10 sous 4 den. su L’un et l’autre donnent au guichetier 2 schell. 6 pence. Le débiteur paye pour son lit 2 sous 4 den. sterl. par semaine ^ et le criminel 3 sous 6 den. sterl. Si le premier partage son lit avec un autre , ils ne payent ensemble que 3 sous 6 d. St. Les criminels qui sont dans le même cas , payent 4 sous 8 d. sterl. 254 Etat des Prisons SECTION XXXVI L Comté de Cambridge, C-^ E comté n’a qu’une prison et un Bride- ^well , l’un et l’autre à Cambridge. Dans le premier, les appointemens du geôlier sont de 12 liv. sous sterl. ; ses droits de 14 sous 8 den. sterl. sur les débiteurs, et de 10 sous sterJ. sur les criminels. Il peut vendre de la bière , et reçoit y liv. $ sous sterl. pou*^ chaque malfaiteur condamné à la transporta- tion , qu’il conduit à Londres. La prison n’a point de chapelain. Le chirurgien n’est point payé. Il n’y a rien d’alloué au débiteur. Le criminel reçoit deux pence par jour. La bien-venue du premier est de y sous 4 den. sterl. ; celle du second d’un sou 5 den. sterl. De 1775 ^ nombre des débiteurs a varié entre six et vingt-un ; celui des cri- minels entre deux et six. Cette prison est la porte de l’ancien châ- teau ; au rez-de-chaussée , qu’on appelle la prison basse ^ il y a trois chambres de force 5 l’une de trente pieds sur six pieds sept pouces , destinée aux criminels^ une autre à cheminée , ET DES Hôpitaux. 233: 'de seize pieds sur neuf, pour les femmes : la 1 troisième n’est pas finie. Un escalier de pierre y de douze marches , conduit à l’appartement des débiteurs , nommé la prison haute. Ou trouve d’abord la chambre du guichetier, puis une grande cuisine , et deux ou trois chambres. Plus haut il 3^ en a encore cinq ; toutes sont d’une grandeur raisonnable. La cour , où se voit le gibet , est spacieuse 5 mais les prisonniers peuvent s’en échapper ; et par cette raison ils n’en ont pas l’usage. La défense contre les liqueurs spiritueuses est affichée ici ; mais non l’acte sur la santé des prisonniers. On donne annuellement vingt schellings au geôlier , pour leur fournir de la paille. Plusieurs legs ou donations , ac- quittés par différens collèges, procurent du soulagement aux débiteurs. Le collège de Sidney envoie annuellement à chacun d’eux une chemise et un sac de charbon ; celui de S. Jean, la valeur de seize pence en pain, tous les samedis. De plus , une terre située à Croxton , paroisse qui fait partie de ce comté , leur paye une reute de vingt schel- lings. On ne voit dans la prison aucun ta- bleau qui constate ces fondations respecta- bles , auxquelles il faut ajouter environ 7 1. sterl. , produit d’une quête annuelle , qui a 23(5 Etat i>es Prisons lieu , sous le bon plaisir du maire , dans l’unî-^ versité et dans la ville. Le tarif des droits alloue au geôlier y sou? 4 den. sterl. à l entrée des prisonniers ; amant à leur sortie. Pour une chambre, un lit et du linge à changer , on lui doit 2 schell. pat semaine. Le Bridewell du comté est dans une cour attenante à la maison du geôlier. Il consiste en deux chambres de travail , qui ont au-' dessus d’elles deux autres chambres 3 l’une pour les hommes, avec quatre cages de six pieds et demi sur quatre et demi; l’autre pour les femmes, avec deux cages. Les prison- niers , qui n’ont point de cour où prendre l’air , point d’eau qui leur soit accessible , incommodés de vapeurs fétides , n’ont point de pitance assignée ; seulement on leur laisse le profit de leur travail , qui consiste à battre du chanvre et à faire des balais. M. Saunders , qui rémiissoit , en 1782 , la place de geôlier de la prison du comté et celle de con- cierge du Bridewell , touchoit 2 liv. sterL d’appointcmens en cette dernière qualité. L’humanité , les attentions bienfaisantes qui le distinguent , me font un devoir de le citer avec éloge. Dans cinq visites que j’ai faites, à ce Bridewell , j’y ai trouvé huit prison- niers. ET DES Hôpitaux. 257 La prison de ville renferme , par bas , une chambre ou caveau de vingt-un pieds sur sept , destinée aux criminels. On en met aussi dans quelques autres chambres de l’étage supérieur, où logent les pris onniers pour dettes. Une de celles-ci est appelée la cage. Rien n’est alloué aux prisonniers ; mais ils reçoivent des secours de difïérens collèges. La maison n’a point de cour , point d’eau à laquelle les prisonniers puissent avoir accès. Ils .n’ont point sous les yeux les actes salutaires dont j’ai souvent parlé. Le geôlier est sans appoin- . temens \ mais il peut vendre de la bière. De 1774 à 1782 , je n’ai jamais trouvé ici plus de deux débiteurs et de trois criminels. Le Bridewell de la ville présente, au rez- de chaussée, une chambre de vingt-un pieds sur six , pour les hommes, et deux chambres de neuf pieds sur cinq , pour les femmes. On vient d’y placer des châlits polir mettre de la paille ou des couvertures. Il y a un cachot ou chambre obscure pour les réfrac- taires. Au-dessus est une chambre de travail pour les femmes, qui a dix -neuf pieds en c:arré , et n’a ni privé ni cheminée. Dans le printemps de 177P » dix-sept de ces malheu- reuses y étoient enfermées durant le jour, et quelques-unes d’entre elles y passoient la gjg Etat des Prisons nuit. L’ail* finit par s’y corrompre ; la fièvre se déclara , et le vice - chancelier alarmé fit mettre en liberté toutes les prisonnières. Deux ou trois moururent peu apres leur sortie. Deux chambres sont maintenant ajoutées à l’éta- blissement ; et dans une se voient cinq cages de sept pieds en carré. Ce Bridewell a une petite cour , mais point d’eau. Tous les dimanches , le vice - chancelier fait donner quatre pence aux prisonniers de sa juridiction , pour les empêcher de tra- vailler ce jour - là , comme ils y étoient an- ciennement réduits , faute de moyens de sub- sistance. Les malades ont trois pence par jour. Les prisonniers de la ville n’ont point de ration de pain. Le salaire du concierge est de 30 liv. Il ne perçoit aucun droit. On îui fournit annuellement pour i 1. 1 sou st. de paille. Ce Bridewell , placé dans l’arrière - cour de la maison du concierge, fut acheté et doté pour l’encouragement des ouvriers en laine , - du produit d’un legs de Thomas Hobson , porte-faix célèbre , qui mourut en 1630. Afin d’entrer dans les vues de l’institution , c’est toujours un cardeur de laine qui est nommé concierge. Les deniers de la fonda- tion, sur lesquels il prélève ses appointemens, ■ ET DES Hôpitaux. 239 lui servent à employer beaucoup de pauvres gens outre ses prisonniers. La petite île d’Ely, qui fait partie du comté de Cambridge , a dans la ville d’Ely une prison , dont le geôlier est sans appointe- mens. Les débiteurs lui payent ly sous 3 d. sterl. , et les criminels 13 sous 4 den. sterl. Chaque malfaiteur condamné à la transpor- tation , et qu’il conduit à Londres , lui vaut 5“ liv. st. Il a en outre permission de vendre de la bière. Le public n’alloue rien aux débiteurs ni aux criminels. La bien-venue est d’un sou 4, d. St. Il n’y a ni chapelain ni chirurgien. De 1774 ^ Ï782 , le nombre des débiteurs a varié entre un et onze 3 celui des criminels entre un et trois. 1 Cette prison appartient aux évêques d’Ely , seigneurs de l’île. L’un d’eux la fit réparer en 1768 , sur les plaintes causées par la manière barbare dont le geôlier s’assuroit des per- sonnes confiées à sa vigilance , faute d’endroit pour les renfermer. Couchés sur le dos , ils demeuroient enchaînés dans cette attitude sur un plancher traversé de barres de fer , ayant au cou un collier de fer , armé de pointes , et sur leurs jambes une barre pesante du même métal. M. James Collyer , écuyer , magistrat 2^0 Etat des Prisons ' digne de servir de modèle , mit sous les yeux du roi le détail de ces atrocités , eu l’accompagnant d’une gravure ; et sa majesté en fut si touchée , qu’elle donna sur le champ des ordres pour qu’on fît cesser un tel abus. Le premier étage est composé de trois -chambres pour les débiteurs , et d’une pour les criminels qu’on a jugés. Au-dessus est la chambre de jour des malfaiteurs , ainsi que leur chambre de nuit. Cette dernière est loi> gue de dix-huit pieds et demi , large de dix , éclairée par une fenêtre d’un pied en carré. Les criminels ont une cour, avec dés privés qui exhalent une odeur nuisible ; mais point d’eau. Les débiteurs ont une 1cour et l’usage d’une pompe; mais point de chambre où ils puissent s’entretenir en liberté de leurs affaires ; point de tarif légal des droits du geôlier. La maison n’a point d’infirmerie ; on n’y voit point de paille , non plus que les actes contre les liqueurs fortes et pour la conser- vation de la santé des prisonniers. J’y trouvai, , en 1782, les débiteurs confondusavec les cri- minels. Ce mélange ne devroit jamais avoir lieu. Un pauvre débiteur peut être un hon- nête homme ; mais la mauvaise compagnie est ET DES Hôpitaux. 1241 est toujours funeste aux bonnes mœurs. ) L’un des premiers étoit détenu pour 3 sous 5 den. sterl. de capitalj, et 8 sous 3 den. st. de frais j un autre , qui avoit une femme et cinq enfans , pour 4 sous p den. sterl. de frais , et 3 sous 6 den. sterl. des droits dus au geôlier. LeBridew’ell d’EIy, bâti en idyi , présente au rez-de-chaussée une chambre de seize pieds sur quinze pieds quatre pouces, destinée aux hommes ; et au-dessus deux chambres pour les femmes. Cette maison , dépourvue d’eau à laquelle les prisonniers puissent avoir accès , tombe d’ailleurs en ruine. Elle n’a point de cour. ( On pourroit en ménager une dans un vaste jardin qui appartient au concierge. ) Les prisonniers ne reçoivent du public ni subsistance, ni drogues en cas de maladie. Les actes contre les liqueurs , Ôcc. , n’y sont point affichés. Le concierge , qui ne peut exiger aucuns droits, a lol. st. d’appointemens. De 1772 à 1782, le nombre des prisonniers a varié d’un à trois. Wisbeck , petite ville où se tiennent les assises d’été , a sa prison et son Bridewell , qui ne forment qu’un seul bâtiment. Le rez- de-chaussée, où l’on descend par cinq mar- ches, consiste en deux chambres , dont l’une, Xorne U. Q 242 Etat des Prisons de quinze pieds sur douze, sert d’atelier. Il y a de même deux chambres au premier étage; mais point de cour, point d’eau à l’usage des prisonniers. Les actes , &c. , n’y sont point affichés. Le public alloue à chaque prisonnier un penny par jour, et à tous de la paille, à raison de 20 scheli. par an. Le salaire du geô- lier est de 16 1. St. Il ne perçoit point de droits. Cette prison pourroit être agrandie aux dépens du jardin du geôlier. Je ;i’y ai jamais trouvé plus de cinq prisonniers. N ET DES Hôpitaux. 243 SECTION xxxviri. i“0 f J > Comté de Norfolk, '1 ' “ T i A prison du comté est dans le château de Norwich. Le geôlier est sans appointe- mens. C’est une ferme, sur laquelle il paye 'annuellement une rente de 31 liv. 10 sôus’st. En conséquence , il perçoit des droits , qui sont pour les débiteurs de 7 sous 8 den, , et pour le criminel de 13 sous 4 den.' sti If reçoit pour chacun de ceux qui sont coildamrt'és à la transportation , y liv. ly sous 6 deh. st. J' el il a permission de vendre du vin et de la bière. Le chapelain, qui officie le vendredi * a 30 liv. sterl. d’appointeméns , et le chirur- gien 40. On donne tous les jours un pairi de vingt onces à chaque prisonnier j soit débiteur , soit criminel. Ils ont de plus! en commun , toutes les semaines , huit livrés dè fromage, avec douze boisseaux de oharboii en hiver, et six en été. Les débiteurs j^àyent ^ sous sterl. de bien-venue; lés seconds i soû sterling. Entre 1774 et 1782, le nombre’ des prisonniers a varié de seize a trente, et fiélut des autres de quatorze à trente-deux. Q ij 244 Etat DES Prisons Le château est situé au sommet, d’une col- line ; la partie qu’on appelle la prison haute , a dix chambres pour les débiteurs aisés , et des toits couverts de plomb , où ils peuvent se promener. La prison basse renferme plu- sieurs chambres pour les pauvres débiteurs et les criminels. Au milieu du bâtiment se trouve une petite cour , où l’on a placé , depuis peu, une pompe, un bain, et sur laquelle on a ouvert quelques chambres. On descend par une échelle de huit échelons , dans un cachot destiné aux hommes. On y a vu l’eau à la hauteur d’un pouce ou deux ; mais à présent il est garni de châlits et de nattes. Les criminelles n’ont qu’une petite chambre, er ne peuvent être séparées des homtties , quand la décence L’exigeroit le plus. Il y a pour les malades u'ois chambres bien aérées , et tellement distinctes du reste de la prison, qu’aucune espèce de conta- gion ne sauroit y passer de leur intérieur. Le geôlier actuel est humain , et respecté des prisonniers. Ceux-ci, les criminels comme les débiteurs, vendent à la fenêtre grillée de leurs chambres de jour , des lacets , des jarretières , des bourses , des' filets, &c. , qu’ils s’amusent à fabriquer. jUne garde ou matrone a soin des ma- ET »1S HÔEÏTAüs:. 2^, ^ades ; elle leur fournit , suivant que Tor- donne le chirurgien , du bouillon , du gruau ^ de la soupe au lait et du charbon , par excé- dent à ce qui leur est alloué. Elle est aussi chargée de veiller à ce que l’on donne exac- tement aux prisonniers leur ration de pain. Je dois observer , en passant , que ce pain est des meilleurs. L’acte qui concerne la santé des prisonniers n’est point affiché dans la maison. Aux assises du printemps , on les conduit à Thetford , et ils y sont logés dans un cachot , que je décrirai en son lieu. Je dirai seule- ment ici que vingt-sept prisonniers y furent transportés en 177P, et dix -huit en 1782, qui , pour la plupart , y demeurèrent entassés quatre nuits de suite. Il existe un ancien legs de M. de Kempe en faveur des pauvres de Norwich et d’Hey- den; ce legs comprend aussi la fondation de trois sermons par an , et de quelques aumônes qui doivent être distribuées aux prisonniers , tant ceux du château que de la prison de ville , le tout hypothéqué sur une terre située dans la paroisse d’Heyden. Depuis long - temps les prisonniers n’ont rien reçu , quoique les autres fondations soient régulière- ment acquittées. Q üj Etat des Prisons Je ne saurois me dispenser de faire men- tion de l’hôpital de Norwich , comme étant l’un de nos meilleurs hôpitaux de comté. Il fiit construit en 1771 j il n’a qu’un seul étage au-dessus du rez-de-chaussée. Les ap- partemens sont élevés; les lits de fer, point trop pressés; les couches de paille , les rideaux de toile, sans oreillers. On entretient la pro- preté dans les salles , au moyen de ce qu’on les lave souvent; et il y règne toujours un air frais, parce qu’on a l’attention de laisser ouvertes la plupart des croisées. L’été , il y a par-tout des poîles à la hollandoise , et de petites chaudières à thé ; douceur dont on permet quelquefois l’usage aux malades. Ils ont , pour se promener , une cour vaste et entourée de murs. La maison ne renferme ni brasserie, ni boulangerie , ni blanchisserie. Les Bride'^ells du comté sont au nombre de cinq. Trois chambres au rez-de-chaussée , dont une , qui sert de chambre de nuit pour les hommes , n’a point assez d’air ; un atelier de dix-sept pieds sur quinze , et quatre cham- bres au premier étage; une cour de vingt- huit pieds en carré , dépourvue de pompe , composent celui qui est à Swaftham. Les prisonniers y sont sans occupation , et ne ïT DES Hôpitaux. 247 sortent point de leurs chambres. On a fermé mai à propos, dans la cuisine du concierge, une fenêtre qui donnoit sur la cour. Le con- cierge a 16 liv. sterl. d’appointemens , vingt schellings par an pour fournir de la paille, et la permission de vendre de la bière. L’acte contre les liqueurs est affiché. Le chirurgien fait un état de ses visites , et la province lui en tient compte. De 1774 ^ ^7^2, le nombre des prisonniers a varié de cinq à onze. A Wymundham, le Bridewell a pour les hommes une chambre de jour avec trois cabinets d’environ six pieds sur quatre , où on les enferme la nuit. Un prisonnier se plaignit à moi d’être obligé de coucher dans un de ces cabinets avec deux enfans qui avoient une maladie cutanée. Il y a pour les femmes une autre chambre , dans laquelle je trouvai , en 177P , quatre infortunées , mal-propres et infirmes , travaillant les jambes liées par un cadenas , bien qu’on ne leur accorde jamais la liberté de sortir dans la cour, si ce n’est le dimanche. Le peu de paille qui étoit répandu sur le plancher , étoic presque réduit en poussière. Ce bâtiment a aussi un cachot , où se voient des ceps , et où l’on descend par huit marches. Il est long de quinze pieds et demij large de huit, et 248 Etat des Prisons haut He six , voûté en briques , fangeux , et éclairé par deux soupiraux d’un pied de diamètre. II paroît que les juges n’ont pas fait attention à cet article d’un acte passé depuis peu ( 14. Georges III, c. 43 ) , par lequel il leur est prescrit dû empêcher les pri- sonniers d^hre renfermés dans des souterreins y par-tout où cela est praticable. Et l’on a vu que le Bridewell dont il s’agit contient assez de logement ; il a une cour spacieuse, mais peu sûre , de même que les chambres. Les prisonniers ne sont pas seulement res- serrés dans l’intérieur , on pousse en général la précaution jusqu’à les enchaîner. Le con- cierge , qui ne perçoit point de droits , a i5 1. sterl. d’appointemens. On donne quatre pence par jour aux malfaiteurs. Il y a i liv. i s. st. assignés tous les ans pour l’achat de la paille. L’acte contre les liqueurs n’est point affiché. De 1776 à 1782, le nombre des prisonniers a varié entre cinq et neuf. Le Bridewell d’Aylsham est composé, au rez-de-chaussée, d’un atelier, d’où l’on des- cend par une trappe dans un cachot de neuf pieds et demi sur six. L’étage supérieur a trois chambres peu sûres. La cour ne l’est pas davantage. Les prisonniers ne s’y pro- mènent que le dimanche. Il n’y a dans cette £T DES Hôpitaux. 24P maison ni cheminées , ni paille , ni eau , ni privés , ni occupation , ni ration allouée » sauf 4- sous de pain par jour aux vagabonds. Le concierge a 15 liv. 6 sous 8 den. stéri, d’appointemens. E^* iTTi” 9 les prisonniers étoient au nombre de quatre. Le Bridewell d’Acle renferme une cham- bre de jour , deux de nuit au-dessus, et deux cachots obscurs, enfoncés de neuf marches. / Tout y a besoin de réparations. Il fut élevé en 1633. On n’y voit point de cour, mais un jardin spacieux pour le concierge. L’eau n’y est point accessible aux prisonniers ; 011 ne leur donne rien, pas même de la paille. Le salaire du concierge est de 16 liv. sterl. J’ai visité deux fois cette maison, sans y trouver un seul prisonnier. A Walsingham , une chambre de quinze pieds sur huit , et deux autres tout à fait obscures , pour la nuit , longues de huit pieds et larges de cinq pieds dix pouces, et une cour , dont les murs sont aisés à esca- lader , composent tout le Bridewell. Les plan- chers sont carrelés, et l’ôn y étend de la paille. Les prisonniers y sont aux fers. L’acte contre les liqueurs n’y est point affiché. Le concierge a 13 liv. 6 sous 8 den. d’appoin- temens , et le droit de percevoir deux schel- ayo Ei‘at des Prisons lings sur chaque prisonnier. Ils n’étoient que deux en 177p. Outre la prison du comté , située dans le château de Norwich , cette ville a encore une prison , qui sert pour la banlieue et pour la province. Le geôlier est sans appointemens, et paye au contraire 40 liv. ster. par an aux schcrifFs. Les débiteurs lui donnent 6 sous 8 den. st. , et les criminels 15 sous 4 den<- St. Il a y liv. y den. st. par malfaiteur con- damné à I être transporté, et la permission de vendre du vin et de la bière. Le public alloue aux prisonniers , quels qu’il soient , quatorze onces de pain par jour. Leur bien-venue est d’un schelling. De 1774 à 1782 , leur nombre a varié entre cinq et dix-sept. Le chapelain , tenu de faire la prière une fois tous les quinze jours , et de prêcher une fois le mois , a 20 liv. st. d’honoraires. Ceux du chirurgien ne s’élèvent qu’à y liv. y sons st. La maison a une cour , plusieurs chambres pour les débiteurs d’un état^n peu relevé, et une autre pour ceux du peuple, qui ont droit de bour- geoisie. Avant 177P, ceux qui ne l’avoient point, étoient confondus avec les malfaiteurs dans leur chambre de jour, qui est un caveau humide j où l’on descend par treize marches* ET DES Hôpitaux. 2^1 Deux cachots enfoncés 'de onze marches k servoient alors de chambre de nuit aux mal- faiteurs ; l’uii est tout à fait obscur , l’autre n’est que foiblement éclairé. Les criminelles n’avoient anciennement qu’un cachot , avec cheminée , où l’on descendoit par deux mar- ches. On leur a assigné depuis-une autre cham- bre de nuit, longue d’environ dix pieds et demi sur cinq et demi de large , et haute de cinq. La maison n’a que soixante-douze boisseaux de charbon , et pour i liv. lO sous st. de paille tous les ans. On pourroit faire une bonne chambre de jour, pour les femmes , de l’éta- ble du geôlier, qui touche à la dernière dont j’ai fait mention : car les deux sexes ne sont pas suffisamment séparés ; ce qui est sur-tout nécessaire dans les villes où , comme ici, les assises ne se tiennent qu’une fois tous les ans. En 1779, on fît à cette prison beaucoup de changemens avantageux. On pava la cour , et l’on supprima de vieux auvents qui s’y trouvoient. On assigna aux malfaiteurs trois chambres de plus , à trois pieds environ au- dessous du sol , ayant huit pieds en carré , et plancheyées. On construisit un bain , mal- heureusement peu commode. On ménagea au-dessus deux^ nouvelles chambres pour les 2^2 Etat des Prisons débiteurs ; et au-dessus de celles - ci y deux chambres pour les malades , bien aérées , longues de vingt-deux pieds , larges de seize, hautes de douze, avec des lits en fer, garnis de couvertures. Les prisonniers ne peuvent espérer leur décharge qu’une fois dans l’année. J’en vis trois en 1779, dont deux languissoient depuis huit mois, ^et un depuis dix, dans l’attente d’un jugement. Il y a aussi un Bridewell particulier à la ville de Norwich. Cette maison est composée de quatre chambres à cheminée , ayant vingt- un pieds en carré et dix de hauteur; de deux magasins pour mettre du bois ; de sept ca- chots , où l’on descend par quinze marches , et d’une seule cour ; des cachots , quatre sont pour les hommes , et les trois autres , dans un endroit séparé , mais plus renfermés et plus humides serv'ent pour les femmes. On Voit dans tous des cages , ainsi que dans les chambres ; mais on a lieu d’espérer que le» magistrats , qui ont fait tant d’améliorations à leur prison , auront assez d’humanité pour enjoindre qu’on n’enferme dans ces réduits que les malfaiteurs absolument intraitables. La maison a de l’eau de rivière et une pompe. On alloue aux prisonniers une ration ET DES Hôpitaux. journalière de pain de la valeur de deux pence, deux dînes chauds par semaine, et du feu depuis la S. Michel jusqu’à la Notre-Dame. Les malades ont quatre pence par jour, et du feu lorsqu’ils en ont besoin. Le travail consiste à couper du bois de campêche , dont il y avoit , en 1782, quinze à seize ton- neaux pesant dans les magasins. Ce travail est trop rude pour un Bridewell , le plus sou- vent habité par des femmes. Le concierge a sy liv. St. d’appointemens. De 1774 à 1782, le nombre des prisonniers a varié entre trois et sept. A Thetford, se voit une prison de ville, qui sert aussi de Bridewell. Le geôlier occupe le rez-de-chaussée. Au premier étage , sont qua- tre .chambres pour vies débiteurs , et deux pour les délinquans ; à l’aide d’une échelle de dix échelons , les criminels descendent dans un cachot , long, de dix - huit pieds , large de neuf pieds et demi, haut de neuf, éclairé par une fenêtre de dix-huit pouces sur quatorze , et par un soupirail d’environ un pied en carré , qui donne sur le pas- sage. : Pendant les assises , qui se tiennent .une fois l’année à Thetford , seize à vingt prison- niers J amenés du château de Nor-sv'ich , pas- Etat ^DEs Prisons sent quatre ou cinq nuits enfermés dans ce cachot. Le geôlier est sans appointemens ; il a permission de vendre de la bière. La der- nière fois que je visitai cette prison , j’y trou- vai une inscription de 17B1, portant qu’elle avoit été réparée et agrandie , M. W. Holmes , écuyer , étant maire. L’agrandissement con- siste dans une chambre spacieuse , et deux au-dessus. La maison a une cour et une pompe. Le tarif des droits est affiché ; maison n’y voit point de sanction légale. A la i suite de ce tarif , ’ on lit un régle- ment qui enjoint aux prisonniers de se laver tous les jours, d’arroser et de balayer leurs chambres tous les matins, La ville d’Yarmouth possède uné prison et un Bridewell séparés. Derrière le logement du geôlier , où sont quatre chambres pour les débiteurs d’un certain rang , il y a une petite salle de jour, commune à tous les prisonniers ; deux ou trois chambres pour ceux qui ont de quoi les payer ; et trois cachots ou chambres de nuit , enfoncés de i2mâr-i ches. Chaque prisonnier a en pain la valeui- d’un penny par jour, et on leur donne tous les ans cent huit boisseaux de charbon. Les ma- gistrats font quêter pour eux trois fois par semaine. Le geôlier reçoit ij* liy. st. d’ap- ET DES Hôpitaux. 2$% pointemens; il peut vendre de la .bière. Le tarif de ses droits est affiché ; mais non l’acte pour la conservation de la santé des prison- niers, De 177Ô à 1782, le nombre de ceux-cî a varié entre deux et quatorze. Le Bridewell , situé dans la cour de la maison de travail , est composé de quatre chambres , dont une à cheminée , et d’une petite cour , où les prisonniers ne vont point. Il n’y a ni eau ni privés. Je n!y ai vu , dans trois visites , qu’un seul pri- sonnier. Les chambres de la prison de Lynn-Regis sont commodes et proprement tenues. Les malfaiteurs y couchent dans des caisses ou crè- ches garnies de paille et de deux couver- tures. La cour est petite , et l’on y tient de la volaille. Les actes , &c. ne sont affichés nulle part. Le geôlier touche 20 liv. st. d?appointe- mens , et des droits dont le tarif est signé du maire et du greffier. ) Etat des Prisons SECTION XXXIX, Comté de Suffolck, T à A prison du comté est à Ipswich. Le geôlier est sans appointemens. Il exige lO s, 8 d. des débiteurs , comme des criminels , reçoit P liv. y sous pour chacun de ceux qui sont condamnés à la transportation , et peut vendre du vin et de la bière. Le cha- pelain officie le dimanche et le vendredi. Ses appointemens sont de yo liv. st. ; ceux du chirurgien de 40 liv. Les criminels reçoivent chaque jour vingt onces de pain. Les débi- teurs n’ont que ce qu’ils gagnent à faire des gants, des jarretières, des bourses, des filets, des lacets , qu’ils, vendent à la porte. Leur bien-venue est de 2 sous 6 den. st. ; celle des criminels est d’un schelling. 'De 1774 ^ *7^^» le nombre des premiers a varié entre cinq et neuf,* celui des derniers entre six et vingt- trois. Cette prison sert aussi pour la ville ; elle n’a toutefois qu’une seule cour. Les débi- teurs ont une cuisine ou chambre de jour, et diverses chambres , dont une où ils peuvent îT DÈS Hôpitaux. 25'7 p'’eiivartient au concierge. J’ai vu ici jusqu’à dix-^ huit prisonniers. A Ciare , le Bridewell offre d’abord une chambre de travail trop renfermée , et que rendent infecte des latrines qui en font par- tie. On trouve ensuite deux chambres sans- cheminée , mais pourvues de châlits. Il y a un puits de bonne eau , dont les prisonniers lî’ont point l’usage. La maison est couverte de chaume; les murailles sont de terre ; mais la chambre des hommes est_ doublée en plan- ches ; le tout est dans le plus mauvais état. Point de ration. Chaque prisonnier paye 2 sous par jour, afin d’avoir de la paille. Le concierge est un tisserand ; il a 13 liv. i j sous St. d’appointemens , et ne perçoit point de droits. L’acte contre les liqueurs fortes n’est pas affiché dans ceBridewell. J’y trouvai , en 1776, pour unique prisonnier, une femme qui travaillüit enchaînée ; et en 1775)., trois personnes du même sexe , chargées d’une chaîne pesante , et deux hommes ayant les fers aux pieds et aux mains. Ancun juge n’a visité cette maison depuis plusieurs années. . • Le dernier Brideweil du comté est'àMil- denhall ; il renferme deux chambres , l’une de dix pieds et demi sur dix , l’autre de douze pieds sur huit. Il n’y a ni. cheminée R iij 2(^2 Etat des Prisons ni cour , ni privés. L’acte contre les liqueurs» fortes n’y est point affiché. Le bâtiment n’est rien moins que sûr , et tombe en ruine. Le concierge aun jardin, et lO I, st. d’appointe- mens ; il ne perçoit point de droits. Je dois dire , en passant , que la maison de travail de cette paroisse est l’une des plus propres que j’ayevues.A ma première visite , j’y Comptai plus de quarante personnes , et soixante - neuf à ma dernière. Leur visage annonçoit le contentement, et rendoit témoi- gnage des attentions que l’on avoit pour elles. Il seroit à désirer que toutes les pa- roisses d’Angleterre eussent pris ’ les mêmes soins , pour encourager , dans leurs ihaisons de travail , la propreté et la diligence. Plu- sieurs d’entre elles n’auroient pas été réduites à se réunir pour en former de nouvelles , après la ruine de celles qui leur appart enoient en propre. Bury-*Saint-Edmond a une prison de ville , qui appartient à sir Ch. Dawes. La cour est vaste , et garnie de chevaux de frise , qui la ^ rendent plus sûre qu’elle ne l’étoit ancienne- ment. Les prisonniers ne peuvent y prendre l’air , à moins de payer un sehelîing par semaine. Sur un des côtés de cette cour sont plusieurs chambres destinées aux débiteurs j £T DES Hôpitaux. 26^ l’une d’elles forme un atelier ; vis-à-vis est un grand cachot, enfoncé de trois marches, qui sert aux criminels de chambre de jour et de nuit. Les hommes sont enchaînés à des boucles enchâssées dans les pieds de leurs châlits , qui sont dépourvus de paille. II y a un autre cachot , où l’on descend par deux marches ; mais on ne s’en sert presque ja- mais. Point de séparation entre les criminels des deux sexes. Le précédent geôlier me dit qu’en 1775 cinq prisonniers étoient morts de la petite vérole. Il n’y avoit point alors d’apothicaire pour la maison. Elle en a un depuis cette époque , et ses appointemens ,sont de 40 Jiv. st. Il n’y a ni infirmerie ni bain. L’acte pour la conservation delà santé des prisonniers n’y est point affiché. Un cha- pelain , qui fait la prière deux fois par se- maine , a y O llv. st. par an. Le geôlier est sans appointemens; mais il perçoit 8 sous 6 den. st. par chaque débiteur , et 6 sous 8 den. par criminel , et a permission de vendre du vin et de la bière. J’ai toujours vu dans cette prison quantité de buveurs, comme si c’eût .été une taverne ordinaire. Le public n’alloue rien aux prisonniers pour dettes^ Les malfaiteurs reçoivent tons les deux jours un pain de la valeur de trois pence, depuis R iv 2(54 Etat des Prisons ^ le y novembre jusqu’au samedi qui précèdtfl la Notre - Dame. Un legs , dont il n’exisic point de notice dans la prison , assigne toutes les semaines deux boisseaux de charbon aux criminels , et quatre aux débiteurs. Une des- cription de Biiry, imprimée en 1771, fait mention de plusieurs legs et donations , an- ciennement institués en faveur des prison- niers. 'Je ne puis dire si ces aumônes sont tout à fait tombées en désuétude , ou si 011 les applique à fournir le charbon dontje viens de parler. Durant les assises qui se tiennent ici deux fois par an , l’on enferme les prisonniers dés deux sexes, amenés d’Ipswich, dans le cachot que j’ai décrit , et ils y demeurent "quatre à cinq jours. De 1774 à 1781 le nombre des prison- niers a varié entre onze et vingt-neuf. Bury possède encore un Bridewell, qui, dit-on, fut jadis une synagogue. On y voit un atelier spacieux, une chambre pour les hom- mes , et une autre pour les femmes , le tout au-dessus du rez-de-chaussée , dans le plus mauvais état, ^et donnant sur une petite cour, sans eau. Les appointemens du concierge ne s’élèvent qu’à 6 1. st. ; il touche de plus quatre schellingspar prisonnier, pour fournie îT DES Hôpitaux. 26 de la paille , et chacun d’eux lui paye un «chelling. Je n’en ai pas trouvé plus de deux en cinq visites. A Salisbury , la prison de ville et le Bri- dewell ne font qu’un. Les debiteurs y ont une chambre de jour à cheminée , et deux petites chambres , d’environ sept pieds sur cinq , où ils couchent. Les criminels occu- pent une chambre à cheminée , où se voit un métier de tissg:and. Les femmes sont à part dans une autre, qui a de même une cheminée. Cette maison a, comme tant d’au- tres , l’inconvénient d’une cour peu sûre , .et d’une provision d’eau , à laquelle les pri- sonniers n’ont point accès. Ces malheureux n’y ont point de ration assignée ; ils payent 4 sous St. de droits au concierge , qui est sans appointemens. L’acte contre les liqueurs n’est point affiché dans les chambres. z66 Etat des Prisons SECTION XL. Comté de ÎC^arwick» li E geôlier de la prison du cqmté à War* wick n’a point d’appointemens ; les débiteurs lui payent 14 sous 6 den. st.’ ; les criminels 13 sous 4 den. st. Il reçoit 7 liv. st. pour chaque homme condamné à la transportation. Le guichetier a permission de vendre de la bière. Le chirurgien a 20 liv. st. d’honoraires, et le chapelain yo. Celui-ci doit officier le dimanche et le vendredi^ mais, depuis deux ans, il néglige de remplir ce devoir, et se contente d’assister les criminels à leurs derniers momens. Les débiteurs ne reçoivent rien du public; un legs leur alloue en commun 30 schellings par an , et un autre, huit pains de la valeur de trois pence , deux fois par mois. Les cri- minels ont un pain de trois livres tous les deux jours.. Le nombre des , premiers , de 1773 à 1782, a varié entre neuf et trente- deux ; celui des seconds entre sept et trente- trois. Il y a une cour pour les débiteurs et les criminels. Les femmes ont une cour sé- ST DES Hôpitaux. 2^7 parée $ une chambre de jour et deux cabi- nets pour la nuit. On s’abstient , depuis quel- que temps , de les mettre aux fers. Les cri- minels ont une chambre de jour , et passent la nuit dans un cachot octogone de vingt- un pieds de diamètre , où l’on descend par 31 marches , et qui est humide et ma!-* sain. Il y a deux cellules, et un autre cachot pour les malfaiteurs jugés. Pendant leur juge- gement , ils sont revêtus d’un habit que fournit le comté. La maison en a douze pour les hommes , et six pour les femmes. La chambre commune des débiteurs est une salle qui sert aussi de chapelle. Ceux d’un état un peu relevé ont à choisir de dix •ou douze chambres , parmi lesquelles il en est une où ils peuvent recevoir leurs amis sans témoins. Point d’infirmerie , ni de bain. Le geôlier et quelques prisonniers mouru- rent, en 1772, de la fièvre des prisons. L’eau manquoit alors, aujourd’hui elle est en abon- dance. Les juges du comté se sont occupés de •cette prison et du Bridewell , et se propo- sent de faire en sorte que les débiteurs et les criminels , les hommes et les femmes y soient entièrement séparés. Ils comptent aussi procurer à l’un et à l’autre le double û6S Etat bus Prisons avantage d’une infirmerie et d’une chapelle; Il est permis d’espérer que des magistrats si zélés pour Je bien interdiront l’usage da . cachot , repaire aqueux et infecte , qui ne i reçoit de jour que par un soupirail de nois | pieds de diamètre. On venoit de finir , ea | 1782 , plusieurs chambres destinées aux dé- biteurs , qui ouvrent sur un passage trop étroit, puisqu’il n’a que trois pieds de largeur. Ces premiers travaux semblent indiquer un plan , où l’on a moins consulté la con- venance , la sûreté et la salubrité , que Postent ration. Je vis un placard affiché dans la salle des débiteurs. Il contenoit des réglemens contre • la profanation , la débauche et l’ivrognerie , et statu oit des punitions. Mais je fus affligé d’y voir un article conçu en ces termes '. Cha- que débiteur^ homme ou femme, payera 2 sous 6 d. de bien-venue. Un tarif légal des droits exigibles est aussi affiché dans la prison. Le comté n’a de Bridevell que celui qui est à Warwick. Ce Bridewell n’est point assez vaste ; il ne consiste , pour les hommes , qu’en un atelier de dix - neuf pieds sur seize , et en ET DES Hôpitaux, 26p deux chambres de nuit. Les femmes n’ont que deux chambres , qui donnent sur une petite cour séparée. Lesprisonniers manquent d’eau , le bras de la pompe se trouvant en dehors du mur. En général , la maison est renfermée et fétide. Le terrein qui l’avoisine permetioit de l’agrandir. Les prisonniers ont «ne ration journalière d’une livre^ et demie de pain. Le chapelain de la prison , qui venoic anciennement une fois par semaine leur ré- citer des prières, a discontinué cette prati- que. Le concierge touche 40 liv. st. d’ap- pointemens : ses droits sont de 4 sous 6 den, St. ; ce qu’il peut exiger en différentes cir- constances , est affiché , ainsi que l’acte contre les liqueurs fortes. Dans le cours de l’année 1772 , ce Bride* well a reçu quatre- vingt- cinq prisonniers; cent onze en 1773 ; cent vingt-trois en 1774 , cent douze en 1775’; quatre- vingt -neuf en 11775; cent trois en 1777; cent deux en 11778 ; cent trente en 1779; cent vingt - six en 1780; cent onze en 1781. Le plus grand nombre que j’y aye trouvé à la fois est douze. 'A ma dernière visite, iis étoient tous à l’ouvrage ; les uns battoient du chanvre , d’autres filoient du lin , ou cardoient de la 2*70 Etat des Prisons laine. Leurs profils s’étoieut élevés , le qivari» lier précédent, à 4 liv. 12 sous 3 den. si.; de juillet en octobre 1780, à 5 liv. 8 sous St.; dans le premier trimestre de 1781, à qliv. 16 sous st.; et dans le dernier de la même an- née, à 9 1. I sou 2 d. St. Covcntry et Birmingham , deux villes du même comté , ont de même leur prison par- ticulière. Cüventry .a de plus un Bridewell. La prison n’a point de chapelain. On vient d’y supprimer les appointemens du geôlier. Les débiteurs et criminels lui payent ly sous ^ den. St. de droits ; et il touche 8 liv. sç. par malfaiteur condamné à la tiansportaiioii. On lui permet aussi de vendre de la bière. Les débiteurrfi n’ont rien qui leur soit alloué. Les criminels rec^oivent une livre de pain par jour. Les uns et les autres doivent deux schellings de bien-venue. De 1773 à 1782 ^ le nombre des premiers a varié entre cinq et seize ; celui des seconds entre deux et dix , outre cinq déserteurs , que j’y ai vus en 177p. Le chirurgien est sans honoraires; mais il fait un état de ses visites , que la ville lui paye. Cette prison, bâtie eii 1772 , est situcè dans un quartier où l’air ne circule point ET DES Hôpitaux. Tjt assez librement. ( On me fit voir un empla- cement que des personnes judicieuses con- seilloient de préférer. ) Elle renferme huit chambres, destinées aux débiteurs d’un cer- tain rang ; une chambre commune à tous les autres débiteurs ; une chambre sans chemi- née pour les femmes criminelles ; une chambre de jour pour les malfaiteurs 5 et quatre ca- chots , de neuf pieds sur six , humides , in- fects , mal éclairés par autant de petits sou- piraux , de onze pouces sur sept , et distri- bués sur un passage de quatre pieds de lar- gueuT , où l’on descend par douze marches. Il n’y a qu’une seule cour à l’usage de «tous les prisonniers ; du reste , ni eau, ni bains, ni infirmerie. On pourroit former des cham- bres pour les criminels , dans un espace au- jourd’hui vacant , où étoit jadis la salle des assises du comté. Par ce moyen , les horribles cachots que je viens de décrire deviendroient inutiles ; et l’on s'eroit à même de séparer les malfaiteurs de l’un et de l’autre sexe. L’in- terdiction des liqueurs fortes n’est point affi' chée dans cette maison, non plus que l’acte relatif- à la santé des prisonniers. J’y trouvai , en 1782, un pauvre malfaiteur, qui , l’année précédente , avoit eu sa grâce du roi , à condition d’aller servir sur mer , 372 Etat nEs P’eisons et qui , faute d’avoir pu payer les droits dtl secrétaire d’état , du clerc de l’assise , du . geôlier et du sous-schérifF, continuoit de jeû- ner et de languir dans la captivité. Le Bridewell de Coventry étoit composé, en 1776 , de quatre chambres infectes et ren- fermées , dont deux pour les hommes , et deux pour les femmes. 11 n’y avoit ni cour , ni eau , ni privés, ni travail. Les appointe- mens du concierge étoient de 7 liv. st. , et il exigeoit un schelling de droit. Depuis, on a fait d’une salle adjacente , qui étoit auparavant la chambre munici- pale, un atelier et 2 chambres de nuit pourles hommes. Les femmes ont une cour, et leurs chambres séparées ; et l’on a soin de tenir de l’eau dans l’un et l’autre logement. Si le plancher de l’atelier étoit couvert de nattes, et s’il y avoit des lits en caisses dans les cham- bres de nuit , il seroit aise de faire régner la propreté dans cette maison. ' Dei776à 1782, le nombre des prisonniers y a varié entre un et six. La prison de Birmingham offre d’abord une cour large d’environ vingt - cinq pieds. Vis-à-vis la porte, se voit la maison du geô- lier, au-dessus de laquelle sont deux cellules enfoncées de sept marches, et renfermant des châlits, E T D E S H ô P I T A U X. 27^ châlits , avec la paille. Sur un des côtés de la cour , .les. .femmes ont deux cham- bres de nuit,, J de huit pieds sur cinq pieds- neuf pouces, surrnontées de quelques autres pièces. Il y a deFautre côté une petite cham- bre de jour, occupée par les hommes et les femnu^ , Fétabie du geôlier ( qui se permet d’en disperser les immondices dans la cour); et au-dessus , une chambre passable ; mais n’ayant qu’une seule fenêtre de dix - huit pouces en carré. Cette chaqibre étoit ..aùtre- fois destinée aux débiteurs compris dans la juridiction de la cour, -de conscience. Plus haut , sont encore une ou deux chambres. A de certaines époques, , cette maison re- çoit beaucoup de prisonniers ; ce qui n’a rien de surprenant dans une ville aussi grande etaussi peuplée que Birmingham. Dans Fhlver de 1775", on en compta à la fois jusqu’à cent cinquante , à qui les magistrats eurent l’attention de faire donner des alimens , du > à . ■ . • ■ i ' bouillon , &c. Au mois de novembre 1782, j’y trouvai trente-neuf' personnes qui avoiem été arrêtées la nuit précédente., dans une visite de police'; mais la plupart furent mis en liberté dès le matin. La ration des prison- niers consiste dans la valeur de quatre pence en pain et en fromage. Le geôlier a permission, Tome IL S • 274 Etat DES Prisons de vendre.de la bière.' II prénd deux schellings de droits. Le tarif n’en est point affiché ; non plus .que les actes relatifs aux liqtiëurs fortes' et à la santé des prisonniersl' . ,De 17743' 1782, le nombre' de ceux - ci avarié entre deux et huit. ' '' - Birmingham a une autre prison pôur lès dé- biteurs , appelée prison de la Cour^; parce qu’on y renferme lés débiteurs de la cour de conscience. L’acte contre les liqueurs n’y est point affiché. On''ÿ*'Vôit ime cour de treize pieds dix pouces sur dix pieds ; une salle de jour commune aux^ prisônniers des deux sexes ; deux chambres au rez-de-chaussée ; et deux autres à l’étage supérieur , où sont dés lits, dont l’usage coûte* i sou 6 den. st, par semaine. Les droits sont de y sch. Les pri- sonniers n’ont point la permission de travailler. Le geôlier me- dit qu’il s’étoit vu contraint de payer le capital et les frais d’une somme de 16 ou 1 7 schell. , pour laquelle étoit détenu un pauvre cordonnier^ afin que cet homéne pût achever de l’ouvrage qü’il aVoit commencé la Veille de son ehapris'onnement.^ c.j j- A.. r.' 4 X s 1 ri SECTION-XLI. c • . * Comté de Leicester, 1 / A prison du comté est à Leicester. Le geôlier est sans appointemens j chaque pri- sonnier lui paye lysousq den.‘ st. ; et toutes les fois qu’il escorte des malfaiteurs con- damnés à la transportation , il touche 8 liv. St. , s’il n’y en a qu’un , et 7 liv. sterl. pour chacun d’eux , s’il y en a plusieurs. JLa en outre la permission de vendre de la bière. Débiteurs et criminels reçoivent tous les deux jours un pain de la valeur de 4 p. Malgré une inscription qui se lit sur la porte, et qui dé- fend aux guichetiers , comme aux prisonniers , de rien exiger à titre de bien - venue , cet article coûte 3 sous st. aux criminels , et 4 aux débiteurs. De 1773 à 1782, le nombre des premiers a varié de deux à onze ; et celui des seconds de quinze à vingt-trois. Le cha- pelain a 30 liv. St. d’honoraires , et le chi- rurgien ly. Les débiteurs d’une certaine classe sont répartis dans neuf ou dix chambres ; les autres occupent , durant le jour , une salle Siy 27(5 Etat des Prisons commune, et , pendant la nuit , un caveau humide , ayant vingt-neuf pieds et demi sur rleuf, haut de six pieds huit pouces, enfoncé de sept marches, et éclairé par deux fenêtres, dont la plus grande a environ quinze pouces en carré. Probablement ce cachot est le même que celui dont se plaignoit , en idpo , un habitant de cette prison , dans une lettre adressée à Moses Pitt, prisonnier à laFket, qui l’imprima en 1691 , avec d’autres lettres du même genre , dans son ouvrage intitulé , Cri des opprimés. A en' juger par cette lettre et par quelques-unes de celles qui l’accompa- gnent, il paroît que les abus dont mes remar- ques font foi, subsistent depuis bien des années. Les chambres de jour et de nuit des cri- minels sont des cachots , où l’on descend par cinq ou sept marches. Ces malheureux ont pour lits des nattes serrées, étendues suc la terre , et qui vaudroient mieux que de Ja paille , si l’on y joignoit des caisses et des couvertures. La maison est généralemenr infecte et dépourvue d’air. La cour n’a que trente-six pieds sur dix - sept pieds quatre pouces, Il n’y a point de chapelle. On vient de bâtir deux chambres destinées à servir d’infirmerie ; mais la prison n’a pas cessé d’être ûicommode et nial-saine. En J774i ET DES Hôpitaux,' 277 trois débiteurs y moururent de la.petite vérole , et j’ai su que rarement on s’y rétablissoit de certé maladie. Il seroit à souhaiter que l’on en construisît une autre sur une colline peu éloignée de 'la salle où se tiennent les assises, du comté. Ce lieu, bien aéré suffisamment pourvu d’eau, présente une situation des plus favorables. . ' • Quoiqu’il soit convenu , dans l’acte relatif à la santé des; prisonniers , que toutes les prisons ayent des bains,, le lecteur a pü voie qu’il ne s’en trouvoit point dans plusieurs de celles que j’ai décrites. Mais' ce n’est pas tout ; 'dans celles q[ui en ont ,. si les malfai- teurs ne peuvent y entrer commodément avec leurs fers, et si le. public ne leur alloue pas du savon, et ,dest serviettes r.,;, l’utilité' de Fétablissement ést.foiblè , 011 nulle, et les pri-' sonniers n’en .font: usage! que lorsqu’on lés y oblige par hviol'ence. ,La prison de 'Leicester# ainsi que beaucoup d’autres ^ ,n’a qu’un mé- çhanOonneau , qui ne contribue nia la pro- preté j ni à la; salubrité.’ - li- si •« . ' Le comté a trois Bride’wells'j dont le prin- cipal esti à Leicester. Il es^ cômposé 'de huit chambres ' et 'd’une cour. ' Aucune des chani- bües n’al de cheminée.' Les hothme^ éh ôccu- -pent trois , situées au rez-de'-ohauseée ; lés femmes , quatre de Pétage^ 'supé rieur ; érïa iiuitième reste toujours Hniitîe^,' 'parce qii’elle n’est pas"’ sure. La cour à le ^rhême incodye- nient. Les prison^ers reçoivent tous les jours un pain de là' Valeur de* cJéüX jpeHce , lorsqu’ils ont passé un mois danLiadnâison. L’acte -contre 'les 'liqueurs n’y ds’t'^^pàs affiché. J’y lus ces mots’, tracés sur -hné'dplanche ordre des juges tenant les assises de Pâqiïés ^ •en j'^’q2f.i^il"^és^'défendu~d'à'p'porter ici de la bière le dimanche , et après- sept heuris 'dU soir les jours ouvriers. 4- n Dans la première édition de- cef ouvrage^ •j’avois 'dit que si l’on ehfouroit là' cour d’un mur de brique, au lieu d’un mur de torchis , qui lui servoit de clôture on n’auroit plus b«soin de fers et de menottes pour s’assurer S iv 2S0 E T A T r> E S P R I s O N s des prisonniers; j’ajoutois , que les chambres seroient plus aérées , et que l’on pourroit établir la sépaç^t^n jçonvenable êiiire les pri- sonniers des, deux ■ 'Sexes , en agrandissant la cour aux dépens d’un verger que le concierge affermoit 6 1. p;par an. . nr A ma dernière. ^vishe 5 je trouvai.. ia ^ cour agrandie, le mur éleyé ,^eti'les prisonniers débarrassés de leurs chaînes. Mais, lès hom- mes et les fernrpes ne sont pgs ^ericore;i sé- parés . conune , ils .deivroient l’être, ç Au sur- plus, on , lave et. on blanchit, cette, imaison deux fois l’anqée , et,i.l y rè^ne,itne propreté remarquable. Les priso.n^iersd.n’y .couchent point sur le p^anclïçr; ils ont, dei matelas et. des caisses ou_ (^lâlits. iLeèçpncierge., qui est ,vm cardeur de,.laipp ,* a 21 liv.!.st,' d’apppin- temens. Il paye 14 schell. pour la taxe sur les fenetres. v.*'. *.1. * y \ ■ ■ De 1773 à 1782 , le nombue^^dçS prison- niers de ce Bridewell a varié-, entre deux et huit. v.' ;v ■\\\ . .A Melton-Mowbray,, le Bridew^ell n’a que deux chambres, rde.j onze pieds sür neuf, sans cheminée et sans eau. II n’ajpoint de cour ni d’emplacement où l’on puisse en former une. Les appointemens du çonciergé I ET DiE S Hôpitaux. 281 sont de 4 liv. sr. Il louoit anciennement une chaumière; mais le comté lui a fait bâtir un petit logement , composé de trois chambres. Je n ai jamais vu de prisonniers dans ce Bri- dewell. Celui d’Hinkley , où je n’en' ai pas trouvé non plus, dans .trois visites que'j’y ai fair tes, renferme un atelier ,'oune chambre de nuit voûtée pour les hommes ,\ et une autre pour les femmes. On y voit des châlits et des matelas. La maison n’a Ipomt d’eau. Le concierge a 4' liv. sterl. d’appointemens , et exige 2 sous 6 den. st. de 'droits, .qui ne sont point autorisés par un tarif légal. En ■1776, il étoit aussi à la tête de la maison de travail , qui .touche au BridewelJ. Les pauvres „y paroissoient alors en santé; ils .étoient gais, propres et occupés,. Mais’ à. ma dernière visite je ^trouvai bien* du change-; ment. u; Ur?u' ' r; ; 3;" ' 'TJOq e...,.;. Indépendamment^ de la prison et du Bri-' dewell ,,.;,qu€ j’ai , décrits à l’article de Lei- çesteïj, çetie .ville a un Bridewell particulier, et une, prison qui sert aussi de prison du comté. Le geôlier de cette dernière est sans appointemens, et paye une rente de 3 liv* 28 Z EtAT.DÈS P'flLSONS St.; il perçoit I IJ: sous 4 den. st.- de droits ,syr les débiteurs et fsur. iles criminels. Les inalfaiteurs condamnés "à être transportés lui -valent. 10 liw. st* chacuir. Il a permission de vendre de la bière. Qn donne tous les jours .àux' prisonniers un-' pain de Jâ ivaleirr de deux pence. Les débiteurs payent. 4 s. 6 d. sterl. de bien-venue, leL les criminels 2 sous 6 d. sterl. De. 17,74 à. -1 782 > le mombre des uns a varié entrb un et cinq celui des autres entre deux:;et çinq. La maison n^a* point de chapelain. Lëx^riirgièn ne touche poiiu d’ho- noraires ; ;mais leicomté lui j^a)'33'l-état de ses visites, .i - ■ .] •(- r Cette pmoiij;::: trop" rêiîfeFmée i .et qu’on ne. blaiicbitqaihais.'; ou. les pîiûvés exhalent une -odeur rnsuppxDirtabieç ^equoiqive la- cour soit 'abondamki.entipourvtiei'd’qau.^'^est'’ com- posée d^uiib salietbasse-V de dix pieds sur neuf', commune à tous les débiteurs; dedeuxchami- bres hautes pour ceux qui ont de quoi payer , etKdedtroisrGachots ', où donndescbndrpar dinq jûarches , 'l’un pour lés Gàimi^élS'yPautriepoùï ies.^enames‘soupçoaanées deldrimes'j Jé'fr§î^ sîème pour des débiteurs pauvres. Les actels relatifs aux liqueurs et àlasantëd-és prisonniers n’y sont point affichés; mais'C)ny vo'iVuÊxa^ des droits du geôlier. ET DES HÔEÏ T.A U X. lS| La dernière fois que je la visitai , un mal- faiteur cjlii le roi avoit fait grâce , s’étant trouvé hors d’état de payer une somme de 2 1. 8 sous 6 d. St. , à laquelle s’élevoient les droits du secrétaire d’étatet du clerc des assises , con- tinuoitd’y partager le sort des coupables , auxr quels il ne devoit plus être associé. ' Le Bridewell- est compris dans l’enceinte de la prison. Il consiste en quatre chambres, où l’on descend par cinq marches.^Le concierge a i l. st. d’appointemens. Je n’y ai jamais^ vu personne. . - / -!)0.' , iOci^icG ■'TA ■'‘''r ' " -'■‘'JJ , , Comte de Mert>y. , . i^ldrarioj z^f.' :(^z t?i v i, U N mêmé’^Mtîment renferme^ à -Derby 'I^ prison' et’^Te’HHdewell diicaiTité.'' Le 'geôlier , •^és't '^rt^fnêHÜe tenipS-côficiergé , '^'à' ci'ap- pointemens^'SO’dîi^ stf’dünP là ^première qua- lité , et 36 li y. ^Ist-i dans -la seconde. 5es cifott?’ sont de 17 sous 4 dcn. Les Dialfaiteiits cori-i damnés à la transportation lui valent 7 liv^ '17 sous sterling chacun et lorsqu’il n’y en a point, il 'est': dédommagé ^ar' une somme de lO liv. st./Toutei lés, semaines- on donne J -v* O e i luj ■b noîir'it 1,. à chaque prisonhiei* deux pains de la.valeur de neuf pence^ et les xriiniqels ont de plus pour 2 liv. 12 sous' st. de charbon par an. iTous payent 3 soiIs '<5 deji. ‘^erling de bien- venue , et I sou 2 den. pour le charbon , &c. De 1773 à 1782 , le nombre des débi- teurs a varié entre quatre et treize ; celui des criminels entre trois et douze. L’aumônier ^ dont les fonctions l’amènent dans la prison le mardi , le jeudi et le samedi de chaque semaine, a 30 liv. st. d’honoraires, ainsi que le chirurgien, qui reçoit en outre trois ET DES Hôpitaux. 2Sj; giiinées , pour l’indemniser de ce qu’il lui en coûte pour 'aller rendre compte aux assises de l’ctat des prisonniers. . Cette prison fut bâtie en'.i75'7j, dans une situation aérée , salubre. Les ‘■débiteurs ont leur cour et leurs appartemens ' séparés de ceux des malfaiteurs ,■* mais- non -élu Bridewell. Le plancher de leurs chambres n-’ést fôrmé que d’un mauvais ciment , difficile à nettoyer; Les fenêtres sont en général trap'plétites', "eî Jie donnent point assez dé fonrV Le Bride- vell , situé dans la cour des débiteurs, renl- ferme un grand atelier , deux chambres polit les femmes , et -une thambre où l’on merles criminels condamnés. / Dans la cour des criminels' se voient une chambre de jour pour les hommes, un ca- chot de vingt-trois pieds et demi de diamè‘- tre , où l’on descend par trois marches; une chambre de jour, et deux chambres de niiit pour les femmes ( ces dernières chambres ont sept pied^en carré , mais elles- manquent d’eau); une chapelle propre-,- mais dont voûte est trop basse ; un bain-où l’onucoru* duit les prisonniers .avant qu’ils pâtoisSent'aux assises , et qu’on chauffe'' avec iiifi-'^ylindte de cuivre; deux chambres au-dôssus , * qui servent d’iflfijriÿerie; enfin une .salie «ouveL aSâ Etat des Prisons îement construite près de la maison du geo jier, et dont les fenêtres donnent sur la cour des criminels; ce qui maintient parmi eux le bon ordre et la tranquillité. Le comté alloue huit guinées par an , afin que les prisonniers ayent de la paille. Aux environs de Noël , un particulier va faire le tour du comté , et quête pour les debiteurs dans toutes les maisons de cam- pagne. Il porte un livre où celui qui donne inscrit son nom et la quotité de son aumône. Le produit total de la quête monte ordinaire- ment à 14 1. st. ^ . Il y a un autre Bridewell du comté à Chesterfield, dans une maison bâtie en 1614, et donnée à la paroisse pour servir à cet usage. Les hommes y occupent une chambre ou caveau de 17 pieds en carré , enfoncé de huit marches sous le logement du concierge, mais de niveau avec le terrein qui se trouve sur le derrière. On leur tend le plus souvent leurs provisions par un trou^reusé dans le plancher du rez - de - chaussée. Les femmes ont une chambre à l’étage supérieur. Le comté n’alloue aux prisonniers ni paille , ni ration journalière , ni de quoi les défrayer , lors- qu’ils vont aux assises de trimestre. Ils sont sans ouvrage. Le concierge touche 50 liv. sf. ET DES HoPITAtJX. I87 d’appoimemens et nç' perçoit point de droits. L’acte contre les liqueurs n’^est point affiche dans la maison. L’on viént d’y ajouter une cour, prise sur le jardin du geôlier', et un caveau pour les femmes, de lamiême dimen- sion que celui des hommes , et* dans lequel je trouvai, à ma dernière visite , une mal- heureuse hile emprisonnée pour avoir fait un enfant. Je sais que les juges de ‘paix sont autorisés à envoyer, poür un an-,- les- femmes de mauvaise vie 'à la maison de correc- tion , avec cette seule restriction , qu’il faut attendre, pour arrêter une femme enceinte," la -naissance de son enfant et le rétablisse-' ment de ses forces. Mais' a’rânt de mettre à exécution cette loi rigoureuse , les magis- trats feroierit bien de s’informer si les ins- pecteurs des pauvres n’ônt pas sollicité leur 'Warrant , dans l’unique vue d’épargner des' frais à la paroisse,' et s’ils' n’ont pas en con- séquence exagéré la faute , et représenté sous de- fausses couleurs la situation de l’accuséei^ Je crois que cette injustice avoir 'érr^ lietf dans-Toccasion dont il s’agit ,-’ et^'dans plu- sieurs autres que'’ je pdurroi^'cifef'J' et'pro-i*’ bablement on s’est' rendu plus d’une fois coupable" d’uh dxées.. de barbarie envers ‘la* mèjre et l’enfant, par trop de promptitude 288 Etat d e s P iii s o n s à emprisonner la seconde avant qu’elle eut re- cauvré ses forces. Je n’ai jamais vu au delà de cinq prison- niers dans le Bridewell de Chesterfield. A ma dernière visite , i[ s’y trouvoit un déser- teur, dans la famille duquel la désertion paroissoit être un goût héréditaire. Son frère étoit enfermé ailleurs pour la même cause , et l’un et l’autre avoient suivi l’exemple de leur père et de Jeur grand-père , dont le pre- mier yenoit d’être condamné à la transpor- tation, et l’autre, plus heureux, après avoir abandonné un régiment de dragons, , où il servoit, et volé son cheval et son habit , avoit' eu le secret de ne pas se laisser prendre. Derby et Chesterfield ont chacune leur pri- son de ville. A Derby, elle sert en même temps de Bridéwell. C’est une masure in- fecte et mal-propre , composée de deux cham- bres pour les débiteurs , d’une chambre pour les criminels , et de trois chambres pour les ipaalfaiteurs accusés de fautes légères , le tout joignant une, cour étroite, lopgùe de trente- quatre pieds- 'sur sept de^ large, et trop peu sûre pour qu’on en permette l’usage aux pri- sonniers, Derrière la prison rcst un jardin ïT t)ï:s Hôpitaux, û8p v:isie, qui appartient au geôlier. Celui-ci, tomme geôlier , n’a point de salaire ; en ■qualité de concierge du Bride^vell , il tou- che y liv. St. d’appointemens. Il peut vendre de la bière; il exige des débiteurs 6 sous 8 den. st. de droits, et 5 sous 6 den. sterl, des criminels. Le tarif de ces droits n’est point affiché» On voit dans la cuisine des débiteurs un papier qui fixe la bien-venue à 3 sous 6 den. su Chaque prisonnier reçois en pain la valeur de deux schellings -six pence par semaine. La prison de Ghesterfîeld , propriété du duc de Portland, rapporte à ce seigneur 18 liv, 12 sous St. de rente annuelle , que lui paye le geôlier. Elle n’a qu’une seule chambre au- dessus d’un caveau , où Ton descend quel- quefois les prisonniers , et qui n’avoit pas ■été nettoyé ^depuis plusieurs mois lors de ma première visite. Il y avoit aussi plusieurs semaines que la porte de la prison n’avoit pas été ouverte. J’y trouvai quatre débi- teurs , et ils me dirent qu’ils étoient à demi- morts de faim. L’un d’entre eux ajouta , en pleurant : /e n’ai pas mange d’ auj ourd' huh C’étoit dans l’après-dîner. La maigreur et la foiblesse de ces malheureux contirmoieiu leurs discours. Ils avoient emprunté un livre , et Tome //, T, Etat des Prisons l’un d’eux faisoit la lecture à ses compa- gnons. Mariés tous les quatre , ils avoient entre eux tous treize enfans , dont on avoit chargé leurs paroisses respectives. Deux rece- voient de leurs créanciers environ 4 sous par jour, et partageoient cette foible ration avec les deux autres. La ville n’alloue ni pain , ni charbon , ni paille ; seulement elle fait donner chaque jour aux prisonniers douze pintes d’eau , qu’on leur passe par la fenêtre , ainsi que toutes leurs provisions. Le geôlier est un bailli, et loge ailleurs. Je vis dans cette prison un châlit qu’un pauvre prison- nier y avoit laissé , en vue de procurer du soulagement à ses déplorables successeurs. ïT DES Hôpitaux. 2pi SECTION XLIII. Comté de. Nottingham, T > E geôlier de la prison du comté, située a Nottingham , touche 20 liv. st. d’appoin-* temens , 14 sous 8 den. de droits de chaque prisonnier, et 7 liv. 17 sous 6 deniers sterl. par malfaiteur condamné à la transportation. Il lui est permis de vendre de la bière. Cha- que prisonnier reçoit journellement en pain Ja valeur de 6 sous de France. Les criminels ont de plus un demi-penny en argent. La bien-venue est prohibée. Le chapelain a yo liv. St. d’honoraires pour se rendre à la prison deux fois par semaine. Le chirurgien, 30 I. sterl. Le bâtiment est sur la pente d’une colline : on n’y a réservé que trois chambres aux débiteurs d’un certain rang. Plus bas , à la profondeur de vingt-huit marches , sont deux chambres pour les criminels en état de payer, et une pour ceux dont la sentence est prononcée j douze autres marches conduisent à des ca- chots obscurs , taillés dans le roc , et fort humides. L’un de ces cachots a vingt - trois Tij Etat des Prisons pieds sui* treize, et sept pieds de haut; un autre , presque circulaire , a environ douze pieds de diamètre. On y voit des hamacs garnis de paille. Les débiteurs et les criminels sont séparés , comme ils devroient l’être par-tout. La cour des criminels est bien aérée , ils ont à leur usage un puits et de l’eau de rivière. Lors- qu’il n’y a qu’une femme ou deux dans la prison , elles couchent sttr un lit , tendu exprès dans une chambré qui fait partie de la loge du guichetier. Lorsqu’elles sont plus -de deux, on les fait coucher dans un des ca- chots. Près de l’infirmerie , cojuposée de deux chambres , se voit un bain commode et spa- cieux , avec "un cylindre pour le chaufter au besoin. L’acte relatif à la santé des pri- sonniers est affiché sur la porte du geôlier , auquel les juges ont permis de fournir aux malades une nourriture meilleure qu’à l’or- dinaire , pourvu que la dépense n’excède pas sept schellings par semaine. J’ai lieu d’es- pérer que des magistrats si humains fini- ront par reconnoître le danger des cachots , et ordonneront qu’ils soient fermés pour tou- jours. Les prisonniers ont le choix du pain de feT Dts Hôpitaux. i2p5‘ froment, ou de celui qu’on appelle de mé- nage. Le premier pèse un quarteron de moins que l’autre. Les malfaiteurs condamnés à la transpor- tation continuent de recevoir leur ration de pain , avec les deux schellings six pence que le roi leur donne par semaine. On fait , dans oe comté , une quête pareille à celle qui a lieu dans le comté de Derby. Elle produit environ 30'liv. sterl. tous les ans. La prison n’a point de chapelle. Le service divin se fait dans une salle trop petite. Les prisonniers vont recevoir leur jugement avec des habits qui' leur sont fournis par le comté. En 1776, le roi fit grâce au nommé Wil- liam Berks , compris dans la liste des malfai- teurs condamnés à la transportation ; mais cet infortuné , se trouvant dans l’impossibi- lité de payer environ 3 liv. sterl. de droits exigés par le secrétaire d’état et le commis des assises , outre ceux du geôlier , n’étoit pas encore sorti de prison en 1782. Au bas d’un tarif légal des droits du geôlier, on rencontre avec plaisir la notice des legs institués en faveur des prisonniers. On y lit , que les représentans de M. Henri Handley sont T iij 3P4 Etat pes Prisons tenus de leur payer 4 liv. st. par an; et tes héritiers de M. Abel Coilings , quatre scheU lings par mois , destines à leur procurer du charbon; et que quelqu’un de la famille de Hutchinson leur avoit anciennement laissé une rente de quarante schellings y dont ils n’ont rien reçu depuis plus de vingt an- nées. Xe comté n’a qu’un seul Bridewell , placé à Southwell , où il sert aussi de prison pour les districts qui dépendent de l’archevêque d’York. On entre par une cour, en face de laquelle est une chambre au rez-de-chaussée , avec un cachot humide, enfoncé de douze mar- ches , haut de sept pieds et demi , ayant quatorze pieds en carré , et recevant le jour par une fenêtre de deux pieds dix pouces sur huit pouces. Cette partie du bâtiment est construite depuis i6y6. Dans une arrière- cour se voit un bâtiment neuf, composé de deux chambres au rez - de - chaussée , et de deux autres à l’étage supérieur. L’une de celles-ci est réservée pour les malades ; elles ont toutes environ quinze pieds sur douze , et sont pourvues de cheminées ; mais le comté n’alloue point de charbon. Cette cour ïT DES Hôpitaux. n’a point de pompe ; et il n’y a point de cour particulière pour les femmes. On pour- roit leur en ménager une dans le jardin du concierge. L’acte contre les liqueurs n’est affiché nulle part. Un apothicaire est chargé de fournir des médicamens aux malades , et le comté les lui paye. Chaque prisonnier reçoit tous les jours un pain de la valeur de trois sous de France , pesant d’une livre à une livre et demie. A ma dernière visite , je trouvai dans ce Bridewell un cordonnier que l’on avoit enfermé pour un an , et à qui , par une absurdité inconcevable , il étoit dé- fendu de travailler de son métier. Une partie des autres prisonniers étoit occupée à faire des chevilles de cordonnier , que le con- cierge vend trois pence le millier , et qu’il leur paye trois demi-pence ^ d’autres filoient du lin , et la moitié du profit revenoit de même au concierge. Ses appointemens sont de livres sterl.. Un placard affiché à sa porte avertit qu’on lui doit 3 schell. six pence de droits, et que les vagabonds seuls en son*^ exempts. Il me dit que dans l’espace de deux ans , sept d’entre ses prisonniers étoient morts de la fièvre des prisons. De lyyy à 1782 , leur nombre a varié entre neuf et dix- sept. 2p<5 Etat dès Prisons I^ottingham et Newark ont chacune leur prison et leur Bridewell particuliers. La pri- son de Nottingham sert aussi pour tout le comté. Son geôlier a 8 liv^. stcrl. d’appointe- mens. Les débiteurs emprisonnés pour moins de lo liv. St. lui payent 8 ,sous st. de droits , et 14 sous 8 den. st. , s’ils sont arrêtés sur le v/irit de quelqu’un des tribunaux de Lon- dres. Les droits qu’il exige des criminels sont aussi de 14 sous 8 den. st. ; et il tou- che 7 liv. 6 sous st. par malfaiteur condamné à la transporiationo II peut vendre de la bière. Les débiteurs n’ont rien d’alloué pour leurs besoins, sauf un legs d’un schelling par semaine , destiné à leur acheter du charbon. Chaque criminel reçoit tous les jours en pain la valeur de ^ sous de France. La bien-venue est interdite. Une quête annuelle produit en- viron 4 liv. st. , qui se partagent entre tous les prisonniers. De 17732 1782, le nombre des débiteurs a varié entre un et cinq , celui des malfaiteurs entre un et deux. Il n’y a ni chapelain ni chirurgien ; seulement le maire envoie tin chirurgien lorsque quelque prison- nier a besoin de son secours. On a fait depuis peu des réparations et des améliorations considérables à cette pri- son , composée de trois chambres par bas , ET DES Hôpitau:?^; 297 cie deux au - dessus , et de deux greniers ; d’un cachot enfoncé de vingt- deux marches , dont on ne s’est pas servi depuis long- temps, et d’une arrière-cour avec de l’eau. L’acte contre les liqueurs n’y est point aflL ché ; mais on y lit un tarif legal des droits du geôlier. Le Bridewell de Nottingham a deux cham- bres sans cheminées , et un cachot obscur , enfoncé de neuf marches ,* quoiqu’il y ait un terrein vacant derrière et devant la maison , elle n’a ni cour ni privés. L’eau se trouve dans une cuisine, où est un lit pour ceux qui peuvent payer deux pence par nuit. Tous les deux jours on donne aux prisonniers un pain de trois pence; et un moulin propre à réduire les fèves en farine, leur fournit de l’oc- cupation. Le salaire du concierge e st de 8 J. St. Il exige i sou 4 d. st. de droits. La prison et le Bridewell de Newark sont compris dans le même bâtiment , com- posé de deux chambres voûtées en briques ; la plus grande a environ douze pieds en carré; leurs fenêtres donnent sur la rue: il est impossible d’empêcher qu’on ne fasse par- venir aux prisonniers des liqueurs fortes, des outils, &c. Il n’y a ni cour, ni paille, ni eau, ni privés. Le geôlier habile dans une hôtellerie, î^8 Etat des Prisons simi'e à quelque distance. Son salaire pour le Bridew^ell est d’une livre sterling. Il exige quatre schellings de droits , sans y être auto- risé par un tarif affiché. Le public donne à chaque priîonnier trois demi-pence par jour. On s’occupe beaucoup des embellissemens de cette ville ; et sans doute on ne négligera pas d’agrandir cette prison , à la faveur d’un emplacement qui se trouve derrière , et qui appartient au public. Basford a une prison qui ne sert que pour les débiteurs. Elle ne consiste qu’en deux chambres, avec des lits. Le geôlier, proprié- taire de la maison , est autorisé à percevoir 15 sous 4 d. de droits sur chaque prisonnier. ïT DES Hôpitaux.’ 25)5? SECTION XLIV. Comté de Lincoln, T à E château de Lincoln , appartenant au duché de Lancastre, sert de prison au cointé, moyennant dix schellings de rétribution an- nuelle. Le geôlier n a point de salaire ; mais il est autorisé à percevoir 14 sous 4 den. st. sur chaque prisonnier; et chaque malfaiteur condamné à la transportation lui vaut 8 liv. 8 sous st. , dont il remet une guinée au clerc des assises. De plus , il reçoit tous les ans 15'4 liv. st. , à condition de fournir à chaque prisonnier huit livres de pain et une livre de viande toutes les seriiaines , et à tous en commun du charbon , de la paille et du gruau d’avoine , jusqu’à la concurrence de 6 liv. st. par an. Il est aussi chargé de tenir Je bâtiment en bon état ; de procurer à ses prisonniers des seaux et autres ustensiles ; de payer à ceux qui ont été arrêtés par ordre du banc du roi et du tribunal de Mar^ialsea, une rente annuelle de deux guinées, et d’ac- quitter la taxe sur les terres , &c. La bien-venue des prisonniers est de 2 s. 300 ÉTAT rss Prisons 6 den. St. De 1774 à 1782, leur nombre ï varié entre quinze et quatante-un. II y a deux chapelains, dont l’un a lo liv. st. , et l’autre 35" liv. St. d’honoraires. Suivant la coutume, le mieux p^yé est celui qui a le moins de charges. Les appointemens du chirurgien sow de 10 1. St. Le bâtiment renferme d’abord une cour ou place d’environ sept arpens ; au rez-de- chausée , le logement du geôlier , la taverne , &c. ; au premier étage, six chambres spa- cieuses pour les débiteurs d’un certain rang , et six greniers au - dessus. Les planchers ne sont que de ciment; les passages ont six pieds de largeur, et des fenêtres qui donnent peu de jour. Les débiteurs ordinaires occu- pent une chambre située à l’extrémité du bâ- timent, enfoncée de deux marches, pavée de petites pierres , et qu’on traverse pour se rendre à la chambre des criminelles , à celle de jour des malfaiteurs , et à leur cour , enfin à une autre chambre où l’on resserre les dé- biteurs qui se comportent mal. On y voit aussi une trappe, par laquelle on descend à deux cachots voûtés , profonds de dix mar- ches , et hauts de huit pieds. L’un de ces cachots a quatorze pieds sur vingt - un , et une fenêtre de deux pieds sur quatorze pouces. ET DES Hôpitaux. 301 L’autre , où l’on met les criminels dont la sentence est prononcée , a quatorze pieds sur sept , et une fenêtre de neuf pouces sur dix-huit. L’un et l’autre sont infects. Le sol ' en est recouvert d’un peu de paille. La cham- bre des criminels a onze pieds sur huit ; la cour des malfaiteurs quarante-trois pieds sur vingt-six et demi , et leur chambre quinze pieds sur dix-neuf. Toutes ces chambres sont dé- pourvues d’eau et de privés. Deux autres , avec des lits , sont destinées aux criminels en état de payer. On s’y rend par un autre passage. A défaut de chapelle, on célèbre l’office divin dans la salle des assises. La prison manque également d’infirmerie et de bain. L’acte pour la conservation de fa santé des prisonniers n’y est point affiçhé. Elle tombe en ruine , et on n’a jamais l’attention de la blanchir. On y lit un ordre des juges , por- tant qu’un débiteur, pour être admis à rece- voir la ration du comté , doit produire un certificat de pauvreté, signé du ministre, des marguilliers et des inspecteurs de la pa- roise. Les prisonniers pour dettes font , à l’aide de métiers peu chers , mais commodes , quantité de jarretières , de bourses , &c. , qui sont estimées, 302 Etat des Prisons Cette prison a eu trois bienfaiteurs, M. Th* Hesleden , M.Th. Rob. Jenkinson eiM' de Re- becca Hussey. Le premier légua , en 1720 , une rente de 8 liv, st. , dont y liv. sterling , avec y liv. données par le schériff, forment les honoraires de l’un des chapelains , et les 3 liv, restantes pour le soulagement des pri- sonniers pauvres. M. Jenkinson laissa , en 1772, l’intérêt de 120 liv. st. à partager éga- lement entre tous les prisonniers pour dettes, le lundi de Pâques , avec cette réserve , que si , dans le terme • de quatorze jours avant celui du payement , il se rencontre un debi- teur que l’intérêt dont il s’agit suffise pour délivrer, les dépositaires seront maîtres de l’ap- pliquer à sa décharge. Rebecca Hussey légua, vers 1717, le re- venu de 1000 liv. st. pour la délivr-ance des débiteurs pauvres ; mais depuis long - temps aucun d’eux n’a profité de cette fondation cha- ritable. Gainsborough , Folkingham et Spalding possèdent chacune un BrideWell du comté ; celui de Gainsborough est composé , par bas , de deux chambres de nuit et d’une chambre de jour, de deux autres chambres à l’étage supérieur, d’une cour de trente - trois pieds îT DES Hôpitaux. 3.05 en carré , et d’un atelier bâti depuis peu. L’eau Y manque. Les prisonniers , auxquels on n’alloue r^i ration ni paille , sont occupés à battre du chanvre , qu’on leur paye sur le pied de quatre pence par jro/ze. Le concierge, chargé de conduire , à ses frais , les prison- niers aux assises , a 30 liv. d’appointemens , et ne perçoit point de droits. On pourroit , aux dépens de son jardin , agrandir le bâti- ment. * A Foikinghamle Bridewell renferme un ate- lier, cinq chambres humides etsans cheminées, audessus desquelles loge le concierge, et une petite cour dénuée de pompe et de latrines. La chambre de nuit des hommes , longue de dix-huit pieds , large de neuf pieds neuf pouces , haute de six pieds neuf pouces , n’a d’autre fenêtre qu’une ouverture d’un pied en carré, pratiquée à la porte qui donne dans l’atelier. La chambre des femmes a treize- pieds sur huit , et six pieds deux pouces de hauteur. Dans une autre chambre, de vingt pieds sur douze , un escalier de sept mar- ches , où l’on descend par une trappe , ré- pond à un horrible cachot , qui a dix pieds en carré et cinq pieds et demi de hauteur. Malgré toutes les incommodités de ce lieu , des juges ne s’étoient pas fait scrupule d’y Etaï UES Pkisons^ er.vovcr une femme avec un enfant à la ma- melle. L’enfant mourut. Le conciere;e , chargé , comme à Gains- borough , de conduire les prisonniers aux assises , a 37 liv. st. d’appointemens , sur les- quels il doit donner en pain à chaque pri- sonnier la valeur de six pence toutes les semaines. 11 exige 5? s. 4 d. st. de droits, sans tarif qui l’y autorise. “ Le Bridewell de Spalding , récemment bâti , a plusieurs chambres bien aérées ; deux ont des cheminées. L’atelier a vingt - huit pieds sur neuf et demi. Au - dessous sont d’autres chambres voûtées , ayant douze pieds et demi sur neuf et demi , et sept pieds de haut. La cour est trop peu sûre pour que les prisonniers jouissent d’une pompe qui s’y trouve. Ils ont trois pence par jour; et lors- qu’ils travaillent , les trois quarts de leur gain ; l’autre quart est pour le guichetier. Les actes concernant les liqueurs fortes et la santé des prisonniers sont affichés dans ce Bride^\'■eIl. Le concierge a 58 liv. st. d’appointemens et perçoit y s. st. de droits , sans tarif. Les honoraires du chirurgièn sont de 12 liv. st. De 1776 à 1782 , le nombre des prisonniers a varié entre deux et treize. . La 'ET DSS Hôpitaux. 30jr, La ville de Lincoln a sa prison particu*- Lère , qui est aussi prison du comte. Le geo- iier reçoit 20 liv. st. d’appointemens , 6 sous 8 den. st. de droits , dont il y a un tarif légalisé, et 10 liv. sterl. par malfaiteur con- damné à la transportation. Il lui est permis de vendre de la bière. Les débiteurs n’ont point de subsistance allouée. Les criminels ont un schelling par semaine. Cette prison est dénuée de chapelain et de chirurgien. Elle n’a point de cour. Les pri- sonniers y manquent d’eau. L’acte relatif à leur santé n’y est point affiché; et il en seroic de même de celui qui défend les liqueurs fortes , si le geôlier n’avoit un jour Gourii risque d’être tué par un malfaiteur ivre. Les débiteurs occupent une grande chambre', les femmes une plus petite. Ces deux pièces ont des cheminées. Le logement des criminels consiste en deux cachots humides , dans i’unt desquels se voit une cage, Boston et Stamford , autres villes de ce comté, ont aussi leurs prisons particulières ^ qui servent en même temps de BrideweU. Les hommes y occupent deux chambres , hu- mides et infectes , d’environ quatorze pieds en carré ; au-dessus sont deux chambres pour Tome IL 50<5 Etat des Prisons les femmes , et deux pour les debiteurs. Celle où couchent les femmes a neuf pieds trois^j pouces sur six pieds quatre pouces , et n’es*^ J éclairée que par une ouverture de sept pouces » sur cinq , pratiquée dans la porte. La maison n’a point de cour, et manque d’eau. L’acte contre les liqueurs n’y est point affiché. Le geôlier a lo liv. st. d’appointemens en cette qualité , et q I. st. comme concierge. Il perçoh 2 s. 6 d. st. de droits. La prison de Stamford est nouvellement construite. Les débiteurs y ont une chambre convenable dans le logement du geôlier, et les autres prisonniers deux cabinets de lO pieds sur 8, hauts de sept pieds et demi, dont les fenêtres n’ont que deux pieds de haut sur cinq pouces de large ; une chambre attenante , de seize pieds sur huit, forme le Bridewell. La fenêtre en est aussi trop petite ; elle n’a que deux pieds sur un pied huit pouces. Les malfaiteurs reçoivent deux pence par jour. Le geôlier a q liv. st. d’appointemens, et 3 1. 6 sous 8 den. st. en qualité de concierge. Il peut vendre du vin et de la bière. Les actes concernant les liqueurs fortes et la santé des prisonniers, ne sont point affichés dans cette prison, qui, quoique neuve, est, par rapport aux criminels , plus dangereuse et îT Dîs Hôpitaux 507 plus destructive que n’étok l’ancienne. La cour n’étant pas sûre , iis demeurent toujours enfermés dans leurs cellules obscures et mal- saines. Entre autres articles singuliers d’un tarif de droits, qui n’est autorisé d’aucune signature légale , on y lit , que les malfaiteurs sont tenus de paj'er 2 sous sterl. au serrurier lorsqu’il leur met les fers et lorsqu’il les en délivre , et ceux dont la sentence porte qu’ils seront marqués , fouettés ou exposés au pilori j I sou su à l’exécuteur,. 0 Vij 5o8 Etat des Prisons SECTION XLV. Comté de Rutland. X-/ A prison du comté est dans la ville d’Oakham. Le geôlier est sans appointemens ; il perçoit sous lO d. st. de droits sur les débiteurs et les criminels, touche lo liv. st. par malfaiteur condamné à la transportation , et peut vendre de la bière. La province al- loue à chaque prisonnier la valeur de 3 sous de France en pain. La bien-venue est d’un schelling. De 1775? à 1782, le nombre des prisonniers a varié entre quatre et dix. Ils n’ont point de chapelain. Le chirurgien a 5 1. y sous st. d’honoraires. Cette maison est à la fois Bride\vell du comté et prison de ville. Cependant , en 177^ et en 1776 , je n’y. trouvai personne. Au rez - de - chaussée sont une chambre de jour ou cuisine à l’usage des débiteurs 3 une chambre de jour et deux petites chambres de nuit voûtées pour les cri- minels. L’une de 'ces dernières , large de six pieds quatre pouces , et longue de onze ■ pieds, seroic absolument close , si le geôlier n’eût pratiqué des jours dans la porte.. L’étage ET DES Hôpitaux. ’^op 1 supérieur a deux chambres bien plancheyées 5 et dans chacune se voient deux lits pour ceux qui ont de quoi payer. L’atelier est spacieux; on vient de disposer une chambre à cheminée pour effectuer la . séparation requise entre les prisonniers du ! Bridewell et les malfaiteurs. La prison est cou- verte en paille. De fortes palissades isolent la cour des malfaiteurs ; mais comme elles leur ôtoient l’usage de la pompe , les juges ont eu l’hu- manité d’en faire placer une à leur portée. Ces messieurs ont aussi donné ordre au geô- lier de fournir des habits aux prisonniers les plus nécessiteux. Il a 20 liv. sterl. d’ap- pointemens en qualité de concierge du Bri- dewell, On ne voit point dans la maison de placard où soient constatés ses droits. Les actes contre les liqueurs fortes et en faveur de la santé des prisonniers , n’y sont point affichés. / X 5ia Etat des Prisons SECTION XLVL Comté de Northampton, T i A pdson du comté est à Northamptorr,; Le geôlier a 30 liv. st. d’appointemens , et paye 40 liv- st. par au au comté. Ses droits, attestés par un tarif légal, sont de ip sous 4 den. st. sur chaque prisonnier. Il a 7 liv- sterl. par malfaiteur condamné à la trans- portation , lorsqu’ils ne sont que deux , et 6 liv. 6 sous 6 d. st. , s’il y en a davantage- II peut vendre du vin et de la bière. Les débiteurs n’ont point de ration celle des malfaiteurs est journellement d’quia peu plus d’une livre de pain , et de la valeur de deux, pence en viand^. Les premiers payent 6 sous sterl. de bien-venue j les seconds 2 sous 6 d. st. De 1773 à 1782, le nombre de ceux-là a varié de six à ip ; celui des autres de quatre à quinze. Le chapelain , tenu de se rendre à la prison trois fois par semaine , a 40 liv- st. d’honoraires ; le chirurgien et i’apodiicaire n’en ont point; mais on leur paye leurs visites et leurs avances. Cette maison est aussi l’un des Bride Wells iT DES Hôpitaux. 311 idu comté; mais les personnes détenues pour des faiires légères y vivent séparées des criminels. Comme concierge , le geôlier a 3Ô liv. 10 sous St. d’appointemens , outre son salaire. Les cours sont au nombre de trois ; mais les deux qui servent pour les malfaiteurs sont trop renfermées. Le comté leur a fait bdtir sept chambres commodes , chacune de sept pieds neuf pouces sur six pieds. Malgré cela, on laisse subsister deux horribles cachots , enfoncés de onze mar- ches , au-dessus desquels est une chambre de jour à l’usage des criminels , et la cham- bre où l’on renferme ceux de qui la sentence est prononcée. On ne voit de la paille dans aucune. La partie consacrée au Bridewell est composée de trois chambres , où les privés répandent une odeur insupportable* A ma dernière visite , je trouvai la maison bien tenue, le geôlier attentif et humain, et tous les prisonniers, sans exception, occupés , les uns à filer, d’autres à faire des chevilles de cordonniers, &c. La chambre supérieure de Tappartement du geôlier tenoit anciennement lieu de cha- pelle ; et les prisonniers qui avoientdes fers, dévoient soullrir pour y monter , comme pour en descendre. On a depuis fait choix yiv ^12 Etat des Prisons d’un lieu plus commode ; mais îa prison manque d’infirmerie et de bain ; et l’on n’y Toit d’affiché qu’un tarif legal des droits du Il y a deux autres Bridewells du comté , l’un à Rettering , et l’autre à Oundle. Le premier est situé dans l’arrière - cour de la maison du concierge , sur la façade de la- quelle se voit une inscription , portant qu’elle fut brûlée, avec seize autres, le y novembre 1766. Il renferme une chambre de dix-huit pieds et demi sur quinze et demi, pour les hommes, d’oùl’on passe, en descendant trois marches , dans leur chambre de nuit, qui n’a que huit pieds sur cinq et demi, et n’est éclairée que par une ouverture de quinze pouces sur onze, pratiquée dans la porte; une cour de dix-neuf pieds et demi en carré; une chambre de la même dimension que la chambre de jour des hommes , et une cour séparée à l’usage des femmes. Tous les plan- chers sont mal-propres ; les fenêtres ne don- nent point assez de jour. Le lieu est dé- pourvu d’eau et de privés. L’acte contre les liqueurs fortes n’y est point affiché. Le con- cierge a 12 liv. St. d’appointemens , exige 2 sous 6 den. si. de droits , et reçoit du comté tT DES Hôpitaux. 515 une rente annuelle de ij liv. 10 sous sterl. Depuis le premier janvier 1780 jusqu’en 1781» cent cinq prisonniers avoient été successive- ment détenus dans ce Eridewell. Je n’y en ai pas vu plus de deux à la fois. Celui d’Oundle présente des ateliers, dés chambres et des cours , où les hommes et les femmes travaillent , couchent et se promè- nent séparément ; mais le tout menace ruine. Le comté n’en jouit qu’à titre de ferme , et moyennant 12 liv. st. par an. Les appointe- mens du concierge s’élèvent à la même somme; et sans tarif imprimé, il exige 3 sous 6 d. st. de droits. La prison de ville de Northampton est composée de trois chambres et de deux cours: une chambre et une cour sont destinées aux débiteurs; l’autre cour et les deuxchambres à l’usage des criminels et des prisonniers dé- tenus pour des fautes légères. Les deux cours donnent sur la rue. Chaque malfaiteur a deux pence par jour. Le geôlier, officier du bailli et du schériff, a permission de vendre de la bière; il est sans appointemëns , paye 3 1. st. de rente, et perçoit, sans tarif, 13 sous 3 dcn. st. de droits. Depuis 1776 jusqu’'ea 514 Etat des Prisons 1782, je n’ai pas vu plus de quatre prisonnier^ dans cette maison. Pcterborough renferme une prison qui sert pour un district de trente-deux villes , nommé le Soke, et pour la juridiction du chapitre de la cathédrale. Elle apjJartient au duc d’Exeter. Le bâtiment ne consiste qu’en quatre cham- bres , dont deux J assez commodes , sont ré- servées aux débiteurs ; une autre , plus basse de trois marches , et qu’on appelle la geôle , sert pour les criminels; la dernière est des- tinée à ceux dont la sentence est prononcée, la justice du lieu ayant droit de vie et de mort. On a fermé depuis peu la fenêtre de la geôle , qui n’est plus éclairée que par une ouverture de treize pouces sur sept , prati- quée dans la porte. Il n’y a rien d’alloué aux prisonniers. Les actes , &c. , ne sont affichés dans aucune des chambres. Le geôlier a 12. liv. sterl. d’appointemens , la permission de vendre de la bière , et 7 sous 6 deniers de droits , exigibles d’après un tarif qui n’est ni daté ni signé. Il paye i liv. 6 sous st. pour la taxe sur les fenêtres. Le Soke a aussi son Bridewell à Peter-* borough. On y trouve, au rez-de-chaussée , un atelier spacieux , et une chambre sans ET CES Hôpttau:??. 515* cheminée , que l’on vient de partager en deux, pour loger séparément les personnes de l’uii et de l’autre sexe. A l’étage supérieur sont deux magasins de clianvre. Le concierge est toujours choisi dans la classe d’ouvriers qui préparent cette plante. La cour est petite , et peu sûre : aussi les prisonniers ne sortent-ils jamais de leurs chambres. La maison n’a point d’eaiu L’acte contre les liqueurs n’y est point affiché. Le concierge n’a que 8 liv. st. d’appointe- mens ; il perçoit, sans tarif, 3 sous 6 den. st. de droits. Je n’ai jamais vu qu’un prisonnier dans ce Bridewell. Une seule chambre à trois pieds sous terre, appelée cachot^ longue de dix -sept pieds et demi, et large de ii, forme, à Daventry , une prison qui n’a ni cheminée, ni cour , ni eau , et dont les constables sont geôliers. Je l’ai toujours trouvée vuide. Brackley n’a pas à se glorifier davantage de sa prison. Elle ne consiste de même que dans une seule chambre de quatre pieds eu carré , placée sous l’escalier de la salle mu- nicipale, et qui ne reçoit d’air que par sa porte , où l’on a pratiqué une ouverture de huit pouces sur six. Le constable en est geô- lier. Elle étoit déserte la seule fois que je l’aye visitée. 5i6 Etat des Prisons SECTION XLVII. Comté de Berk, T I A prison du comté est à Reading. Le geôlier a 20 liv. sterl. d’appointemens. Il' exige des débiteurs ly sous 10 den. st. , et 14 sous 4 den. st. des criminels; les malfai- teurs condamnés à la transportation lui valent 2 liv. 2 sous st. chacun. Il a permission de vendre de la bière. Les débiteurs n’ont point de ration ; chaque malfaiteur a trois pence par jour. La bien-venue des premiers est de y sous 6 den. st. ; celle des seconds de 2 sous 6 den. st. De 1773 à 1782 , le nombre des uns a varié entre trois et 15); celui des au- tres de six à ly. Le chapelain, tenu d’officier deux fois par semaine ,331 liv. 12 sous st* d’honoraires; et le chirurgien, qui est en même temps chargé du Bridewell , 10 liv. sterl. Au-dessus de la grille des débiteurs , qui donne sur la rue , on lit les vers suivans : Mortels libres & fortunés , Contemplez ce séjour, peignez -vous nos misères. Et songez, quand vos mains s’ouvrent à nos prières. Que vous prêtez à Dieu ce que vous nous donnez-. ET DES Hôpitaux. 317 Cette prison est en général trop petite pour le nombre d’individus qu’on y voit renfermés. • Les débiteurs ont une cour , et les criminels une autre ; mais elles ne sont séparées que par des barreaux de fer. Les premiers ont une cuisine et une salle où ils peuvent rece- voir leurs amis sans témoins. Ceux d’un cer- tain rang peuvent choisir de plusieurs cham- bres. Les criminels des deux sexes occupent, le jour, une même pièce; les hommes pas- sent la nuit dans un cachot, où l’on descend par quatre marches, et d’où plusieurs s’échap- pèrent dernièrement. Les femmes couchent dans une chambre séparée. Le guichetier a maintenant sa chambre au-dessus du cachot , et une cloche d’alarme , de sorte que les prisonniers se sauveront plus difficilement. 'A côté de cette chambre est celle où l’on met les criminels dont la sentence est pro- noncée ; elle a onze pieds sur dix. On vient d’assigner une petite chambre pour servir d’infirmerie , et d’en arranger deux autres pour mettre les prisonniers plus au large. Mais on ne s’est point encore occupé des moyens de séparer les criminels durant la nuit; seulement les malfaiteurs dont le crime est prouvé , ont à présent deux chambres et une petite cour dans le voisinage des débi- teurs. Ceux que l’on a condamnés à la trans- 5i8 Etat des Prisons portation ne reçoivent point les 2 sons 6 d. St. par semaine , accordés par le roi. L’odeur des privés infecte l’air de cette maison. L’on n’y donne point de paille. L’acie contre les liqueurs fortes n’y est point affiché ; mais ou y voit celui qui regarde la santé des prison- niers, et un tableau de réglemens inscrits sur une planche dans la cour des débiteurs. J’observai, en 1782, que les femmes n’c- toient pas seulement enchaînées par les mains les unes avec les autres , mais qu’elles avoient encore les jambes chargées de fers pesans , lorsqu’on les conduisoit à la salle où se tien- nent les assises. On lave les criminels à leur entrée dans cette prison , et on leur met des vêtemens fournis par le comté. L’équipage des hom- mes consiste dans un habit et des culottes de drap de Roussi, une veste de flanelle, deux chemises de toile de couleur, et deux paires de bas de laine ; celui des femmes dans une robe et un jupon de brocatelle, deux che- mises grossières , et deux paires de bas de laine. On numérote les habits qu’on leur fait quitter , et ils demeurent accrochés jus- qu’aux assises de trimestre , où ils les re- prennent, afin de paroître devant les juges. Après leur exécution ou leur sonie , on lave, on raccommode, on fait passer au four, ET DES Hôpitaux. 319 tlTon range pour d’antres ceux qii’on leur avoit prêtes. Vingt- cinq habillemens de ce genre, vingt d’hommes et cinq de femmes, ne reviennent qu’à 2.6 lïv. 6 sous 8 den. st. Il y a quelques années qu’im particulier fit * don aux prisonniers de trente - six couver- tures , qui sont maintenant usées. Les Bridewells du comté sont au nombre de deux ; l’un est situé à Reading , et sert en même temps de Bridewell pour cette ville, C’étoit jadis une église , et il n’est composé que d’une chambre spacieuse, et de quatre cellules dépourvues d’air et de jour. Les hommes passent la nuit dans une de ces cellules, qui a seize pieds de long, dix et demi de large , six et demi de haut , avec une ouverture de huit pieds sur cinq , pratiquée dans la porte ; j’y ai vu de la paille presque réduite en poussière , qu’on n’avoit pas changée depuis quatre mois. Une autre, destinée aux femmes, a quinze pieds huit pouces sur dix pieds neuf pouces , et une pareille ouverture de sept pouces sur cinq. Les deux autres sont plus petites. Le corne paye une rente au corps - de- ville, pour avoir l’usage de ce Bridewell. Les per- sonnes des deux sexes n’y sont point séparées 320 Etat des Prisons durant le jour. La maison tombe en ruine » est mal tenue, n’a point de cour,, et man- que d’eaiî. L’acte contre les liqueurs fortes y est affiche, avec des réglemens approuvés par les juges. Les criminels ret^oivent jour- nellement trois pence, et chacun des pri- sonniers détenus pour des fautes légères, deux pains de douze onces tous les dimanches , et un tous les jours. Le comté donne au concierge i8 liv. st. d’appointemcns , et la ville 1 liv. St. II perçoit, sans tarif, 4 sous 4 den. St. de droits. Il a la permission de vendre de ia bière, la moitié du bénclîce résultant du travail des prisonniers, et 2 liv. sterl. par an , pour leur fournir de la paille. De 1776 à 1782, leur nombre a varié entre six et treize. L’autre Bridewell du comté est à Abing- don ; il n’a point de cour , et l’eau n’y est point accessible aux prisonniers. Il renferme deux chambres mal-propres , où ils passent la journée , et trois chambres de nuit , em- , poisonnées d’une odeur infecte. De ces trois, une est pour les hommes ; elle a huit pieds en carré ; les deux autres sont destinées aux femmes ; l’une a neuf pieds sur 8 , l’autre quatre pieds et demi en carré. Dans toutes , la paille^, presque réduite en poussière , ctoit , lors •I T T) E S ' H Ô P I T AÙ iC, 521 îors de ;ma dernière visite, remplie de ver- mine. Les prisonniers détenus pour des fautes légères étoient enchaînés 3 huit d’entre eux étoient d’es femnres. Les criminels oht-ùné ration journalière de trois pence. Les appoin- temens dii- coihcierge sont’de-'-i^' liv. st.-;'!-! perçoit^, sans tarif, 4 sous 4 déh< st. Je n^al jamais vu les prisonniers- à i-ouvrage ; et* de ijjô à'i78ir,deur nombre a varié entre- trbis et quatorze, . ' . 'ir.-jq rz- o^i:î ^ j ‘ d La prison de Readlng est formée de’ dèiix chambres , “^ans cour et; saris eau, fai'sânt- partie d’iine auberge qui appartient- -à-'-la' ville- Les criminels y reçoivent trois pence par jour. Le geôlier est sans appointemehs-'j-* ses droits sont- de 4 sous. 4 den. sferh sans- tarif. Une lettre du révérend M. -Hodgkinsont m’apprend 1 que- l’on vient de faire plusieurs améliorations à cette prison ,j. ainsi qü’aef Bridewell, ét que l’on a établi pour t'oûsdê's^ deux un chapelain, à qui la' ville paye l’o U’ 10 sous st. d’honoraires , et le Comté' autant. ‘ r La prison de la ville d’Abingdon-;â?plu-l^ sieurs chambres ; celles du premier'' étage- sont assignées aux débiteurs: les criminels’ logent au-dessus. Il n’y a ni çour, ni privés,-' Tome U* . X ' ' ^22 Etat des Prisons ni eau à laquelle les prisonniers puissent avoir accès, La ville alloue trois pence par jour aux criminels. Le geôlier n’a point de gages; il exige, sans tarif, 3 schell. 4 den* St. des débiteurs , et 6 sous 8 den. st. des criminels. Il peut vendre de la bière. En deux visites, je n’ai pas vu au delà de trois prison- niers dans cette maison. L’enceinte du château de Windsor renferme une prison pour les débiteurs. Je n’ai pas besoin de dire qu’elle appartient au roi. Le duc de Montague , gouverneur du château , nomme un portier avec appointemens , et le portier choisit un lieutenant, qui remplit l’office de geôlier, en payant de légères re- devances. La prison tombe en ruine ; elle est composée de six chambres , trois au pre-s mier étage , et trois au-dessus. A ma dernière visite , on m’apprit que le dernier geôlier avoir été assassiné dans la chambre qui sert de taverne, par un soldat qui avoir aussi donné la mort à un de ses camarades , et qu’on avoit enfin tué lui - même d’un coup de fusil. Ce n’est pas le premier exemple de meurtres arrivés dans les tavernes' des prisons, dontj’ayeeu connoissance. Tels sont les mau- vais effets qui y résultent de la vente des li- queurs fortes. 'ET Ï)ES îîÔ'Pt'TAtJX^ 523 - On lit-, dans le préambule du tarif des droits , que comme on s’est plaint de divers abus introduits dans leur perception , le tableau étant effacé , et à peine lisible , 8cc. , on Ta renouvelé j mais ce renouvellement date du 10 mai 1728 ‘ et l’on seroit tout aussi fondé qu’aiors à se plaindre de l’altération du ta- Ibleau, Oii devroiti' afin d’empêcher les vexa- tions, avoir soin qu’il fût mieux conservé attendu que les droits sont plus foibles ici que par-toùt ailleurs. La prison de la ville de Windsor est com- pos-ée de deiixchambres , dont une àcheminée, au-dessus d’un rez-de-chaussée. Elle n’a point ■de cour, et manque d’eau. Le geôlier vend •delà bière : il est sansappointemens, et perçoit, sans tarif, 6 sous 8 den. st. de droits. Les pri- sonniers ont trois pence par jour. A Wallingford, la prison de ville consiste en deux chambres et un cachot. L’une des ■chambres sert pour les débiteurs , l’autre pour les criminels. Le pourtour de celle-ci est plan- ■theyé. Le cachot est spacieux, et rempli de bancs^ qu’on loue les jours de marché. Xij 524 Etat d es P r is o ]. ; . ■J O-J -■ SECTI O N X L VU L Comté d" Oxford» • ■ •. i A prison du comté est , à Oxford , dans ie château ; elle sert en même temps pour la ville. Le geôlier a 25* liv. st. d’appointemens; Un tarif légal l’autorise à exiger 2 sous 9 d, su des débiteurs, et ly sous 10 den, st. des J • criminels. On lui rembourse les avances qu’il fait pour conduire les malfaiteurs condamnés à la transportation. Il a permission de vendre du vin et de la bière. Le comté n’alloue rien aux débiteurs. Chaque criminel du comté reçoit en pain la valeur de 16 den. par se- maine , et ceux de la ville la valeur d’un schelling. La bien-venue est abolie. De 1775 a 178^ , le nombre des 'débiteurs à-varié entre i , J * • . 1 1 ^ 7*'* 4 r* ' ji ' ' ' sèpt et vingt-cinq - celui, des criminels- entre quatre et trente-un. Le chapelain, ^^dont^ les fonctions se renouvellent trois fois par semaine. a 40 liv. st. d’honoraires ; et le chirurgien 25 1, st. pour les criminels seulement. Le comté paye 40 liv. st. de loyer pour cette prison. Les appartemens des débiteurs sont petits 3 et ne suffisent pas à leur nombre^ / É T ï5 E S Hôpitaux. 525- ils payent pour coucher, même sur des lits" qui leur appartiennent , 1 sou 6 den. sterl. par semaine. Leur cour n’est point assez spacieuse. La chambre de jour des criminels*, hommes et femmes, est "enfoncée de cinq marches , et a vingt - trois pieds sur onze. Le cachot où les hommes passent la nuit , et où l’on descend par cinq nouvelles mar- ches , à dix-huit pieds et demi sur seize et demi , et ne reçoit de l’air que par d’étroits soupiraux. La chambre de nuit des femmes a sl^ pieds et demi sur quatre pieds deux pouces. La cour , commune aux personnes des deux.sexes, a vingt-neüf pieds siir vingt- trois. Le geôlier dispose d’un jardin spacieux. En 1773 , onze prisonniers moururent de la petite vérole ; en 1774 , cette maladie étoit encore dans la prison. Il n’y a ni infirmerie, ni bain , ni paille. Les prisonniers couchent tout habillés sur des matelas. Le cachot des hommes est infesté de vermine 3 malgré cela , on ne l’a pas blanchi depuis long - temps. L’acte relatif à la santé des prisonniers n’est point affiché dans la maison. Au mois d’avril 1782, j’y trouvai une femme, détenue pour avoir méprisé l’église. Le varrant étoit conçu en ces termes : «Comme la puissance royale » ne doit pas se refuser aux plaintes de la; X iq Etat-ïïes Prison» » sainte église, N. ..demeurera emprisonnée » jusqu’à ce qu’elle ait fait satis faction à 'ladite » sainte église , tant pour le mépris qu’elle » lui a témoigné , qvie pour l’injure dont elle » s’est rendue coupable envers elle ». Vers le commencement de ce siècle , un » ^ prisonnier , nommé Thomas Horde, lit cons- truire la chapelle à ses frais; devenu libre , il avoit légué une rente de 14 1. st. pouiT’entre- tien d’un chapelain, et une pareille en faveur des prisonniers. Trouvant des obstacles à l’exécution de ce legs , il le changea un autre de 24 liv. sterl. , desquelles il voulut qu’on distribuât 2 liv. st. par mois aux pri- sonniers , tant débiteurs que criminels. Il hypothéqua une partie de cette donation sur un domaine situé dans le conué d’Oxford , et l’autre sur une terre située dans le comté de Berk ; mais ses héritiers ayant eu l’art de faire annuller cette dernière hypothèque y les prisonniers n’ont que trente - trois schel- lings par mois , que leur payait ancienne- ment le recteur du collège de Lincoln , et que leur paye maintenant Ife principal de celui de la Trinité , ces messieurs étant tou- jours membres de la curatelle , qui est con- fiée à douze personnes. On voit , dans la prison , un détail fort étendu des charitables I ïT DES Hôpitaux. 527 înteniîons de M. Horde, et de la manière dont il s’y prit pour qu’elles ne fussent pas vaines. J’en garde une copie ; mais il est inu- tile d’en grossir cet ouvrage. Un autre legs assure aux prisonniers , quels qu’ils soient., 8 sous 8 den. sterl. par quartier, que leur paye le collège de la Madelaine. Ce collège leur donne en outre à peu près 40 sch. vers le carême. Les débiteurs ont tous les dimanches six livres de mouton en commun , que leur envoie un particulier du collège de l’église du Christ. Deux autres collèges leur donnent en pain la valeur de deux pence par semaine. Celui de l’église du Christ et le collège neuf leur font passer du bouillon ordinairement trois fois par semaine. Les prisonniers payent quatre pence à l’homme qui l’apporte. Il est très-probable que les prisonniers oc- cupent aujourd’hui les mêmes chambres qui cxistoient dans cette maison à l’époque des assises noires. Elles sont renfermées et in- fectes , de même que les passages et les escaliers ; et si jamais îl s’y trouvoit trop de monde , je ne serois pas surpris d’entendre parler d’un événement semblable à celui que rappelle cette funeste dénomination. A ma dernière visite , je trouvai qu’on avoit biaa- X iv 528 Etat üësT^risonç chi quelques - unc^S' des chambrés des' débr- teurs. La; chambre .de jour des criminels, est payée de pierres plates ; on a reconnu le danger des cailloux , depuis qu’on a vu des lualfaiteurs s’en servir pour leur défense , après avoir tenté de s’évader. Mais celte raison jdevroit engager à paver leur cour de la même- manière. L’hôpital du comté , qui se voit aussi à Oxford , n’est guère propre à consoler du triste spectacle de la prison que je viens de décrire. C’est un bâtiment moderne; la fa- brique en est élégante ; mais de peur qu’on ïie soit tenté, d’après cela, de Je .prendre pour modèle,; Je me hâte d’ajouter'. que le peu d’élév.ation des étages et l’épaisseur des fer nêtres , toujours fermées lors de mes visites » rendent les salles , et principalement celle des lionimes , infectes au delà de tout ce qu’on peut imaginer. On ne fait point assez d’at- tention aux privés ; c’est mal à propos que tous les lits ont des fonds: et la. cuisine n’est pas bien placée. Les., panneaux supérie.urs 'des portes sont, garnis de vitres,, Si on les tenoit'ouvetts , ils conttibueroienr à établir un courant d’air plus pur, ou ,du moins les courans d’air infect deviendio-ient tellement sensibles dans tout, le reste.de la- maison. f ÏT'DES HôPtTÀU 'X. 32p îjiie la dame surveiilante , et les acimîrii'stra- teiirs, qui ne voi.tque dans la salle dû cômité', cxigeroient , pour leur propre^ sûreté , que l’on eût recours aux seuls moyens capables d’aérer convenabjemeni le quartier des naa- lades. ; • ; . - •- f 1 . ■ -r ■ - Le comté a deux Bridewells , l’un à Thanie, et l’autre à Witney. Le premier , bâti en 1708 , lui* fut donné pour cette destination; mais la plus;grandepartie en est maintenant oc- cupée par une .maison de travail. Il ne reste aux prisonniers qu’une salle commune , deux chambres de nuit, petites et. peu sûres, au premier étage , et un cachot enfoncé de onze marches , et partagé en trois chambres de nuit , , chacune de neuf pieds sur sept. Si, après avoir fait au bâtiment les répara- tions nécessaires , on s’imposoit la loi d’en restreindre l’usage aux seuls prisonniers , il leur offriroit une habitation convenable et ' commode ; on n’auroit pas besoin d’envoyer, comme on fait aujourd’hui , les personnes atteintes de fautes légères off'enders') à la prison du comté , ni d’enfermer dans la meme chambre , sans distinction de sexe , le peu qui sont détenus dans le Bridewell 3 enlin , ce qui ne seroit pas un moindre avantage , 530 Etat des Prisons le cachot deviendloit inutile. Les prison-» niers n’om point de ration allouée. A ma pre- mière visite , je les trouvai dans le désœu- vrement ; mais en 177P je les vis occupés à carder et à filer. Ils manquent d’eau et de privés. L’acte contre les liqueurs fortes n’est point affiché dans la maison. Le concierge a 16 1. st. d’appointemens , et perçoit, sans tarif, 4 sous 6 d. st. de droits. En 1782, ce Brideweli tomboit absolu- ment en ruine. Je n’y ai jamais trouvé plus de quatre prisonniers à la fois. Le Bridewell de Witney est composé, par bas , d’une chambre de seize pieds quatre pouces sur quatorze pieds quatre pouces , où les hommes et les femmes passent le jour ensemble; de deux chambres -de nuit , ayant 6 pieds et demi de haut, longues de p pieds a pouc. , et larges de 6 pieds 7pouces ; d’une chambre neuve, de seize pieds et demi sur douze et demi , destinée aux hommes , et renfermant deux cabinets , de sept pieds sur quatre et demi. A l’étage supérieur sont deux chambres à l’usage des malades , larges de neuf pieds deux pouces , longues de huit pieds quatre pouces , hautes de six pieds cintj pouces. La plupart de ces chambres nereçoi- ïT D-ES Hôpitaux. 551 vent d’air que par des grilles placées aux portes. Aucune n’a de cheminée. La maison n’appartient pas au comté. Le Bridewelî est dans l’arrière-cour du logement du con- cierge, qui paye 14 liv. 14 sous sterling de loyer. Les prisonniers ne vont point dans la cour. Iis avoient jadis une fenêtre où les passans s’arrêtoiem ; et cela occasionnoit sou- vent des querelles et du désordre. A l’épo- que de ma visite, en 1779, les prisonniers -étoient à l’ouvrage. Le concierge actuel est un tisserand, qui les emploie; -il leur paye .leur travail à raison de deux pence par livre pour la .chaîne, et de trois demi-pence pour la trame; de sorte que chacun gagne , à ce qu’il me dit , environ trois pence par jour De 1776 à 1782, leur nombre a varié entre deux et sept. On en a renfermé et relâché jus- qu’à soixante-treize dans le cours d’une année. Oxford a deux Bridewells particuliers , l’un pour la ville , et l’autre pour l’université ; l’un et l’autre ne consistent qu’en deux galetas, situés dans le logement du concierge. Le premier est dépourvu d’eau , et n’a point de cour. Chaque prisonnier y reçoit en pain la valeur d’un sou 4 den. st. par semaine. Le concierge a y liv. sterJ. d’appointemens , et 532 Etat des Frisons perçoit, sans., tarif , 3. sous «j.den, sterl, dé droits. La prison de Bambury, construite en 1706, ^ . présente, au rez de chaussée, deux chanv-ti bres, dont une s’appelle la prison, et l’autre le Bridewell ; et au - dessus une chambre pour les débiteurs qui sont en état de payer 2 sous 6 den. st. par semaine. Les malfaiteurs reçoivent 4 den. st. par jour. L’acte contre les liqueurs fortes n’est point affiché dans la maison. Le geôlier, qui sert sans appointe- Mient , tient auberge, paye 6 liv. st. par an ,1 et touche , à titre de droits , 1 3 sous 4 den. st. des débiteurs et des criminels , et 6 sous 8 d. st. des prisonniers du Bridewell. Deux chambres ou cages de six pieds et demi sur cinq pieds et demi , qui ouvrent sur un passage de trois pieds et demi de largeur , composent la prison d’Henley. Il ne faut y chercher ni cour, ni eau , ni privés. Le geôlier vend de la bière , et exige ■ un schelling des prisonniers pour la première nuit de leur détention,- et six pence pour cha-i cune des suivantes. . ' ÏT DES HÔPI T'A U X.' SECTION X L I X. Comté de W^orcester. (>’£ST dans le château de -Worcester qu’est située la prison'du comté. Le geôlier est sans appointemehs les débiteurs lui payent p sous 2 den. st. , et les malfaiteurs ly sous lo d/ sterl. Ceux que l’on condamne à être trans- portés ne lui rapportent aucun bénéfice , parce que le clerc de l’assise 'a transigé avec les marchands , pour que ceux-ci se chargent de les prendre sur le lieu; Il a permission de vendre de la bière. Rien n’est alloué aux débiteurs. Chaque criminel reçoit tous les jours un pain de la* valeur de 3 pence ; ce qui , en I1773, répondoit ^ livre treize onces. Là bien-venue est.de 2 s. 6 d. st. De 1773 à :2783 , le nombre des premiers -a varié entre neuf et vingt six ; celui des seconds entre sept et trente - trois. Le chapelain a 20 liv. sterl. d’honoraâces v^pour se rendre àla prison tons les vendredis. Le chirurgien est payé au jprorata de ses visites. ' > ' ' La cour du château est spacieuse 5 le loge-, çapiit du geôlier renferme onâe. chambrés ^ 5^4 Etat des Prisons bien tenues, à i’usage des débiteurs ,d’un cew tain rang 5 et deux petites salles, dans l*iine desquelles des^d^biteurs ordinaires passent la journée. Lors de ma première visite , l’autfe scrvoit de chapelle; maison a depuis assigné une pièce plus grande et plus commode à. Gette destination. Les débiteurs. de la classe du peuple ont deux chambres de nuit, qui donnent sur une autre partie de la cour ; on y va par une chambre sans fenêtre , où cou- chent les criminelles. Vers le milieu de la <;our se voit une salle ronde , ' qui n’a que' quatorze pieds sur douze, où les malfaiteurs^ bommes et ‘ femmes > sont rassemblés pem dant le jour. ( L’état des femmes qui sôrti-^ rent dernièremeut. de cette prisoil pour aller? au Bridewell , devroit faire' sentir aux ma-' gistrais combien ce- mélange lest Opposé ailïE bonnes moeurs et à la décence.) Près dé là est un ventilateur , dont l’entretien coûte und guinée par an f et qui donne de l’air au ca- chot des criminels. Ce cachot , où l’on des- cend par vingt-siît . marches , est circulaire ; il a dix-huit pieds de diauiètre , et l’on y -a: placé des lits - de - camp. Il reçoit du joutf par un soupirail de trois pieds de diamè*^ tre , ' fermé par des grillages' de fer. Les cri- minels passent gaîment un quart d’heure i ET DES HÔîITADE. 53^ avant de descendre et après qu’ils sont re- montes, à faire jouer le ventilateur; car il répand dans le cachot une fraîcheur prodi- gieuse ; et pendant qu’il étoit en mouvement , nous pouvions à peine y garder une chan-? delle allumée. On a beaucoup célébré cette belle invention; mais la pratique en est si peu répandue , que de toutes , les prisons de l’Angleterre , six seulement ont des ven- tilateurs , encore y en a-t-il deux dans ce nombre où l’on ne s’en est pas, servi depuis plusieurs années ; je veux parler de celles de Stafford et de Shrewsbury. On voit par-^ là combien toute espèce d’amélioration esc sujette à tomber en désuétude , par la négli- gence des subalternes , si l’on n’y veille pas avec une attention constante. Au surplus , j’ai long-temps soupçonné , et je suis pleine- ment convaincu aujourd’hui , que la ressource des ventilateurs sera toujours insuffisante pour prévenir et plus encore pour extirper la maladie des prisons , tant que l’on persistera dans l’usage des cachots. Le château de Worcester en renferme un second , très-humide y qui a quinze pieds et demi en carré, et un soupirail de i8 pouces sur douze. Le comté donne tous les ans pour 4 1. îterl. de paille. Une pompe , placée dans la 53<$ E T AT D E s 'P R I s O N§ cour , fournit ^d’excellente eaü. Il n’y a point d'’infu iuerie. Lors de ma 'dernière visiteVl^'i fièvre des prisons rcgnoit dans celle-ci. Quel- ques prisonniers et le geôlier vehoient- de mourir , ainsi quec le docteur Johnstone , médecin', > que l’humanité ‘avoir fait voler à leur secours. Le frère^'alhcide cet’ homnïe respectable me mandoit au mois de décem- bre 1783 , qu’un prisonnier, renvoyé depuis peu du château de Worcester , avoir 'porté cette contagion à ' Drok\^ÿ'ch , lieu célèbre pour ses' fontaines' d’e&u salée , et où-l’oii n’a presque jamais entendu parler de he-'^'esi si.ee: -liéest ■en pareille roccâsion. MonOcor- respondant ajoutoit', qu’elle avoir étendu ses ravages sur plusieurs pauvres ki'mitleS , cP Cùü- toit déjà la vie à quatorze personnes.'- *" 00 . m. • ' Je trouvai les malades étendus sur la pailles sans avoir quitté leurs habits, dans deux 'Ghanv-i bres prises siu* le Bride^wnell. A' ma ‘prière, "on ôta les fers -à deux:d’entre'evix'. ' ' • , , Je ne 'doute pas que’fe sailté des prison- niers n’eût soufi'ert de la situation incommode' où ils'lahgulssent'.dans ie-.cachot 3 car', pro- fond*.et sûr comme il l’est y oii' ne 'les y tient pas moins c durant itosu^te'. la nuit, ainsi iîjue dans un* très-grand nombre d^aiures prisons-',' -, l'j, • . -J puoq on'^ .V . atiacl%é'S ' S: t Ê fi s H O fi I ï A Ü 53^ >ïitathés les ‘uns aux aiiires par une chaîne ^pesante 'qui passe entfe les annéaux de leurs fers, et des boucles qui •tiennent au 'plancher. Ce qu’on appelle le bain n’est qifun^ îor»- neau ^ garni de plomb, qui tiVst d^aUcUn ^Usagel Un bain tel que celui qui se vôît'daUs Phôpïral dii comté , sauveroit les joUrs-dé plu- sieurs individus, ^ -‘ 'n des chairibrési'de jour èt de nuit, ‘ et des cows séparées. jl'elte est 'crlvilantièe d’un 'cerreifï considériibie j qui appattïerit' ù 4a province,''"' ' ' " • nomoj 2eh .J2 Il n’y a*- d’autre BrideWell du’co-fïifé que ■cèlûi'ddlK j’ai fait mention. C’est un bâtiment 'côiitigii au- cbâfeau , et qui' n'est point assbz •aéré. Il réftfetme déiix ateliets et deux cours. L’acte cf6ntté les liqueurs ti’y est i^point affiché*^L>ës-^pYisonnierS 'sOittiocCupés à battre dtt'”chkhvre ^ 'à filer Le ''geoiieir> touche Tome II. Etat DE s Pri so.n.s Ja moitié di^ profit; ii a, 20 J. st. ^^d’^ppointe-' ^mens,, et perçoit ji. spu 4 den. st. de droits. Le comté n’allpuc ;qi]e, de Ja paille pour la valeur de lO, iicliell.- par |(juartier._ £11,1779 i.et, en 1782, .je .trouvai ce Bride^svell d’une propreté remarquable. Lors c|e .maiciernière -.visitC', j’y comptai six nouvelles chanibres , et je sus que l’on avoit assigné à chaque pri- isQJ^Jii.ér.uji-paim de la valeur de trois pence paeqOiy:jf,-:S’i,l .y^avoit une cliapeliç dans Je -châteaïi ,.;ils -avvi''9ient , comme - ceux du Bri- ridewell de Shre’^sbnryj, l’avantage, dq pqrti- cçiper. au culte public. De 177^' Igpr ^nombre a varié entrée ;t,r9is^et yingtTirois,..„^j . ,j,v\ c'j'lLa.villeBej-^orcester a Tiiiei.pr-ison parti- .culière>r qui s©?! en, même temps^ .de.jB^ide- -’iV'ell j- -et ÿ -au besoin; , ,de- pi'jsop îLe geôlier . est _:s,aïv§ • ^-ppointemeçts-jil ,^ige , conformément à un -.tarif légali, ;5)j-sou^^2 d, St. des débiteurs , et y sous st. des criminels. -Xes Jualfai teùrsl pp^;id,^hiîi és^ à la tf anspqpatio n inerlui pxQduiseiti'rieiu II a.permissi^mdqjyen- 'dre.de lacbièrêir. l^ieiv^^ii’est allqpéîravtx,d^i^ teurs. Chaque ?çfifnmelra trois pe^î^e par jour. .LaBien-veriue est de 2 sous did.eftï stgrj^De 21773 ^i783^1e'ttombre. des pyepijçrs a varié -’entie quàtire et-SÊpi^xelui des seconds^ eutre ~ T-r * tl -à, i. ÎT DÈS ï-ÎÔÈÏTÀUX. 359 ^cux et cinq. La maison n’a point de chape- lairt. L’acte contre les liqueurs fortes n’^ est point affiche. Le chirurgien n’a point d’hono- raires ; ses peines lui sont payées. La salle des débiteurs est spacieuse. Les malfaiteurs îi’ont qu’une chambre de jour , sur laquelle ■on vient de. construire Un atelier. La cour est commune. On pourroit en prendre une autre •sur le jardin du geôlier. Lors de mes premières visites, il payoit la taxe sur les fenêtres, et me dit que cela le réduisoit à la fâcheuse né- 'cessité d’eii boucher quelques-unes. La prison de Kidderminster est composée ■de deux chambres, longues de dix pieds, larges de huit , où l’on descend par six marches. Il n’y a ni cour , ni eau , ni pri-vé. On donne au geôlier un çchelling par mois à titre de sa- laire, et autanf pour qu’il fournisse de la paille. Je n’ai visité cette prison qu’une seule fois -, et je la trouvai déserte. Y ii e Etat des Frisons > SECTION L. Comté de Stajfford, T i A prison du comté est à Stafford. Le geo* lier est sans appointemens ; les débiteurs lut payent, d’après un tarif approuvé , 17 sous 4 den. St. de droits; et les criminels i y sous 10 den. St. ; chaque malfaiteur condamné à la transportation lui vaut 6 liv. st. II a per- mission de vendre du vin et de la bière. Chaque prisonnier , sans exception , reçoit en pain la valeur de ly den. st. , et en fro- mage celle de 9 den. st. par semaine. Les criminels ont de plus vingt-quatre boisseaux de charbon par semaine depuis la S. Michel jusqu’au premier mai. La bien - venue des débiteurs est de 2 sous 6. den. st. ; celle dest malfaiteurs d’un sou st. Depuis 1775 jusqu’en 1782 , le nombre des premiers a varié entre trente - huit et quarante - quatre; celui des seconds entre quatorze et vingt. ’Le chape- lain , dont les fonctions se renouvellent trois fois la semaine , et qui est obligé de prêcher une fois tous les deux mois, a trente liv. st. d’honoraires ^ et le chirurgien 20 liv. sterling. tT t)SS HôfITAUX. ^4Ï' Cette prison est trop petite pour la multitude de personnes qu’elle contient. Les débiteurs ont une cour et une salle spacieuse. Dans la dernière est un ventilateur à la main pour le cachotdes criminels, qui se trouve au-dessous ; mais on l’a laissé délabrer, et il y a long-temps qu’on n’en fait plus usage j il n’en coûteroit au comté que la foible somme d’une guinée par an pour le maintenir en bon état, comme au château de Worçester. Une cloche d’alarme seroit fort utile dans une prison où tant de monde est rassemblé. Les criminels, hommes et femmes , n’ont qu’une chambre de jour , enfoncée de trois marches, longue de quinze pieds, large de douze, et haute de six pieds 3 pouces. Les hommes passent la nuit dans un cachot infect, dépourvu d’air et de fenê^ très. La cour des criminels est aussi trop resserrée; outre cela, le geôlier y tient sa volaille. Il n’y a qu’un seul privé. Il est fâ- cheux qu’un ruisseau qui baigne les murs par dehors , ne coule pas dans l’intérieur. Je vis avec plaisir les ca‘^hots des hommes et des femmes jonchés d’une paille abondante et fraîche ; et j’appris que cela venoit d’un arrangement très-sage, adopté par les magis- trats du comté. Il consiste à ne point établir de prix fait pour cet article ; mais à permettre Y iij 542 Etat res Prisons- au geôlier d’en faire venir aussi souvent qu’il en est besoin y et à Ja payer directement. La chapelle est petite, et, malheureusement pour les prisonniers qui sont chargés, de fers , située au faîte de la maison. L’acte relatif à' la santé des prisonniers n’y est point affiché. Elle n’a ni infirmerie ni bain. Les Bridevrells du comté sont au nombre de trois , l’un à Stafford, le second à Wol- verhampton , h troisième à Lichfield. Le premier est composé de trois chambres pour les hommes , de deux pour les femmes et d’une chambre souterraine , avec quatre sou- piraux d’environ trois pouces en carré. Les prisonniers n’ont point d’ouvrage; ils demeu- rent toujours enfermés , et aux fers.. La cour est petite , et peu sûre. Le concierge a 2^ liv, sterl. d’appointemens; il perçoit, sans tarif, 3 sous 8 den. st. de droits. Les pri- sonniers reçoivent la même ration de pain et de fromage qu’à la prison , et deux cent pesant de charbon par semaine depuis la S. Michel jusqu’au premier mai. Une femme , la boulangère du comté , a le titre de con- cierge,* elle choisit un homme , qui , pour une légère exemption , se charge de surveiller les prisonniers. De 1775" à 2782,, leur nombre a varié entre quatre et neuf. ET 'ÜES HÔTI T*A '343| c. A’.'Wolverhâniploii j. le Br.ide\yell-»e con^ siste qu’en deux chambres ,' d’environ douze^ pieds en -carré .l’une, sert' de chambre 'de jour aux personnes des’ deux sexes ; les fem- mes y passent la nuit, et les hommes cou- chent dans l’autre. Le lieu est mal tenu r- * ^ presque toute la paille y est réduite en pous- sière. La cour n’est point sûre; il n’y appoint d’eau. Les prisonniers demeurent' sans occu- pation. Le concierge est tenu de leur fournir toutes les semaines la valeur de quatorze pence en pain, de sept pence en fromage, et de trois pence en paille ; il a 25* liv. su d'appointemens , la permission de vendre de. la bière , et le droit d’exiger un schelling par- prisonnier. ' ' . Cette maisony où l’acte contre les liqueurs fortes n’est point affiché , tombe tout à. fait en ruine ; elle est si peu sûre , que les prison- niers les moins coupables y sont toujours aux fers. Il ne tient qu’à >la province de remédier à cet inconvénient ; elle possède tout près un jardin spacieux , qu’elle laisse, occuper au concierge. Cet étroit local ras- semble quelquefois quatorze ou quinze prisonniers; et pour qu’ils puissent respi- rer , on est contraint d’en tenir une partie dans la cour , qui a dix -sept pieds et Y iy I ETÀT.BES Pai»0»s. demi s^r quinze et demi. Je n’y en ai jauttî# trôuvé plus de quatre. ' j' , r ' Le'Bridewell de Lichfield est en même temps prison de la ville et du comté ÿ il renferme quatre cellules ou cabinets, d’en- viron six pieds et demi sur cinq et demi , hauts de huit pieds ÿ deux chambres pour lés débiteurs , et une cour , où se voiènt des latrines infectes. La maison est mal-propre ^ comme on doit s’y attendre par-tou.r où il y a plusieurs chiens. Les actes , Sec. , n’y sont point affiches. Il n’y a point d’eau accessible aux prisonniers , à qui on ne donne point dé paille. Le concierge a 2I. st. d’appoime- mens , et la permission de vendre de in bière. Il perçoit, sans tarif, 15 sous 4 den* de droits. La ville alloue 1 sou 6 den. st. par semaine aux prisonniers. De 1773 à 1782, leur ^ nombre a varié entre un et quatre. ■ La prison de Walsall n’a que deux cham- bres ; celle qui est destinée aux débiteurs a une cheminée. Les prisonniers , ainsi que dans plusieurs autres prisons de ce genre ^ dont je n’ai pas parlé , n’y sont dctecius qu’un jour ou deux , jusqu’à ce qu’ils soient con- duits en présence d’un magistrat. De plus , les amis des débiteurs vont causer avec euxauxfo néires. m ÏT DES HÔPITAUIC, 345^ ' I II " ■' ■ ' ■■■■'glM SECTION LI. Comté de S/vop. T / A prison du comté est à Shrewsbuty. Le geôlier est sans appointemens ; il exige , con- formément à un tarif approuvé , p sous st. des débiteurs, et 14 sous 4 den. sterl. des criminels. Chaque malfaiteur condamné à la transportation lui vaut 6 liv. 6 sous sterl. Il a permission de vendre du vin et de la bière. Le comté alloue par semaine aux dé- biteurs deux pains de six pence, et aux cri- minels la valeur d’un sou 4 den. sterl. La bien - venue est abolie depuis le 1 1 janvier 1774; et les juges ordonnèrent, à cette même époque , que l’on affichât deux ou trois copies de l’ordonnance qu’ils rendirent à cet égard, dans les endroits les plus fréquentés de la pri- son. De 1774 à.1782, le nombre des prisonniers pour dettes a varié entre onze et vingt-trois ; celui des malfaiteurs entre quinze et vingt - - quatre. Le chapelain , tenu de se rendre à la prison le dimanche et le jeudi, a 35* liv» *î. d’appointemens. Le chirurgien est sans 34^ E'ta't des Prisons honoraires ; ses visites lui sont payées. L’apo-1 thicaire a lO 1. st. par an. La maison est bâtie depuis 1705*. Les débi- teurs et les criminels ont des cours séparées; les derniers n’oi:i| point d’eau, dans la leur. Ce motif, joint à ce que leur chambre de jour donne sur la cour des débiteurs , fait qu’ils y .sont le plus souvent réunis. Les. dé- biteurs d’une certaine classe ont des appar- temens commodes , et ceux du peuple deux salles spacieuses. Pendant la nuit , les crimi- nels sont distribués dans deux cachots, où l’on descend par onze marches. On a , de- puis quelques années , ajouté une fenêtre à celui des hommes ; et l’air pourroit y être rafraîchi au moyen d’un ventilateur à la main, qui demeure inutile dans une chambre située au-dessus de la chapelle, Il pourroit aussi contribuer à rafraîchir le cachot des femmes. La chambre de jour des malfaiteurs n’a que quinze pieds et demi sur cinq et demi. Le danger qui résulte du mélange des deux sexes, demanderoit qu’on leur donnât des chambres de jour séparées. La plupart des femmes qu’on envoie au Bridewell sont enceintes. Le comté a fait comprendre dans l’enceinte de la prison une seconde cour ; je ET DES H Ô P I T. A-, U TC '547 là croyois destinée pour les femmes; màls on n’en a pas encore fait usage. Dans celles dont on se sert, il y a trois lampes, entretenues aux frais du comté. La maison n’a ni infirmerie ni bain. Quand l’apothicaire juge qu’un malade a besoin d’une nourriture meilleure qu’à l’ordinaire , il or- donne au geôlier de la lui fournir , et signe l’état des dépenses , que le juge acquitte sans difficulté aux sessions de trimestre. A ma dernière visite , je trouvai , dans la salle des débiteurs , l’acte contre les liqueurs fortes , la prohibition de la bien- venue , et un nouveau tarif de droits, affichés dans un endroit fort remarquable ; l’acte relatif à la santé des prisonniers l’était ^ussi dans la cha- pelle , avec le tarif et la prohibition. Le comté n’a qu’un seul Bridewell, situé à Shrewsbury; il «a , comme la prison du comté , le défaut de n’etre point assez spa- cieux. Les personnes des deux sexes y occu- pent, durant le jour, une même chambre, et , lorsqu’ils travaillent , un meme atelier , au-dessus duquel sont, deux chambres de nuit pour les femmes. Je vis , dans une de ces chambres, une pauvre et jeune créature, trop I 548 Etat DES Prisons malade pour descendre au rez-de-chaiisséé 5 étendue sur le plancher : elle dépérissoit dans les langueurs de la consomption. Les hommes passent la nuit dans un cachot où Ton des- cend par dix marches. La maison renferme une cour approvisionnée d’eau. Au moyen d’une porte qui communique de cette cour dans une de celles de la prison , les personnes qui y sont détenues ont l’avantage d’assister le dimanche à l’office divin dans la chapelle ; avantage dont bien peu de Bridewells peu- vent se glorifier. Le concierge ayo 1. sterl. d’appointemens, 8 sous sterl. de droits à la sortie d’un criminel, 6 sous 8 den. st. à celle d’un prisonnier coupable d’un défaut de con- duite , et 3 sous 6 den. st. à cela d’un va- gabond. Chacun des prisonniers reçoit en pain la valeur d’un sou 4 den. et demi st. par semaine, et depuis la Saint-Michel jusqu’aux assises du carême , quatre boisseaux de char- bon par semaine. Ils n’ont que peu ou point d’occupation. La moitié du profit est pour le concierge. La prison et le Bridewell particuliers de Shrewsbury ne forment qu’un seul bâtiment , sur la façade duquel on lit cette inscription : îT DES Hôpitaux. 349 Les pauvres de la ville trouveront ici de V ouvrage ; celui qui ne travaille paSy ne doit pas manger. A. D. 173(5. Il est composé de deux' étages , où sont plusieurs cham- bres , et d’une petite cour. Il n’y a point de privés , et la maison manque d’eau , quoiqu’il en vienne dans plusieurs des mai- sons voisines. Les prisonniers y demeurent sans occupation. Les criminels ont trois demi-pence par jour. Le geôlier a y liv. st. d’appointemens , et perçoit , sans tarif, y sous 6 den. st. de droits sur les débiteurs , et 3 sous 6 d. st. sur les criminels. La prison de Ludlow , appelée Tour de Gaolfordy a été rebâtie en 1764. Les mal- faiteurs y occupent, par bas, deux cham- bres voûtées , d’environ quinze pieds de long sur autant de large , et ayant des chemi- nées. Au- dessus sont deux chambres, plus spacieuses et plus aérées , pour les débi- teurs. La ville alloue à chaque prisonnier trois demi-pence par jour. Il n’y a ni cour ni eau. Les trois sergens à masse remplissent tour à tour l’office de geôlier. Ludlow possède encore un Bridewell , qui consiste dans une seule cham.bre , de quatorze pieds sur six et demi , garnie d’uii- Etat des Prisons châlit , située sur le derrière de la luaison dô travail, dépourvue de cheminée, et où Pair ii’entre que par -une otivcrtiue de dix pouces en carré, pratiquée dans la porte. £t des* Hôpitaux. SECTION LU. Comté dé Htreford. T / A prison . du comté est à .Hereford. Le geoJier n’a point d’appointemens. Les débi- teurs et les criminels ! lui payent sous ^ d. sterl. de droits , autorisés pari uu tarif légal. .Chaque malfaiteur condamné à la transpor- tation lui .vaut y, liy. 10 sous sterl. et il a w.' -• • • - ^ ■ • permission de vendre de la bière,^ Les débi- teurs n’ont rien qui leur soit alloué par le comté; seulement un, legs de sir Thomas iWhite leur prpciu'^. un schelling , à, chacun , ,1e jour de,S.'l'tThomas , et ils ont leur part d’une somme annuelle dp. 8 liv;. su 1,^, léguée aux prisonniers pauvres par M. Bridges , -écuyer. Chaque .criminel reçoit tou, s les jours un pain de trois pence , et-le jour de Saint- . Thomas, six pence^. compris dans; le legs , de sir Thomas ,^hite. jNi I]^f?’i^,.rle^Jegs^ ci- ^dessps, ni les,.açt,es concernant. cla^v^entp des ^liqueurs fortes.jçtj la santé des prisonniers , ni»le tarif des idroits ne sont affichés dans la ^ ... ... ■ J ~ maison. La bien-venue est de 2 sous'.t^ den. J St. à 1782, le nombre, des débi- 3P EîAt DES Prisons leurs a varié entre huit et vingt - trois , celui des criminels entre trois et vingt-neuf. Le chapelain, de service trois jours de la semaine , a 40 liv. sterl. d’honoraires , dont 20 léguées par M. Bridges. Ceux du chirur- gien sont de 20 liv. st. Les appartemens destinés aux débiteurs d’un certain rang ont l’avantage d’être spa- cieux, de même que leur cour,* mais il n’y a point de salle pour'les débiteurs de la classe du peuple. Les criminels onr line chambre de jour; les chambres de nuit des IronuiVes , au nombre de deux , ayant dix -neuf ‘pieds sur quinze et 'demi, viennent d’être rendues plus aérées et plus commodes qu’elles n’ér'ôiéht précédemment. Ils ont une large cour , située derrière la prison; mais* les débiteurs y sont confondus avec eux. La chapelle , autrefois très-humide, vient d’êtrë planchéyée, et rendue plus sèche. La maison n’a ni infirmerie ni bain ,* on n’y donne ni paille ni couvertures aux prisonniers. Las actes , ' &c. ,’ n’y'soînt point- affichés. J’y ai toujours vu ‘ beaucoup ‘de personnes dü dehors occupées à boire , comme dans un cabaret public. M, Ifêland, qui est geôlier depuis plus de quarante âns , nie dif; à Ttîne de mes premières visites^ ■qu’il n-avoif jamais eu de prisonnîe'rs-pour dettes ÏT CES iïôtïTAÜX. 5 ^“5 dettes qui eût obtenu de ses créanciers une ration ali m eu ta ire. Le comté n’a qiAin seul Bridewell ^ aussi à Hereford. En i77<^ ^ to'mboit en ruine , et l’on n’y étoit pas même en sûreté. On y voyoit un mur de traverse , détaché par un grand intervalle de celui auquel il devoir aboutir , et la chambre de jour étoit souvent inondée par des crevasses qui s’étaient for--" mées dans le toit. La province fut obligée , en 1779» de pourvoir aux réparations, de-' venues indtspensables , car le mur de tra- verse étoit tombé ; mais ce Bridewell esc ■situé dans un emplacement trop resserré pour qu’il fasse jamais une habitation commode. Il n’est composé que de deux chambres, de vingt-deux pieds deux pouces sur vingt-un pieds , où les personnes des deux sexes sont enfermées pêle-mêle. Les fcinmes y sont aux fers. Il n’y a point de cheminée, point d’eau , point de cour, point de ration fixe, point de travail pour les prisonniers ; et l’odeur infecte des latrines rend les chambres très- mal - saines. Le concierge a 10 liv, sterL d’appointemens. Six prisonniers, que je trou- vai dans cette maison à ma première visite, se plaignirent à moi d’être presque morts de Tome IL Z 3f4 Etat DES Peisonî faim. Ils avoient été condamnés , aux assises , à y passer six mois , et n’y étoient que depuis peu de jours. Les juges avoient enjoint au concierge de donner tous les jours un pain de deux pence à chacun d’eux ; mais il avoic négligé d’obéir à cet ordre. Ils s’échappèrent quelque temps après.’ Le geôlier de la prison du comté a l’usage de deux jardins spacieux, qui sont contigus à cette prison. C’étoit dans un de ces jardins qu’il auroit été plus convenable de faire bâtie le Bridewell. Outre le mérite de la salubrité , ceux qu’on y renferme auroient , à défaut de chapelle, profité, comme à Shrewsbury , de celle de la prison. Une des portes d’Rereford sert de prison pour la ville. Les débiteurs ont des chambres commodes , et une petite cour. Les malfai- teurs occupent au rez-de-chaussée des cham- bres qui n'ont point assez d’air. On donne à ces derniers i d, st. par jour. La maison est propre ; mais elle tombe en ruine. L’acte contre les liqueurs fortes n’y est point affiché. Le geôlier n’a point de salaire annuel; ü per- çoit , sans tarif, 6 sous 8 d. st. de droits. ET DES Hôpitaux. SS9 SECTION LUI. Comté de Monmouth, T i A prison du comté est à Monmouth. Le geôlier est sans appointemens ; on lui donne 20 liv. St. par an , pour qu’il fournisse à cha- que criminel 'sept livres de pain par se- maine. Tout prisonnier lui paye , confor- mément à un tarif légal, i liv, lo den, st. -de droits. ^Chaque malfaiteur condamné à la transportation lui vaut 8 liy. st, ; et il a per- mission de vendre de la bière. Rien n’est alloué aux débiteurs, La bien-venue est de 2 sous 6 den, st. De 1774 à 1782, le nom- bre des prisonniers pour dettes a varié entre cinq et dix ; celui des criminels entre un et seize. Il n’y a point de chapelain. Le chirurgien a 12 liv. 12 sous st, d’honoraires. Cette prison n’a qu’une seule cour. Les débiteurs occupent une petite chambre de jour et six chambres à coucher. La chambre de nuit des criminels est placée au faîte du bâtiment; elle a vingt-deux pieds sur quinze, et une seule fenêtre d’environ trois pieds en carré. Sans parler de la difficulté qu’ils éprou- vent journellement , soit pour en descendre Z ij Etat des Prisons soit pour y monter avec leurs fers' , lorsqu’on est réduit à porter l’eau à une telle hauteur, • et que , comme ici, l’escalier est aussi étroit qu’incommode , une chambre est rarement propre et saine , à plus forte raison lorsqu’on y renferme trop de monde. Lors de ma première visite , les malfaiteurs avoient la fièvre des prisons , et plusieurs personnes , tant du dehors que de l’intérieur, en mouru- rent. Il n’y a ni infirmerie ni bain. Le comté a dépensé inutilement à faire construire une étable dans un terrein alors vacant au fond de la cour , des fonds qui auroient été mieux employés pour une infirmerie ^ on pourroit séparer les malfaiteurs de Tun et de l’autre sexe , en faisant de la brasserie une chambre de jour. Après la mortalité dont je viens de parler , tous les prisonniers furent habillés à neuf, aux dépens du duc de Beaufort. L’acte relatif à la santé des prisonniers n’est point affiché dans la maison. M.* James Gabriel , mort le i6 mars I7>4, avoir donné, pendant sa vie, beaucoup de pYeuves d’humanité aux prisonniers ; il leur laissa en mourant loo liv. st. , qui procurent à chacun d’eux un pain de six pence tous les quatre jours : mais aucun placard ne leur rappelle le souvenir de ce legs. ïT Dïs Hôpitaux. 3j'7 Le comté n’a qu’un seul Bridewell ; c’est à Usk qu’il est situe. La maison étoit jadis une chapelle. On y voit , au rez-de-chaussée, une chambre de vingt-un pieds sur sept et demi , pour les hqnimes, et une autre pour les femmes. Il y en a deux autres au faîte du bâtiment , mais je n’y ai point vu de pri- sonniers. La femme du concierge me dît , lors de ma première visite, que, plusieurs années auparavant , on avoit enfermé dans le Bridewell plus de prisonniers'qu’il n’en pou- Voit naturellement contenir^ qu’elle, son père, alors concierge , et d’autres personnes de leur famille, avoient*eu la fièvre des prisons, et que trois de ces dernières en ctoient mortes, ainsi que divers prisonniers. On diminueroit de beaucoup , pour l’avenir , le danger d’une calamité semblable, si l’on bâtissoit de nou- velles chambres dans le jardin du concierge. On vient d’en bâtir quelques-unes à son usage ; et c’est une légère amélioration. Le Bridewell ' a une cour , où se voit une pompe. Chaque prisonnier reçoit deux pence par jour. Tout le profit de leur travail est pour le concierge , qui est chargé de leur fournir les rouets à filer , &c. II a 21 liv. st. d’appointemens , la permission de vendrede la bière, et j* sous 6 den» st, de droits, sans, Ziij jjg Etat de^ Prisons tarif. L’acte contre les liqueurs n’est point affiché dans la maison , qui n’est point tenue proprement. En quatre visites, j’y ai vu depuis deux jusqu’à sept prisonniers, La prison particulière de la ville de Mon- •moiith renferme, par bas, une chambre pas- sable pour les débiteurs , et au-dessus une autre , qui n’est point sûre , à l’usage des cri- minels. On n’y voit point de cour, point d’eau point de privés. L’acte contre les liqueurs n’y est point affiché. Le geôlier touche 4 liv. su d’appointemens , et y sous 6 den. su de droits, qui ne sont pas autorisés par un tarif. La prison deNe^vport est composée de deux chambres en ruine , sans cour , sans eau , sans privés. fi T DES Hôpitaux.' SSP. SECTION LIV. Comté de Glocester. T i A prison du comté est dans le château de Glocester. Le geôlier est sans appointemens.; il perçoit , conformément à un tarif légal , I liv. lo den. st. sur les débiteurs , 17 sous 8 den. st. sur les malfaiteurs qui doivent être jugés aux assises, et 13 sous 4 den. st. sur ceux qui doivent l’être aux sessions de tri- mestre. Chaque malfaiteur condamné à la transportation lui vaut 6 liv. st. , et il a per- mission de vendre de la bière. Rien ii’est alloué aux débiteurs. Chaque criminel reçoit tous les deux jours trois livres onze onces de bon pain de ménage. La bien- venue est d’un sou 6 den. st. De 1773 à 1783, le nombre des premiers a varié entre huit et trente-huit ; celui des seconds entre dix-sept et quarante- huit. Le chapelain , qui n’est de service que le dimanche , a 40 liv. st. d’honoraires. Il y a deux chirurgiens , qu’on paye au prorata de leurs visites. Cette prison est aussi un des Bridewells du comté; malgré cela, 011 n’y trouve qu’une Z iv Etat des Prisoî^s seule cour pour tous les prisonniers ; l'es criminels , hommes et femmes , passent la journée dans une même chambre , longue de onze pieds neuf pouces , et large de dix pieds sept pouces. La salie des débiteurs a dix-neuf pieds sur onze ; comme elle n’a point de fenêtre , on a détruit en partie un mur de plâtre , pour lui procurer du jour et de l’air. La chambre où couchent les mal- faiteur^ , quoiqu’élevee de plusieurs marches, est obscure et renfermée ; le plancher est en si mauvais état , qu’on ne peut le laver. Près de là sont d’autres chambres de nuit pour les. amendés , qui ont aussi une chambre de jour séparée. Lors de mes premières visites , tout le bâtiment tomboit en ruine , et n’avoit pas, été blanchi depuis nombre d'années. Les chambres supérieures servoient de BridewelL 'A l’époque de ma dernière visite , je les, trouvai changées en infirmerie. Plusieurs pri- sonniers moururent ici en 1773 , et j’y ai tou- jours vu des malades. Huit moururent de la petite vérole en 1778 j et en i7S3,lamême maladie, jointe à la fièvre des prisons , en a emporté un plus grand nombre. Il n’y a qu’un seul privé pour tous, et point de bain. Les actes , &c. , n’y sont point affichés. Les prisonniers du BrideweU sont cort- tT DES Hôpitaux. ’ fondus avec les autres , et les femmes ne sont point séparées des hommes. Je ne saurois me lasser de revenir sur l’indécence et le péril de ce mélange des sexes. On a vu quantité d’enfans conçus et mis au jour dans cette prison. Elle a une petite chapelle ; mais le chapelain aura beau s’eflbreer d’amollir le cœur des prisonniers par ses exhortations , ils ne deviendront pas meilleurs, tant que les magistrats négligeront de surveiller leur conduite , d’établir des règlemens sages , et de tenir la main à leur exécution. Peut-être est-ce à cause de cela que le chapelain actuel n’est pas des plus assidus. Au mois de septembre 1776 , je vis dans cette prison une vingtaine d’amendés, qui, ne recevant point de ration , oft'roient le spec- tacle le plus lamentable ; ils étoient demi- nus, et presque morts de faim. Mais lorsque je retournai en décembre , leur situation ctoit beaucoup moins fâcheuse. M. Raikes et d’autres personnes avoient eu pitié d’eux, et s’étoient généreusement cotisés pour leur fournir la nourriture et le vêtement. La bien- -faisance infatigable de M. Raikes continue -de se manifester en faveur des prisonniers. Ce digne hon^rne est aussi fondateur d’un ^^2 i:TAT DES Prisons établissement charitable et utile, qui a pouf objet les enfans des pauvres de Giocester. Ayant remarqué que plusieurs d’entre eux , occupés dans le cours de la semaine aux tra- vaux des manufactures, demeuroient tous les dimanches livrés au désœuvrement et à la crapule, il a institué des écoles, où ces jours-là ils passent la soirée à recevoir des instructions salutaires. L’heureuse influence de ces écoles , soutenues par sa libéralité et sa vigilance , est déjà très-sensible , et assure à M. Raikes l’attachemeçit et la reconnoissance ^ d’une foule de jeunes citoyens formés sous ses auspices aux bonnes mœurs et à la piété. Je conjecture que ses fréquentes visites à la* prison lui ont suggéré ce moyen d’empêcher qu’un jour elle ne fût peuplée aux dépens de la génération naissante. Le geôlier a lo liv. st. d’appointemens en qualité de concierge du Bridewell. En 1782, i’eus le plaisir de voir qu’on s’étoit occupé de plusieurs améliorations. Les chambres é'.oient pavées ; elles renfermoient des châ- lits, et l’on avoit blanchi tout le local. Dans ces sortes d’occasions, il faudroit principa- lement songer aux moyens d’aérer les cham- bres. Les fenêtres ii’ont point des vitres assez larges. O V f îT r)Es''Hôpi'rAirx'. ^6^ - La taverne est remplie de gens du dehors , comme si c’ctoit un endroit public. J’appris avec joie, en 1783 , que la pro- vince avoit résolu de bâtir une nouvelle pri- son , et d’introduire une reforme dans les Bridewells. Ce projet est dù en grande partie au zèle et aux efforts de sir Georges Onési- phore Paul , président du grand juré. , Les autres Bride'^ells du comté sont au nombre de quatre; celui de Lawford-Gate , à Bristol , bâti en 1716 , renferme deux cham- bres au rez-de-chaussée , et deux à l’ctage supérieur, chacune de 18 pieds sur seize, et sans cheminée. Dans les chambres hautes sont des lits pour ceux qui ont de quoi les payer. Les criminels passent la nuit dans un cachot de onze pieds 10 pouces sur sept pieds deux pouces. La cour, où se voit une pompe, a vingt-deux pieds sur huit; elle n’est pas sûre, et l’usage en est interdit aux prison- niers. On pourroit l’agrandir, en prenant sur le jardin du concierge, et la clorre de ma- nière que les prisonniers pussent s’y rendre et avoir accès à la pompe. Le concierge a 10 liv. St. d’appointemens , et perçoit , sans tarif, 6 sous 8 den. st. de droits. Le comté donne pour dix schellings de paille tous les •3'54 Etat des Prisons trois mois. Les prisomiiers très-pauvres ont (leux den. st. par jour. On ne leur fournit point d’occupation. L’acte contre les liqueurs fortes n’est point affiché dans ce Brideweil, Un registre qu’on y tient fait foi que dans l’espace de huit ans et demi, on y a renfermé cinq cent soixante - douze prisonniers. Je n’y en ai jamais vu plus de six. Celui de Berlteley tombe en ruine; il n’est composé que (l’une chambre sans cheminée, et d’une cour peu sûre ; la chambre a dix- huit pieds quatre pouces sur quinze pieds six pouces , et sept pieds neuf pouces de hauteur. La fenêtre , d’environ quatre pieds en carré , n’est point garnie de vitres. Le comté ne donne point de paille ; et , depuis vingt ans, on n’a rien assigné pour ce Brideweil. Le concierge , bon et sen- sible vieillard . déploroit, en me parlant , les mauvais effets qui résultent du désœuvre- ment, joint à la captivité, par rapport à la santé des prisonniers , même de ceux qui ont la jeunesse et la force en partage. Il en avoit , me disoit-il, connu plusieurs, qui, long-temps après leur sortie , étoient encore dans l’impuissance de s’adonner au travail. Autrefois, ajoiita-t-il , mes prisonniers avoient coutume de moudre de la drêche , raoyen- lunt un penny par boisseau ; et les juges tT DES Hôpitaux. ^6^ D’accordoient des permissions qu’aux pour- voyeurs , qui les employoient , mais depuis ces derniers temps ils n’ont'eu aucune espèce d’occupation. Rien n’est alloué à ces mal- heureux. Le concierge a 20 liv. st. d’appoin- temens , sur lesquelles il paye 6 liv. sterl. à titre de redevance foncière , aux pauvres de la paroisse. Ses droits , qu’aucun tarif n’au- torise , sont de q sous 4 den. st. L’honnête homme qui oceupoit cette place lors de mes visites , s’appeloit F. Norman. Il avoir en. voyé à la chambre des communes , d’après un ordre auquel bien peu de ses confrères ont obéi , l’état des prisonniers confiés à sa garde durant plusieurs années, avec celui de leur dépense et de leurs gains. Les deux derniers articles se réduisoient à zéro ; le total du premier , pour cinq ans , s’élevoit à soixantedix-neuf. A Cirencester , le rez -de- chaussée pré- sente la cuisine du concierge , l’endroit où il serre les graines de son jardin , &c. Au premier étage est une chambre d’environ seize pieds sur onze , pour les hommes. On a pratiqué dans un coin une séparation de huit pieds sur cinq pieds trois pouces , où l’on a formé une chambre de nuit. Le second étage renferme une chambre plus spacieuse ^ ^^6 Etat des Prisons à l’usage des femmes; le tout menace ruine, et la cour est trop peu sûre pour qu’on ac- corde aux prisonniers la liberté d’y prendre Pair. Les malfaiteurs reçoivent de temps en temps trois pence par jour ; les autres pri- sonniers n’ont jamais rien. On les laisse man» quer de paille et de couvertures. Ils n’ont point d’occupation. Le concierge a 13 liv« sterl. d’appointemens ; il paye au juge de là ville une rente de 12 liv. sterl. , et perçoit sans tarif J 6 sous 8 den. sterl. L’actet contre les liqueurs fortes _n’est point affiché dans là maison. De 1776 à 1782, le nombre des pri- sonniers a varié entre trois et six. Les prisonniers du Bride'well de Win- chcomb J ci-devant confinés pêle-mêle dani kl cave , occupent aujourd’hui deux greniers ; chacun d’environ quatorze pieds en carré et n’ayant que huit pieds de haut vers le mi- lieu ; tous lès deux ont une fenêtre à petits carreaux, et sont dépourvus de cheminées; les hommes sont dans l’un', et les femmes dans l’autre. On ne leur permet pas de des- cendre dans la cour, attendu qu’elle n’est pas sûre. Le comté n’a fait aucune dépense pour ce Bridewell depuis nombre d’années, et tout le bâtiment tombe en ruine; il appar- tient ail concierge j qui a 12 liv. 10 sous sf; ET DES Hôpitaux. 3^7 d’appointemens , donne sa quittance de cette somme , et ne reçoit réellement que 12 liv. St. Il perçoit , sans tarif, 13 sous q. den. st. de droits , et peut vendre de la bière. L’acte' contre les liqueurs n’est point affiché dans la maison. Tout prisonnier accusé de crime capital a en pain la valeur de trois pence par jour. On ne fournit point de paille. Le concier;ge me dit, à ma dernière visite, qu’il alloit se voir forcé de mettre les fers à ses prisonniers, pour s’assurer d’eux. Je n’en ai vu que trois à la fois, Le comté renferme aussi la prison de Saint- Brievell , où l’on n’envoie que des débiteurs ; elle fait partie d’un château situé dans la forêt de Dean , et appartenant au lord Ber- keley , qui est à la tête de la capitainerie. Les hommes y ont une chambre , et les femmes une autre au-dessus. La première est dans le plus mauvais état. J’y trouvai , en 1775* , deux prisonniers malades , dont un me dit qu’il étoit là depuis un an , sans avoir mis le pied une seule fois hors de cette pièce infecte et lugubre. Les prison- niers n’ont point de ration allouée, point de cour , point d’eau , point de charbon. Le geôlier est sans appointemens^ il a permission 3^8 Etat des Prisons de vendre de la bière , et perçoit, sans tarif $ 2 SOUS 6 d. St. de droits. La prison particulière de la ville de GIo-* cester est aussi prison du comté. Le geôlier est sans appointemens ; il paye ^ liv. 14 d. St. par an aux schéri ils 5 perçoit, d’après un tarif légal, p sous 8 den. sterl. de droits sur chaque débiteur , et 10 sous 6 den. sterl. sur chaque criminel ; touche 6 1. st. par mal- faiteur condamné à la transportation, et peut vendre de la bière. La ville donne en com- mun à tous les débiteurs trois schellings par semaine, et à chaque criminel la valeur de 3 demi-pènee par jour en pain. Le 13 décem- bre , on envoie aux prisonniers , d’une terre voisine , du pain pour la valeur de dix schel- lings. Cette fondation n’est attestée par aucun placard affiché dans la prison. La bien-venue est de 3 sous 4 den. st. De 1773 ^ nombre des débiteurs a varié d’un à sept ; celui des criminels de deux à sept. Il n’y a point de chapelain 3 et pour avoir les secours d’un chirurgien , c’est au maire qu’il faut s’adresser. Jusqu’en 1781 , les prison- niers avoient occupé un ancien bâtiment , qui n’étoit point assez, spacieux. Les débi- teurs, les criminels , les pettj off'enders ^ hommes et femmes, passoient le jour ensem- ble. et DTS Hôpitaux. ble.; seuletnent les femmes avoient une cham- bre de nuit séparée. Faute de cour , on laissoit les débiteurs prendre l’air sur les plombs. En 1782, suivant la teneur d\in acte parle- mentaire , qui ordonnoit de construire une autre prison dans une situation commode et salubre, je trouvai l’ancienne abattue ; la nouvelle étoit presque finie en 1783; mais on n’y iogeoit point encore. Elle est bâtie sur de trop petites dimensions ; les murs et les chambres n’ont point-- la hauteur conve- nable ; les prisonniers de différent sexe et de classe différente ne pourront y être détenus séparément , et auront à souffrir de l’infectioa des privés. ^ • A a Tome IT. 370 Etat des Prisons SECTION LV. Hampshire , ou. Comté de Southampton. T i E geôlier de la prison du comté, située à Winchester, est sans appointemens ; il per- çoit , conformément à un tarif légal , i liv. sterl. de droits sur chaque débiteur, et i li'v. 7 sous 4 den. st. sur chaque criminel. Cha- que malfaiteur condamné à la transportation lui vaut f liv. j sous st. , et il n’est point chargé des frais de voiture. Il a pemilssion de venelle de la bière et du vin. Rien n’est alloué aux débiteurs ; ils participent seule- ment à une fondation instituée en faveur de tous les prisonniers. Elle consiste en un pain d’environ un penny , qu’on donne à cliacun d’eux six fois par an, c’est-à-dire, le soir du^o août, du 31 octobre, du jour de Noël , du jour de Pâques , du 3 mai et du jour de la Pentecôte. Chaque malfaiteur reçoit tous les deux jours , au nom du comté , un pain de la valeur de trois pence ; ils ont de plus , toutes les semaines , une tête de bœuf, quatre de mouton, environ dix-sept pintes de gruau d’avoine , trois pintes’ de sel. £T DES Hôpitaux. 371 douze pains de la grandeur des pains de deux pence et demi, et environ vingt-quatre gal- lons (quatre-vingt-seize pintes) de bière , alloués par le collège , d’où on leur apporte ordinairement-, trois fois par semaine , les restes des tables. La bien-venue est de:2 sous 6 den. st. De 1772 à 1781 , Je nombre des débiteurs a varié entre treize et trente- trois ; celui des criminels entre dix-huit et trente- cinq. Le chapelain , de service trois fois par semaine, a 50 liv. sterl. d’honoraires; et le chirurgien autant, pour le Bridewell et la prison. Cette dernière est fort proprement tenue ; les changemens qu’on y a faits depuis peu sont de véritables améliorations. Le cachot actuel , où l’on ne descend que par cinq marches , a quarante - huit pieds sur vingt- trois , douze pieds de hauteur , trois larges fenêtres , et l’avantage d’être plancheyé. L’ancien , plus obscur et enfoncé de onze marches , étoit inhabitable. Je tiens deM. I Jps- comb , le chirurgien , que plus de vingt prisonniers y étoienq morts en un an de la fièvre des prisons , et qu’elle avoit emporté son prédécesseur. Les débiteurs de la classe du peuple ont deux chambres au-dessus du cachot ; les criminels en état de payer , trois ^ A a ij 572 Etat des Prisons chambres avec des lits; et les femmes, deiDi chambres. On a judicieusement agrandi la chambre de jour des criminels. Lorsqu’il fait beau, on sort et on expose au grand ait leurs paillasses et leurs couvertures. Les lits sont tous en forme de caisses. On suspend tous les jours une serviette , et le soin de la recevoir et de la rendre vaut un penny au prisonnier qui en est chargé. Si l’on neitoyoit et qu’on ouvrît duj côté de la prison une petite cour qui en est maintenant séparée, et dont on ne se sert point , elle contribueroit beaucoup à la commodité et à la salubrité. La chapelle est basse et incommode. On donne au geôlier deux guinées par an , afin qu’il surveille le pain fourni par le boulanger. Les juges portent aussi leur atten- tion sur cet objet ; et il en résulte que les états de trimestre , maintenant que les pri- sonniers ont trois demi-pence par jour, ne' se montent pas à une somme plus forte que du temps de l’ancien geôlier et de l’ancien boulanger , où ils n’avoient qu’un penny par jour , et où leur nombre étoit* presque le meme. L’acte relatif à la santé des prisonnier s est affiché dans la cour, par ordre des juges; mais il n’y a pas de bain. ' ET DES HÔPITAüE. 37î: M: Whitc , le geôlier , pareil en cela à plusieursde ses confrères , m’a témoigné com- bien il désiroit que l’on établît des règles précises pour leur conduite et pour celle des prisonniers de chaque dénomination , vu qu’ils sont fréquemment exposés aux insultes des débiteurs , et ne savent comment iis doi- vent se comporter à leur égard. • Le comté a quatre Bridewells ; celui de Winchester renferme quatre chambres trop peu aérées , et une cour , non pavée , ayant trente-sept pieds cinq pouces sur treize pieds dix pouces; cette cour n’est point assez spa- cieuse pour les prisonniers, qui d’ordinaire sont en grand nombre , sur-tout aux époques des assises de trimestre , où l’on amène tous ceux des autres Bridewells. Les hommes et les femmes n’ont qu’une seule chambre de jour, de vingt-six pieds sur vingt pieds quatre pouces. Les premiers couchent au rez - de- chaussée , dans une chambre de dix - sept pieds trois pouces sur dix pieds trois pouces; Il y- a , dans , celle qui est au-dessus , des lits, pour lesquels chacun paye 2 sous 6 den. su par semaine , quoique trois personnes y cou- chent ensemble. A côté est la chambre des femnies , qui a quinze pieds et demi sur A a iij ^74 Ëi‘at des pRrsoNî ‘ onze pieds deux ponces. En je trompai dans ce Eridewell quatre femmes, et cinq, en 1782, parmi les prisonniers , dont la plu- part ctoient des malfaiteurs. J’y vis encore une jeune fille, enfern-rce pour deux ans, et alitée depuis plusieurs mois. Cette maison a été funeste à beaucoup d’individus. La dé- tresse des prisonniers avoit excité la com- passion du duc de Chandos , et durant plu- sieurs aimées , il leur envoya toutes les se- maines environ trente livres de bœuf et deux gros pains. La pompe ne sert plus. L’acte contre les liqueurs n’est point affiché. Le concierge a 40 livres sterl. d’appoinremens , perçoit, sans^tarif, 7 sous 8 deniers st. de droits, et a permission de vendre du vin et de la bière. On donne aux prisonnievs un pain de trois pence tous les deux jours. Ils n’ont point d’occupation. De 1774 à 1782 ^ leur nombre a varié -entre onze et vingt- trois. ' £ . . Une chambre de jour, une -chambre de nuit pour les hommes au rez-d^-w„ SECTION LVI. Comté de W'ilt, T i A prison du comte , formant aussi un de ses Biidewclls , est à Salisbury. Le geô- lier, sans appointemens en cette qualité, a 6 liv. 13 sous 4 den. sterl. , comme con- cierge du Bridcwell ; il perçoit , d’après un tarif legal , i liv. 15 sous sterl. de droits sur chaque débiteur , et 7 sous 8 rien, sterl. sur chaque criminel ; chaque malfaiteur con- damné à la transportation lui va''tit 4 liv. 4 s. st.; et il touche annuellement 10 liv. sterl. pour les droits des prisonniers absous aux assises de trimestre , et 80 liv. sterl. pour donner à chaque criminel quinze onces de pain et une pinte de petite bicTe par jour. Les débiteurs n’ont point de ration allouée. La bien-venue des débiteurs d’une classe un peu relevée est de 8 sous 8 den. st.; celle des criminels et des débiteurs de la classe du peuple, de 4 sous 4 den. sterl. De 1773 à 1782, le nombre des débiteurs a varié entre sept et vingt-un ; celui des criminels entre huit et seiae. Le chapelain , tenu de réciter CT DES HÔPrXAUX. 385 les prières tous les vendredis , et de prêcher tous les quinze jours , a 40 liv. su d’hono- raires ; et le chirurgien, 21 liv. sterl. pour visiter seulement les criminels et les debiteurs de la classe du peuple. Le bâtiment est situé dans le voisinage d’une rivière; il ^ qu’une seule cour. Les débiteurs de la classe du peuple n’ont point de chambre de jour , non plus que les malfaiteurs ; les uns et les autres font du feu à leurs dépens sur un âtre de brique placé au milieu de leurs chambres , qui sont dépourvues de cheminées. Les criminels ont une chambre à part, d’environ quinze pieds en carré. En 1776, on éleva dans la cour un nou- veau bâtiment, composé d’une étable, d’une remise et d’une brasserie au rez-de-chaussée , d’une infirmerie et de deux chambres à l’étage supérieur. Je regrettai qu’au lieu de l’étable, 8ic. , on n’eût pas fait , au rez-de-chaussée , deux chambres à cheminées , l’une pour les débiteurs de la classe du peuple, l’autre pour les criminels. On a pris le parti d’abandonner, comme peu sûre, la partie de la maison qui servoit de Bridewell , et les peiry ojfenders sont avec le reste des prisonniers. A Noël , on laisse sortir les raalfaiieiirs ^8^ Etat des Prisons dans la ville , après avoir eu le soin de les enchaîner tous ensemble ; l’un d’eux porte un sac ou un panier , pour recevoir les alimens qu’on leur donne ; un autre est charge d’un tronc pour l’argent. De 4.0 liv. sterl. d’honoraires qu’on paye au chapelain , la moitié provient d’ini ancien legs de M. Thomas Thynne, écuyer. Il existe deux autres legs ; le premier , institué par M. Smith, de Salisbury , comprend l’intérêt de yo liv. St. à distribuer entre tous les pri- sonniers; le second est de y liv. st. par an, qui se distribuent de même, saufiine guince, dont le chapelain profite seul. Le tableau de ces aumônes n’est point affiché dans la mai- son, non plus que l’acte relatif c'i la santé des prisonniers. Le comté a deux autres Bridewclls , l’un à Devizes, l’autre à Marlborough. Celui de Devizes , qui sert aussi de prison pourcette ville, renferme deux chambres de nuit pour les honimes , et autant pour les femmes ; une chambre de jour de dix-neuf pieds et demi sur dix-huit , et une cour commune aux p/:r- sonnes des deux sexes; un petit atelier , une infirmerie composée de deux chambres , quatre chambres pour les débiteurs d’un état \ un ET* DES Hôpitaux. 385“ Un peu relevé. Lors de mes dernières visites, toute la maison étoit propre et blan- chie à neuf. Les' prisonniers ont en pain la valeur de trois pence par jour , et une pinte de petite bière. Le comté leur donne pour 2 liv. St. de paille tous les ans ; et, au moyen de 7 sous 8 den. st. qu’il paye au concierge pour chacun d’eux, ils sont exempts de droits; mais on ne leur fournit jamais d’occupation; les volets de leur atelier sont même cloués de manière à ne pouvoir s’ouvrir. Il y a quelques années que plusieurs d’entre eux moururent de la lièvre des prisons ; mais rinfîrmerie et quelques autres cham- bres ayant été ajoutées depuis au bâtiment , on a moins sujet de craindre aujourd’hui les ravages de cette maladie , pourvu qu’on ait soin de tenir séparément les prisonniers dans les chambres bâties pour eux. J’ai trouvé ces chambres occupées par le concierge, tandis qu’ils étoient tous amoncelés dans une seule chambre de nuit. Le concierge est un caba- retier; il a lO liv. st. d’appointemens. L’acte contre les liqueurs fortes n’est point affiché dans la prison. De 1774 à 1782 , le nombre des débiteurs a varié entre un et quinze ; celui des pttty offenders entre treize et vingt-cinq. Le Bridewell de Marlborough est composé* Tome IL B b 386 Etat des Prisons par bas , d’un atelier de treize pieds et demi sur douze pieds et demi, d’une chambre de nuit de vingt-trois pieds sur neuf, pour les femmes , et d’une autre de treize pieds et demi sur 10 , pour les hommes , recevant le jour par des fenêtres de dix-neuf pouces sur quinze, lesquelles s’ouvrent sur l’atelier, ou il n’y en a qu’une. Au premier étage sont trois chambres pour ceux qui veulent payer 2 sous 6 den. st. par semaine. Des latrines , placées daris l’intérieur , infectent tout le rez-de-chaussée. J’y trouvai , à ma première visite , un malheureux étendu sur le plan- cher , et sur le point de mourir de la fièvre des prisons. Le concierge me dit qu’elle ve- noit d’en emporter deux autres , l’un dans le même lieu , l’autre dans sa famille , peu de jours après lui avoir été rendu. La maison n’a- point de cour ; l’eau n’y est point acces- sible aux prisonniers. On ne leur donne point de paille. Rien n’est alloué aux petty offenders. Les malfaiteurs ont en pain la va- leur de trois demi - pence par jour , et une pinte de petite bière. Le concierge a yoliv, sterl. d’appointemens , sur quoi il est tenu de fournir le pain des malfaiteurs. Il a per- mission de vendre de la bière , et le comté ^ui paye, comme à Devizes, 7 sous 6 d. st. ET DES Hôpitaux. 387 de droits à la sortie de chaque prisonnier. Il eiuretient aussi un chirurgien qui a 10 liv. *0 sous sterh d’honoraires. En 1775" et en 1776, je vis quelques prisonniers à l’ouvrage'; mais en 1775^ hs étoient tous sans occupa «ion. L’un d’entre eux nie dit tristement, à cette dernière époque , qu’il étoit renfermé depuis trente semaines, et n’avoit pas gagné la moitié d’un penny durant tout ce temps- là. En 1782, les prisonniers étoient encore oisifs. Je leur demandai s’ils désiroient tra- vailler , et tous répondirent que oui. Deux me racontèrentr que leurs femmes leur avoienc apporté de la laine ; mais que le concierge îî’avoit pas voulu leiïr permettre de la filer. J’appris aussi que les juges s’étoient con- tentés, dans leur visite, d’examiner les dehors 'du BrideWell. La prison particulière de Salisbury appar- tient à l’évêque , et tombe en ruine. Elle est composée de cinq chambres , deux au rez- de-chaussée , pour les criminels , et trois au premier étage , pour les débiteurs. Elle est dénuée de cour et d’eau. L’on ne donne point de paille aux prisonniers. L’évêque leur envoie, à Noël, de la viande pour la B b ij 388 Etat des Prisons valeur de trente schellings , et pour dix schel- lings de pain. Le geôlier est un officier du schérif , il a permission de vendre de la bière, et perçoit, sans tarif, 14 sous 8 den. sterl. de droits. Rien n’est alloué aux débi- teurs. Les criminels onc deux pence par iour, / 1 ET Ces ÎÎôéij AtficV SECTION LVII, Comté de Dorset, XTa prison du comté est à Dorchester. Le geôlier est sans appointemens ; il perçoit > conformément à un tarif légalisé , i liv. 3 s» 5) d. St. sur chaque débiteur , 1 liv. 3 sous 8 d. St. sur chaque criminel jugé aux assises- générales , et 17 sous 4 den. st. sur chaque criminel jugé aux assises de trimestre ; cha- que malfaiteur condamné à la transportation lui vaut 2 liv. 12 sous 6 den. st. Il a per- mission de vendre du vin et de la bière. Rien n’est alloué aux débiteurs , à moins que leur excessive pauvreté ne les oblige de s’adresser aux juges. On donne en pain à chaque criminel la valeur de trois demi- pence par jour. La bien - venue des pre- miers est de 2 sous 7 den. sterl. ; celle des seconds d’un sou 3 den. st. De 1773 à 1783 , le nombre des prisonniers a varié entre vingt et trente. Le chapej.ain , de service le mer- credi et le dimanche , a 70 liv. st. d’hono-i raipes; et le chirurgien, 30 liv. st. Cette maison tombe tout à fait en ruine^ B b iij 5JIO, Etat des Prisons Les sexes n’ont qu’une seule chambre de jour , au rez dc-chaussée.' Près de là sont leurs chambres de nuit. Celle % des femmes est petite et obscure. Les debi- teurs ont des chambres à l’étage supérieur ; quoique voisine d’un jardin et d’un ruisseau , la maison est dépourvue d^intirmerie et de bains. Les actes , &c. n’y sont point affi- chés. M. Pitt, de concert avec les habitans du comté , se dispose à la faire reconstruire au même lieu , mais plus à portée du ruis- seau. M, John Derby a laissé 20 schell- par an, qui doivent être distribués en pain aux dé- biteurs. A Noël , M. Ed. Morton Plyde’I , écuyer, envoie à chaque prisonnier six pence en argent, et deux livres de bœuf. Son père et lui se sont acquittés de cette bonne œuvre depuis un temps considérable. A la même époque , mylord Digby envoie deux guinées à la prison, et une au Bridewell du comté. Ce Bridewell , le seul qui soit à l’usage de la province , est situé à Sherborne ; il est composé de quatre cha,mbres et d’une cour. Le concierge a un jardin spacieux , et 40 I. sterl, d’appointemens. On donne à chaque , prisonnier deux livres trois onces de pain tous les deux jours. Ils n’ont point d’occu- ET üEs Hôpitaux. 5pîi pation. L’humanité des juges a sagement pourvu, en 1774, bien-être des prison- niers , lorsqu’ils se rendent aux assises de trimestre. S’il n’y en a qu’un , le geôlier oit concierge est tenu de lui fournir un cheval 5 sont-ils en plus grand nombre ? il est obligé de se procurer un chariot commode. Il lui est alloué pour ces frais et ceux de nourri- ture , trois pence par mille , quand il n’y a qu’un prisonnier, et six pence quand ils sont plusieurs. De ^1774 à 1782, le nombre de ceux du Bridewell a varié entre deux et treize. Dorchester et Poole ont chacune leurs pri- sons particulières. Celle de Poole est aussi prison du comté; l’une et l’autre ne consistent qu’en deux chambres , qui sont infectes , sans latrines et sans cheminée à Dorchester , et sans eau dans les deux villes. Les prisonniers reçoivent à Poole 3 sous 3 den. st. par semaine, et à Dorchester la valeur d’un' denier sterling et demi par jour en pain. On voit encore à Poole un Bridewell , éga- lement composé de deux chambres, et assea proprement tenu. B b iv 35^2 E T A T* D E s P R TS O NS < ■ - g ‘-’J! ^ SECTION LVIII. Comté de Devon. t T k E comté a deux prisons , situées à Exeter, Tune pour les criminels, l’autre pour les dé- biteurs (i). La bien -venue, abolie dans la première , subsiste encore dans la seconde ; mais celle-là , où j’ai vu jusqu’à cinquante- sept prisonniers, est mal - saine , infecte et 'd’une trop petite étendue. Les hommes ne sont point séparés des femmes pendant le jour ; et la santé court tant de risques dans les (i) M. Howard a continué, dans tout le cours de son ouvrage , les détails relatifs à l'intérieur de chacune mal-propres et infectes. Il y en a sept , plus commodes , à l’usage des débiteurs; mais on ne voit de cheminée dans aucune ; et la maison est dénuée de cour et d’eau. Un legs , dont l’origine est inconnue , procure aux débiteurs cinq pains de la valeur d’un penny , qu’on leur envoie toutes les semaines. Les autres prisonniers participent avec eux à plusieurs autres fon- dations. De ces fondations , deux seulement sont mentionnées sur un tableau affiché dans la prison. L’une est de 20 liv. sterl. , très- anciennement léguées par Laurent Seldon et sa femme Elizabeth ; la seconde , de six pence par semaine , données par madame Esther Reed. Les autres , au nombre de quatre, dont une remonte à l’année et dont la plus moderne est de 1663 , ne sont BT DBS Hôpitaux.' attestées que par un registre alphabétique de lestamens , de donations , &x. , publié en 173(5 par Richard Izacke. Il seroit bien à désirer que l’on eût des recueils semblables dans toutes les villes du royaume, ne fût - ce que pour empêcher plusieurs aumônes d’être mal appliquées. Tiverton possède une prison et un Bride- .Well qui n’ofFrent rien de remarquable. On ne voit point sans horreur , dans la prison de Plymouth , une chambre , longue de quinze pieds , large de huit, haute de cinq et demi , où sont détenus , jusqu’à leur départ , les malfaiteurs condamnés à être trans- portés ; l’air et le jour n’y entrent que par un guichet de sept ponces sur cinq , pratiqué dans la porte. Pendant l’espace de deux mois , trois hommes , qui l’habitoient ensemble , avoient été réduits à s’approcher tour à tour de cette ouverture, sans quoi ils n’auroient pu respirer. Lorsque j’y entrai , la porte n’avoit pas été ouverte depuis cinq semaines. Un malheureux , que j’y trouvai seul , et qui comptoit déjà deux mois et demi de séjour dans cet affreux repaire, me dit qu’il auroit de bon cœur préféré le gibet à une pareille habitation. Dans une autre chambre , longue de treize pieds, large dô 5p($ Etat nxs Prisons Six et demi , haute de six pieds neuf pouces^ qui n’est éciaicée que par une fenêtre de dix- huit pouces sur quatorze, et dont le mur-a deux pieds huit pouces d’épaisseur , étoient deux prisonniers , dont un m’assura qu’ils y avoient passé près de deux mois , et que , dans cet intervalle, on leur avoit quelque- fois donné quatre ou cinq compagnons ; et qu’alors peu s’en étoit fallu que le manque d’air ne les eût étouffés. En général , cette prison est mal - saine , et encore plus mal tenue. Il n’en est pas de même de l’hôpital royal des gens de mer , blessés ou infirmes , situé à Stonehouse , à une distance presque égale des villes de Plymouth et de Plymouth-Dock. Les malades y sont couchés sur des lits en forme de berceau , élevés de quatorze pouces au-dessus du plancher , hauts de trois pieds un pouce vers la tête , et de deux pieds trois pouces à l’autre extrémité , longs 'de six pieds trois pouces , et larges de trois pieds un pouce. Les planches des côtés , longues de trois pieds huit pouces, glissent les unes sur les autres, à l’aide d’une rainure. Une boîte , pour les drogues , est suspendue par deux crochets au dos de chaque lit , et tous sont garnis de matelas, de- couvertures, &c; J^lancJie ^ . I F eneti'M -Aveugles ■ I Tluvtuz^' J^irex > I àf. V ■- «Ht* ' ■■- . ; : .jrr f; , y- 'h : . . ' >. .V -, > <• ' i' ' v t •T.- ^ ; 4>i 'L I' S I *• .I® .!t li .4 .*1 ' i»»v! ii»sf'.— ^ ' ■ . . -- ; ’ 1 M* ' A «W . . • rr ■ . . f . V‘:yr tH .F nw ,' -i>Ai'.' - -■>. •> > v'’'t;t:'- ÉÉA^kl^ ïT DES Hôpitaux. 55)7 Voilà, sauf la boîte aux drogues , qui ne seroit convenable que dans les inlirme- TÎes, sur quel modèle je désirerois qu’on se léglât , pour cet objet , dans tous les hôpitaux et dans toutes les prisons. Mon digne et savant ami, le docteur Farr, médecin de l’hôpital de Stonehouse , a bien voulu me fournir la description des bâtimens qui le composent , et le plan ci - joint. Je me fais un plaisir de pu- blier l’un et l’autre , comme pouvant servir à l’instruction des architectes chargés de cons- tructions du même genre ; seulement j’ai retranché du plan deux corps de-logis , que je crois déplacés. L’hôpital présente onze corps - de - logis spacieux , et quatre plus petits , formant tous ensemble un carré , mais détachés les uns des autres 3 précaution sagement imaginée , tant pour faciliter la circulation de l’air , que pour classer les différentes maladies, de manière à empêcher la contagion de se com- muniquer et de s’étendre. Les murailles sont de marbre brut, dont il y a une carrière dans le voisinage; sur le devant règne une belle colonnade en pierre, qui supporte un toit plat, couvert déplomba 5^8 Etat des Prisons et sert de promenade aux convalescens , lors- qu’il ne fait pas beau. Les dix principaux corps-de logis (excepté la chapelle qui occupe le centre ) sont nu- mérotés , et chacun d’eux est composé de six salles. Vingt lits peuvent tenir commodément dans chacune; il en tiendroit même, au be- soin , vingt - cinq dans celle des convales- cens ; de sorte qu’en prenant quatre salles souterraines lesquelles dépendent des sep- tième , huitième et neuvième corps-de-logis , sans parler de la salle réservée aux malades attaqués de la petite vérole, il y auroit place, si la circonstance l’exigeoit , pour quinze cents personnes. Toutes les salles du rez- de-chaussée et du premier étage ont soixante pieds de large, vingt-trois pieds huit pouces de long , et onze pieds deux pouces de hau- teur. Au deuxième étage, la longueur et la largeur sont les mêmes ; mais la hauteur n’est que de neuf pieds six pouces. Le corps-de-logis qui renferme la chapelle, renferme en outre l’aporhicairerie , le labora- toire , la salle des opérations et le logement de l’apothicaire. An premier étage se trouvent lâ chapelle , la salle du conseil , avec des loge-» mens pour les garçons chirurgiens , les gai> r.’ t !• y - • i-T.: >«• ■M '■ l4- i : I .7 . - c" ■/•i' r l f M i - v: Vo- N 1 1. ■v; iy.- t««v ‘ T- V;.- ' ^v.; ‘ 'ffv - ^ • ' f > ' E T' B E s Hôpitaux. 399 çons apçthicaires , &c. , dont une partie loge aussi au deuxième étage. La grande cour du milieu est revêtue de belles planches de gazon , avec des allées sablées ; on a de plus ménagé » autour de l’hôpital , un emplacement vuide d’environ douze arpens. A l’extréipité- d'evX^t emplace- ment, du coté '-du'^uord , est un grand ré- servoir , qui , au moyen d’une pompe , fournit de l’eau à une citerne de plonab , d’où elle se distribue par des tuyaux dans toutes les salles • là, elle sert à l’usage des malades, à nettoyer les cabinets d’aisance , à remplir les bains , &c. Chaque corps - de - logis est pourvu d’un bain et d’un cylindre. Outre ce premier réservoir, on vient d’en construire un autre , long de plus de qua- rante-trois pieds sur vingt-cinq de large , et profond de cinq pieds six pouces , propre à contenir cent quatre-vingts tonnes d’eau , et destiné à nettoyer tous les conduits , et principalement ceux qui descendent des cinq corps- de- logis les plus élevés. Des boueurs payés à cet effet, nettoyent régulièrement tous les autres; car ils sont faits de manière qu’un homme peut y entrer et les parcourir. Par ce moyen , on réussit à empêcher qu’ils ’^où Etat des Prisons n’exhalent de mauvaise odeur : et la seule dont on soit un peu incommode , sur - tout lorsque le vent souffle dans une certaine direction , provient, selon toute apparence, des citernes creusées pour recevoir les or- dures des canaux. On les tient , à la vérité , toujours pleines d’eau , afin de prévenir les exhalaisons infectes ; mais comme on est forcé de les nettoyer à force de bras ^ si l’on pouvoir ménager une chûte d’eau assez forte pour entraîner tout d’un coup les ordures des conduits de communication aux conduits prin- cipaux , cette voie sembleroit préférable. Aussi-tôt qu’un malade est reçu , on le lave, on lui donne l’habit delà maison, et on porte ses vêtemens.àla chambre fumiga- toire. Une garde est assignée de dix en dix. On apporte la plus grande attention à la pro- preté et au soin de rafraîchir l’air des salies. Cet hôpital , pour être complet , auroit encore besoin de quelques constructions. 11 conviendroit d’élever une chapelle dans un endroit séparé , comme , par exemple , dans quelque partie du terrein environnant , et de convertir la chapelle actuelle en réfectoire pour les convalescens. Il faudroit aussi deux pavillons à l’entrée, l’un où seroitune cham-p bre ET DES HÔPÏTAUÏ» I40Ï bre pour recevoir les malades j jusqu’à ce qu’ils fussent admis : l’autre pour une salle du conseil, une d’exan>en , &c. Mille iii- convéniens ont fait sentir , en temps de guciTe> combien ces améliorations étoient à désirer. Les réglemens relatifs aux gardes , aux autres employés et aux malades eux-mêmes, sont affichés dans l’hôpital , ainsi que l’ordre du régime qu’on fait observer à ces derniers. La diète consiste en de l’eau de gruau , de la panade , du riz mondé , du potage au lait ou du bouillon, du pain et du beurre, s’U en est besoin. L’on y joint pour boisson de l’eau panée, de la tisane, ou la décoction blanche. Les malades à la demi-diète ont du potage au lait pour déjeûner; à dîner, une demi- livre de mouton, un peu de pudding au pain, ou des légumes, une pinte de bouillon, une livre de pain, une pinte de petite bière. Les convalescens ont le même déjeuner: que ci-dessus; à dîner, une livre de viande, une pinte de bouillon , une livre de pain , avec trois pintes de petite bière. Leur souper et celui des malades à la demi - diète , est composé du bouillon qui reste du djtgier ^ Tome IL C e :^c>2 Etat DES Prisons ou , si on le juge nécessaire , du potage au /ait. ^ Le médecin et le chirurgien sont maîtres de prescrire du riz au lait , de l’orangeade , delà limonade , de l’eau de tamarin, du sirop de vinaigre; du thé, bitable,.a donné ordre qu’il fût comblé. L’autre prison renferme un bridewell, quoi- qu’elle ne soit composée que de cinq petites chambres. Le défaut d’espace est d.e même le principal inconvénient des trois prisons de Knaresbrourgh et de celles de Doncaster , de Bradford, de Leeds, de Kingston sur la Hull , de Sheffield et de Roth-well. Bradford possède un petit hôpital de qua- rante-huit lits. Le plan me paroît mieux calculé, pour la salubrité, que celui de la plupart de nos hôpitaux de province. La maison est propre , les chambres ont une hauteur suffisante, et l’odorat n’y est point blessé par des exhalaisons. infectes. On vient de construire une nouvelle pri- son à Batley , dans laquelle on a' eu la pré- caution très-sage , et dont je crois qu’on ne s’étoit encore avisé nulle part , de réserver, dans une cour séparée du reste , deux cham- bres à l’usage des femmes emprisonnées pour dettes. On conserve dans la prison d’Halifax , bâtiment délabré^ où les prisonniers ne re- Etat des Prisons çüivent que le produit de deux legs assez znodiques, une hache, laquelle étant ajustée dans une machine faite exprès , servoit jadis à irancher la tête aux coupables jugés par les 'barons , car ces seigneurs avoient droit de vie et de mort, et le transmirent, après eux, à dilTérens propriétaires. La dernière èxécutioii de ce genre remonte à l’année 1650. Dès qu’un voleur étoit convaincu, le bailli le conduisoit sur le cliamp à la prison ; il y demeuroit environ une semaine ; et tous les jours de marché , qui étoient au nombre de trois par semaine , il étoit mis au carcan dans la place : là , si les effets volés n’étoient pas trop lourds , on les exposoit sur son dos , sinon ils étoient placés devant lui , pour qu’ils fussent examinés de tous les pas- sans. Au bout de huit jours , si l’objet du 'vol étoit un cheval, un bœuf, une vache, Sic. , on le conduisoit avec le coupable au lieu du supplice , et on l’attachoit , au moyen d’une corde, à l’essieu d’une poulie. Aussi -tôt que les jurés levoient une main en l’air , ce qui étoit le signal de l’exécution, le bailli ou son valet faisoient avancer l’ani- mal à coups de fouet ; celui-ci emportoit l’essieu , et la hache faisoit son devoir. A défaut de cheval , Sic. j le bailli ou son valet coup oit la corde. IT DES Hôpitaux. 41 . SECTION LXII, 'Comté de Durham. Ti A prison du' comté est à Durham, et ap- partient à l’évêque. Elle est humide et mal- saine. Les criminels passent la nuit dans deux cachots; le plus petit, de sept pieds en carré , sert pour trois prisonniers ; j’en ai vu jusqu’à six renfermés dans l’autre , et enchaînés au plancher. Un legs leur procure, en hiver, un schelling six pence par semaine, et en été, un schelling, aussi par semaine, destinés à leur acheter du charbon. L’évêque en a fait restituer deux autres qu’on avoit laissé tomber en désuétude ; mais s’il a rempli , à cet égard , ce que l’humanité lui prescrivoit, on peut lui reprocher , d’un autre coiè, d’avoir disposé en faveur du chirurgien de la prison d’un ter- rein vacant , où l’on auroit pu ménager une cour dont elle a besoin. I Le comté n’a qu’un Brideweil , aussi à Durham. La maison est aérée , salubre et proprement tenue. Lors de ma dernière visite , je trouvai les prisonniers à l’ouvrage , et leur bonne santé rendoit témoignage des attentions que l’on avoit pour eux. Etat des Prisons '415 % SECTION LXIII. Comté de Northumberland. T i A prison de Newcastle sur la Tynne 9 sert pour le comté et pour cette ville; ex- cepte la chambre où l’on met les coupables dont la sentence est prononcée, toutes sont au-dessus du rez-de-chaussée, et l’air y cir- cule librement. Je les ar toujours vues d’une propreté remarquable, sablées, &c. La ville accorde à tous les prisonniers , sans distinc- tion , du feu et de la chandelle en abon- dance, et chacun d’eux a une paillasse, deux couvertures et un couvre - pied. Il y a peu de prisons où ils soient aussi bien traités. On leur fournit des torchons, des balais, et toutes les choses 'nécessaires. La somme allouée pour ces articles s’élève à 40 liv. 12 sous 8 den. sterl. par an. Aucun prisonnier n’est mis aux fers , à moins qu’il ne fasse du tumulte. La ville paye les droits du geôlier, toutes les fois que les prisonniers sont trop pauvres pour y subvenir. J’eus la douleur d’apprendre, à ma dernière visite , que Crastei;, l’ancien get)lier dçnt l’humanité . in’étoit "ET DES I-îÔPÎTAUX. 417 laîté m’étoit connue , venoit de mourir ; mais ]\I. Harle , son successeur , ne paroît pas moins digne de la confiance des magistrats. Le doc- teur Rotheram , médecin établi à Newcastle , visite assidûment les prisonniers , sans rien exiger d’eux et sans toucher d’honoraires. On voit encore dans cette ville une petite prison de trois chambres , sans cour , sans privés et sans eau , où les malfaiteurs ne passent que deux jours ; l’ancienne maison de correction , qui enreçoitune partie, après qu’ils ont paru devant les juges ; enfin un Bridewell assez spacieux j où le concierge a pour tout salaire le profit résultant du tra- vail des prisonniers. Ceux-ci ne vont jamais dans la cour ; et j’observerai, à cette occasion, que , par-tout où on les retient confinés dans leurs chambres , il conviendroit que l’on mît de l’eau dans chacune d’elles, ainsi que je l’aî vu pratiquer chez l’étranger. Quelques chambres commodes , ajoutées depuis peu à la prison de Morpeth , sont occupées par le geôlier. Le reste du bâtiment tombe en ruine. A l’époque des assises on conduit les prisonniers à Newcastle 3 et, pen- dant sept ou huit jours , les hommes et les femmes demeurent enfermés , pêle-mêle, dans un cachot humide , où l’on descend par six Tome II, D d •418 Etat des Prisons marches , et qui fait partie de l’ancien châteaUi/ Le Bridewell de Morpeth est le seul qui ait le titre de Bridewell du comté. Il n’est composé que de trois chambres , dont une sert d’atelier. Le concierge est un fabricant de draps; il occupe ses prisonniers, les paye et les chauffe. Berwick, sur la Tweed , a une prison assez vaste, mais où l’on n’a pas soin d’entretenir la propreté. ET DES Hôpitaux. SECTION LXIV. Comté de Cumherland, T 1 A prison du comté esc située à Casllsle» On y voit une cour de quatre - vingt - cinq verges sur trente-six , séparée en deux, pour les débiteurs et les criminels. Les chambres de ces derniers sont obscures et fangeuses. Les hommes et Jes femmes y couchent pêle-mêle. Il y a beaucoup de chambres destinées aux débiteurs; mais comme elles ne leursont point assignées par un tableau juridique , il arrive souvent que le geôlier s’en fait payer l’usage. Quoique la lièvre des prisons régnât en, dernier lieu dans celle-ci, M. Farish, le cha- pelain, n’a pas manqué un seul jour de visiter les malades. Comme il n’y a de Bridewell du comté que celui de CoLermoiuh , et que le bâti- ment tombe en ruine , la plupart des petty O ff'enders sont détenus à Carlisle , dans la prison du comté. Les prisons particulières de Carlisle et de .Whitehaven sont composées , la première d’une seule chambre commode et bien aérée, la seconde de deux chambres et d’un cachot malpropres et infects, D d ij Etat des Prison^ SECTION LXV. Comté de Jf^estmoreland. Xi À prison du comté, située dans la ville' d’Appleby , n’a ni chapelain ni chirurgien^ Heureusement pour les prisonniers , la mo- dération et l’humanité distinguent le geôlier actuel. Ils sont passablement logés , depuis 11775, dans un bâtiment neuf, composé, par bas , de quatre chambres voûtées , à l’usage des criminels ; et à l’étage supérieur, de trois chambres commodes, destinées aux prisonniers pour dettes. Le comté a deux Bridewells , l’un à Ap- pleby , l’autre à Kendal ; ni run ni l’autre ne sont ce qu’ils devroient être. La prison de Kendal n’est formée que de deux cachots , où l’on descend par quinze marches. Mais je ne saurois assez louer la pro- preté, l’ordre et la diligence qui régnent dans la maison de travail de cette ville. Elle absout, en quelque sorte, les magistrats du blâme auquel les expose leur indifférence à l’égard de la prison. S!T DES HÔEIT'JÇtry. "iO.Xi SECTION LXVI. Comté de Lancaftre. T d A N c-i E N château des ducs de Lancastrc renferme aujourd’hui la prison du comté ; une de ses chambres , qui a vingt - quatre pieds de diamètre , ei la hauteur d’une cham- bre ordinaire , passe pour avoir servi de four , du vivant de John de Gant, et le nom lui en est resté. La cour est spacieuse et pourvue d’eau. Les débiteurs d’une cer- taine classe ont des appartemens à choisir ^ mais une partie des criminels passe la nuit dans un cachot enfoncé de dix marches , obscur , mal - sain et infect au souverain degré. On a bien voulu profiter des con- seils que j’avois donnés en 1776 , pour l’addition de quelques chambres et d’une infirmerie ; et maintenant il y a peu de chose à reprendre dans cette prison , que l’on blan- chit régulièrement à des époques fixes , et qui paroît tenue avec propreté. Plus de 12 liv. sterl. , produit annuel de plusieurs legs réunis , contribuent au sou- D d iij '422 ÉTAT I>ES ï>RISONS lagement des prisonniers, à chacun desquels le comté donne un scheliing par semaine. Les villes de Preston et de Manchester ont chacune un Bridewell du comté ; celui de la première tombe en ruine ÿ mais les chambres sont propres , et les prisonniers ont de l’occupation. A Manchester , le bâti- ment a été réparé en 1774. On y remarque des serrures et des gonds d’une forme extrê- mement curieuse. Le concierge est chande- lier ; il emploie une partie de ses prisonniers à faire des mèches , qu’il leur paye sur le pied de trois demi -pence la livre- On lit en dehors, au-dessus d’une fente qui ré- pond à un tronc placé dans l’intérieur , ce verset tiré de S. Mathieu ; J'ai été malade et en prison , et vous ne tréaveT^ pas visité. La prison de la ville de Lancastre ne con- siste qu’en une seule chambre, avec une fenêtre et une cheminée- Celle de Liverpool renferme sept cachots dépourvus d’air , où l’on descend par onze marches, et qui n’ont pas plus de six pieds et demi sur cinq pieds neuf pouces. On fait coucher d’ordinaire trois prisonniers dans chacun d’eux. Les criminels de l’un et de Pautre sexe passent la journée dans une même tT DES Hôpitaux. chambre. Le geôlier me dit , au mois de novembre 1775* , qu^aprèsma visite de l’année précédente , où je l’avois prévenu que ses pri- sonniers étoient en danger d’avoir la fièvre des prisons , vingt-huit en avoient été atta- qués à la fois. Ce qui me l’avoit fait pres- sentir, étoit leur grand nonvbre, et l’insalu- brité des cachots. Il est impossible de rendre cette prison plus salubre ou plus commode, vu qu’elle est entourée de maisons. Les ma- gistrats se sont décidés à en faire construire une nouvelle dans une situation plus avanta- geuse. Le Bridewell de Liverpool , bâti en 1775, est situé hors de la ville , sur une éminence contiguë à la maison de travail. Je dois dire, en passant, que cette dernière est administrée avec la plus grande sagesse. Quant au Bride- ■\vell , les prisonniers des deux sexes ont des chambres et des cours séparées; les chambres sont pourvues de châlits, de couvertures, S:c. ; mais l’air n’y circule point assez librement. La cour des hommes renferme une pompe , à laquelle les femmes sont attachées toutes les semaines , pour recevoir la discipline. On y voit aussi un bain consacré, jusqu’en 1775), à une destination qu’assurément la législature étoit bien loin d’avoir en vue, lorsqu’elle Dd iv 3 1^24 Etat des Prisons ordonna qu’il y eût un bain dans chaque prison^ , Toutes les fois qu’une femme venoit grossir le nombre des prisonniers , après lui avoir fait subir un court interrogatoire, onl’asseyoit dans une chaise , assujettie à l’extrémité d’une lon^- gue perche , et on la plongeoit dans l’eau à trois reprises différentes. Au surplus, la maison est proprement tenue , et les prisonniers sont occupés. Warrington possède un Bridewell , composé de deux chambres sans fenêtres. Il est situé dans l’arrière-cour de la maison de travail ; la ration des prisonniers est la même que celle des pauvres , et l’extérieur de ceux-ci annonce qu’ils sont humainement traités. ET DES Hôpitaux. 42;, SECTION LXVII. Comtés de Chester, de F Vint ^ de DeH'- bigh et de Montgomery, Ij a prison du comté est dans le château de Chester , lequel appartient au roi. On entre d’abord dans une salle où deux escaliers con- duisent à quatre chambres , réservées aux débiteurs d’une classe un peu relevée. On descend par dix-huit marches dans une petite cour , divisée en deux par de hautes palis- sades 5 qui 5 tout en séparant les débiteurs et les criminels, interceptent l’air aux uns et aux autres. Le geôlier ira point de vue sur la cour et sur les chambres' de jour des criminels , quoique les hommes et les fem- mes y soient réunis. Les chambres de jour , tant des criminels que des débiteurs , soiïî plus basses que la cour de six marches. Sous celle des premiers est un passage obscur de vingt-quatre pieds sur neuf, où l’air ne se renouvelle que par deux ouvertures gril- lées J qui répondent au plancher de la ^,2^ Etat des Prison^ chambre. Sur un des côtés régnent six cel-w Iules , chacune d’environ sept pieds sur trois , meublées d’un châlit , et sans autre soupirail qu’une ouverture de huit pouces sur quatre, pratiquée dans la porte. On renferme quel- quefois , pour le temps du sommeil , trois ou quatre criminels dans chacune. On les répare deux ou trois fois par an. Après que je fus entré dans l’un de ces effroyables cachots , j’en fis fermer la porte , et ce que j’éprouvai me rappela ce que j’avois ouï dire, touchant le noir souterrain deCalicut. Les déserteurs , soumis à la vigilance des invalides, et non du geôlier, sont relégués dans un cabinet délabré et mal-sain , où s’engendre très- souvent la fièvre des prisons. Le comté n’a qu’un seul Bridewell , situé à Middlewich. La maison est en bon état* Ci-devant , la cour étoit séparée du jardin par un mur de brique , d’environ six pieds de hauteur , au-dessus duquel s’élevoient de fortes palissades , hautes de douze pieds , et jointes , sans l’être hermétiquement , par des clous à crochet. Cette invention m’avoit parti excellente pour maintenir la cour et la maison aérées et salubres. Malheureusement on a resserré la première par des bâtisses super- ET DES Hôpitaux. '427 fines. Depuis ma dernière visite, les juges ont rendu témoignage , dans les papiers nouvelles de Chester , au zèle , aux atten- tions et aux succès de M. Graves , le chirur- gien , qui a sauvé la vie à quantité d’indi- vidus , dans un momenr où la lièvre des prisons s’étoit manifestée dans ce Bridewell , et où la multitude des prisonniers augmen- toit leur péril. Les débiteurs sont commodément logés dans la prison particulière de Chester ; la chambre de jour des criminels est spacieuse ; mais ils passent la nuit dans un cachot en- foncé de dix-huit marches , où la lumière ne pénètre en aucune façon , et qui n’a de communication avec l’air extérieur que par deux tuyaux de plomb d’environ un pouce de diamètre. Les femmes criminelles cou- chent au premier étage dans une chambre qui n’a pour toute fenêtre qu’une ouverture de quatorze pouces sur sept, pratiquée dans la porte , et qui donne sur une des chambres des débiteurs. Le Bridewell, à l’usage de la ville, offre quelques améliorations , et deux cachots nouvellement creusés. On y conserve plu- sieurs poids de plomb, marqués 50, 40 , 60 livres, à chacun desquels sont joints un '42S Etat des Prisons anneau et des chaînes ; on les attache an:t jambes des prisonniers indociles , de sorte qu’ils ne peuvent marcher sans les traîner avec eux. Macclesfield a une prison et un Bridewell qui tombent tous les deux en ruine. A Nantwich , deux ou trois chambres servent de prison pour les débiteurs ; les criminels en occupent une autre, bâtie en 1782, et qui n’est composée que d’une cham- bre et de deux cachots. Les magistrats pa- roissent n’avoir pas songé au statut de la quatorzième année de Georges III , c. xliij , par lequel il leur est ordonné d’empêcher que les prisonniers ne soient enfermés dans des souterrains , par-tout où ils peuvent s’y opposer sans inconvénient. La prison du château d’Haulton est aban- donnée depuis long-temps. • Celle du comté de Flint, située dans la ville du même nom, est aussi un Bridewell. Les yeity off'enders n’y sont point occupés; les criminels n’y ont point de chambre de jour particulière , et passent la nuit dans un cachot de seize pieds sur onze , où l’on descend par huit marches. Hanmer possède un autre Brideweil du comté; ce sont deux chambres en ruine, qui ET DES Hôpitaux'. 425^ font partie d’une maison couverte de chaume. La prison du comté de Denhigh est située à Riuhin ; elle sert en même temps deBride- Avell du comté. C’est un bâtiment neuf, où l’on s’esf efforcé de pourvoir à la propreté et à la salubrité. Il y manque cependant une infirmerie, et l’on auroit pu ménager aux cri- * minels des chambres de nuit plus spacieuses. Le comté a deux autres Bridewells, l’un à iWrexham , l’autre à Denbigh • tous deux me- nacent ruine , et les prisonniers y respirent un air aussi épais que fétide. La prison et le Bridewell du comté de Montgomery sont situés à Montgomery. La .prison est sur une éminence. Lors de ma der- nière visite , un courant d’eau vive passoit dans la cour ; on a jugé à propos de lui donner vine autre direction. Le Bridewell n’est com- posé que de deux chambres et d’un cachot en jiuine. Etat des Prisons SECTION LXVIII. Comtés d" Angles ey , de Carnarvon et de Merionet, T i A prison du comté d’Anglesey est à Beau- maris , capitale de l’île; elle sert en même temps de Bridewell. On y a fait beaucoup d’améliorations en 1780; et les prisonniers y seroient passablement , s’ils avoient de l’eau et de la paille. La prison et le Bridewell du comté de Car- narvon , réunis dans le même bâtiment , sont infects et délabrés au dernier point. Des réparations faites il y a vingt ans à la prison du comté de Merionet , située à Dol- gelly J l’ont rendue plus supportable à ceux qui l’habitent. Les deux Bridewells du comté, situés Tun à Dolgelly , Tautre à Bala , n’ont rien de remarquable. Et des Hôpitaux. 431 «■■■■■■■■MHHHMHnnaaBaaMMBaiHdMan SECTION LXIX. Comtés de Cardigan ^ de Pemhroke et de Carmarthen, U N E cour , quatre chambres et un cachot composent la prison du comté de Cardigan 9 située dans la ville du même nom. Le bâti- ment, quoique neuf, est peu folide , et l’inté- rieur mal-propre. ^ La prison du comté de Pembroke est à Haverford\vest. Le Bridewell est compris dans son enceinte ; on achevoit de la cons- truire lors de ma dernière visite. Il n’y man- que qu’une infirmerie. On auroit bien fait d’établir une pompe , au lieu du puits qui se voit dans la cour. Les puits , les cordes qu’ils nécessitent, ont toujours leur danger dans les prisons. Le Bridewell et la prison de la ville d’Ha- verfordtvest ne sont composés que de trois chambres. J’ai déjà eu occasion de parler de la prison de Pembroke. p- de ce volume, ) 1 ^32 Etat des Prisons L’infection, la malpropreté et la miscre rognent dans la prison et le Bridewell du comté de Carmarthen , situés l’un et l’autre dans le château de la ville de Carmarthen ; l’on en peut dire autant d’une autre prison * de la même ville. . .. f .O ■* ■ ■ . • ’ . ' Se CTiON jET des hôpitaux^ '■Î3Ï; SECTION LXX. Comtés de Radnor > ds. Brecon et de Glamorgan» î J A prison et le Bridewell du comté de Kadnor sont situés à Presteign , dans le même bâtiment. On l’a réparé en dernier lieu; mais il reste encore à boucher un cachot humide à établir une séparation entre les débiteurs et îes criminels, à construire deux chambres pour ces derniers , avec une' infirmerie et un bain» La prison du comté de Brecon , nouvelle- ment bâtie à Brecon, est mal située, parce que , dans les crues d’eau , elle est sujette aux inondations. On vient de prendre quel- ques mesures pour obvier à cet inconvénient. I)u reste, la maison est suffisamment grande» bien aérée et proprement tenue. Le Bridewell est de même bâti deptiis peu sur un plan convenable. Les prisonniers ont les deux tiers de ce qu’ils gagnent, et le comté leur fournit des rouets, dcc, , pour travaillée la laine. Tome IT E e E-Tat des Prisons A Cardiff, capitale du comté de GlamorJ gan , se voit aussi une prison neuve, qui est celle du comté. Elle consiste en trois corps- de-logis , séparés par deux coiu's. Le geôlier loge dans celui du milieu, entre les débiteurs et les criminels. Cette disposition est assez bien entendue , à raison de la facilité qu’elle lui donne d’inspecter les uns et les autres ; mais elle est dangereuse pour lui , en ce qu’étant obligé de passer parle quartier des débiteurs , afin de sortir dans là rue , il n’est pas en sûreté , lorsqu’ils se mutinent. Le Bridewell du comté est à Cambridge ; on s’est occupé du soin d’y favoriser la cir- culation de l’air ; mais les prisonniers sont réduits à leurs propres ressources, étonné leur fournit point d’occupation. Les prisons particulières de Cardiff et de Swansey , presque toujours vuides , ne sont l’une et l’autre composées que de deux cham- bres. Parvenu au terme de ces détails sur les prisons Angloises , je ne saurois m’empêcher d’observer que je n’ai pas été arrêté une seule fois sur les chemins 3 que je n’ai pas même s:ouru de danger un peu grave de la part des kr r)ï$ Hôï'ïtaüît. 45;’ Voleurs , dans le cours de dix années , où j’ai traversé, la nuit comme le jour , les différentes provinces de la Grande-Bretagne. Si' je fais mention de cette particularité ^ qui m’est personnelle , et dont je rends grâce à la Pro- ^■idence, c’est en vue de diminuer la terreur qui accompagne ordinairement les étrangers lorsqu’ils voyagent dans ce royaume, et de montrer jusqu'à quel point l’on doit compter sur la vérité de leurs récits , lorsqu’ils parlent avec efîroi des périls auxquels ils ont été exposés» ^5^ Etat des Prison^ SECTION LXXI. Ourques de la Tamise. D A N s la première édition de cet ouvrage 4 je m’étois permis de censurer , à quelques:, égards , la manière dont 'on se conduisoit envers les malfaiteurs condamnés à des tra- vaux pénibles dans l’étendue de la Tamise, Üne visite subséquente me prouva encore plus clairement l’existence des abus que j’avois remarqués ; leurs suites devinrent si alarmantes, que le parlement en prit con- noissance. Il fut constaté que depuis le mois d’août 1776, époque où six cent trente-deux malfaiteurs avoient été mis à bord de la/«jri- tia , jusqu’en mars 1778, il en étoit mort cent soixante - seize. Le compte que j’ai à rendre aujourd’hui est plus satisfaisant pour mon cœur. On y reconnoîtra les bons effets de cette enquête parlementaire , relativement il la santé des prisonniers ; on sentira combien le public est redevable au zèle des commis- saires nommés dans cette occasion , et en particulier à sir Charles Bunbury , président du comité. îT t)îs Hôpitaux. ^37 Lors de ma visite du 16 novembre 1775?» il y avoit à Woohvich,'ponr recevoir les malfaiteurs , un ancien vaisseau de la com- pagnie des Indes , appelé X'àJiistitia , et une- frégate nommée le Censor ( le premier eiT coiitenoit deux cent cinquante-six, la seconde deux cent cinquante ) ; un troisième navire , converti en hôpital , et où je comptai vingt malades ; enfin un autre bâtiment vuide , nommé la Réception. Les malfaiteurs dévoient être inspectés dans ce dernier par le chirur- gien, et y demeurer trois jours avant que- d’être envoyés sur les ourqiies, ou dans le vaisseau qui sert d’hôpitah Les prisonniers à bord de la Justitict avoient l’air bien portans. Les ponts étoient propres ; chaque malfaiteur avoit de quoi se couvrir pendant la nuit. Leurs provisions étoient bonnes, et tous , comme lors de mes- premières visites , avoient des bas et des souliers. Je trouvai l’intérieur da Censor plus propre que celui de la Jus tiùa.. Mais en y exa- minant les malfaiteurs avec attention , je vis qu’ils n’avoient l’air ni si gais ni si bien por- tans que ceux de l’autre vaisseau , et j’appris qu’il en sortok plus de malades pour- être conduits à l’hôpital. -Cela me 'fit soupçonner- qu’il se comincuoit quelques abus. J’éxa-,- Ee iii '45S E T 4 T 1? E s Prisons minai les provisions, les couvertures, &c.^ tout me parut comme sur la Jusùûa, Je pensai que la faute pouvoit venir des mu- nitionnaires. On sait que leurs poids sont en défaut de deux onces par livre, et leurs mesures vicieuses dans la meme proportion. Il çonviendroit d’afficher dans les ourqiies un tableau de la ration allouée aux malfai- teurs, et d’y avoir exprès des balances, des mesures et des poids à leur usage , pour frustrer la cupidité de ces misérables. Dans le vaisseau qui sert d’hôpital , on voit sur les deux ponts , dont un est destiné aux convalescens , vingt- cinq lits en berceaux , mais plus, petits que ceux de l’hôpital de Plymouth. Chacun est seul dans son lit ; on ôte les fers aux plus malades. Le calme et la propreté qui régnaient sur ce vaisseau , faisoient honneur à celui qui en avoit la direction. Il seroit à souhaiter que les maladesi fussent mieux nourris ; en bien des cas, ce remède leur seroit plus salutaire que les or^ donnances des médecins. Je vis à peu près cent cinquante malfai- teurs à l’ouvrage , ta plupart en uniforme brun. J’observai que leur situation étoit améliorée ; mais la livre de pain qu’on leur donne par jour est insuffisante -i, sur-tout pour I / üT DES Hôpitaux. 1^5^ ceux qui travaillent , quoiqu’on y ait ajouté j, par extraordinaire , une ration de biere. Lors de ma visite du 27 décepibre 1.782 ^ on réparoit le Censor et la Réception. Il y avoit cent quatre-vingts malfaiteurs à bord de la Justitia , et vingt-cinq dans le vaisseau qui sert d’hôpital. Des premiers , cent seize .étoient occupés sur le rivage à transporter du lest , à ajuster des planches ^ &c. , et trente-six à tirer le lest du fond de l’eau. On a changé quelque chose à la ration de pain ; l’on en donne maintenant sept livres par jour pour six hommes. Le tableau des rations est affiché dans la cabine de la Justitia. .Voici en quoi il consiste. On observera que les rations comprennent toujours la part de six prisonniers. Déjeuner de tous les jours, trois pintes de soupe faite avec une pinte de riz ou d’orge. Dîner. Ledimanche, six livresde porc salé ^ ou sept livres de bœuf, avec cinq pintes, de bière. Les lundi , mercredi et vendredi , six livres •de tête de taureau. Les mardi , jeudi et samedi , deux livres de- .fromage et cinq pintes de bière.. Souper. Les dimanche 5 lundi , mercredi E e Lv I ^40 Etat BF.5 Peisoks vendredi, trois pivites de soupe faite avecuniS pinte de pois et de riz. Les mardi , jeudi et samedi, une pinte de gruau d’avoine. Je désirerois que ce tableau fit sous les yeux des malfaiteurs , et qu’on leur donnât des poids et des mesures. On devroit aussi leur fournir , en hiver , une couverture de plus. En odôbre Censor , prêt à lever l’ancre, avoit cent trente-sept malfaiteurs pour les colonies. Comme plusieurs d’entre eux étoient malades , et dénués de tout , je ne doutai pas qu’ils ne mourussent dans la traver- sée. Leur vue me fit souvenir de la méthode que suivent les Portugais à l’égard des malfai- teurs qu’ils transportent aux Indes. ( V. p. 28 de ce volume. ) C’est une honte pour le peuple 'Anglois , que la plupart des nations voisines traitent les prisonniers plus humainement et avec plus d’attention que lui. A la même époque , il y avoit à bord'da vaisseau la Justitia , cent soixante-douze mal- faiteurs , et vingt - deux dans celui qui sert d’hôpital. Les malfaiteurs du premier parois- soient bien portans ; et sans doute cela pro-^ 'venoit ^de ce qu’ils étoient occupés, et de ÎT DES Hô PlTAU^ie.' ^41; ce qu’on leur interdlsoit les boissons spiri- tueuses. Il n’cn est mort qu’un très - petit nombre depuis ces dernières années ; ce qui - prouve que leur situation est meilleure , quant à ce qui regarde la santé. Mais combien les mœurs ne doivent-elles pas souffrir de l’as- semblage de tant de criminels ! r Etat des Prisons 4^2 SECTION LXXIÎ. i ' Dénomhremens généraux (i). Tableau comparé du nombre des prisonnier^ de toute classe détenus en 1775? et en 178:^, lors de mes visites dans les prisons , Bri- dewells , ôcc. de la Grande-Bretagne. années 1779 — 1782^ pR rsoNNiERS pour Prisonnières pour id.. . Malfaiteurs . . , . Petty offenders Prisonniers des ourques Supposés omis . . . dettes ipjs) — 2oyB . . iip — 135? . . ‘ 75)8 — ppi . . 917 — ÏO17 . . 526 — 204 . . 60 — 30 437P— 4435^ J’ajoute , par h^^pothèse , soixante prison- niers en 1779, et trente en 1782 , pour com- prendre dans ce relevé quelques prisons de village que je n’ai pas visitées. (i) Nous awns rassemblé sous ce titre les résultats ds plusieurs tables détaillées que M. Howard a placées à la suite desoa ouvrage. (iVi d, T.) ,ET DES Hôpitaux;' '445; Etat des prisonniers détenus dans les pri- sons de Londres et dans les ourques lors- que je les visitai en 1785. Prisop.î iiers pour dettes loip Prisonnières pour ô/. . ..... 56 JMaifaiteurs ' ^^2, Pettj ojfenders , . . . ,* .• ^67 • 9 • — Je ne fais-, point entrer dans ce calcul les infortunés qui éioieiit, en 1783, à bord du vaisseau le Censor. Total des prisonniers, jugés innocens , con- damnés à avoir la main marquée d’un fer chaud, fouettés, absotis par l’effet d’une proclamation , depuis 1765“ jusqu’en 177I; inclusivement J dans les comtés de Berk , d’Oxford, de Worcester, de Glocester, de b JMonmouth, d’Hereford, de Shrop et de Staf- ford 5^ qui composent ce qu’on appelle le circuit cC Oxford. Prisonniers jugés innocens . —Marqués à la main 47 — Fouettés -—Absous par l’effet d’une proclamation 25) 3j ^4^ El'AT l?Es Prisons pCotal des prisonniers absous, &c. , depiiîsî 1764 jusqu’en 1770 , dans les comtés d’Hertford , d’Essex , de Kent , de Sussex et de Sûrrey, formant ce qu’on appelle; Home circuit» • m • Prisonniers jugés innocens , . . » —Fouettés . pôi — Marqués à la main »— Absous par l’effet d’une proclamation 295 —Dont l’accusation n’a point été reçue . 125*, ÎToial des criminels condamnés à mort et exécutés, et de ceux qui ont été condamnés • à être transportés , depuis i75'o jusqu’en 11772 inclusivement , dans le circuit de Norfolk et le circuit intérieur ou Midland, circuit, jCriminels condamnés à mort . . » 95*2 —Exécutés 235^ i— Condamnés à être transportés . . 193 r ^ » 3116: V * • • ' Dans ce nombre , cinquante étoient gouh pables de meurtre. ÎET DES HÔPITAU^T. ^4^^ Total des criminels sortis de Newgate pour être transportés , de 1773 à 177J inclusive- ment ^^19, Résumé de la liste faite par sir Etienne-Théo- dore Janssen , des criminels de la prison d’Old-Bailey , condamnés, exécutés , par-» donnés ou transportés depuis 1745) jusqu’en 1771 inclusivement. Criminels condamnés Ii2li ►—-Exécutés ^78 •^Pardonnes ou morts en prison . * 443j — ^Transportés - » y 600 Il est à présumer qu’il faut retrancher de ce dernier total quatre cent un' malfaiteurs con- damnés à mort , et dont le roi commua la peine, attendu qu’ils sont vraisemblablement compris dans les quatre cent quarante-trois , mentionnés , en partie , gomme ayant eu leur grâce. V Etat des Prisons jXotal des criminels exécutés dans Londres et Je reste du comté de Middiesex , depuis décembre 1771 jusqu’en décembre 17B3. Hommes. Femmes. Pour meurtre . . ; . 16 — 3 ‘‘bmiéè? ' ■ — Faux monnoyage . . 27 — l braue^ — Difi'érens crimes . . . 388 — 10 Sédition ettumulte « , iç — 3 430 17 [Total des prisonniers convaincus, en Ecosse, d’avoir mérité la mort , depuis le 1^'. janvier 1768 jusqu’au mai 1782 . ... 76 Dans ce nombre , vingt - deux ont eu leur grâce, et cinquante-quatre ont été exécutés» \ / .feT DES HbviTkXyt. 4^7 SECTION LXXIII ET DERNIÈRE. 'Kemarques sur la fièvre des FrisonSn, J E prends la liberté de joindre ici , à tout ce que j’ai dit sur la lièvre des prisons , un petit nombre d’observations nouvelles ; si je parois m’immiscer dans le département des personnes de la faculté, j’espère qu’on m’excusera, mon expérience sur cet article, pouvant, en quelque sorte, suppléer à mon defaut de savoir. Il est aisé de répondre en générai à ceux qui demandent la cause de la fièvre des pri- sons, qu’elle naît delà corruption de l’air et de ia mal-propreté. Mais comme j’ai trouvé , dans quelques prisons étrangères, des'eabinets et des 'cachots aussi infects et aussi mal - propres qu’aucuns de ceux que j’ai vus en Angleterre, et dans lesquels néanmoins cette maladie étoit inconnue, je suis contraint de lui chercher une autre origine. A mon avis , le change- ment de nourriture et de demeure affecte tel- îement les prisonniers dans les premiers jours ^.^8 Etat des Prisoîj^ de leur détention , que les ct^uses générales des fièvres putrides exercent sur eux un effet immédiat. De là vient qu’assez communé- ment on les voit tomber malades et mourir en peu de temps, avec très -peu de symp- tômes d’indisposition. Les malfaiteurs sont |)Our l’ordinaire des jeunes gens bien cons- titués et robustes , accoutumés à une nour- riture abondante , à des logemens passables et à des exercices violens. On leur met des fers ; on leur donne pqur habitation des ca- chots renfermés et infects; on les y enchaîne, sur le plancher, la plupart sans leur fournir de paille ou de couvertures d’aucune espèce. Souvent ils y passent, en hiver, seize ou dix-sept heures de suite , dans une inaction absolue', et au milieu des miasmes qui s’ex- halent de leur propre corps. Aussi a - 1 - ou remarqué que la fièvre des prisons fait plus de ravage dans les nôtres pendant l’hiver, qu’en toute autre saison (i) ; ce qui , je pense. (i) Etant à m’entretenir avec le médecin de l’iiû- pital militaire de Moscow , Je lui faisois observer que les fenêtres des salles étoienr fermées. « Presque toutes » nos maladies , me répoadit-il , se manifestciu en liiver ; » car les Russes s’enferment dans des chambres étouffantes » de chaleur , et se privent de l’air extérieur long-temps » avant que les froids commencent ». ne ÏT DK S HÔKtTA'Üîf. 449 re s'’accoide point avec la nature des autres maladies putrides, La nourriture de ces maU heureux est en meme temps médiocre et bor- née ; ils n’ont généralement point de feu , et les forces vitales deviennent bientôt incapa- bles de résister à tant de causes d’inlirmités €t de désespoir. En -, je ne trouvai, dans mes visites, qu’un seul prisonnier attaqué de cette lièvre'; c’étoit un malfaiteur de Newgate', condamné à mort. En 1782, je n’en trouvai pas un dans tout le royaumé. Mais 'en 1783 , lors^ que la paix eut multiplié le nbiiibre dés' 'pri- sonniers , j’eus la douleur "de-voir ljuë dlos prisbus retournbient à leur ancien état-, soit par les vices inhérens à la consîruétio'nL de pliisi'eûrs d’entre elles, soit par la négli- gence des lûagistrats chargés de les inspecter et de tenir la main à l’exécution de l’acte concernant la santé- de ceux qui les habitent. On m’a depuis communiqué nombre d’exeni- pies de contagions aîgrmantes et fatales , ré- pandues dans les prisons.- J’ai cité les prin- cipaux , quand l’occasion s’en est présentée. Il me reste cependant un doute à cet égard Je ne sais pas précisément si , dans quelques- iines la maladie régnante étoit la lièvre des prisons proprement dite , particulière à ces Tome IL F f / Etat des Prisons demeures , et née dans leur sein, ou une simple épidémie, commune aux prisonniers, avec les autres habi:ans d’une meme ville. On ne doit pas se flatter que les prisons soient exemptes de ces fléaux 5 tout ce qu’oii a droit d’espérer , c’est qu’à force de vigi- lance & de soins , on empêche qu’ils n’y de- viennent plus actifs et plus meurtriers que par-tout ailleurs. Il n’est peut-être pas hors de propos de mettre les amis de l’humanité sur leurs gardes contre un artilîce auquel les geôliers ont souvent recours, afin d’ôter l’envie d’exa- miner les prisons dont le soin leur est confié. Lorsque quelqu’un , et principale- ment un magistrat , se présente dans l’in- tention de visiter une de ces maisons, le geôlier feint qu’il ne demande pas mieux ejue de l’accompagner; mais il glisse en même temps avec adresse qu’il appréhende que cette démarche n’ait son danger , vu qu’il lui semble avoir apper(;u^es symptômes de la fièvre des prisons. L’homme charitable, alarmé de cette nouvelle, le remercie de son aver- tissement, et se retire sur le champ. En pa- reil cas , j’ai toujours insisté sur la nécessité d’examiner les choses de près; et le plus souvent j’ai trouvé les prisons mal -propres ÏT DES Hôpitaux. 4^* et mal tenues , mais sans aucun indice - Borough- Compter. Sect. XXIX. Prisons du comté d^Henford. Sect. XXX. Comté d'Essex. Sect. XXXf. Cojntè de Kent. Sect. XXXII. Comté de Si^ssex. 70 87 104 ibid. 106 iij 125 12(5 130 13; I3P 144 149 IJ2 133 ^5*5 ibid. 137 139 160 ibid. 167 171 ■^7X, ,i8î JPÎ 205 DES MATIÈRES. 417, Sect. X\XIIL Comte de Surrey. Page 209 Sect. XXXIV. Comté de Buckingham, 2 27. Sect. XXXV. Comté de Bedford. 127 Sect. XXXVI. Comté d' HuntingdorK 2311 Slct. XXXVII. Comté de Cambridge, 234 Sect. XXXVIII. Comté de Norfolk. 2.4^ Sect. XXXIX. Comté de Sufolck, 2^6 Sect. XL. Comté de Warwick. 266 Sect. XLI. Comté de Leicester, 275', Sect. XLII. Comté de Derby. 284 Sect. XLIII. Comté de Nottingham, 291 Sect. XLIV. Comté de Lincoln. 299 S ect.NCV. Comté de Rut land, 508 Sect. XLVI. Comté de Northampton, 310 Sect. XL VU. Comté de Berk. 316 Sect. XLVIII. Comté d' Oxford. 324 Sect. XLIX. Comte de Worcester. 3 3 j Sect. L. Comté de Stafford. . 340 Sect. LI. Comté de Shrop, 347 Sect. LII. Comté d' Hereford. 3 3 1] Se CT. X^III. ^dorntc de Sdonmottth, 3 ^ 3' Sect. LIV. Comté de Glocester. 3S9i Sect. LV. Hampshire , ou comté de Southampton„ 370 Sect. LVI. Comté de IFilt. 382 Sect. LVIL Comté de Dorset, 3^9 Sect. LV^III. Comté de Devon. 492 Sect. LIX, Conité de CornwalL Page 4o9 41 II 4'T 416 419 420 4211 45*8 TABLE DES MATIÈRES. Sect. LX. Comté de Somerset, Sect. LX.l.Co n/é d'York. Sect. LXII. Comté de Dutham. Sect. LXIII. Comté de Northwuherlafti. Sect. LXIV. Com'éde Cumberland. Sect. LXV. Comté de Wesimoreland. Sect. LXVI. Comté de Lanças tre, Sect. LXVII. Comtés de Chester , de Flint, de Denbigh et de Montgomery. Sect. LXVIII. Comtés d'Angleseyt de Carnarvoit et de Merioneu 430 Sect. LXIX. Comtés de Cardigan , de Pembroke et de Carmanhen. 431 Sect. LXX* Comtés de Radnor, de Brecon et de * Glamorgan. 433 Sect. LXXI. Ourques delà Tamise. 43^ SfiCT. LXXII. Dénombremens généraux. 442 Sect. LXXIII. Remarques sur La fièvre des priions, 447 Conclusion. 45‘2i Fin de la Table du second Volume. Errata du Tome second. Page t, lig. lo et II, la, Uf le. P • 1 t l. real de vallon , lif. real vallon. P- II, l. i6 , allas , lif. ollas. P‘ T-o, L II, monstreux, lif. monstrueux. P. l. I et 1 , trois quarts de pot de vin, /(/I trois demi septiers de vin. P. 6o , 8, Swresbury, Uf. Sbrewsbury. P. 1 1 I J /. 5 , Old-Baigey , lif. Old Pailey. P. 14? , Z. 18 , M. de Kempe , Lif. madame Kempe. P. ;4o, /. 13 , 24 boisseaux, lif 3 quintaux. p. 4x 5 , Z. 4 , Comté , Uf Comt^ de Chester. A VIS AU RELIEUR. » * ■ m Le Relieur aura soin de placer les Planches dans l’ordre suivant. TOME PREMIER, Portrait de M. H o a r o , au frontispice. Planche i , vis-à-vis la page ^54 Plri . loo 4, Ph 4- . .r .• • , • • V • lU PI. 5 , iip PL 6 1 3 1 PL 7 \ 2 lO PL 8 240 PL PL ro 254 PL II ... 274 PL 12 282 PL 13 25:6 f PI. 14 309 PL I J 3 1 1 PL 16 330 PL 18 i . 380 PL 19 596 TOME II. PL 17 < . . 6 PL zo . . i . . loé PI. 396 PL 21 59S PL 2 2 . ii'id. APPROBATION, J’ai lu , par ordre de Monseigneur le Garde des Sceaujc, un manuscrit intitulé : Etat des Prisons, des Hô- pitaux et des Maisons de Force , par M. C. Howard , traduit de Anglais. Cet Ouvrage eft un monument de l’humanité courageuse avec laquelle l’Auteur , célébré à juste titre, a parcouru toute TEurope , & en a visité tous les Hôpitaux & toutes les Prisons ; on ne pouvoir attendre de fa bienfaifance univcrfelle que la plus exacte impartialité j en publiant les défauts et les vices de ces établissemens ; en disant ce qu’ils ont de bon et de sage, il a fait voir ce que les Gouvernemens attentifs et humains doivent y éviter & y tréformer ; il enseigne comment ils peuvent et doivent les instituer. On ne peut lire un pareil ouvrage qu’avec un vif intérêt et un profond sentiment de vénération pour son Auteur; il m a paru digne d’être traduit et publié en françois et dans toutes les langues. A Paris, ce premier janvies 1788. D E K É RA L 10. , ‘ - - I i PERMISSION DU ROI. ouïs, par la grâce de Dieu, Roi de France & JU de Navarre : A nos amés & ^féaux Confeillers , les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Re- quêtes ordinaires de notre Hôtel , Grand Confeil , Prévôt de Paris, Baillis , Sénéchaux , leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufticiers quMl appartiendra, Salut. Notre amé le (leur Lagrange , Libraire à Paris , nous a fait expofer qir'il defireroit faire imprimer & donner au Pu- blic Y Etat des Prisons, des Hôpitaux et des Maisons de force , par M. Howard, traduit de VangLois , s’il cousplaifoit lui accorder nos Lettres de pérmilfion pont ce nécelTaires. A ces causes, voulant favorablement traiter l’Expofant , Nous lui avons permis & permet- tons par ces Préfentes , de faire imprimer ledit Ou- vrage autant de fois que bon lui femblera , & de le faire vendre & débiter par-tour notre Royaume pendant Je> temps de cinq années confécutives, à compter du jour de la date des préfentes. Faifons défenfes à tous Imprimeurs , Libraires , & autres perfonnes , de quelque Qualité & condition qu’elles foieiit , d’en introduire ’imprelllon étrangère dans aucun lieu de notre obéif- fancej â la charge que ces Préfentes feront enrcgiftrées tout au long fur le regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l’impreffion dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume , & non ailleurs, en bon pa- pier & beaux carafteres ; que l’Impétrant fe confor- mera en tout aux Rég'emens de la Librairie, & notam- ment à celui du lo Avril irif, & à l’Arrêt de notre Confeil du jc Août 1777, à peine de déchéance delà préfente Permiflion; qu’avant de l’expofer en vente, le Manufcrit qui aura fervi de copie à l’imprefTîon dudit Ouvrage , fera lemis dans le même état où l’Approba- tion aura été donnée, ès mains de notre très-cher & féal Chevalier , Garde des Sceaux de France, le Sieur Hue de Miromesnil , Commandeur de nos Ordres ; qu’il en fera enfuite remis deux exemplaires dans notre Bibliothèque publique , un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle de notre très-cher & féal Chc- v.rlier Chancelier de France le Sieur de Maupeou , & un dans celle dudit Sieur de ia Moi gnon: le tout à peine de nullité des Préfentes , du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expofant & fes avans caufe pleinement & pai- lîblement , fans foutFrir qu’il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons qu’à la copie des Préfentes , qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Ouvrage , foi foit ajoutée comme à l’original. Commandons au premier notre Huifller ou Sergent fur ce requis , de faire pour l’exécution d’i- celles tous aéles requis Sç nécefTaires , fans demander autre permiflion , & nonobftant clameur de Fiaro , Charte Normande, & Lettres à ce contraires : Car tel eft notre plaifir. Donné à Verfailles le vingt-troisieme [jour du mois de Juillet , l’an de grâce mil fept cent quatre-vingt-huit, & de notre Régné le quinzième. Par le Roi eu fon Confeil. L E B E G U E, Kegîjlfé fur le Regifire V de la chamife foyale Sj'ndicale des Libraires 6' Imprimeurs de P aris , • I3Î1 , foL I , conformément aux difpofitions énoncées dans La préfente PermiJJion , & à la charge de remettre à ladite Chambfe les neuf exemplaires pref- crits par L’arrêt du \6 AvriL\'i'i%. ji Paris Le juillet. *1788. Ji^eNyoN, l’aîné f Adjoint, \ I 1 f* ■ . 1 . . '■i'. ■ .-■^ Li^ • * V , ' , ’- - ■» ■• .\\i. •.' .r‘ Uv' 'r- '• V. ' -?viV."a ' .V--.: ".'•-• ■ .-j î '.. y- "' V ' '•' •’•■ ' •' • y.i. ùt '.■ V. r = -'v>-l . .J-,-" ' s ■ ■ •■ • . <• f ; % I *. I . *-• \ . r- ' ■rt - I y ♦ V I -.v;- •} . ■r • > \ H J 4 >- ‘ ■V 7 ■1 V